index, histoire de la Gacilly des origines au XXème siècleDIFFERENTES ORTHOGRAPHES DU NOM :  " LA GACILLY », ETYMOLOGIE, GEOLOGIE, FORMATION DU SOL GACILIEN, PREHISTOIRE, PALEOLITHIQUE, MESOLITHIQUE, LE NEOLITHIQUE, Le Menhir de la Roche Piquée, Le Dolmen des Tablettes de Cournon, L’Allée Couverte de Sigré, L’HYDROGRAPHIE, L’AFFPremiers Habitants Gaciliens, Voies  Anciennes, Voies Romaines, Lieux Habités Anciens, L’Oppidum de La Bergerie, CROISSANCE DE LA VILLE, La Gacilly au XII° Siècle, Le Donjon, Les Templiers ,La Gacilly au XIII° Siècle , Château Fort Gacilien, Histoire du Château, La Gacilly au XV°Siècle, « Ville » de La Gacilly , Dames et Seigneurs de La GacillyBUHAN, BEL-ORIENT,  BROZEAS, DRAMELS, GAZEAU, GRASLIA, HAUDIART, HUNO, L’HOTEL SERO, LA  CORBLAIE, LA  HAUTE BARDAYE, LA BASSE-COUR ; BEAUSEJOUR, LA BOUERE, LA BOUERE, LA CROIX-ELVEN, LA GAZAIE, LA GLOUZIE, LA GOURGANDAIE, LA MANDRAIE, LA NAVETTERIE, LA HAUTE  PROVOSTAIS, LA BASSE PROVOSTAIS, LA ROCHE GESTIN ,LA SAUDRAIE, LA VILLE AUX AINES, LA VILLE D’AVAL, LA VILLE JARNIER ,LA VILLE ORION, LA VILLIO, LA VILLOUËT, LAULOYER, LE CHATELIER, LE CHENE, LE LAURIER VERT, LE LIEUVY, LE PALIS PERCE., LE PATIS, LE PETIT-MABIO, LE TAY, LES VILLES GEFFS, MABIO ROQUENNERIE ,SAINT-ANDRE ,SAINT-JUGON, TALHUARTLe Château Fort Gacilien, les seigneuries, les maisons nobles, les rues, les lignolets, les niches à vierge, Les soues, les palissades, les moulins, les ponts, les fontaines, les puits, les polissoirsCommerce, Les Halles, Les Foires Gaciliennes, Les Métiers Gaciliens, Constructions Hôtel de Ville, Place du Champ de Foire, Aff Canalisée, Bureau de Poste, éclairage de La Gacilly, Transport, Les Routes, Chemin de Fer, Enseignement, Sapeurs-Pompiers, les Rues, Personnalités GaciliennesRévolte Paysanne, Création du Département, Création de la Commune de La Gacilly, Création du Canton de La Gacilly,  La Chouannerie, La guillotomanie fait des ravages,La Chouannerie racontée par un Gacilien, Personnalités de la révolution ,Louis-Charles-René De Sol de Grisolles, Joseph Marie Seguin, Mathurin Robert,  Pierre ChevalierOrganisation Religieuse, Chapellenies, Chapelles, Eglise St Nicolas, Saint Nicolas, Bienheureux Jugon, Les Croix, ClergéLes Gendarmes, affaire CLAIRO, Gendarmes ayant exercé à La Gacilly, Les Prisons Gaciliennes, Construction de la Gendarmerie, Bagnards Gaciliens , Campagne Napoléoniennes, Guerre de 1870, -Guerre de 1914-1918Diaporama de la Gacilly vers 1900 en cartes postales et commentaires
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naissance de la ville de La Gacilly

 

 NAISSANCE DE LA VILLE DE LA GACILLY

 

Premiers Habitants Gaciliens

 

 Au début de l’ère quaternaire et donc de la Préhistoire, l’homme est apparu sur la terre. Quelques 12.000 ans avant J.C, au paléolithique supérieur, toujours à l’ère quaternaire les premières traces des humains ont été découvertes en Bretagne (Finistère, Ille-et-Vilaine). Il semble bien que ces habitants étaient déjà des Celtes.

7.000 ans plus tard, au mésolithique, une nouvelle arrivée de Celtes se produit. Ce sont des Celtes-Kilmris, originaires de Crimée qui s’établissent dans la région. Ils y rencontrent les anciennes peuplades d’origine celtique déjà sédentaires. Le celte devient la langue parlée. Ils ont laissé des traces non loin de La Gacilly, à Saint-Congard par exemple où un atelier de taille de pierres a été découvert. Il est permis de penser que les premiers habitants de La Gacilly firent leur apparition à cette époque-là. D’après Ducrest de Villeneuve, le premier chef gallo-kimri près de La Gacilly, fut Virdumar. Les Celtes-Kilmris se mélangèrent peu à peu avec des Celtes- Galls. Les historiens les nommèrent les Gallis ce qui donnera un peu plus tard les Gaulois Dans le reste de la Gaule, les Celtes-Kilmris se mélangèrent à d’autres peuples, (Germains, Romains). Il n’y a qu’en Bretagne que des populations vraiment celtes ont subsisté et ont laissé la culture celtique, langue et musique en particulier.

Au néolithique, c’est à dire 3.000 ans avant J.C., à la période de construction des mégalithes, il est certain que La Gacilly était habitée. Le dolmen des Tablettes de Cournon, le menhir de la Roche-Piquée, l’allée couverte de Sigré et surtout les haches polies de silex découvertes sur la Lande de Sigré et sur la butte de La Glouzie sont des preuves irréfutables.

Lorsque Jules César envahit l’Armorique et s’attaqua à Vannes en 56 avant J.C., il passa à Rieux (la Durétie d’alors). Il est permis de penser que, si la légion dans son ensemble ne vint pas à La Gacilly, certains éléments visitèrent très certainement les rives de l’Aff pour repérer les points importants et en prendre possession comme la Bergerie à La Gacilly. Ce fut l’époque de construction militaires, d’occupation de tous les points culminants et surtout d’élaboration du réseau des voies romaines (voir ci-après) qui permirent l’exportation du fer, de l’étain et du plomb ; dans l’autre sens, elles servirent à l’importation d’autres marchandises. Ces échanges commerciaux ont certainement contribué à l’évolution de notre région et donc de La Gacilly.

 

Voies Anciennes

 

Voies Celtes

C’est à la fin de l’Age des Métaux que commence l’exploitation des gisements de fer et d’étain tant convoités par les Méditerranéens. En effet, il ne faut pas croire que la conquête de l’Armorique par les armées de César fut une brutale intrusion d’une nouvelle culture dans les civilisations de l’Ouest de la Gaule. De multiples indices apportent la preuve des nombreux contacts au cours des siècles qui précèdent cette conquête entre l’Ouest gaulois et le monde méditerranéen. Dès la fin de l’Age de bronze (vers 800 ans avant J.C.) des contacts avaient été établis entre les rives de la Manche et celles de la Méditerranée. Pour pouvoir expédier le fer et l’étain vers l’Italie, des voies de communication existaient déjà et en particulier la voie celte décrite ci-après.

COZ-YAUDET (Lannion) à NANTES.

C’était la route de l’étain venant des Iles Cassitérides (aujourd’hui les Iles Scilly) en Cornouaille anglaise et allant vers l’Italie, Rome en particulier. Cette voie sert encore de limite entre les communes de Sixt-sur-Aff et de Renac sur les Landes de Roche-Blanche et un peu plus loin entre Sixt-sur-Aff et Bains-sur-Oust.

Elle passait sur les communes de Ruffiac, Les Fougerêts, franchissait l’Oust par un gué, Peillac et Allaire. Cette route passait donc très près de La Gacilly. Elle fut peu à peu délaissée pour une autre passant par Saint-Brieuc, Corseul, Sixt-sur-Aff, Renac, Bains-sur-Oust puis Langon et franchissait la Vilaine à Beslé et s’en allant ensuite vers Nantes et Narbonne. Cette voie passait donc aussi très près de La Gacilly.

RENAC au ROC-SAINT-ANDRÉ.

une voie partait des mines de fer de Trobert en Renac. Elle prit le nom de Vieux Chemin des Forges. 
Ce village de Trobert semble être le nœud de tout un ancien réseau de ces chemins qui desservaient les nombreuses exploitations de minerai de fer. L’un de ces chemins passait donc ensuite près des exploitations métallifères de Roche-Creuse à côté du Binon en Bains-sur-Oust puis au gisement se trouvant au pied des rochers de Roussimel où apparaissent les ruines d’une construction qui devait être une fonderie importante si l’on en juge par l’accumulation de scories ferrugineuses dans les champs voisins. Ce chemin arrivait ensuite aux mines de fer très importantes de Sourdéac en Glénac, continuait vers les mines des Taillis 
Des voies secondaires se rattachaient à la voie décrite ci-dessus. C’est ainsi qu’une voie partait des mines de fer de Trobert en Renac. Elle prit le nom de Vieux Chemin des Forges.

Ce village de Trobert semble être le nœud de tout un ancien réseau de ces chemins qui desservaient les nombreuses exploitations de minerai de fer. L’un de ces chemins passait donc ensuite près des exploitations métallifères de Roche-Creuse à côté du Binon en Bains-sur-Oust puis au gisement se trouvant au pied des rochers de Roussimel où apparaissent les ruines d’une construction qui devait être une fonderie importante si l’on en juge par l’accumulation de scories ferrugineuses dans les champs voisins. Ce chemin arrivait ensuite aux mines de fer très importantes de Sourdéac en Glénac, continuait vers les mines des Taillis près de La Gacilly où une petite colline porte le nom de Butte des Forges. A cet endroit, un autre chemin s’en allait desservir le gisement du champ de la Gourgandaye entre l’ancienne et la nouvelle chapelle Saint-Jugon. Après les Taillis, le chemin passait sur les communes des Fougerêts et de Saint-Martin-sur-Oust pour rejoindre le Roc-Saint-André.

On constate que ce chemin celte suit exactement le filon ferrugineux tel qu’il a été reconnu par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (B.R.G.M) qui débute près de Segré et se poursuit par Châteaubriant, Le Gâvre, Redon et Renac.

 

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Voies Romaines:

 

Les Romains commencèrent par construire des voies importantes, les autoroutes du moment qu’ils appelèrent les « vice militares » ou les « vice consulares ». Puis ils continuèrent par des voies secondaires et enfin des petites voies transversalesA l’arrivée des Romains en Armorique de l’Ouest, le réseau des voies de communication était très peu développé. Il existait une seule grande voie partant du port de Coz-Yaudet près de Lannion, passant par Saint-Brieuc, Sixt-sur-Aff, Bains-sur-Oust, Renac, Langon, franchissant la Vilaine à Beslé et s’en allant vers Nantes et Narbonne. Des voies secondaires peu nombreuses venaient se greffer sur cette voie principale et étaient utilisées surtout pour la desserte des mines de fer.

Les Romains commencèrent par construire des voies importantes, les autoroutes du moment qu’ils appelèrent les « vice militares » ou les « vice consulares ». Puis ils continuèrent par des voies secondaires et enfin des petites voies transversales. C’est pourquoi il est possible d’établir un classement en trois catégories :

1° Catégorie : Voies Importantes, les « vice militares » :

ANGERS-Candé- Châteaubriant- Lohéac- Carentoir- Castennec- CARHAIX.

NANTES- Pontchâteau- Arzal - Vannes – Quimper-BREST.

LE MANS- Rennes- Loudéac- Mur de Bretagne- Rostrenen- CARHAIX, en fait la Via Publica.

LE MANS- Corseul- Saint-Brieuc- Guingamp- Morlaix- Landerneau- BREST.

 

2° catégorie:Voies servant à relier les différentes civitates.

Coz-Yaudet (Lannion)- Ruffiac- Rieux. (Voie pré-romaine).

Saint-Servant à Guérande.

Rennes à Rieux (presque la même que la précédente).

Vannes- Questembert- Rieux- Blain- Angers.

Vannes - Elven – Trédion- Rennes.

Vannes – Plaudren- Forêt de la Nouée- Corseul.

Vannes- Carhaix.

 

3° catégorie: Voies Transversales ou « Vicinales » destinées à faire communiquer les divers points du territoire aux voies des deux premières catégories, c’est à dire à relier les « vici » d’où « vicinales ».

Renac à Ploërmel par La Gacilly.Vannes à Port-Navalo. Vannes à Locmariaquer.

 

Parcours Détaillé de la Voie Renac-Ploêrmel-Malestroit

En sortant de Renac, elle passe près des châteaux du Petit-Bois et de la Haye,

Arrive sur la Lande de Quilly dans la commune de Sixt-sur-Aff,

Traverse la rivière du Canut au gué de Lannée,

Monte à la forêt de la Croix des Gouturiers et au carrefour du Pigeon Blanc, passe aux villages de Crésiolan et d’Arguignac, emprunte la route qui va de ce village à Ténihan

Passe entre ce village et la Bruyère,

Coupe la route Sixt-sur-Aff /Redon D.255 près du Guerche, en ligne directe et tout en suivant la ligne de crête,

Elle passe au Nord du Grand-Héréal et de Cranet, débouche juste en face des Tablettes de Cournon, sur la route de La Gacilly à Cournon,

Emprunte l’ancien chemin de Redon pour descendre à la rivière,

Passe la rivière au gué du Bout-du-Pont,

Prend la rue La Fayette et la rue Saint-Vincent,

Redescend par derrière le calvaire,

Passe le ruisseau de Mabio près de la mare des Brelles au pied de la butte de la Glouzie,

Commence à monter cette butte entre les maisons de M. E. Rollais et M. C. Duval.

Passe à côté et à droite de la Croix de Jacquary,

S’en va au carrefour des Landes au-dessus du village du Chêne.

A partir de là, il y a deux possibilités :

Continue tout droit et s’en va passer à la chapelle de Saint-Jugon, (le Châtelier est tout près), en longeant le mur du cimetière de l’ancienne chapelle,

Passe au Sud de Sigré près du camp romain, d’où un chemin particulier partait rejoindre la voie Ahès, Angers-Carhaix, près du Pont-Ogier en Tréal,

Débouche au Rond- Point,

Suit la route de Ruffiac jusqu’à Roche- Blanche,

Passe au Nord-Est de Ruffiac,

Continue vers le village de la Lande Roulin,

À partir de là, le tracé est mal défini mais il est permis de penser qu’elle se dirigeait vers le château du Bodel où elle rejoignait la grande voie Vannes/Corseul.

2° -Bifurque à gauche pour prendre la direction de Saint-André,

• passe au-dessous de la ferme de Saint-Jugon et au-dessus de Saint-André,

• passe à droite de la ferme de Couesmé,

• croise la route de Saint-Martin-sur-Oust à Carentoir au château d’eau du Rond-Point (106m),

• rejoint Grisan puis la Bosse-Renaud,

• emprunte la route entre ce village et le Bois de Haut. A partir de là, et comme pour l’autre possibilité, le tracé est mal défini mais elle devait rejoindre la grande voie Vannes/Corseul près du château de Bois-Ruault en Missiriac.

Et si le « chemin particulier » dont parle Ducrest de Villeneuve qui reliait la voie n°1 Angers-Carhaix au camp romain de Sigré était en fait un tronçon de cette voie Coz-Yaudet – Rieux, c’est à dire celui venant de Ploërmel/Ruffiac et se dirigeant ensuite sur Les Fougerêts, ce qui est fort possible puisque la voie Renac-La Gacilly- Ploërmel, entre Sigré et le Rond-Point, est pratiquement dans l’alignement de la voie qui s’en va vers Ruffiac.

L’embranchement en direction des Fougerêts et de Rieux devait être situé entre Ruffiac et La Gacilly et pourquoi pas à côté du Rond-Point très près du camp romain de Sigré. A ce sujet, il faut faire remarquer que, du haut des landes de Couesmé et de la ferme de Couesmé, il existe une route pratiquement rectiligne jusqu’aux Fougerêts et au Passage des Romains (le pont d’Oust). Or ces grandes lignes droites sont une des caractéristiques essentielles des voies romaines. Le camp romain de Sigré aurait donc été érigé pour surveiller le carrefour en question.

Enfin, troisième remarque, il serait plus judicieux de parler de voie de Renac-La Gacilly- Ploërmel au lieu de Renac-La Gacilly- Malestroit, la première étant en ligne directe comme précisé ci-dessus, alors que la deuxième nécessite une bifurcation vers Malestroit.

Un examen de la carte des voies existantes en Bretagne à cette époque montre que La Gacilly était située vraiment très près de voies de circulation importantes : deux voies pré-romaine et cinq voies romaines :

Coz-Yaudet -Peillac- Nantes : cette ancienne voie du fer et de l’étain passait à 6 km de La Gacilly, au Rond-Point et aux Fougerêts

Renac- Roc-St André en passant à Sourdéac et aux Taillis en Glénac puis aux Fougerêts et à Saint-Martin-sur-Oust, donc très près de La Gacilly.

Angers à Carhaix qui passait au Mur et au pont de Marsac en Carentoir donc à 7 km de La Gacilly.

D’après Ducrest de Villeneuve, « un chemin particulier reliait cette voie au camp romain de Sigré » et donc à la voie secondaire Renac-Ploërmel.

Vannes à Rennes : cette voie empruntait la voie précédente de Callac au pont de Marsac en Carentoir.

Saint-Servant à Guérande qui passait également près du Mur en Carentoir puis au Temple et à Sixt-sur-Aff donc très près de La Gacilly.

Rennes à Rieux qui passait à Lohéac, Lieuron, Saint-Marcellin en Bains-sur-Oust et sur la chaussée de l’étang du ruisseau de la Bataille.

Renac à Ploërmel qui passait à La Gacilly avec carrefour vers Les Fougerêts.

Vannes à Angers qui passait à Limerzel, Allaire et Rieux.

Etant donné cette position rapprochée de voies très fréquentées, la Grée Saint-Jean, mais surtout les buttes de Graslia, de la Glouzie et du Châtelier avaient une importance stratégique évidente. De ces trois buttes, la vue s’étend du Camp de Coëtquidan aux buttes de Pipriac en passant par Carentoir et Sixt-sur-Aff. Les Romains affectionnaient ces points élevés et dégagés pour surveiller leurs voies et il est facile de comprendre l’importance que pouvait avoir le camp romain de Sigré. Autre remarque concernant les voies romaines gaciliennes : comme actuellement, les voies de communication étaient un vecteur de rapprochement, de contact et d’échange. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles certaines familles nobles très éloignées de La Gacilly pour l’époque se sont malgré tout rapprochées. Sur la voie de Coz-Yaudet/Rieux, les seigneurs d’Avaugour près de Guingamp, ceux de l’Eperon en Mohon et ceux de la Trinité-Porhoët feront parler d’eux quelques années plus tard à La Gacilly ; c’est le cas également des Tournemine de la Hunaudaye en Iffendic avec la voie Saint-Servan-Guérande ou encore les seigneurs de Montauban et de Montfort. Une autre remarque peut aussi être faite dès à présent : l’usage que feront quelques dizaines d’années plus tard les Templiers et les Jacquets de ce réseau de voies dont Carentoir deviendra le centre.

 

Autres Voies

Pour relier les villes entre elles ainsi que les villages, il y avait très peu de voies de communication. Pendant de longues décennies, voire des siècles, le seul chemin important qui desservait La Gacilly fut l’ancienne voie romaine. Il faut attendre le XIV° siècle pour voir apparaître deux autres chemins importants : le Redonnais et le Grand Chemin du Roy (qui suivent). A partir de ces trois axes, il existait d’autres passages à charrettes ou des sentiers pour desservir les villages entre eux. Il faut savoir que l’étang de la Bouère, la mare des Brelles et les ruisseaux marécageux comme le Lobidy ne facilitaient pas la circulation. C’est ainsi que les villageois de la Gazaie, du Pâtis, de la Villouët étaient obligés de passer par la Glouzie pour se rendre à La Gacilly ; de même les villageois de la Villio et de la Saudraie étaient séparés par l’étang de la Roche-Gestin formé par le ru de la Haute Bardaie et enfin les habitants du Tay aux Perré n’empruntaient pas toujours le même chemin que ceux du Tay aux Epaillart pour venir à La Gacilly à cause du marécage formé par le Lobidy. De plus, à la mauvaise saison, ces petits chemins et sentiers n’étaient guère praticables, ils formaient une suite pratiquement ininterrompue de fondrières quand ils n’empruntaient pas, sur une certaine longueur, comme aux Brelles ou à la Haute Bardaie, le lit même du ruisseau avec une légère chaussée de pierres sèches sur un côté pour le passage des piétons aux hautes eaux. Non empierrés, dénivelés, cahoteux, la plupart de ces chemins étaient, à cette époque, construits et entretenus par les seigneurs qui faisaient faire quelques menus travaux au moyen de la corvée due par les vassaux.

Le Redonnais.

Dans un aveu de 1403, un chemin, nommé le Redonnais et allant de Redon à Malestroit, passe à la Ville-Verte, proche de l’étang du Val près de Tréal. Il est également question de ce chemin de La Gacilly à Tréal dans un aveu du 5 juin 1435 concernant la Ville Orion. En fait, ce chemin, après avoir traversé les villages du Binon en Bains-sur-Oust , près de la chapelle Saint-Laurent, de « Branguineul » et du Gué, descend à Cournon pour remonter à la Grée Saint-Jean où il rejoint l’ancienne voie romaine qu’il emprunte jusqu’à la place du Cas-Rouge ; il passe ensuite au carrefour Olivier ; à cet endroit, laissant le chemin qui part à gauche vers les Brelles, il longe les douves du château, côté Est, c’est à dire côté rivière, débouche à la Cour de la Bouère puis remonte vers les Ville Geffs ; avant d’arriver dans ce village, se trouve un carrefour important, un chemin partant vers la Ville aux Aînés et le pont de la Guette et l’autre vers la Gazaie, enfin le dernier s’en allant vers le pont des Boussards. De là, il s’en va vers la Provostais, la Mandraie, l’Hôtel Séro et le Palis Percé. A cet endroit, au lieu de tourner à droite vers Carentoir, il continue tout droit en direction de Tréal en passant par la Danais, Bonnais et Le Cleu où il rejoint le chemin de Carentoir à Malestroit. A partir du XV° siècle, il ne passera plus à l’Est du château mais empruntera le chemin des Barres pour rejoindre la chaussée du moulin de la Bouère qui vient d’être construite et continuera par le chemin creux de la Croix des Archers.

Le Grand Chemin du Roy

Cité dans un aveu de 1546, il devait très certainement exister à la fin du XV° siècle. Il allait de Redon à Guer. Jusqu’à la Grée Saint-Jean, il empruntait le Redonnais ci-dessus, mais, au lieu de descendre à La Gacilly, il repartait vers Trégaret, passait la rivière au pont de la Chapelle-Gaceline, longeait au couchant le village de la Moraie et, au levant, Bot-Colin, se dirigeait sur le moulin de la Soye, le Plessis-Grimaud, Monvolet et arrivait à Trélo ; en passant par le village de Saint-Nicolas, il arrivait à Guer. D’après une tradition, les Prussiens, en 1815, empruntèrent ce chemin et s’arrêtèrent à l’endroit nommé vulgairement Purgatoire, de son vrai nom le Bois de la Soye, au croisement du vieux chemin de Redon à Guer et de celui de Carentoir à Quelneuc par Fondelienne. Ils ne pénétrèrent donc pas dans le bourg de Carentoir, mais ils avaient un poste militaire au bourg du Temple.

Un autre itinéraire, encore plus ancien, fait passer ce chemin par la Chapelle-Gaceline, le Temple et le Mur ; un aveu de 1419 dit : « Le domaine du Mur bittant au chemin par lequel on vait du Temple à Guer ». Un autre aveu du 2 mai 1566 déclare : « Le domaine du Mur, en la paroisse de Carentoir, joignant d’un bout aux murs de Marsac et d’un costé au ruisseau qui descend d’un pont nommé le Pont aux Asnes au moulin de Marsac, et d’autre, au grand chemin royal, par lequel l’on va de Guer à Redon et à Nantes ».

Chemin de La Gacilly à Carentoir.

A partir des deux grands axes ci-dessus, d’autres chemins se construisirent ; c’est ainsi qu’un chemin fut aménagé entre La Gacilly et Carentoir. Il empruntait en fait le Redonnais jusqu’au Palis Percé où il tournait à droite pour passer à Huno puis à Saint-Jacques et rejoindre Carentoir. Au XV° siècle, la chaussée du moulin de la Bouère est construite et le chemin le Redonnais et donc le chemin de Carentoir, abandonnant le passage sous le château sur le côté Est, va passer à l’Ouest du château (rues Montauban et Monteil de maintenant), emprunter la chaussée du moulin puis le chemin creux et boueux de la croix des Archers pour rattraper l’ancien tracé.

Le Chemin de Redon à Malestroit.

Jusque sur les hauteurs de la Grée Saint-Jean, ce chemin emprunte le grand chemin du roi puis, ensuite, il suit l’ancienne voie romaine, il passe dans le bourg de La Gacilly ; au carrefour du Cas-Rouge, il prend légèrement sur la gauche par la rue Saint-Vincent, passe derrière le calvaire actuel, monte à la Glouzie et à la croix de Jacquary. Ce chemin desservait aussi Rochefort mais on ignore à quel endroit il quittait la voie romaine pour se diriger sur cette ville. Ce chemin était très fréquenté car beaucoup de villageois de La Gacilly, ceux de la Gazaie, du Pâtis, de la Villouët entre autres, étaient obligés de passer par la Glouzie pour se rendre à La Gacilly à cause de la mare des Brelles et de l’étang de la Bouère qui venait à cette époque jusqu’au Champ de Foire actuel.

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Lieux Habités Anciens

 

Les Coriosolites

Peu avant l’arrivée des Romains dans l’ouest de la Gaule, les Celtes-Gaulois avaient dénommé Armorique toutes les contrées bordant l’océan Atlantique et la Manche de l’estuaire de la Garonne à celui de la Seine. Cette vaste région était divisée en « civitates » qui étaient en fait de très vastes départements et formaient l’unité administrative et politique. Très souvent, elles avaient pour origine les tribus autochtones qui avaient formé entre elles des « pagi » (pagus au singulier).

Lorsque Jules César arriva en Armorique de l’ouest, il fut surpris de voir que les Galli (Gaulois) qu’il y croyait trouver se donnaient le nom de Celti.

La pointe Ouest de la grande Armorique se composait de cinq civitates :

•        Les Osismes à la pointe occidentale de la Bretagne avec comme ville principale Vorgium (Carhaix actuel)

•        Les Vénètes établis entre l’Oust, la Vilaine et l’océan avec comme vile principale Darioritum (Vannes ancien). Autre ville importante de cette civitates Durétie (Rieux actuel) près de Redon qui était le point de rencontre entre les Coriosolites , les Vénètes et les Namnètes.

•        Les Namnètes établis entre Loire, Vilaine et Semnon, un affluent de la Vilaine près de Bain-de-Bretagne avec Condévicnum (Nantes ancien) comme ville principale.

•        Les Riedones entre la Vilaine, le Semnon et le Meu, un affluent de la Vilaine et la Rance avec comme ville principale Condate (Rennes)

•        Les Coriosolites avec les Riedones à l’Est et, à l’ouest, le Gouet et l’Oust jusqu’à son confluent avec la Vilaine. Fanum-Martis (Corseul actuel) était la ville principale, ville située non loin de Dinan. Par voie de conséquence, le territoire de La Gacilly était rattaché à cette civitates. Déjà, il faut se rendre compte de la distance à parcourir pour atteindre la ville principale. Comme la frontière Sud de ce territoire se trouvait au confluent de l’Oust et de la Vilaine, la cluse entre la Bergerie et la Grée-Saint-Jean était en fait l’un des passages obligés des Coriosolites pour aller vers Rieux et vers la mer. Lorsque les Romains commencèrent la construction de leurs voies, ces points élevés furent pourvus de moyens de défense avec des oppida et/ou des mottes castrales. L’influence de ce territoire se fit sentir pendant plusieurs siècles. C’est ainsi que la plupart des seigneurs de La Gacilly furent pendant longtemps des résidents de ce territoire comme Gaêl, Montfort, Montauban, Avaugour, Couëdor, Bahurel, ou encore La Bourdonnaye. 

 

Le Camp Romain de Sigré.

A la limite des communes de La Gacilly, Carentoir et Saint-Nicolas-du-Tertre, à l’Est des bâtiments de la ferme de Sigré, non loin d’anciennes carrières, il existe une excavation de 40 à 45 pas de côté (l’abbé Chérel parle de trente mètres) qui pourrait bien être un retranchement romain. Cette zone, située sur le sommet d’un petit relief arrondi entouré d’un fossé, placée sur la déclivité de la colline, est couverte, à des distances régulières, de petites excavations dont la terre, rejetée du côté de la pente, forme de petites élévations. Il y a été trouvé des débris de charbon ainsi que des traces de carbonisation. Voici la description que l’abbé Chérel fait de ce site vers 1830 : « Cette esplanade est entourée d’un fossé profond qui mesure encore en certains endroits, plus de deux mètres. La terre du fossé, placée sur la terrasse, y forme un talus d’au moins deux mètres de hauteur, du côté de l’Est et du Nord. Le talus supérieur a disparu sur les autres côtés, ayant été employé à remblayer un bas-fond près de la fontaine, pour la transformer en prairie et à établir un fossé de clôture pour la forêt, le long de la route de Malestroit, dont l’ancien tracé était justement tangent à la plate-forme circulaire et empruntait sur une longueur d’une dizaine de mètres, l’ancien fossé. Des traces de ce talus supérieur sont encore visibles par places, en différents points et même du côté de la route, au-delà de la haie récente de la forêt. Les flancs du monticule du côté opposé à la forêt et aux hauteurs, portent une série d’excavations assez régulières et presque parallèles, dont la terre a été rejetée du côté de la pente. Faut-il y voir des annexes de l’édifice principal ? » La tradition du pays rapporte que les armées romaines y ont longtemps séjourné. Elles y creusèrent une fontaine nommée Ruselière puis Roselière d’où sort l’une des sources du ruisseau de Sigré

Il semble qu’un chemin particulier partait de ce camp pour rejoindre la grande voie Angers-Carhaix aux environs du Pont-Ogier en Tréal en passant par le Vieux-Bourg. La colline sur laquelle existent ces traces d’antiquité, acquise en 1830 par le domaine privé du roi, fut ensemencée d’arbres verts (en fait, des pins maritimes) pour être réunie à la terre de Mabio appartenant au même domaine dont l’administration voulait créer en ce lieu une forêt dite de La Gacilly

 

 

Les Oppidas

 

L’Oppidum de Bibracte.

L’Oppidum est, en fait, un village fortifié et parfois une ville. Un oppidum très connu qui a donné lieu à beaucoup de recherches est celui de Bibracte dans la Nièvre, sur le mont Beuvray, dont vous voyez ici une reconstitution. C’est là que Vercingétorix fut proclamé le chef des Gaulois et que, un peu plus tard, Jules César termina son livre sur la Guerre des Gaules. Cette ville comptait entre 5.000 et 20.000 habitants et était protégée par 7km de fortifications. Les oppida étaient très souvent érigés au sommet de collines déboisées pour faciliter leur défense et l’observation des environsL’Oppidum est, en fait, un village fortifié et parfois une ville. Un oppidum très connu qui a donné lieu à beaucoup de recherches est celui de Bibracte dans la Nièvre, sur le mont Beuvray, dont vous voyez ici une reconstitution. C’est là que Vercingétorix fut proclamé le chef des Gaulois et que, un peu plus tard, Jules César termina son livre sur la Guerre des Gaules. Cette ville comptait entre 5.000 et 20.000 habitants et était protégée par 7km de fortifications. Les oppida étaient très souvent érigés au sommet de collines déboisées pour faciliter leur défense et l’observation des environs

 

 

 

 

 

 

L’Oppidum de La Bergerie

Etant donné la position dominante de cette butte, tout porte à croire que ce promontoire fut habité ou occupé très tôt pour servir de point d’observation. En effet, les oppida étaient perchés sur des hauteurs dont les escarpements naturels servaient de défenses ; le promontoire Graslia-la Bergerie possédait ces caractéristiques avec les vallées de l’Aff et du ruisseau de Mabio et les nombreux étangs et marécages qui occupaient les bas-fonds

 

 

 

 

Un oppidum (des oppida) : mot latin désignant un village fortifié (et même une ville), c’est à dire entouré d’un rempart sous forme de paliers de quelques mètres, le dernier étant souvent précédé d’un fossé bordé de palissades. L’oppidum était un lieu de refuge, une place forte en quelque sorte. Les traces découvertes à la Bergerie sont-elles vraiment celles d’une implantation gauloise réaménagée par les Romains ? Beaucoup le pensent mais les preuves manquent cruellement. Etant donné la position dominante de cette butte, tout porte à croire que ce promontoire fut habité ou occupé très tôt pour servir de point d’observation. En effet, les oppida étaient perchés sur des hauteurs dont les escarpements naturels servaient de défenses ; le promontoire Graslia-la Bergerie possédait ces caractéristiques avec les vallées de l’Aff et du ruisseau de Mabio et les nombreux étangs et marécages qui occupaient les bas-fonds. Il n’était accessible facilement que par Bel-Orient et Graslia ; c’est peut-être la raison pour laquelle « des restes importants de murs en pierres sèches précédés d’un fossé profond sur une très grande longueur » ont été signalés par l’abbé Chérel sur ces deux faces du promontoire ainsi que les restes d’un chemin pavé.

On va voir maintenant qu’il y a de bonnes raisons qui tendent à prouver l’existence d’un oppidum à la Bergerie.

Premier Point.

Lorsque l’abbé Chérel parle de « restes importants de murs en pierres sèches précédés d’un fossé profond sur une très grande longueur », il décrit parfaitement l’implantation de l’entrée d’un oppidum ; celle-ci était, en effet, réalisée d’une façon très précise et avec des matériaux bien déterminés.

Deuxième Point.

Par contre, lorsqu’il déclare connaître « l’existence d’un chemin pavé dont on retrouve des parties encore bien conservées au Grand Héréal en Sixt-sur-Aff et au-dessus de la Bergerie », et qu’il pense qu’il s’agit d’une voie romaine, il doit se tromper légèrement en ce qui concerne la Bergerie ; en effet, la voie romaine ne pouvait pas passer à la Bergerie car les voies romaines étaient toutes construites en ligne droite et on voit mal les convois romains gravirent la venelle du Lihoué même sans les marches. Par contre, les restes d’un chemin pavé à cet endroit ne seraient-ils pas plutôt une des rues de l’oppidum ? L’inconvénient, c’est que ce brave abbé n’a pas donné l’emplacement exact de cette constatation.

Troisième Point

Acte Notarié de 1761

Dans un acte notarié du 15 mai 1761 que vous voyez ici et concernant la famille Grinsart, il est question « d’anciens et vieux fossés » sur des parcelles de terre à la Bergerie. Il fallait que ces fossés soient vraiment très âgés pour les qualifier d’anciens et de vieux. Là aussi, ne serait-ce pas les fossés de l’oppidum ? Jusqu’à présent, il n’a pas été possible de déterminer avec précision de quelle parcelle il s’agit mais il est certain que cette parcelle est située à la Bergerie, entre le chemin qui mène à la Forêt-Neuve et le chemin des Fours à Ban de La Gacilly à Graslia

VUE AERIENNE DE BIBRACTE

Les recherches effectuées ont prouvé qu’il s’agissait du tracé des anciennes fortifications ; la végétation à ces endroits n’est pas la même qu’ailleurs parce que l’exploitation du sol, à ces endroits, ne fut pas la même que sur les autres parcelles à cause de l’empierrement du terrain avec les restes des fortifications ou à cause de la présence de restes de fossés et de buttes de terre qui rendaient impossible l’exploitation, le terrain n’étant pas assez plat. Les responsables du site ont même mis en place un parcours de rando pédestre dans les anciens fossés sur 5km qui suit le tracé des courbes que vous voyez.

Quatrième Point.

Regardons maintenant le vieux cadastre gacilien de 1824, certaines parcelles de terrain de la Bergerie sont entourées par des bandes de terre qui rappellent étrangement le tracé des fortifications de Bibracte. Cet « encadrement » ne représenterait-il pas les élévations de terrain et les fossés qui servaient de défenses à des parties de l’oppidum ? Il faut savoir que ces bandes de terre sont restées en friches jusqu’à ces dernières années sans doute parce que, comme à Bibracte, elles n’étaient pas exploitables ; elles étaient couvertes de genêts et de landes ce qui est rapporté par la matrice accompagnant ce cadastre.

Cinquième Point.

Il faut savoir que l’habitat gallo-romain ne se situait jamais en bordure des voies de communication mais à l’écart, entre 500 et 1.000m en général ; c’est le cas pour la motte du Châtelier par rapport à la voie romaine ; l’oppidum de la Bergerie avait bien cette implantation également.

Sixième Point.

Plusieurs parcelles de terrain qui descendent de la Bergerie vers la rivière portent encore aujourd’hui les noms de Jardins de la Motte ou Domaine de la Motte ; ce mot « motte » rappelle forcément une ancienne implantation fortifiée, une très vieille défense militaire.

Septième Point et dernier Point et pas le moindre.

Les parcelles numérotées 1840 et 1841 portent le nom étrange de « Pièce de devant la Porte ». Pourquoi parle-t-on de porte à cet endroit et, qui plus est, de devant la porte ? La porte fait forcément penser à une entrée ou à une sortie et même les deux. Ne serait-ce pas un souvenir d’un très vieux passé et qu’au carrefour des chemins de la Forêt Neuve et de Glénac aurait été située la porte d’entrée de notre oppidum ? Ne serait-ce pas à cet endroit que l’abbé Chérel aurait vu des restes importants de murs en pierres sèches ? Enfin, dernière interrogation, pourquoi à cet endroit très précis sera-t-il, quelques années plus tard, implantée une croix, la plus ancienne de La Gacilly ? Était-ce pour marquer un point important de notre localité ?

Tout cela fait beaucoup de questions sans réponse bien précise mais tous ces éléments font qu’il y a de fortes chances qu’une implantation gallo-romaine ait existé à la Bergerie, le point de départ de notre cité. Est-ce à cet oppidum que fut donné le nom d’Arcilla ? C’est un mot romain qui veut dire « Petite citadelle » ce qui convient parfaitement à l’oppidum de la Bergerie. L’écrivain Ducrest de Villeneuve qui a été le premier à utiliser cette appellation, n’a jamais indiqué la source de ses renseignements. Peut-être avait-il trouvé ce terme dans le livre écrit par Jules César « Commentaires sur la Guerre des Gaules » ? Ce serait à vérifier. Beaucoup de recherches concernant ce coin de la Bergeire restent à faire.

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La Motte Gacilienne.

Dans son petit opuscule sur le château de La Gacilly, Emmanuel Etrillard écrit : « des forts avaient été élevés dans l’Armorique par les Romains, ses vainqueurs. César lui-même n’avait pas quitté le pays des Vénètes sans y assurer sa conquête par des postes militaires. Des forts avaient été construits aux points les plus importants sur les hauteurs dominant les cours d’eau qui pouvaient servir de voie de communication. Ce fut d’ailleurs cette position stratégique qui fut choisie pour l’établissement des colonies militaires et des forteresses que Rome établit sur toutes les frontières de l’empire pour résister aux flots des barbares qui les menaçaient. Du haut de ces forteresses, une poignée de soldats bien armés pouvait surveiller et tenir l’ennemi en échec. Le château de La Gacilly fut l’un de ces postes ». Il continue en disant que « des vestiges de l’occupation romaine ont été découverts à Trégaret en Sixt-sur-Aff sur la rive gauche de l’Aff. Il se trouvait sans doute sur cette rive opposée un poste militaire avec lequel le fort de La Gacilly communiquait au moyen d’un pont dont on voit encore les ruines par eaux basses à deux cents mètres du château dans le pré de l’Ecluse. Rien ne paraît donc plus probable que l’origine romaine de ce petit fort. Sa situation, à la bifurcation de plusieurs vallées, était du reste des mieux choisies ». Tout porte à croire qu’une construction romaine de défense ou au moins d’observation avait été construite dès les premiers siècles. Emmanuel Etrillard écrit également que « déjà le rôle important de cet édifice militaire était passé au VIII° siècle et qu’il remonte à la conquête de la Gaule ». Ducrest de Villeneuve est d’ailleurs du même avis lorsqu’il écrit que « à la place de la cabane du chef gaulois, les habitants avaient en effet bâti une sorte de forteresse pour la défense du pays ». L’oppidum gaulois de la Bergerie fut sans doute délaissé, peut-être même détruit par les Romains qui construisirent à sa place la motte qui deviendra plus tard un donjon puis le château.

Dans l’inventaire des objets trouvés dans les ruines du château effectué par Emmanuel Etrillard, il est fait état d’une pièce qui paraît être de l’époque romaine à cause de la syllabe TUS qui termine le nom dont on ne peut lire le reste. Il est fait état également d’une agrafe portant l’emplacement d’un médaillon. Cette agrafe en cuivre rouge avait dû appartenir à un centurion romain. Ces deux objets, s’ils ne sont pas des preuves irréfutables, sont au moins des indices de la présence romaine à La Gacilly. D’autre part, l’abbé Chérel rapporte qu’une pièce en bronze de Constance I° Chlore dit le Pâle, empereur romain, père de Constantin, a été trouvée à La Gacilly ; l’abbé a dû avoir cette pièce entre les mains car il l’a décrit d’une façon très détaillée : « Elle porte à l’avers une tête dont la face rasée s’encadre de favoris calamistrés (frisés). Une couronne de chêne et de laurier se terminant à l’arrière par une banderole retombant sur l’épaule entoure les cheveux. Autour de la tête l’inscription : « Divo Constantio Pio ». Le revers porte comme motif central un autel sur lequel brûle un feu qu’encadrent deux pélicans, les ailes demi-déployées. Autour, l’inscription : « Memoria felix » et, en dessous, les trois lettres P.L.M. qui marquent un atelier monétaire inconnu. »

De tout ce qui précède sur l’implantation d’une petite forteresse à La Gacilly, peut-on conclure qu’elle était bien construite à l’emplacement du futur château ? Difficile de se prononcer. Il est peut-être intéressant de rappeler ici qu’E. Etrillard rapporte, toujours dans son inventaire des objets trouvés lors de la fouille des ruines du château, que des blocs énormes, atteignant le volume d’un mètre cube, de ciment et de pierres artificielles composées de sables puissamment agrégés, ont été mis à jour. D’après l’abbé Chérel, ces blocs furent démantelés puisque des morceaux servirent à la construction « d’un mur de la propriété de Robert, attenant à l’Ouest les terres au-dessus de la partie dite Jeu de Boules ». Avec ces blocs de ciment et de pierres, fut trouvée aussi une petite auge en granit gris. Or ces mêmes objets ont été découverts dans les fouilles des petits donjons carrés du Finistère de Leskelen en Plabennec et de Luzuen près de Pont-Aven. Mais ces mêmes fouilles ont permis de déterminer qu’avant le donjon carré, il avait existé au même endroit une motte castrale dont on a pu retrouver les grandes lignes. Cette motte était construite sur une éminence naturelle ou, le plus souvent, artificielle, faite de terre rapportée, en forme de cône et circonscrite d’un fossé. Le tertre, d’une hauteur moyenne de 5 à 7 mètres et d’un diamètre de 30, dégageant une plate-forme sommitale ronde, se trouve surmonté d’une tour de bois fortifiée, comme on en voit sur la tapisserie de Bayeux ; à son pied s’étendent une ou plusieurs enceintes de dimensions plus vastes, cernées d’un modeste talus de terre, qu’on appelle baile ou basse-cour contenant les dépendances comme les étables, les granges ou les ateliers. Forcément cette demeure offrait un confort modeste mais, par contre, ne demandait qu’une main-d’œuvre réduite et peu qualifiée pour la construire.

image avec détails de Motte avec tour en boisEtant donné que les fouilles de Leskelen et de La Gacilly ont permis de découvrir les mêmes vestiges, il est permis de penser, qu’à La Gacilly, sur la Butte du Château, il y ait eu une motte surmontée d’un ouvrage en bois ou d’une tour en pierres, d’autant plus que la position stratégique de La Gacilly ne pouvait être délaissée. D’ailleurs, lorsque Conan Mériadec chassa les Romains des différents postes qu’ils occupaient dans l’Armorique vers 380, il s’empara du « château » de La Gacilly qui, avec la petite bourgade de ce nom, devint un fief de la maison de Bretagne. L’abbé Chérel avance qu’il s’agissait plutôt d’une villa romaine ou gallo-romaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Motte Castrale du Châtelier

Entre le Châtelier et la Roche Gestin, il existe un amas important de rochers blancs de poudingues quartzeux. Il semble bien qu’il s’agisse des restes d’une motte castrale vu la situation et la disposition de cet édifice. L’abbé Chérel signale qu’il s’agit d’un monument plus important que le Camp de Sigré et il l’attribue aux Gaulois parce qu’on « n’y a trouvé rien de romain mis à part que la légende l’attribue à l’époque romaine. »Entre le Châtelier et la Roche Gestin, il existe un amas important de rochers blancs de poudingues quartzeux. Il semble bien qu’il s’agisse des restes d’une motte castrale vu la situation et la disposition de cet édifice. L’abbé Chérel signale qu’il s’agit d’un monument plus important que le Camp de Sigré et il l’attribue aux Gaulois parce qu’on « n’y a trouvé rien de romain mis à part que la légende l’attribue à l’époque romaine. »

Cet édifice a toutes les caractéristiques d’une motte castrale :

Une position prédominante : la vue s’étend très loin.

La proximité d’une fontaine : celle de la Haute Bardaie est toute proche.

La disposition des parties essentielles : le monticule et la basse-cour avec enceintes et fossés.

En effet, les blocs de rochers occupent le sommet d’un point élevé d’où la vue est imprenable et vraiment exceptionnelle. A sa partie Est, l’édifice s’appuie sur de gros blocs de poudingues dans lesquels un passage a été fait de mains d’hommes.

En se tournant vers le Nord, et en étant au sommet du monticule, deux enceintes circulaires apparaissent ; l’une autour de la butte sur laquelle on se trouve ; l’autre, moins régulière, d’une trentaine de mètres de circonférence ; chacune de ces enceintes est accompagnée d’un fossé accompagné d’un talus.

Sur la façade Est, les deux fossés se rejoignent pour emprunter le passage, le couloir fait de mains d’hommes avec, d’un côté, le monticule et, de l’autre, deux gros blocs de quartz sur lesquels semble avoir été aménagée une niche où un guetteur pouvait très bien prendre place. Le monticule, formé de gros blocs de quartz, de terre et de débris de pierres environnantes, a une hauteur de 4 à 5 mètres. Il semble qu’aucune fouille n’ait été faite sur ce site peu connu et qui mériterait pourtant de l’être afin de déterminer au moins son origine. En 1824, sur le cadastre napoléonien, cette motte est appelée la Butte du Rocher (section B1, parcelles n°24 et 24bis appartenant à M. Marchandeau, le propriétaire de la Roche Gestin, habitant à Vannes)

 

Cartulaire de Redon.

Le Cartulaire de Redon est un document rédigé par les moines de l’abbaye St-Sauveur de Redon dans lequel ils notèrent tous les évènements importants de la région ainsi que toutes les donations, ventes et achats de parcelles de terrain concernant l’abbaye. C’est un document très précieux au point de vue historique. Une réédition partielle a été réalisée mais, malheureusement, la page qui parle de La Gacilly n’y figure pas.

En 878, ce cartulaire parle de « l’hospitalis de La Gatcilly ». C’est la preuve que notre ville existait bien et qu’il y avait déjà un hôpital. Un peu plus tard, dans un document de la fin du XIII° siècle concernant les hospitaliers de St-Jean, il est aussi question de cet établissement. Il ne faut pas voir l’hôpital d’alors comme celui de maintenant. C’était plutôt une espèce d’auberge espagnole, une maison d’accueil pour les gens de passage mais aussi pour les miséreux, les indigents et les sans-abris. Il y avait une partie réservée aux lépreux et une autre était destinée aux soins médicaux et aux accouchements.

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CROISSANCE DE LA VILLE

 

La Gacilly au XII° Siècle

 

La Féodalité

Pendant les quatre siècles de L'époque templière, la société bretonne évolue à l’instar de celle de tout l’occident médiéval avec, cependant, certains décalages chronologiques et quelques nuances. Le premier élément de cette évolution est l’apparition d’une aristocratie terrienne qui devient rapidement militaire voire guerrière. En effet les plus riches propriétaires fonciers se transforment peu à peu en seigneurs puissants possédant très souvent une certaine culture. D’autre part, les anciens machtierns les plus puissants deviennent également des seigneurs tout en restant à la tête de leur plou.

Ces deux transformations interviennent alors que Waroch I° se fait nommer comte du pays vannetais qui prend le nom de Bro-Werech ou « Pays de Waroch ». En effet, à la domination romaine avait succédé celle des petits souverains gallo-romains ou bretons indépendants les uns des autres désignés sous le titre de comtes. Waroch s’entoure peu de temps après de vicomtes. Ces derniers s’émancipent rapidement de leur supérieur et fondent des châtellenies autonomes. Ainsi toutes les classes de la haute société évoluent, seule la classe paysanne stagne et même régresse car les liens de dépendance se resserrent ; le paysan autrefois relativement libre, devient de plus en plus dépendant : c’est lui qui assure, par son travail, le mieux-être de ces nouveaux maîtres.

Au IX° siècle, la chevalerie va apparaître. En fait les chevaliers sont des seigneurs qui s’arment pour combattre l’infidèle ou protéger les plus faibles. Pour se faire, ils vont construire les mottes castrales. Les principaux habitants de ces mottes étaient très souvent les chevaliers qui tissèrent rapidement des liens personnels avec des nobles, des châtelains et même des vicomtes. Ces relations sont connues sous le nom de vassalité (du vieux celtique : wassos qui a donné en breton gwaz qui veut dire homme). Le vassal et son seigneur se doivent mutuellement aide et conseil. Chacun avait des droits mais aussi des devoirs. Le vassal accompagne son seigneur dans ses expéditions militaires. En échange, il se sait assuré de la protection de son seigneur qui lui octroie un fief en contre partie. Très souvent ce fief est composé de douze arpents de terre et prend le nom de « manse ». Trégaret et la Bouère furent des manses. Ces guerriers professionnels et leurs vassaux s’érigent peu à peu en un ordre propre : la chevalerie à laquelle on accède par la cérémonie de l’adoubement après avoir effectué un long stage dans les châteaux féodaux.

Si les grands seigneurs possédaient des châteaux plus ou moins imposants, les chevaliers eux, après la motte féodale, construisirent plutôt des manoirs tout comme les seigneurs d’un échelon moindre. Quant à l’hébergement, il désignait une habitation d’une certaine importance construite à la campagne mais d’un degré inférieur au manoir. La différence entre les deux n’est pas aisée. Ce terme d’hébergement vient d’un mot allemand qui a donné également l’héberge puis l’auberge.

 

Le Donjon

 

En 1160, il est certain que la tour fortifiée de La Gacilly est terminée ; la première mention de cette construction date de cette année-là. Comme toutes les demeures de la féodalité, l’imposante bâtisse n’est pas à vrai dire un lieu de plaisance mais plutôt une « maîtresse tour », c’est à dire un énorme bloc de pierres auquel vint s’ajouter peu à peu une maison seigneuriale. Les fondations furent posées sur des schistes argileux et ferrugineux. Elles consistaient en murs de plus de trois mètres d’épaisseur avec des parements unis et des arêtes droites et régulières en moellons de schiste bleuAprès le retranchement romain, après la motte castrale et sa tour de bois et/ou de pierre, les donjons carrés font leur apparition en Armorique. Dans son livre sur les donjons, C. Amiot écrit : « La construction d’édifice religieux fut impossible à réaliser par des populations locales jusqu’à la fin du XI° siècle sans faire appel à un savoir étranger, les moines par exemple. Le problème devait donc être le même pour l’édification des premiers donjons qui ne diffèrent pas fondamentalement par leur taille des petits édifices religieux. Il est probable que les premières fortifications de pierre aient été, selon le schéma classique, de plan approximativement carré dans un souci de facilité de construction » En 1140, le domaine de La Gacilly appartient à Raoul de Gaël. Celui-ci décide la construction d’un donjon à La Gacilly. Malheureusement il décède en 1142 et c’est son fils Olivier de Montfort qui, en héritant du domaine, assure la construction de ce donjon vers 1150. En 1160, il est certain que la tour fortifiée de La Gacilly est terminée ; la première mention de cette construction date de cette année-là. Comme toutes les demeures de la féodalité, l’imposante bâtisse n’est pas à vrai dire un lieu de plaisance mais plutôt une « maîtresse tour », c’est à dire un énorme bloc de pierres auquel vint s’ajouter peu à peu une maison seigneuriale.

Les fondations furent posées sur des schistes argileux et ferrugineux. Elles consistaient en murs de plus de trois mètres d’épaisseur avec des parements unis et des arêtes droites et régulières en moellons de schiste bleu. Ensuite, à l’extérieur, une butte artificielle de terre rapportée vint cacher ces fondations sur une hauteur de cinq à six mètres et une circonférence de 55 à 60 mètres. A l’intérieur, la même terre fut employée pour consolider les fondations ; seul un escalier en pierres avait été aménagé ; il conduisait à une porte souterraine donnant dans les douves. Jusqu’à une hauteur de sept mètres, ces fondations n’avaient pas de fenêtre sauf une étroite et haute meurtrière du côté du midi. Ces assises avaient une forme carrée de vingt mètres de côté environ. Lors de la démolition de ces fondations, il a été découvert également un pan de mur circulaire à l’angle oriental du quadrilatère ce qui prouve l’existence d’une tour à cet endroit. Il est tentant de penser que chaque angle devait en posséder une. E. Etrillard croit la même chose lorsqu’il écrit que « ces tours s’avançant à l’extérieur ont dû être les premières détruites et enlevées »

Le donjon, construit sur ces assises, devait avoir une hauteur d’une vingtaine de mètres au-dessus de la butte artificielle et ainsi le sommet des murs dominaient l’Aff d’une quarantaine de mètres. Il devait avoir quatre étages, deux murs perpendiculaires d’un mètre d’épaisseur partageant chaque étage. Au milieu du donjon se trouvait un puits dont les restes étaient encore visibles en 1945 dans la cour de l’école publique.

Christophe Amiot écrit que « le donjon de La Gacilly semble le plus âgé de ce genre de construction dans la région et le plus important de Bretagne dont on ait conservé la trace ». Le Chanoine Le Méné, quant à lui, ne signale pas, sur son plan au 1/500° du donjon gacilien, la présence d’une tour circulaire mais indique seulement l’existence de trois contreforts sur chaque face, contreforts situés dans le prolongement des murs mais qui n’englobent pas les angles.

La description des fondations faite par E. Etrillard avec un pan de mur circulaire et le plan du donjon réalisé par Le Méné peuvent très bien être compatibles. En effet, il faut savoir que ce genre de construction carrée existait et elle pouvait être flanquée d’une telle tourelle cylindrique ; certains donjons du Poitou et de Vendée sont là pour le prouver. De plus, ce genre de construction marque une évolution vers le donjon à plusieurs tours circulaires, quatre en général, comme celui de Montfort. Mais alors, autre conséquence, la construction du donjon de La Gacilly serait antérieure à celui de Montfort. Possible, d’autant plus que, ce dernier étant plus récent, ce serait une des raisons pour laquelle la famille de Montfort en fit sa demeure principale. En effet, Guillaume I° de Montfort, frère d’Olivier, avait hérité du domaine de Montfort à la mort de leur père Raoul de Gaël. C’est ce Guillaume I° qui fit élever le donjon de Montfort. Celui-ci a pratiquement les mêmes dimensions que celui de La Gacilly : murs de trois mètres d’épaisseur, hauteur de vingt mètres. Par contre, les contreforts furent remplacés par des tours d’angle. C’est lui qui bâtira également un peu plus tard le donjon de Châteauneuf en Ille-et-Vilaine Pour cette époque, ces trois constructions seront les plus importantes de tout le royaume avec quelques donjons normands dont Chambois dans l’Orne, près de Trun. Le donjon de Châteauneuf était rectangulaire à quatre niveaux, couvert d’une terrasse crénelée et flanqué à chaque angle de deux contreforts à ressauts. Leurs emplacements sont identiques à ceux du donjon de La Gacilly : ils prolongent chaque mur sans englober l’angle.

Enfin, il faut faire remarquer que Geoffroy de Montfort, fils de Guillaume I°, fut aussi le bâtisseur du château de Chambois dans la seconde moitié du XII° siècle. Tout au long des XI° et XII° siècles, cette famille de Montfort entretint des relations étroites avec les souverains anglais et surtout participa aux premières croisades. Sans doute, de tous ces voyages, ces seigneurs de Montfort rapportèrent-ils des idées nouvelles et - la façon de se défendre ayant changé - furent-ils les premiers à construire ces quatre donjons les plus puissants de tout l’Ouest pendant plusieurs années. D’autres donjons ressemblent à celui de La Gacilly en particulier ceux de la Roche-Posay dans la Vienne, de Tonnay-Boutonne en Charente-Maritime et Pressigny en Indre et Loire.

 

Donjon de la Roche -Posay

On retrouve le même donjon avec la même structure et les mêmes dimensions à la Roche-Posay dans la Vienne. C’est celui que vous voyez ici. Si on enlève la partie sommitale et que l’on remplace les moëllons en tuffeau par des grosses pierres en schiste, on a une idée assez précise de ce que pouvait être celui de La Gacilly. D’après vous, à quoi servait ce petit orifice qui apparaît au milieu du contrefort gauche du donjon ? Ce sont tout simplement les latrines

 

 

 

 

 

 

 

On retrouve le même donjon avec la même structure et les mêmes dimensions à la Roche-Posay dans la Vienne. C’est celui que vous voyez ici. Si on enlève la partie sommitale et que l’on remplace les moëllons en tuffeau par des grosses pierres en schiste, on a une idée assez précise de ce que pouvait être celui de La Gacilly. D’après vous, à quoi servait ce petit orifice qui apparaît au milieu du contrefort gauche du donjon ? Ce sont tout simplement les latrines.

 

 

 

 

 

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Les Templiers

A la fin du XI° siècle, les pèlerinages à Saint-Jacques-de-Compostelle avaient déjà lieu, les pèlerins ou « jacquets » empruntaient les chemins existants mais avaient aussi leurs propres chemins et surtout leurs haltes. L’ordre de chevalerie des Hospitaliers de Saint-Jean, créé quelques années avant celui des Templiers, possédait des terres et des maisons. C’est à cette époque que fut prêchée la première croisade par Pierre l’Ermite qui, si l’on en croit une très vieille tradition serait passé par La Gacilly et y aurait prononcé un sermon. Alain Fergent, duc de Bretagne, Raoul et Alain de Montfort, Rioc de Lohéac et le moine Gautier de Redon prirent part à cette première croisade. En 1117, neuf chevaliers partent pour Jérusalem afin d’aider les croisés, déjà rendus dans cette ville, à délivrer les lieux saints. L’année suivante, ces chevaliers créent un nouvel ordre de chevalerie. Le roi de Jérusalem, Beaudouin II, loge ce nouvel ordre dans une aile de la mosquée El Aqsa bâtie elle-même sur les ruines du temple de Salomon d’où le nom de l’ordre du Temple et des Templiers. Le premier grand maître fut un champenois Hugues Payen qui deviendra Hugues de Payns pour fonder la commanderie du même nom. Cet ordre fut, dès le début, très bien structuré ; il y avait une maison mère par grande région : Poitiers pour tout le grand Ouest. Chaque province était dirigée par une baylie : la Feuillée près du Huelgoat dans le Finistère pour la Bretagne. Il y avait ensuite la préceptorerie (plus tard la commanderie) par pays (à peu près le département actuel). Pour le Vannetais, c’était le Temple de Carentoir ; cette commanderie s’étendait aussi sur les évêchés de Rennes, Saint-Malo, Dol et Saint-Brieuc. Enfin, pour terminer, les Templiers possédaient des maisons secondaires appelées granges qui servaient de lieu de rencontre, de halte et étaient parfois secrètes. Toutes ces implantations se trouvaient en général très peu éloignées des voies de circulation existantes, y compris des chemins des « jacquets ». Les Templiers construisirent également quelques chemins supplémentaires afin de contourner les villes dans le but de ne pas payer les droits d’octroi et de passage qui existaient déjà.

Les habitations des commanderies étaient rarement des châteaux ou des manoirs mais plus souvent des maisons ou des fermes plus ou moins fortifiées avec une chapelle, toujours avec un étang ou très près d’une rivière car les Templiers ne mangeaient pas de viande trois jours par semaine et ils la remplaçaient par du poisson. Non loin de leur demeure, il y avait également un ou plusieurs chênes centenaires la plupart du temps appelés « chênes de la sauvegarde » ainsi qu’une fontaine.

Ils s’habillaient dans une grande robe blanche appelée chlamyde sur laquelle figurait la croix pattée rouge d’où leur nom de Moines Rouges qui leur fut donné par les Bretons.

Les Templiers avaient une très grande dévotion envers Notre-Dame ; leur saint patron était Saint Nicolas et leur sainte patronne, Sainte Catherine, mais ils vénéraient aussi Saint Jean, Sainte Madeleine, Saint Jacques, Saint Julien et Saint André

En 1128, le grand maître Hugues de Payns vint en Basse Vilaine et décida l’implantation de la commanderie de Carentoir qui sera la seule dans tout le Morbihan. En 1141, le duc Conan III fait, aux Templiers, plusieurs concessions qui sont confirmées en 1201 par la duchesse Constance et, en 1217, par Pierre Mauclerc. Plusieurs maisons ou terres furent rattachées à la commanderie de Carentoir comme celles de Malansac, le Guerno, Arzal, Péaule et surtout Limerzel. La tradition leur attribue un certain nombre d’autres maisons ou terres, mais il faut être prudent car cette tradition confond le souvenir des Templiers avec celui des chevaliers de Saint-Jean et même de toute autre communauté. De plus, aucun document ne détermine d’une manière certaine, les lieux qu’ils occupèrent pendant près de deux siècles.

Heureusement que la toponymie est là pour aider à les retrouver. Lorsque les Templiers disparaîtront entre 1307 et 1312, la majeure partie de leurs biens fut attribuée aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem appelés plus tard chevaliers de Rhodes et de Malte qui continuèrent à en jouir jusqu’à la Révolution.

Les Templiers ont été souvent décrits comme des gens méchants, intempérants et cruels. Qu’en fut-il exactement ? Que nous ont laissé les Templiers ? Tout d’abord les moulins à vent, technique qu’ils rapportèrent d’Orient, beaucoup de hauteurs en furent équipées ; mais aussi les moulins à eau avec l’utilisation de la force hydraulique. Ils furent également les premiers à utiliser la charrue dissymétrique qui élimina peu à peu l’araire. Ils réussirent à atteler le cheval. Ils développèrent l’assolement et certaines cultures spécialisées en particulier la vigne qu’ils plantèrent sur les coteaux exposés au sud. Au début du millénaire, il existait quelques marchés comme à Renac mais ce sont les Templiers qui organisèrent de grandes foires dans toutes les paroisses.

Comme les Hospitaliers et les Jacquets, les Templiers nous ont laissé une nouvelle et très importante toponymie. Aux XII° et XIII° siècles, beaucoup de chapelles, de lieux-dits, de villages furent débaptisés et changèrent de nom. Ainsi tous les lieux où figurent le mot « temple » sont à coup sûr d’origine templière tout comme ceux dénommés « hôpital, hopiteau, hospital ». Il en est de même de Croix Rouge et de Maison Rouge ainsi que de Croix Blanche et de Maison Blanche. Les sites comportant le mot Notre-Dame ou les noms des saints Nicolas, Jean, Catherine, Madeleine, Jacques, Julien et André doivent très certainement leur dénomination aux Templiers. Encore une particularité templière, les lieux dénommés Saint-André se retrouvent très souvent près de sites appelés « castel, chastel, ou châtelier » et également peu éloignés d’anciennes voies romaines. Ainsi à Bouvron où une chapelle Saint-André est très proche de deux villages nommés Châtelier et d’une ancienne voie romaine. Le poteau, l’épine, la maladrerie, le guet, le chêne, l’orient ou leurs dérivés sont des mots que l’on retrouve très, très souvent dans des noms de lieux qui furent donnés par les Templiers, les Hospitaliers et/ou les Jacquets.

Et à La Gacilly, et dans les environs, que nous a laissé cette époque ?

L’hôpital Saint-Jean avec la chapelle Saint-Jean et la fontaine Saint-Jean.

L’ancienne église était sous l’invocation de Saint Nicolas, comme l’actuelle d’ailleurs.

Le nom de la ferme de Bel-Orient serait-il d’origine templière ?

Saint-André, un village de la commune, est très peu éloigné du Châtelier et également de l’ancienne voie romaine. A peu de distance de Saint-André, se trouvent un champ de l’Epine et un lieu-dit Maladrerie, à côté de l’étang du Vaulaurent, sur la commune de Saint-Martin-sur-Oust

Dans le bourg de la Chapelle-Gaceline, il y a le moulin de l’Epine.

La chapelle Saint-Jacques sur Carentoir et le village de Saint-Jacob sur Les Fougerêts. Sur cette dernière commune se trouve également la ferme de Nongué, anciennement Longuet où figure le mot « guet ». De même, sur Cournon, il y a le Gué. Ces deux lieux-dits ne peuvent être confondus avec un passage de rivière étant donné leur situation sur des hauteurs.

La croix Jacquary (où il y a Jacques), une des plus anciennes de La Gacilly, pourrait très bien être templière.

Dans de très vieilles maisons des villages de la Glouzie et du Tay, sur le manteau de la cheminée, ont été gravés des hexagrammes. Or il faut savoir que cette figure était l’emblème des Templiers.

Sur le territoire de la commune, quatre vignes importantes existaient déjà au XIV° siècle :

L’une entre l’ancien château et la Bouère,

Une autre entre la Gazaie et la Provostais,

Une troisième près de la Glouzie

Et une dernière à la Haute Bardaie.

Ces vignes existaient encore au XIX° siècle, mais qui les avait plantées ?

Pourquoi pas les Templiers.

Enfin, au Temple de Carentoir, il y eut une préceptorerie templière qui devint une commanderie avec les Hospitaliers ; l’église Saint-Jean-du-Temple contient un important patrimoine : statues, retable, tableaux et surtout un gisant en bois exceptionnel du XIII° siècle

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La Gacilly au XIII° Siècle.

 

Château Fort Gacilien

 

Construction

Le château est construit, autour du donjon, dans le style de l’architecture militaire du moyen-âge dont le principal moyen de force et de résistance consiste dans une position escarpée et fort élevée ayant pour base soit un rocher, soit une levée de terre contre lesquels devenaient impuissants la plupart des instruments d’attaque en usage à cette époque. La grande butte est ronde et garnie d’un parement de pierres.   

Au tout début du XIII° siècle, lorsque Philippe de Montauban prend possession du domaine de La Gacilly, il commence par renforcer les défenses du donjon. Pour ce faire, il commence tout d’abord par agrandir la butte de terre qui supporte le donjon.  De circulaire, cette butte est allongée vers l’Ouest et prend une forme ovalisée : 50m de long et 35m de large. Le donjon se trouve donc à l’Est de ce nouveau tertre.

Tout autour de cette nouvelle plate-forme, est construite une enceinte dont le pied baigne dans des douves. Il s’agit en fait d’un fossé profond de 12m et large de 6m alimenté en eau par le ruisseau des Brelles au moyen d’un petit canal venant de l’étang de la Bouère et situé au Sud-Ouest de l’édifice. Il semble que ce canal partait de la gauche du pont-levis, passait à l’extrémité Ouest de la propriété Homet, se dirigeait à travers le jardin Coyac, entre les maisons Templé et Collet et coupait la partie inférieure de la place actuelle, marécageuse encore en 1860. Il y a quelques dizaines d’année, les vestiges d’un canal ont été mis à jour, lors de travaux dans la rue A. Monteil, à la hauteur de la maison Clésio et de la maison Jouvance devenue le presbytère actuel. S’agirait-il de ce canal ? Le fossé est défendu par une terrasse circulaire en guise de contre-escarpe fort épaisse parementée de murs et garnie au dehors d’un parapet à meurtrières, lequel est beaucoup plus fort et plus élevé des deux côtés du portail d’entrée. L’enceinte comporte trois grosses tours en plus de celles de l’entrée situées à une distance égale et régulière les unes des autres ; elles complétaient les défenses extérieures. A l’intérieur de l’enceinte, le donjon a été conservé.

L’illustration ci-contre intitulée « Château de Montauban rectifié » pourrait donc s’appeler « Château fort Gacilien » d’autant plus que les rectifications apportées à l’original l’ont été dans le respect des documents connus et non pas à l’aveuglette.Du canal d’arrivée d’eau jusqu’au chemin d’accès au château, se trouvaient les courtils et jardins du seigneur ; de l’autre côté, entre le canal, le ruisseau des Brelles et le chemin menant à la Bouère, il y avait le domaine personnel ; celui-ci comportait une vigne appelée la vigne de Montauban. Toute la pente de la colline, à l’Est, était distribuée en divers jardins disposés en amphithéâtre et ornés d’un pavillon à chacun de leurs angles. L’étang, entouré de « saulsaies et d’oseraies» était utilisé pour l’élevage des carpes , des tanches et des brochets.Pratiquement à la même époque, quelques années plus tard, Philippe de Montauban fait construire deux autres châteaux : l’un à Montauban et l’autre à Châteauneuf près de Saint-Malo. On peut logiquement penser que ces trois bâtisses se ressemblaient. Comme les plans de celui de Montauban ont été retrouvés, on peut, à partir de cette base, imaginer ce que devait être celui de La Gacilly. L’illustration ci-contre intitulée « Château de Montauban rectifié » pourrait donc s’appeler « Château fort Gacilien » d’autant plus que les rectifications apportées à l’original l’ont été dans le respect des documents connus et non pas à l’aveuglette.

Du canal d’arrivée d’eau jusqu’au chemin d’accès au château, se trouvaient les courtils et jardins du seigneur ; de l’autre côté, entre le canal, le ruisseau des Brelles et le chemin menant à la Bouère, il y avait le domaine personnel ; celui-ci comportait une vigne appelée la vigne de Montauban. Toute la pente de la colline, à l’Est, était distribuée en divers jardins disposés en amphithéâtre et ornés d’un pavillon à chacun de leurs angles. L’étang, entouré de « saulsaies et d’oseraies» était utilisé pour l’élevage des carpes , des tanches et des brochets.

L’accès au château se fait par le chemin de Carentoir qui passe entre le ruisseau des Brelles et le château. L’entrée de la forteresse se fait donc par le Sud grâce à un portail encadré de deux tours bastions et précédé d’un pont-levis lequel devait se trouver un peu au-delà du jardin du futur  instituteur.  

A l’intérieur de l’enceinte, le donjon a donc été conservé. Une résidence seigneuriale est construite ainsi que des logis d’habitation sommaires pour les compagnons, les serviteurs des maîtres ainsi que pour les artisans attachés au château. Des abris pour les « retrahauts » du domaine pour leur bétail et pour leurs biens sont également installés, c’est-à-dire pour les habitants du fief, en cas de danger, viennent se réfugier avec ce qu’ils possèdent à l’abri de la « ferté », la forteresse.

Du haut du donjon, le veilleur ou « gaite » (de là le verbe guetter) scrute l’horizon et avertit de l’approche de l’ennemi ou signale l’arrivée des visiteurs devant lesquels va s’abaisser le pont-levis.

 Pour tuer le temps, il joue parfois de la flûte ou chante des chansons de « gaite ». De son cornet sonore, il signale aux hôtes du château les principaux moments de la journée. Des mendiants se tiennent assez souvent dans la cour où ils attendent la « donnée ». Ils se restent sur les degrés inférieurs du grand escalier par lequel on accède à la résidence du seigneur, escalier qui a joué un  grand rôle dans la vie féodale ; les hôtes en occupent volontiers les marches de pierre pour y prendre l’air, pour bavarder ou pour assister aux jeux.. Car c’est au pied de cet escalier de la cour que se livrent les combats singuliers, les joutes et que se déroulent les « quintaines ».

Comme tous ceux de cette époque, le château de La Gacilly est divisé en haut ou grand château et en bas ou petit château. Le renforcement de la dépense est complété par la construction d’une grosse tour circulaire, comme celles de l’entrée, sur ce qui est appelé la Petite Butte, au Sud-Ouest de la grande et en forme de demi-lune. Cette tour épaisse prend le nom de Petit Château. Elle renferme un escalier de défense spacieux et d’une pente assez douce pour qu’on peut au besoin y faire monter un cheval. Cet escalier est disposé de telle manière qu’au moyen de barrages mobiles et de meurtrières pratiquées dans les marches ou degrés, on peut à tout instant arrêter les agresseurs et les écraser de haut en bas. Cet escalier communique avec le château supérieur au moyen d’un pont-levis ou à coulisse de quelques mètres. Outre la tour, cette petite butte comporte également une maison d’habitation, une remise et des écuries. D’après certains auteurs, une autre tour semblable à celle de la Petite Butte se trouve au Nord et, entre les deux, il y a une maison dont les restes seront découverts lors du déblaiement. Cette maison possédait une cheminée (le foyer avait encore des cendres) ; elle est adossée au mur d’enceinte exposée au Sud-Est. Entre les deux buttes, outre cette maison, il y a une basse-cour et un jardin, le tout contenant environ un journal.

Au fil des années, entre le gué sur la rivière et le château, des maisons commencent à se construire et forment petit à petit une rue, la première de La Gacilly ; elle emprunte le tracé de la voie romaine et, au carrefour avec le chemin venant du château, une espèce de grande place est aménagée. C’est de cette place que partent trois autres chemins : l’un vers Glénac et la Forêt Neuve en longeant la butte de la Bergerie, un autre vers Ploërmel en empruntant la voie romaine et un dernier vers la Bouère en passant entre le château et le ruisseau des Brelles, au pied du château, côté Est. C’est donc le long de ces voies que sont venues graduellement se grouper les habitations des protégés de la seigneurie pour former peu à peu le noyau du bourg de La Gacilly. Parmi ces maisons de la rue principale qui descendait à la rivière, il devait y avoir la maladrerie qui sera déplacée quelques années plus tard l’autre côté du pont. 

 

Le Manoir.

Après que le château ait été brûlé par les auxiliaires anglais du général d’Aumont, aucun des seigneurs qui suivirent n’entreprit de réparations ; le délabrement continua et même s’accentua, d’autant plus que, à cette époque, tous les grands seigneurs abandonnent leurs châteaux ; ils se réfugient dans les cours ducales voire la Cour royale pour s’attirer les faveurs du duc ou du roi. Par contre, les seigneurs de petite noblesse qui constituent la cour du seigneur féodal restent sur leurs terres généralement exploitées par des tenanciers. Ils construisent alors des manoirs près d’une ferme qui leur appartient et les habitations communes qui s’y rattachent : écuries, étables, granges, pressoir, celliers et chapelle parfois. Le tout est entouré d’un grand mur de défense ; seules quelques rares lucarnes croisetées de barres de fer viennent en rompre la monotonie ; l’ensemble apparaît un peu comme une place-forte, seul le portail épais et lourd est la voie d’accès à la cour intérieure.

Le manoir en lui-même se compose de deux ou trois pièces au rez-de-chaussée. Parfois un étage est réservé à des chambres, très souvent un escalier de pierre extérieur renfermé dans une tourelle accolée au bâtiment permet d’y accéder. La pièce principale est la cuisine avec une immense cheminée. Le seigneur et sa famille y prennent leurs repas en compagnie des domestiques voire des métayers de la ferme. Elle sert également de pièce de travail (couture, broderie, filature) à la dame des lieux et à ses filles. Dans cette pièce également, à l’opposé de la porte et des fenêtres, se trouvent deux ou trois lits pour les « chambrières », les autres domestiques couchant dans les communs et même dans le fournil. Au pied de ces lits, des coffres, assez haut pour servir de sièges, servent de meuble de rangement ainsi que des huches ou des maies pour pétrir la pâte et conserver le pain. Près de la cheminée, un dressoir, espèce de vaisselier, où est placée la vaisselle d’apparat souvent en étain parfois en argent pour les familles les plus aisées. La vaisselle courante est en poterie mais plus souvent en bois. Tout le monde a son couteau dans sa poche, il sert aussi bien au jardin que dans les champs ou pour les travaux ménagers et à table où il remplace la fourchette. Dans la cheminée, pour faire la cuisine, il n’y a que trois ustensiles : une poêle, un chaudron et une broche. Au milieu de la cuisine, se trouve une immense table taillée dans le bois avec les coffres et maies d’un côté et, de l’autre, quelques rares sièges en bois. La deuxième pièce est en fait la chambre du seigneur et de sa famille avec deux ou trois grands lits car, à cette époque et contrairement à nos habitudes actuelles, il est de tradition de coucher à plusieurs dans la même couche, il n’est pas rare de trouver quatre personnes dans le même lit que ce soit des gens de la famille ou des amis de passage d’ailleurs. Quelques coffres complètent le mobilier de cette pièce. La troisième pièce, si elle existe, est la salle de réception, seuls les seigneurs les plus aisés peuvent se permettre d’y recevoir leurs hôtes. Cette salle est meublée d’une grande table parfois escamotable, d’une cheminée portant les armoiries de la famille ainsi que la devise, d’un grand lit de parade avec baldaquin et quelques bahuts de rangement

 

Histoire du Château

Lors de la guerre de Succession, Du Guesclin fit un bref séjour au château de La Gacilly où il rencontra le seigneur du moment, Alain II de Montauban qui était capitaine pour Charles de Blois. C’est la raison pour laquelle le château fut pris et ruiné par les Anglais vers 1350.

Vers 1380, Olivier V de Montauban entreprend des travaux de réparation très importants et améliore le logis seigneurial. Sa veuve, Mahaud d’Aubigné, continue ces travaux après le décès de son mari. Pour cela, elle obtient même l’autorisation de lever un fouage spécial pour terminer les réparations entreprises.

En 1465, un minu du 27 janvier s’exprime ainsi : « les habitants de La Gacilly et les tenanciers ne devront le guet que quand le château sera en réparation ». Ceci veut dire que, en 1463, lorsque Françoise d’Amboise devient dame de La Gacilly, sa demeure seigneuriale qu’elle « avait en très grande affection », avait déjà besoin d’une restauration urgente et importante. C’est peut-être la raison pour laquelle, après son départ et celui de son chatelain Jean du Houx, il fut délaissé et inhabité.

La première moitié du XVI° siècle fut plutôt calme du côté de La Gacilly, la rivalité entre la France et Charles-Quint n’ayant pas eu de répercussions guerrières importantes en Bretagne. A l’inverse, la seconde moitié de ce siècle fut beaucoup plus mouvementée que la première avec les guerres de Religion et surtout la guerre de la Ligue avec Henri III d’un côté et, de l’autre, Henri de Guise et le duc de Mercoeur, gouverneur de la province. Ce dernier était né Philippe-Emmanuel de Lorraine, se trouvait être beau-frère du roi Henri III car époux de Marie de Luxembourg, sœur de la reine de France, comtesse de Penthièvre et descendante de Charles de Blois, l’ancien prétendant au siège ducal. Il aspirait au titre ducal s’attirant ainsi l’amitié des nobles et des roturiers. Ces deux chefs ligueurs s’allient à Philippe II d’Espagne soi-disant contre les protestants mais surtout contre le roi. La Gacilly et ses environs furent mêlés de très près à ces luttes parce que Jean de Couëdor, seigneur de La Gacilly et des Bouëxières, prit le parti du duc de Mercoeur. Il paya d’ailleurs chèrement son adhésion à ce mouvement catholique romain, son château de Couëtion fut saccagé et une partie des archives familiales brûlées en 1595 par les troupes se réclamant du roi Henri IV. Bien qu’habitant Paris, il transforma son château des Basses-Bouëxières en garnison de ligueurs. C’est pourquoi maints faits d’armes se sont déroulés autour de La Gacilly ; ils devaient avoir raison du château.

Dans un aveu de 1514, il est dit : « le tout du chasteau est affermé 21 sols », ce qui est effectivement très peu pour un bâtiment de cette importance et c’est sans doute la preuve de l’état de vétusté déjà avancée du château. De plus, dans un aveu du 10 juin 1526, il est dit : « le pourpris, emplacement, motte, douves et appartenances du chasteau de La Gacilly lesquels sont de longtemps en ruine ».

Mais, quelques années plus tard, vers 1550, « rien de ce qui entrait dans l’architecture militaire des châteaux de cette époque ne manquait à celui de La Gacilly. Il avait ses cachots souterrains au bas du donjon, ses escaliers en colimaçon, son enceinte à murs crénelés à barbacanes et à mâchicoulis percée par des doubles portes à pont-levis et à herse qui donnent accès à deux cours et à un donjon. Au fond de la cour d’honneur se dresse le logis seigneurial, abritant de vastes salles à doubles cheminées armoriées, avec grand perron et tourelles en vedette, les fenêtres à croix de pierres, les closettes (chambres), les longs corridors aux mille circuits dont l’un aboutissait à la porte secrète :du chemin creusé sous terre qui passait sous la rivière et allait, dit-on, déboucher dans les bois de Trégaret. »

Entre la description de 1526 et celle de 1550, de grosses différences apparaissent et il est permis de penser que l’un des seigneurs du moment - René de Rohan probablement- restaura la demeure seigneuriale. D’ailleurs si le château de La Gacilly avait été vraiment en ruines au moment de la guerre de la Ligue comme le disent certains auteurs, les Anglais ne s’y seraient pas autant intéressés. Cet édifice était même habité puisque les attaquants passèrent au fil de l’épée la petite garnison gacilienne. Voici le récit de cette tragédie qui allait décider du sort du château.

Le ligueur Jean de Couëdor devient seigneur de La Gacilly en 1581. Or, dans son château des Basses-Bouëxières, il a installé une garnison de ligueurs sous le commandement du capitaine Blaise. Ses troupes attaquent sans cesse les armées royales aidées en cela par des amis espagnols. En 1593, Mercoeur convoqua les Etats à Vannes, René Rolland et Claude de la Landelle, sieurs de la Graë en Peillac se rendirent sans doute à cette convocation. Les environs de Redon furent particulièrement troublés à cause de la résistance de Talhouët, gouverneur de cette ville qui s’était déclaré pour Mercoeur. C’est la raison pour laquelle le maréchal d’Aumont, commandant des armées royales, est envoyé dans la région. En février 1594 les ligueurs de Mercoeur prennent le château de Comper appartenant à Paul de Coligny, seigneur de Montfort, puis ils descendent sur Redon en passant au manoir de Sourdéac et y commettent de nombreux dégâts. Une troupe d’Anglais, qu’ils traînaient à leur suite comme auxiliaires, s’écarte des bannières du prince et vient rôder sous les murs du château gacilien. Cette proie souriait assez à l’appétit des maraudeurs mais ils tentent vainement de s’y faire recevoir comme amis. Leur éloquence hypocrite ne peut ouvrir la moindre poterne. Ils décident alors d’escalader ou, comme ils disent, écheller ces murs si prudemment inhospitaliers. Ils échouent à nouveau et se vengent sur les maisons de la ville dont les habitants se sont presque tous réfugiés au château. Cependant ils menacent les assiégés d’une seconde visite et, pour en assurer le résultat, ils essaient de se ménager des complices, des « intelligences » dans la place. Ils n’y réussissent que trop. Un soir, leur bande grossie de tout ce qu’avait pu lui fournir celle de la Forêt-Neuve, se cache dans les bois de Trégaret, sur la colline de Languilhard. Vers minuit, une lumière brille dans l’étroite embrasure de la plus haute fenêtre du donjon. A ce signal compris d’eux, les bandits quittent leur embuscade, traversent la rivière et se précipitent vers une porte secrète du château que la trahison leur a ouverte. Ils pénètrent à la sourdine à l’intérieur et passent au fil de l’épée tout ce qui fait quelque résistance. Les malheureux habitants qui, par ordre de leur seigneur et selon la coutume, assurent cette nuit-là le service de guet et de garde au château, sont surpris et massacrés. Quand le pillage le plus avide a dévasté toutes ces belles salles où jadis avait habité la bonne duchesse Françoise d’Amboise, l’incendie, alimenté par des mains haineuses, consume tout ce qui peut l’être. La bande alors s’éloigne, sous les lueurs rougeâtres qui éclairent la vallée, entraînant parmi son butin une femme dont les cris déchirants augmentent la terreur de cette scène de dévastation. C’est celle dont la trahison a causé tous ces malheurs. Elle expie déjà son crime. Le ciel ne lui a pas fait attendre son châtiment ; elle le reçoit de la main de ceux pour qui elle s’est rendue coupable.

Le lendemain, le château est en triste état, entièrement délabré et son propriétaire, toujours Jean de Couëdor, couvert de dettes à cause de l’entretien de sa garnison au château des Basses-Bouëxières, n’envisage pas sa restauration d’autant plus qu’une saisie de ses biens le menace et va intervenir quelques mois après. Le château de La Gacilly, ou ce qu’il en reste, est acheté par François de Talhouët et, ni lui ni les seigneurs qui le suivront, personne n’entreprendra la moindre réparation et, d’année en année, le délabrement se poursuivra. En voulant reprendre le château de Comper en juillet 1595, le maréchal d’Aumont, chef des royaux, sera blessé grièvement et décèdera à Rennes le 19 août suivant. Quelques jours plus tard, le château de Comper fut quand même repris par ruse par les royaux.

En 1639, dans un aveu du 13 septembre de Gilles de Talhouët, il est déjà question de « emplacement et mazière du vieil château de ladite seigneurie ». Un autre aveu du 18 août 1727, affirme : « la motte de l’ancien château de La Gacilly, depuis longtemps ruiné par caducité. »

D’autres misères s’abattirent sur La Gacilly à cette époque. D’abord toute la région fut envahie par les loups qui ravageaient le bétail ce qui n’arrangeait pas les affaires des paysans puisque, en plus, une terrible famine eut lieu en même temps ; des pluies abondantes avaient provoqué la destruction de presque toute la moisson. Le froment et le seigle atteignirent vite des prix inabordables ; les pauvres gens de la campagne affluèrent dans les villes en se nourrissant « d’oseille sauvage bouillie avec des orties »

Le Guet.

Dans les aveux ou minus cités ci-dessus et à plusieurs reprises, il a été question du guet. C’est un service qui était dû par les vassaux roturiers. Le château de La Gacilly jouissait de ce droit qui s’est conservé, du moins en principe, jusqu’à la fin du XVIII° siècle. En vertu de ce droit, il appartenait aux habitants de garder le château et de placer un factionnaire à la porte de l’édifice. Mais, contrairement aux autres châteaux, la garde n’était due, à La Gacilly, par les vassaux roturiers gaciliens, que le jour. Les aveux de 1526 et de 1727 sont formels sur ce point ; dans ce dernier, il est dit : « … rentes que doivent Dom Pierre Bruc, Alain Bruc et sa femme, Allain Rivière, Jehan Espaillart, Jehan Dallérac, Allain Séro, Jehan Rivière, Nicolas Chesnais, Guillaume Rebuffé, Pierre Feillastre, Jéhan Guéhenneuc et doivent iceux pour la tenue et domaine de La Gacilly le nombre et somme de 19 livres 19 sols 7 deniers et le devoir de guet de jour à la porte du chasteau, que doibvent les dits manans et habitants de la ville de La Gacilly quand le chasteau sera rediffié. » Il ne le sera jamais. D’après un aveu de 1465, le service de guet de nuit devait se faire par les autres tenanciers de La Gacilly. Malgré que le château fut en ruine et malgré l’ordonnance du duc de Bretagne Pierre II qui avait aboli ce droit de guet, les vassaux gaciliens, ne venant plus tour à tour faire le guet au manoir seigneurial, payèrent en revanche une taxe fixe que l’on nommait le devoir « d’assens de guet ». En 1717, le marquis de la Bourdonnaye, acquéreur de la châtellenie revendiquera des droits qui n’avaient plus aucun sens. Cette taxe fut versée jusque vers 1850

 

 

Disparition des ruines du Donjon

1717.Le domaine seigneurial de La Gacilly avait commencé à être démembré depuis longtemps puisque le 20 novembre 1717, année du marquisat de la Bourdonnaye, Ambroise Le Roy donne à l’église Saint-Nicolas de La Gacilly, une rente de quatre livres sur sa terre du domaine du Château. Curieusement cette terre est vendue cinq jours plus tard au profit de l’église Saint-Nicolas. Donc déjà, en 1717, des parcelles du Domaine appartenaient à des particuliers. Et pourtant, à cette époque, le marquis de la Bourdonnaye avait envisagé la reconstruction du château

1717.

Le domaine seigneurial de La Gacilly avait commencé à être démembré depuis longtemps puisque le 20 novembre 1717, année du marquisat de la Bourdonnaye, Ambroise Le Roy donne à l’église Saint-Nicolas de La Gacilly, une rente de quatre livres sur sa terre du domaine du Château. Curieusement cette terre est vendue cinq jours plus tard au profit de l’église Saint-Nicolas. Donc déjà, en 1717, des parcelles du Domaine appartenaient à des particuliers. Et pourtant, à cette époque, le marquis de la Bourdonnaye avait envisagé la reconstruction du château

1727.

Un aveu du 18 août 1727 affirme que « l’ancien château de La Gacilly, depuis longtemps miné par caducité, possède toujours son droit de guet par les manants et habitants de la ville de La Gacilly, quand le château sera réédifié ».

1811.

Les pierres de démolition des ruines du château, vendues ou mises gratuitement depuis longtemps à la disposition des habitants de La Gacilly, ont été employées successivement à bâtir la plupart des maisons tant de la ville que de la Bouère. La dernière construction qui ait été faite avec des pierres extraites des ruines, en 1811, fut une écurie située Passage Lasalle et bâtie par M. Seguin. Depuis ce temps, toutes les personnes qui, dans le même but, ont voulu fouiller la butte, n’ont trouvé que des pierres de rebut, de sorte que tous les matériaux employés à la construction du château et de ses clôtures ont été enlevés jusque dans leurs fondements. Les fossés se sont comblés lors de la démolition des murs par l’écroulement successif de la butte et des terrasses. Les parties Est et Sud-Est de celles-ci furent les premières abattues pour l’élargissement et l’aplanissement du terrain contigu. Leur partie Nord ne fut détruite qu’en 1836.

1832.

Madame Veuve Le Roy, née Jeanne Turquety, donne à la commune, un terrain dit « la Butte du Vieux Château ».

1836.

Les terres provenant de l’écroulement de la butte et des terrasses furent récupérées par L. Poligné qui les voitura et s’en servit pour aplanir ses pièces du domaine du Grand Château.

1837.

Les deux sœurs Grinsart Lasalle, Marie-Elisabeth et Jeanne-Louise, ursulines à Redon, font don à la ville de La Gacilly de deux terrains : le Petit Château et le Clos du Vieux Château. Tout ceci tend à prouver que tout le domaine seigneurial a bien été vendu mis à part les restes des murailles.

1840.

Les vestiges des murs d’enceinte sont pourtant encore assez nombreux mais ils sont rasés et jetés dans les fossés. L’année suivante, lors de la décision de construction d’une nouvelle église et du champ de foire : « le chemin du château n’est qu’un petit chemin de servitude partant de l’angle Nord-Est du carrefour Olivier. Il est alors la seule voie de communication avec les ruines du vieux castel dont les anciens abords livrés à l’agriculture, ont été détruits et envahis par les clôtures des jardins du voisinage. La butte et les douves seules attestent l’antique puissance de la forteresse. La butte du vieux château, vaste butte de terre nue et dépouillée de toute espèce de pierres, quelques portions de terrasses du côté du couchant, des fossés presque entièrement comblés et quelques pans de murs de jardins qui existent encore au pied de la colline du côté du levant, composent tout ce qui reste aujourd’hui de cet édifice qui fut autrefois de quelque importance. » D’après Emmanuel Etrillard, des vestiges nombreux de l’enceinte extérieure et des douves qui défendaient les approches du château existent encore : douves à demi comblées et larges talus de la vieille enceinte.

D’après Cayot-Délandre, « les pierres écroulées servirent à la construction de plus d’une maison roturière dans la ville. La butte et les douves restèrent seules pour attester l’antique puissance de la forteresse. On vit pendant de longues années à la surface du sol où s’élevait le donjon, des tuyaux de cheminée descendant verticalement dans la terre, peut-être n’était-ce que la continuation d’un de ces canaux terribles nommés oubliettes ».

1841.

1847.« Du château, il n’existe plus aujourd’hui que la motte ou l’emplacement ; c’est une butte dont le sommet est tout dévasté par les nombreuses fouilles qu’on y a faites pour en extraire les pierres de fondation du château mais qui, néanmoins, conserve encore sa forme conique et l’aspect de sa destination primitive. Ce tertre élevé est entouré de douves à peu près comblées mais encore apparentes. A quelques pas, au Sud-Ouest, s’élève une autre motte appelée la Petite Butte et qui présente à peu près la forme d’une demi-lune. Il ne subsiste plus sur ces terrains aucune trace de maçonnerie « Deux tranchées furent pratiquées dans la terrasse du côté Ouest pour les travaux préparatoires de construction de la nouvelle église. Le reste doit être enlevé pour le nivellement du champ de foire » d’après Ducrest de Villeneuve.

« Les derniers vestiges des murs d’enceinte ont été détruits et jetés dans les fossés lorsque l’on a construit, dans un champ voisin, la nouvelle église. Quant au château fort, toute la partie qui dominait la butte, a disparu, précipitée dans les douves ou enlevée pierre à pierre à mesme des besoins des habitants de la petite cité. Du château, il ne reste donc plus guère que les fondations. » (E. Etrillard)

 

1843.

Il ne reste plus qu’une élévation de terre, dite la Butte du Château ; cette butte est entourée de fossés à demi comblés et de quelques vieux pans de murs.

 

Démolition des ruines du Donjon

1847.

« Du château, il n’existe plus aujourd’hui que la motte ou l’emplacement ; c’est une butte dont le sommet est tout dévasté par les nombreuses fouilles qu’on y a faites pour en extraire les pierres de fondation du château mais qui, néanmoins, conserve encore sa forme conique et l’aspect de sa destination primitive. Ce tertre élevé est entouré de douves à peu près comblées mais encore apparentes. A quelques pas, au Sud-Ouest, s’élève une autre motte appelée la Petite Butte et qui présente à peu près la forme d’une demi-lune. Il ne subsiste plus sur ces terrains aucune trace de maçonnerie ; en sorte qu’il est impossible de juger de la disposition des murs et de l’importance de cette forteresse. » (Cayot-Délandre)

 

1863.

Alexandre Bourré, docteur en médecine à La Gacilly, a un frère Louis, entrepreneur à Tréal ; il épouse Rose Poligné, sœur de François Poligné, le maire de Tréal. C’est ce Louis Bourré qui construira une vingtaine d’années plus tard les écoles publiques de garçons de Tréal, de Guer et de La Gacilly.

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La Gacilly au XV°Siècle

 

On a vu que les Romains avaient construit un premier pont mais que le temps et/ou les hommes l’avaient détruit ; il fut remplacé par un gué et un bac. Les travaux de construction du nouveau pont commencèrent autour de 1320, à l’emplacement de l’ancien, c’est à dire obliquement sur la rivière, en partant de la cour du moulin appelée le héri et aboutissant au terre-plein de l’Office de Tourisme actuel. Cinq arches furent nécessaires pour franchir la rivière avec une arche centrale plus haute et plus large que les autres ; le tablier était en pente douce et plus bas que celui d’aujourd’hui, surtout du côté du moulin. Au moment des crues, l’eau recouvrait assez facilement le tablier ce qui occasionna plusieurs noyades dont celle de maître Julien Le Roy, chirurgien à La Gacilly, en 1679. En 1710, l’arche principale fut emportée et Yves Marie de la Bourdonnaye la fit reconstruire en 1719.

On a vu également qu’une maladrerie avait dû exister soit dans la rue La Fayette, soit au Bout-du-Pont. En 1320, le nouvel hôpital St-Jean est construit. Est-ce qu’il le fut à l’emplacement de la maladrerie ? C’est fort possible. C’est un long corps de bâtiment orienté Est-Ouest avec un rez-de-chaussée, un étage et un grenier. L’hospice ne fut pas tenu par des religieux ou des religieuses mais par des hospitaliers. Beaucoup d’accouchements eurent lieu dans cet établissement et en particulier pour des gens de passage comme, par exemple, une dame de St-Malo ou encore une autre de Chartres. L’établissement fonctionna pendant plus de 400 ans. Le 18 juin 1785, Joseph Marie Grinsart acheta l’ensemble « à charge de démolir les murs croulants du dit hôpital et de rebâtir, à leur place, un rez-de-chaussée avec grenier et salorge (grenier à sel) » contre paiement d’une rente. En 1841, ce nouveau bâtiment fut transformé en une maison appelée l’Hôpital.

Une fontaine St-Jean se trouvait au bord de la rivière.

Enfin, Olivier III de Montauban fit construire la chapelle St-Jean sur le pignon Est de l’hospice, sur les premières pentes de la grée St-Jean, à hauteur de l’étage auquel elle était reliée par une galerie. Cette dernière était portée par une arcade sous laquelle passait le chemin de Redon. Cette chapelle est à la présentation du seigneur de La Gacilly, c’est à dire que c’est lui qui nomme les deux chapelains responsables. Ce fut le premier lieu saint connu de La Gacilly. Quelques années plus tard, sur un petit terre-plein surplombant la chapelle, fut aménagé un cimetière où poussa un très bel if. La chapelle fut abattue en 1818 lors de la construction de la route de Redon et, à l’emplacement du cimetière, beaucoup d’ossements furent mis à jour.

C’est au tout début du XV° siècle, en 1401 exactement, que le mot La Gacilly écrit comme aujourd’hui apparaît pour la première fois dans un document (minu de Marie de Rieux), cela fait donc maintenant plus de 600 ans.

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Premières Rues Gaciliennes

 

Le tracé initial des rues de La Gacilly fut très lié à la voie romaine.

 

Chemin du Château :

C’est le chemin qui desservait le château et son domaine. A l’endroit où il rejoint la voie romaine, une grande place fut aménagée et prit le nom de :

Carrefour Olivier :

En souvenir d’Olivier III de Montauban, le constructeur du pont et de l’hospice St-Jean.

A cette époque, la voie romaine fut un peu délaissée par endroits et des voies nouvelles de communication apparurent :

Le Grand Chemin du Roy qui reliait Redon à Guer en passant par Cournon, le haut de la Grée St-Jean, Trégaret puis franchissait l’Aff au pont de la Chapelle-Gaceline. Au passage, il desservait La Gacilly grâce à une portion de la voie qui va suivre et qui descendait au Bout-du-Pont.

Le Redonnais qui allait de Redon à Malestroit en passant par Tréal ; jusqu’à la Grée St-Jean, c’était le Grand Chemin du Roy. Ensuite il descendait au Bout-du-Pont, montait au carrefour Olivier et continuait par le chemin de la Bouère qui passait au pied du château, côté Est puis filait vers le Palis-Percé. A la fin du XV° siècle, la chaussée de la Bouère fut construite et le Redonnais l’emprunta alors.

Une troisième voie passait dans ce carrefour Olivier ; c’était l’ancienne voie romaine qui partait vers la Glouzie et Ploërmel.

Rue de la Louiserie

C’est pratiquement la rue La Fayette actuelle ; entre temps, une partie de cette rue prendra le nom de rue du Pont. Elle partait du carrefour Olivier et descendait à la rivière et aux deux moulins : l’un pour le blé « à deux vols de chappons du chasteau » et l’autre à « fouller draps » ou moulin à foulon « avec son logis situé sur ladite rivière d’Aff, au-dessous de celui à blé au bout de la dite chaussée, du côté devers le bieff ».

Ce nom fut donné à cette rue sans doute en l’honneur de Louis IX, c’est à dire St Louis qui participa aux croisades ; il faut se rappeler que certains membres des familles de Montfort et de Montauban participèrent eux aussi aux croisades. Il est d’ailleurs fort probable que ce nom fut donné par Guillaume III de Montauban ou par Jean III de Rieux-Rochefort, eux-mêmes descendants d’autres croisés.

Une des maisons les plus remarquables de cette rue fut pendant longtemps l’ancien presbytère qui fut la résidence du seigneur de la Motte, la famille de Couëdor. Au XV° siècle et ceux qui suivirent, la noblesse ne fournissait pas beaucoup de prêtres ; cette famille fait exception puisque François de Couëdor devint prêtre habitué à La Gacilly en 1526. Le prêtre habitué était un ecclésiastique qui restait dans son village natal, chez ses parents et s’occupait essentiellement de catéchisme en attendant d’être nommé chapelain puis sub-curé.

Placis du Cas Rouge

C’est la place Ducrest de Villeneuve d’aujourd’hui. Il se trouvait donc au début de la rue de la Louiserie. Pourquoi ce nom de Cas Rouge ? Certains ont avancé qu’il venait de la craie rouge de son sol. Difficile à admettre car c’est plutôt du schiste qui affleure à cet endroit et, en plus, toute la butte de la Bergerie est schisteuse. Pour d’autres, Cas Rouge viendrait de « quadrivium », mot latin signifiant « quatre voies ». Pourquoi pas. On a avancé aussi que le sol schisteux de la Bergerie étant ferrugineux, les eaux de pluie, après infiltration, pouvaient ressortir sur cette place avec une couleur de rouille d’où l’adjectif « rouge », le « cas » étant une petite vallée où coule un ru ou qui permet l’écoulement des eaux de pluie.

Mais l’explication la plus plausible est sans doute d’admettre qu’un carouge était un endroit où les vassaux d’un seigneur devaient se rendre pour accomplir une obligation ; c’était, entre autres, l’emplacement des fours à ban et du logement des fourniers (les boulangers), emplacement qui faisait partie du domaine du seigneur. C’était très exactement le cas de ce placis. L’obligation faite aux vassaux de cuire leurs pains dans les fours à ban du seigneur durera jusqu’en 1789.

Au milieu de ce placis, s’élevait une croix dont le piédestal servait d’arrêt et de dépôt aux convois mortuaires. C’est là que le clergé venait faire la levée des corps des défunts pour les introduire ensuite à l’église St-Nicolas. Cette croix existait encore en 1774 ; elle fut enlevée sans doute pendant la Révolution, soi-disant parce qu’elle gênait la circulation.

C’est sur le placis du Cas-Rouge que se faisaient les bannies, le samedi, jour de marché. C’est aussi sur cette place que se déroulait la fête de la Quasimodo pendant laquelle les jeunes gens cassaient les vieux pots inutilisables mis de côté pendant l’année. Les jeunes formaient un cercle et s’envoyaient les récipients en terre ; les maladroits avaient droit à un gage. Cette manifestation marquait l’arrivée du printemps et le renouveau de l’énergie pour affronter les durs travaux agricoles à venir. Plus tard, ce placis servira de marché de la laine et de marché aux châtaignes à partir de la mi-octobre.

Rue St-Vincent.

Dans la traversée de La Gacilly, une partie de la voie romaine prit ce nom à la fin du XV° siècle, on a vu pourquoi. Elle part du placis du Cas Rouge pour s’en aller en direction de la Glouzie.

Au milieu de cette rue, aux numéros 16 et 18, il y a deux très vieilles maisons ; l’une d’entre elles comporte une tourelle sur sa façade arrière.

Cette maison a longtemps été appelée la maison Hervo. Il semble bien que ce soit Françoise d’Amboise qui la fit construire pour en faire un orphelinat. C’est sans doute la raison pour laquelle un drame se déroula dans cette maison le 1° février 1797. En voici le récit fait par le maire : « Ayant appris qu’un enfant avait été exposé à la fenêtre du citoyen Roussel, sise rue St-Vincent, nous avons vu et remarqué un enfant couché sur une poignée de foin, soutenu sur ladite fenêtre par deux petites pierres pour l’empêcher de tomber sur la rue, le corps enveloppé dans un vieux et mauvais tablier de grosse toile teinte en noir lié avec du gros fil de reparon et la tête couverte d’un morceau de drap rayé et d’un tetron de linge. Jacques-Marie Le Roy, officier de santé, a reconnu que c’est une fille née depuis 24 heures, bien portante et bien constituée. La petite fille abandonnée fut baptisée ce jour et nommée Anne-Joséphine. »

Escalier à l’intérieur de cette Tourelle.

L’escalier imposant contenu dans la tourelle montre que cette bâtisse a dû avoir une réelle importance.

Venelle des Fours.

C’est la suite logique du placis du Cas Rouge ; avant le XV° siècle, elle porta d’ailleurs le nom de chemin des Fours à Ban. Dans les deux cas, le mot « fours » est mis au pluriel ; c’est tout simplement parce qu’il y avait effectivement deux fours « sous une seule couverture avec logis contenant le tout 36 pieds ».

Pour faciliter la montée vers la Bergerie, des marches en schiste furent installées dans cette venelle. Avez-vous remarqué que l’extrémité de chaque marche est biseautée ? Savez-vous pourquoi ? Tout simplement pour faciliter le passage des brouettes surtout celles des lavandières qui descendaient au Bout-du-Pont pour faire la lessive.

La Bergerie.

Comme on l’a vu, c’est sans aucun doute le lieu de naissance de notre ville. La première construction gacilienne a dû se trouver sur cette hauteur. Ce nom lui fut donné à cause d’un refuge qui servit d’abri à un troupeau de moutons. Question : ce refuge n’était-il pas les restes d’une construction de l’oppidum ?

Quartier St-Nicolas

C’était toute la partie située au milieu et à droite de la rue de la Louiserie. Pendant de nombreuses années, ce fut un coin très animé de La Gacilly avec ses venelles, ses ruelles, ses passages qui entouraient l’église.

Le Chemin de la Motte.

C’était la sortie de La Gacilly pour aller à Glénac et à la Forêt Neuve mais qui passait plus à l’Ouest que la rue d’Hollersbach actuelle. Cette appellation de Motte rappelle le nom du seigneur qui y possédait des terres et l’ancien presbytère mais également la présence d’une construction militaire. Le long de ce chemin, autrefois, il y avait le Bois de la Motte « avec des arbres de haute futaie » qui servait de lieu de promenade aux Gaciliens le dimanche.

Dans la grande parcelle du domaine de la Motte, sera élevée, sans doute pendant la guerre de la Ligue, une espèce de redoute en forme de demi-lune ; de ce tertre, la surveillance du passage de l’Aff était fort aisée. Cette redoute a été détruite au début du XVIII° siècle. Dans un vieux titre trouvé au village des Ourlas en Peillac, il était fait allusion de cette redoute sous le nom de Fort de la Motte.

Le Passage de la Motte.

Utilisé par les piétons et les animaux, il partait de l’ancien presbytère pour monter à l’église et au chemin de la Motte. Le départ de ce sentier est encore visible actuellement entre le numéro 20 de la rue La Fayette et l’ancien presbytère.

La Venelle du Lihoué.

Autrefois la venelle de la Navette, elle est située entre l’extrémité Sud de la rue de la Louiserie et le chemin de la Motte, elle fut dénommée ainsi parce que de nombreux tisserands y habitaient et y travaillaient ; plus tard, elle prendra le nom de venelle du Lihoué. C’est la venelle fleurie actuelle.

Le Passage de la Sellerie.

Il prenait dans la rue de la Louiserie, sur la droite en allant vers la rivière, juste après le numéro 10 de la rue La Fayette et montait en direction de la Bergerie.

Aujourd’hui, c’est un escalier en pierres de schiste.

Le Chemin de la Bergerie avec son Patis.

Par l’extrémité de la rue St-Vincent, il était plus facile d’accéder à la Bergerie que par la venelle des Fours, c’est pourquoi un chemin fut ouvert ; juste à son départ, au-dessus de la chapelle St-Vincent, un patis fut installé et prit le nom de patis de la Bergerie. N’oublions pas que cette chapelle fut pendant de nombreuses années un lieu de pèlerinage et que, également, ce sera l’emplacement d’une foire importante et d’un marché aux cochons et aux moutons.

Rue du Bétail.

Comme pour la Bergerie, il était plus facile, pour se rendre à la Forêt Neuve, de passer par l’extrémité de la rue St-Vincent et ensuite de passer au Pavillon et à Graslia ; un chemin fut donc aménagé à partir du chemin de la Bergerie et du patis du même nom et il prit le nom de rue du Bétail sans doute à cause du grand nombre d’animaux qui arrivaient par ce chemin et aussi, sans doute, à cause du marché aux cochons et aux moutons qui s’y tenait.

Le Chemin des Brelles.

Il partait du Carrefour Olivier vers le Nord puis, pour éviter l’étang de la Bouère, repartait par le bas du domaine St-Vincent en direction de la fontaine St-Vincent. De cette fontaine, un sentier remontait à la chapelle St-Vincent.

Le Chemin des Barres.

Lorsque la chaussée du moulin de la Bouère fut construite et à partir du virage du Chemin des Brelles jusqu’à cette chaussée, un autre chemin fut aménagé et prit le nom de Chemin des Barres ; il fut ainsi appelé parce que, juste avant le moulin, furent installés des poteaux avec une espèce de barrière pour assurer la perception du droit seigneurial sur l’entrée des bestiaux et des marchandises les jours de foire et de marché. Il y avait d’ailleurs les mêmes dispositions à l’entrée du pont au Bout-du-Pont.

Rue d’Amboise.

En sortant du château, un chemin partait vers la Bouère ; c’est à cet endroit que débutait la rue d’Amboise, elle se trouvait donc au Sud-Est du Carrefour Olivier. Elle fut baptisée ainsi en souvenir de Françoise d’Amboise.

Passage Rohan.

Entre la rue d’Amboise et face au placis du Cas Rouge, il fut nommé ainsi en souvenir de la famille de Rohan.

Carrefour Tournemine.

Entre le passage Rohan et le débouché de la rue de la Louiserie, il fut ainsi nommé en mémoire de Julienne de Tournemine, Dame de La Gacilly en 1340 .

Rue des Brelles.

Le sentier qui partait de la chapelle St-Vincent fut agrandi et amena ainsi la création d’une nouvelle rue dénommée la rue des Brelles. Elle rejoignait le chemin des Brelles à la hauteur de la fontaine St-Vincent.

 

 

« Ville » de La Gacilly.

Ce qualificatif de ville a fait couler beaucoup d’encre et à susciter beaucoup de jalousies. Pourquoi La Gacilly a-t-elle hérité de ce titre ? Difficile à dire. Certains l’ont comparée à une humble paysanne qui jouerait à la princesse dans les grands airs qu’elle se donne. » d’où ce titre de ville.

Autre explication, plus plausible celle-là : le titre de ville aurait été donné aux localités qui possédaient une maladrerie devenue hôpital par la suite ainsi qu’aux chefs-lieux de seigneuries importantes ; ce fut le cas pour Renac, Rieux, Lohéac, Rochefort-en-Terre et bien entendu La Gacilly.

E. Etrillard écrit que le château avait valu, dès le XIII° siècle, le titre de Ville à La Gacilly.

Il faut savoir que ce qualificatif fut donné aussi, au XVI° siècle, aux localités qui n’avaient ni gouverneur, ni communauté de ville mais avaient une certaine importance à cause du nombre de gens nobles ou de robe qu’y retenait le fonctionnement de la justice à tous les degrés.

Dans un jugement de 1595 concernant la saisie des biens de Jean de Couëdor, il est question de la ville de La Gacilly. Etant le siège de la cour de la châtellenie et bientôt du marquisat de la Bourdonnaye avec auditoire, prison et lieu patibulaire, La Gacilly va se trouver peuplée de tous les sénéchaux, procureurs, sergents et notaires de la région, y compris ceux des petites seigneuries, à qui viendront s’ajouter un grand nombre d’écuyers et de demoiselles de la petite noblesse ainsi que de nombreux fonctionnaires royaux pour la perception des nouvelles taxes imposées. Il est même permis de se demander où tous ces beaux gentilshommes et demoiselles pouvaient se loger alors que la ville n’était pas encore très étendue. Beaucoup d’entre eux devaient vraisemblablement se contenter d’une simple chambre ou d’une partie de maison.

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Dames et Seigneurs de La Gacilly

 

Dès le commencement du VI° siècle, les comtes de Cornouailles avaient des résidences dans la forêt de Brécilien (de Brec’h-Hélian : empire des druides) qui deviendra plus tard Brocéliande et maintenant Paimpont. Ils avaient entre autres Gaël (du breton Wadel : le gué). Budic, comte de Cornouailles vers 509, céda à son frère Gicquel les pays de Gaël, Beignon et Montfort. Il est dit roi de Gaël en 530. Vers 550, un seigneur nommé Caduon demeurait au lieu-dit Tréfoss, aujourd’hui Trecoët. Avec l’aide de Merven qui deviendra Saint Méen, il construisit le monastère de Saint-Jean de Gaël. En 606, le prince breton Judicaël vint se réfugier dans ce monastère. Il était le fils aîné du roi Judicaël mort en 605 qui avait eu vingt enfants dont Sainte Onène fondatrice et patronne de Tréhorenteuc. Le trône de Bretagne fut usurpé par le fils cadet Haëlon qui, converti, rendit le trône à son frère aîné Judicaël mais garda le pays de Gaël. Il mourut le 17 décembre 652. Il fut le dernier roi de la Domnonée.

A la fin du VIII° siècle, Charlemagne, alors maître de la Bretagne, divise cette province en fiefs et les attribue aux seigneurs partisans. C’est sans doute à cette époque que le fief de Gaël avec La Gacilly, fut créé.

Au IX° siècle, les rois de Bretagne Erispoë et Salomon avaient des résidences à Gaël, Campel, Plélan-le-Grand, Talensac et Maxent ce qui est confirmé par le Cartulaire de Redon. La baronnie de Gaël couvrait alors un très vaste territoire et comprenait celle de Montfort et la châtellenie de Brécilien. Elle s’étendait sur une quarantaine de paroisses.

C’est dans la seconde moitié de ce siècle que les pays de Nantes et de Rennes furent annexés à la Bretagne. Mais cette annexion fut suivie par l’invasion des Normands. Il y avait donc lieu de craindre que l’esprit de patriotisme, le sentiment national breton ne fut pas aussi développé, aussi énergique et aussi vif dans la population de ces pays que dans celle des régions plus occidentales. Pour parer à ce danger, les comtes de Nantes et de Rennes eurent soin de mettre à la tête des fiefs frontières des hommes de pur-sang breton venus de Basse- Bretagne. C’est pourquoi le comte de Rennes installa trois fiefs frontières : Gaël, Lohéac et Malestroit. Au milieu, il se réserva le domaine de Ploërmel et au-delà de ces quatre seigneuries, il créa l’immense vicomté du Porhoët avec 140 paroisses en 1008 et plus de 4.000 km² avec à sa tête Guéthenoc qui habitait le château Thro en Guilliers à 13 km au Nord de Ploërmel et ensuite à Josselin où le château fut achevé par son fils. Les comtes de Nantes et de Vannes adoptèrent ce même système de fiefs avec Blain et Rieux. La Gacilly fut donc forcément incluse dans ce système.

Au XI° siècle, la baronnie de Gaël était toujours aussi importante. Elle appartenait toujours à la puissante famille dite de Gaël qui s’armait « d’argent à la croix guivrée de gueules ». La baronnie de Gaël englobait d’un seul tenant le territoire qui sera partagé plus tard entre les seigneuries de Gaël, de Brécilien, de Montfort et de Montauban dont La Gacilly. Une charte de 1152 prouve que la paroisse de Montauban appelée Senteleium (St Eloi) était dans le domaine de Montfort. D’autre part, une autre charte indique très clairement que le domaine de Montfort était rattaché à la Baronnie de Gaël ; celle-ci devait toujours s’étendre sur une quarantaine de paroisses dont Carentoir et donc La Gacilly (écrit d’ailleurs la Gacilli) et pour laquelle il est précisé que « c’était une châtellenie assez importante avec forêt, ancienne motte féodale et fiefs répandus dans sept paroisses ». La famille de Gaël prit le nom de Montfort à la fin du XI° siècle.

 

Raoul de Gaël.

(Voir Dames et Seigneurs Importants)

 

Raoul III de Montfort.

Fils de Raoul II de Gaël, il hérite de la seigneurie mais il abandonne le nom de Gaël ayant fait de Montfort sa résidence principale que son père avait projetée. C’est lui qui construisit les donjons de Montfort, de Hédé et de Châteauneuf près de Saint-Malo où il possédait des terres. Il en fait allusion dans une charte de 1107. Ces trois donjons étaient pratiquement identiques quant à la taille et quant à la forme.

Il se marie en 1117 avec Havoise de Hédé, dame de Hédé et de Montauban. Il signe son acte de mariage comme étant sire de Montfort, de Gaël et de La Gacilly. Tout de suite, il se met au service de Henry I° d’Angleterre dont il devient le conseiller favori. Il prend une part glorieuse à la bataille de Tinchebray en 1106 et donne, en 1112, au prieuré d’Iffendic, droits d’usage dans le quartier de Coulon en la forêt de Brécilien. Il fonde, en 1124, le prieuré de Thélouet avec sa deuxième épouse, Anne. En 1133, il est excommunié pour avoir usurpé des biens relevant de l’abbaye de Saint-Méen-le-Grand. Il devait décéder en 1143. Sa première épouse lui donna au moins huit enfants parmi lesquels :

Guillaume II de Montfort, seigneur de Montfort et de Gaël, marié à Amicie de Porhoët, dame de Montauban vers 1135. A la mort de son père en 1143, il devient seigneur de Gaël, de Montfort en partie et, par son mariage, de Montauban en partie. Dans l’acte de fondation de l’abbaye Saint-Jacques-de-Montfort en 1152, il reconnaît que la paroisse de Saint-Eloi de Montauban lui vient de son mariage : « Moi, Guillaume, seigneur de Montfort, donne pour la fondation de l’abbaye Saint-Jacques-de-Montfort des terres et divers bénéfices…Ma femme Amicie, mes fils et mes frères étant d’accord avec moi pour ces concessions, je crois bon de mentionner ce qui, dans ces terres appartenait à ma femme et à mes vassaux. Donc ma femme Amicie a donné le droit de vente du pain et de la viande en Gaël, les moulins de Talensac, la terre près du bourg de Saint-Eloi ». Son épouse, Amicie, était la fille d’Eudon II, comte de Porhoët avec des terres en Gaël, Talensac, Saint-Eloi de Montauban. Il était le mari de Berthe de Bretagne, fille du duc de Bretagne Conan III Le Gros et veuve de Alain Le Noir, comte de Richemont. A la mort de Conan, sa fille Berthe hérita du duché et son mari Eudon II devint duc de Bretagne mais le duché lui fut enlevé par Conan Le Petit, fils de Berthe et d’Alain Le Noir en premier mariage. Amicie hérita des terres de Gaël, de Talensac et de Saint-Eloi à la mort de son père. Guillaume II et Amicie eurent au moins cinq enfants dont Geoffroy I° de Montfort qui « posa la première pierre de l’église Saint-Jacques-de-Montfort, Raoul, son frère aîné, la deuxième, Guillaume, leur père, la troisième et enfin la quatrième par Amicie, leur mère ». Guillaume II décéda au temps de la Pentecôte en 1156. Le fils aîné Raoul IV devint le successeur mais il mourut le 12 décembre 1161 sans postérité et c’est Geoffroy I° qui devint seigneur de Montfort, et des terres de Gaël, Talensac et de Saint-Eloi.

Le cinquième enfant de Raoul III et de Havoise de Hédé fut Gosceline de Montfort ; elle hérita d’une partie de Montauban et de Montfort à la mort de son père en 1143 (voir plus loin Philippe de Montauban).

 

Olivier I° de Montfort :

Remarque importante :

La généalogie des Montfort/ Montauban a donné lieu à de nombreuses controverses et, même actuellement, les différents auteurs qui se sont intéressés à cette question, ne sont pas d’accord sur trois points en particulier :

Olivier I° de Montfort était-il aussi Olivier I° de Montauban ?

Sa sœur, Gosceline de Montfort qui épousa Alain de Rohan donna le jour à deux garçons : Jean et Philippe. Lequel fut l’aîné et lequel épousa Gosceline II de Montfort, leur cousine, fille de Olivier I° de Montfort/ de Montauban ?

Amaury, le neveu d’Olivier I°, était-il le fils de Guillaume II de Montfort et d’Amicie de Porhoët ?

Ces trois points seront examinés lors de l’étude de chacun de ces personnages.

 

Olivier I° de Montfort.

Fils de Raoul III et frère de Guillaume II de Montfort, seigneur de La Gacilly et de la moitié de Montfort et de Montauban, il devint, plus tard, seigneur de Boutavant par son mariage. C’est lui qui construit le donjon de La Gacilly. Il signe d’ailleurs un document en 1160 qui en parle. Il eut une fille unique prénommée Gosceline ou Gosseline. Il vivait encore en 1181. Olivier I° de Montfort et Olivier I° de Montauban étaient-ils une seule et même personne ? Olivier de Montfort paraît comme témoin dans une charte du duc de Bretagne Conan II en faveur de l’abbaye de Bégar entre les années 1156 et 1171. Dans un acte de 1180 par lequel Geoffroy I° de Montfort confirme une dotation faite à l’abbaye de Saint-Jacques-de-Montfort par son père Guillaume II de Montfort, acte dans lequel il nomme Olivier de Montfort comme son oncle paternel. Donc, jusqu’en 1180, il est appelé Olivier de Montfort. Mais, à l’inverse, à la fin de cette même année, il est désigné comme bienfaiteur de l’abbaye de Saint-Jacques-de-Montfort sous le nom de seigneur Olivier de Montauban (dominus Oliverius de Monte-Albano). Dans des actes de 1241 et 1248, Olivier, seigneur de Montauban, appelle son aïeul Olivier de Montfort. Dans un acte du 12 juin 1246 paru dans le Cartulaire de Sainte-Melaine de Rennes, lors d’un accord entre l’abbé de Sainte-Melaine et Olivier de Montauban, époux de Jeanne de Porhoët, au sujet d’une rente de six quartiers de froment à prendre, dit cet Olivier, « dans mon grenier seigneurial de Montauban par suite de la donation qui en avait été faite par mon aïeul Olivier de Montfort ». Donc c’est le petit-fils qui appelle son grand-père Olivier de Montfort. Pour en finir avec cette question, il semble bien que ces deux Olivier soient une seule et même personne et qu’il devint Olivier de Montauban après le décès de son père et de sa mère ayant alors hérité d’une bonne partie de la seigneurie de Montauban dont La Gacilly.

 

Gosceline II de Montfort.

Fille de Olivier I° de Montfort/Montauban, elle devient dame de La Gacilly à la mort de son père. Elle épouse, vers 1200, soit Philippe, soit Jean, sires de Montauban (qui suivent) auxquels elle apporte la seigneurie de La Gacilly. Elle décéda avant 1246. Elle eut une fille, Hermine, qui épousera Amaury de Montfort, fils de Guillaume II. Une controverse existe au sujet de cet Amaury car certains le disent frère de Guillaume II. Pourtant, dans un acte de 1204, il paraît avec son frère Raoul, or Guillaume II ne semble pas avoir eu un frère nommé Raoul.

 

Philippe et Jean de Montauban.

(Voir Dames et Seigneurs Importants)

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Olivier I° de Montauban.

Fils aîné de Philippe de Montauban et de Gosceline II de Montfort, il devint chevalier. Par héritage, il fut seigneur de La Gacilly, de Montauban, du Binio, du Couëdor, de Boutavant. Son frère Renaud hérita de l’Eperon. Il épousa vers 1226 Jeanne de Porhoët, fille d’Eudon IV, comte de Porhoët, seigneur de Josselin et de Marguerite de la Villejagu. A la mort d’Eudon IV, Olivier eut, de par sa femme, le quart du comté de Porhoët. Olivier confirma en 1246 et 1258 les donations faites par son grand-père maternel Olivier de Montfort/Montauban aux moines de l’abbaye de Sainte-Melaine de Rennes de six mesures de froment à prendre annuellement dans son grenier de Montauban. Il eut quatre enfants dont Alain qui suit.

 

Alain I° de Montauban.

Fils aîné d’Olivier I° de Montauban et de Jeanne de Porhoët, il devint chevalier. A la mort de son père, il devint seigneur de Montauban, de La Gacilly, du Binio, du Couëdor et de Boutavant. Il eut en plus Montfort en partie et les forêts de Trémelin et de Coulon par son mariage en 1249 avec sa parente Mathilde de Montfort ; celle-ci était fille de Guillaume III de Montfort et de Nina de Rostrenen et arrière-petite-fille de Guillaume II . Elle était veuve de Josselin de la Roche-Bernard, chevalier croisé, dont elle avait eu un fils Alain de la Roche-Bernard et une fille Thomasse. Alain I° parut dans des actes de 1264 et décéda en 1286 ; Mathilde était décédée en 1279. Ils laissèrent deux enfants :

Aliette dont le mari Caro de Bodégat fut un des héros du combat des Trente à Josselin.

Olivier II de Montauban (qui suit) de son mariage avec Josselin de la Roche-Bernard, Mathilde de Montfort avait apporté à Alain I° le tiers de la seigneurie de Montfort et de Boutavant. Son fils, Alain de la Roche-Bernard, céda sa part à Guillaume de Lohéac qui le rétrocéda en partie à Alain de Montauban, nouveau mari de Mathilde qui reçut ainsi un sixième de Montauban dont les terres en la paroisse de la Chapelle Saint-Onen près de Montauban (acte passé en cour de Ploërmel en juin 1285).

 

Olivier II de Montauban.

Fils aîné d’Alain I° de Montauban et de Mathilde de Montfort, il devint chevalier. Au décès de son père, il devint seigneur de Montauban, de La Gacilly, du Binio, du Couëdor et en partie de Montfort. Il épousa en 1275 Louise de la Soraye qui lui apporta les terres d’Irodouër, de la Trinité et de la Soraye en Saint-Onen près de Montauban.

En août 1280, il consentit le changement du bail en rachat en faveur de trente de ses vassaux nobles sous Guer et la Trinité. Par acte passé devant la cour de Ploërmel en février 1285, il abandonna à Guillaume de Lohéac tout ce qu’il possédait dans les paroisses de Comblessac, Mauron et la Chapelle des Bruyères. En 1286, il lui concéda pour deux ans les revenus de ces terres en Montauban, Guer et Carentoir. Comme il n’est pas question de La Gacilly, il est permis de penser qu’il s’était réservé la seigneurie entourant son château gacilien et, d’ailleurs, son fils, Olivier III y habita très souvent.

Par acte passé en cour de Ploërmel en mai 1286, il donnait en dot à sa sœur Aliette, lors de son mariage avec Caro de Bodégat, cent livres de rente. Il devait décéder à la fin de l’année 1286, quelques mois après son père Alain. (Cette année 1286 fut marquée par un terrible tremblement de terre dans toute la Bretagne ; il dura 40 jours avec plusieurs secousses journalières ; il causa de gros dégâts surtout à Vannes en renversant de nombreux édifices). Olivier II laissait deux enfants :

Olivier III de Montauban (qui suit).

Renaud qui fondera la branche des Montauban du Bois de la Roche à Néant/Yvel.

 

Olivier III de Montauban.

(Voir Dames et Seigneurs Importants)

 

Alain II de Montauban (qui suit).

Olivier IV de Montauban (qui suit)

A la mort de son mari Olivier III en 1336, Julienne de Tournemine reçut en douaire en décembre 1340 :

Le château et la seigneurie de La Gacilly avec ses dépendances en Tréal, Ruffiac, Les Fougerêts et la Chapelle-Gaceline.

Les rentes dues en Mohon

Les rentes dues dans le territoire de la vicomté de Rohan.

 

Alain II de Montauban.

Fils cadet d’Olivier III et de Julienne de Tournemine, il devint chevalier et seigneur de La Gacilly et de Montauban à la mort de sa mère. Il fut également capitaine pour Charles de Blois et apparenté à Du Guesclin qui fit alors un bref séjour au château de La Gacilly. C’est la raison pour laquelle le château fut pris et ruiné par les Anglais vers 1350.

Alain II mourut sans postérité en 1357 et fut inhumé dans l’enfeu et chapelle des seigneurs de Montauban, dans l’église des Pères Jacobins de Dinan, les Frères Prêcheurs.

 

Olivier IV de Montauban.

Troisième et dernier enfant d’Olivier III et de Julienne de Tournemine. Il devint chevalier banneret, c’est à dire qu’il avait la possibilité de porter une bannière. Il servit Charles V, roi de France avec trois chevaliers et trente-sept écuyers en 1377 et 1378. A la mort de ses deux frères, il hérita de tous les biens de son père Olivier III et de ceux de sa mère acquis après son remariage avec Olivier III. Il devint seigneur de Montauban, de La Gacilly puis de Gouneville, de Quinéville, de Romilly, de Marigny, de Crespon, de Tuboeuf, de Craon, de Brisolette et de la Bréhardière suite à son mariage avec Jeanne de Malesmains vers 1342 qui, étant fille unique, hérita de ses parents Gilbert de Malesmains, seigneur de Marigny et Tiphaine de Courcy. Elle était aussi nièce de Jeanne de Malesmains, dame de Sens, épouse de Robert du Guesclin, en 1318, père du fameux connétable. Elle mourut en 1383 en laissant sept enfants dont Olivier V (qui suit).

Après la mort de son père, Olivier III, il eut pour tuteur son oncle Renaud de Montauban, seigneur du Bois de la Roche. Comme ses deux frères, il fut, lui aussi, capitaine pour Charles de Blois et servit sous les ordres de son cousin Bertrand Du Guesclin. Il passa les montres de sa compagnie comme chevalier banneret à Dinan le 16 janvier 1356 avec 2 chevaliers et dix écuyers dont Olivier et Renaud de Montauban et trois archers et, un peu plus tard, en 1367, il est en Espagne avec Du Guesclin. Le 10 Avril 1371, il est à Dreux avec un chevalier et seize écuyers dont Jean de Montauban, son fils. Avec cet équipage, il assiste au siège de Bécherel et de Brest la même année. Une autre montre à Saint-Cloud le 1° septembre 1373 le met en compagnie de trois chevaliers et de 25 écuyers dont Jean de Montauban, son fils.

Le 25 avril 1379, il signe, avec son fils Olivier V, l’acte d’association des seigneurs bretons contre l’invasion des Français dans leur province. Il ratifie le deuxième traité de Guérande en 1381. Il meurt en 1388.

 

Olivier V de Montauban.

Fils aîné de Olivier IV et de Jeanne de Malesmains, il devint chevalier banneret et seigneur de Montauban, de La Gacilly, de Gouneville, de Romilly, de Quinéville, de Marigny, de Tuboeuf, de Craon, de Brisolette, de la Bréchardière, puis, de par son mariage, de Landal et d’Aubigné.

Il paraît comme écuyer à la montre de son père en 1356 ; il assiste avec lui aux sièges de Bécherel et de Brest en 1371, il signe, le 25 Août 1379, l’acte d’association des seigneurs bretons pour la protection du duché contre les Français. Il donne en partage :

La seigneurie de Craon à son frère Amaury en 1385.

Les seigneuries de Brisolette et de la Bréchardière à sa sœur Jeanne, veuve de Jean de Tillé (La Teillaye) le 20 Mai 1388.

C’est lui qui commence à restaurer le château de La Gacilly, les travaux seront continués par sa veuve. Il assiste aux états de Rennes en 1386. Il transige le 30 janvier 1386, avec les exécuteurs testamentaires de sa mère, Jeanne de Malesmains, et leur abandonne pendant trois ans les revenus des terres en Normandie et en Anjou. Il meurt en février 1389 peu de temps après son père.

 Il avait épousé, vers 1360, Mahaud d’Aubigné, dame héritière de Landal et d’Aubigné, fille de Guillaume et de Philippote. …. Mahaud d’Aubigné, par acte du 1° Février 1392, donne quittance à son parent, Roland de la Planche, héritier de Renaud de Montauban, seigneur du Bois de la Roche et du Binio, de 3.000 francs d’or dus à cause de la tutelle de Renaud de Montauban qui avait été en 1340 tuteur d’Olivier IV de Montauban. Elle continua ses travaux et obtint du duc en 1392 l’autorisation de lever un fouage de 10 sols sur leurs vassaux pour relever et garder leurs forteresses. Elle dut en employer une grande partie à remettre en état celle de La Gacilly mise en piteux état par les Anglais et qui, cependant, présentait une position très forte et très sûre. Elle mourut en 1412 ayant eu six enfants dont Guillaume III (qui suit ). Son deuxième fils, Robert de Montauban, releva la branche des seigneurs du Bois de la Roche. Son troisième fils, Bertrand de Montauban, fut chambellan du duc Jean V en 1404 puis chambellan du dauphin de France et lieutenant des gardes du château du Louvre en 1414. Il périt à la bataille d’Azincourt en 1415.

 

Guillaume III de Montauban.

En 1404, il fonde le couvent des Carmes de Dol. Il assure, en janvier 1406, la seigneurie de Landal en douaire à sa femme, Marguerite de Lohéac, au cas où elle lui survivrait. En novembre 1408, il passe un acte d’accord avec Jean de Saint-Didier, seigneur de Mué et la Haye de Torcé, son cousin, fils de Jean de Saint-Didier et de Jeanne d’Aubigné, tante de sa mère Mahaud. Il achète en 1411 les seigneuries de Plancoët et de Montbran à Pierre de Tournemine mais le duc fit annuler la vente de Plancoët. Dans un acte passé en cour de Ploërmel, la même année, avec sa sœur Marie de Montauban, épouse de Alain de la Houssaye, il est dit : « issu en juveignerie d’aîné des seigneurs et dame de Porhoët ».Fils aîné d’Olivier V de Montauban et de Mahaud d’Aubigné, il épouse en 1382 Marguerite de Lohéac, fille de Eon de Lohéac, seigneur de la Roche-Bernard, de Plélan, de Brécilien et de Béatrix de Craon, veuve de Jean de Malestroit. Son épouse décèdera en 1407. Guillaume III devint chevalier banneret et seigneur de Montauban, de La Gacilly, de Landal, de Romilly, de Marigny, de Crespon, de Tuboeuf puis, de par son remariage, de Langle de Château-Thierry et de Montbran par rachapt.

Chancelier de la reine de France en 1387, gouverneur de la Guerche pour le duc de Bretagne en 1392, envoyé en ambassade en Angleterre puis nommé gouverneur et capitaine de Dinan le 27 novembre 1402, confirmé dans cette charge en 1404 et en 1413, il était en même temps, depuis 1411, chambellan du dauphin Louis.

Il promit quatre hommes d’armes montés et armés à la comtesse de Penthièvre par actes d’août 1379 et juin 1391. Il paraît à des montres en 1386 et en 1391. Il prête serment de fidélité au duc le 5 mars 1388

Il donne en douaire à sa mère, Mahaud d’Aubigné, le 7 novembre 1389, Romilly et Marigny. Suite à une demande de sa mère, il reçoit du duc, le 20 Septembre 1392, le droit de lever dix sols de fouage sur ses vassaux « pour la réparation et la garde de ses forteresses ». Le duc l’envoya en ambassade en Angleterre en 1396. Il reçoit, le 1° juillet 1400 quittance de Jean III de Rieux des 3.000 livres promises par son contrat de mariage avec Béatrice de Montauban, sa fille aînée du premier mariage. Au décès de son père en 1432, c’est sa fille Béatrice qui hérita de la seigneurie de le Gacilly et l’apporta à Jean III de Rieux, son époux.

Guillaume III de Montauban.

En 1404, il fonde le couvent des Carmes de Dol. Il assure, en janvier 1406, la seigneurie de Landal en douaire à sa femme, Marguerite de Lohéac, au cas où elle lui survivrait. En novembre 1408, il passe un acte d’accord avec Jean de Saint-Didier, seigneur de Mué et la Haye de Torcé, son cousin, fils de Jean de Saint-Didier et de Jeanne d’Aubigné, tante de sa mère Mahaud. Il achète en 1411 les seigneuries de Plancoët et de Montbran à Pierre de Tournemine mais le duc fit annuler la vente de Plancoët. Dans un acte passé en cour de Ploërmel, la même année, avec sa sœur Marie de Montauban, épouse de Alain de la Houssaye, il est dit : « issu en juveignerie d’aîné des seigneurs et dame de Porhoët ».

En 1411, il épouse Bonne Bicente Visconti de Milan, une italienne fixée à la cour de France. L’acte de mariage daté du 13 août 1411 « fut fait, conclu et annoté » par le roi Charles VI et la reine Isabeau de Bavière d’une part et messire Raoul, seigneur de Coëtquen, messire Bertrand de Montauban, frère dudit Guillaume, sire de Montauban, chevalier, d’autre part. A la faveur de ses noces, Bonne Visconti reçoit du roi 30.000 livres dont 20.000 devaient être converties en héritage pour lui demeurer propre ainsi qu’aux enfants à naître et les 10.000 livres restantes étant attribuées à son mari « pour en faire à son bon plaisir et à sa volonté. » En outre, à Bonne Visconti, Guillaume assigne pour douaire 30.000 livres de terres sur la baronnie de Landal et les châtellenies de Romilly et Marigny. Toutes ces conventions furent ratifiées dans un acte subséquent du 5 avril 1412 et le mariage se célébra le 22 août 1414, trois ans après sa signature. Par cette alliance, Guillaume de Montauban devient cousin de la reine de France, Isabeau de Bavière et donc également du roi de France Charles VI, son époux. Guillaume III de Montauban, toujours à l’occasion de son remariage, reçoit le 2 octobre 1411 de Louis, (3° fils du roi de France Charles VI), duc de Guyenne et dauphin du Viennois et dont le dit Guillaume était chevalier, conseiller et chambellan, une pension annuelle de 1.000 livres à prendre sur sa cassette personnelle. Il passe le 7 mai 1412 un acte d’accord avec son beau-frère, Jean du Chastelier, vicomte de Pommerit et veuf de Julienne de Montauban. En août 1421, il remet quittance au duc d’une somme de 6.366 livres que celui-ci lui devait pour arriérer de solde aux gens d’armes de sa compagnie et pour le tort qu’il lui avait causé en annulant l’acquêt de Plancoët qu’il avait fait de Pierre de Tournemine. Il parait comme seigneur de Montauban à la réforme de 1427. Il ratifie le traité de Troyes le 3 septembre 1427. Il accompagna le duc à Rouen en 1428. Les Visconti portaient « d’argent à la guivre ondoyante d’azur (alias de sinople), en pal engoulant un enfant de carnation ». Guillaume III de Montauban eut sept enfants dont trois du premier mariage :

Jean, fils héritier, qui deviendra Jean III de Montauban, chevalier banneret, seigneur de Montauban, de Landal, de Romilly, de Marigny, de la Bréchardière, du Maz, de Péer, de l’Eperon et enfin de Kérenrais par son mariage, vers 1420, avec Anne de Kérenrais qui décèdera en avril 1499, survivant à leur fille unique Marie de Montauban (qui va suivre). Il fut très attaché à la cour de France, conseiller puis chambellan du roi Charles VII, maréchal de Bretagne en 1417, il deviendra le gardien du prince Gilles de Bretagne. Il fut nommé maréchal (1417) à la place de son frère Arthur, puis fit la conquête de la Normandie (1448) pour devenir bailli du Cotentin (1450) et nommé par Louis XI, grand maître des Eaux et Forêts et amiral de France (1461), gouverneur de la Rochelle (1466) et enfin ambassadeur en Castille. Il portait « écartelé aux 1 et 4 de Montauban et aux 2 et 3 de Milan » alors que les de Kérenrais portaient de « vair d’argent et de gueules. » Il mourut à Tours le 1° mai 1466 et enterré, comme son père, au couvent des Carmes à Dol.

Béatrix de Montauban, dame de La Gacilly et des Fougerêts, épouse, par contrat du 1° juillet 1400, Jean III de Rieux-Rochefort à qui elle apporte par héritage, au décès de son père, 4.000 livres et la seigneurie de La Gacilly. La seigneurie de Montauban fut acquise par rachat par le duc Jean V à la mort de son père Guillaume III de Montauban ; à ce moment, la seigneurie de La Gacilly aurait pu être sous la couronne ducale si Jean, le frère de Béatrix, était resté seigneur de La Gacilly. Elle décède le 21 janvier 1401

Marie qui épousa Jean Malet, sire de Graville et de Marcoussis, chambellan du Dauphin.

Ysabeau mariée par contrat du 2 février 1436 à Tristan du Perrier, comte de Quintin, fils aîné de Geoffroy et Isabeau de la Motte.

Béatrix unie le 13 septembre 1435 à Richard, seigneur d’Espinay en Bretagne, veuf de Marie de Gouyon, fils de Robert II du nom et de Marguerite de la Courbe.

Louise qui s’allia à Guy de la Motte, vicomte de Vaucler, vivant en 1436.

Arthur, bailli du Cotentin en 1450, qui fomenta l’assassinat de Gilles de Bretagne, frère du duc François I°, étranglé dans son cachot au château de la Hardouinaye le 25 avril 1450. Pour éviter la peine due à son crime, Arthur se réfugia en France et se fit moine célestin au couvent de Marcoussis d’où Louis XI, qui le protégeait, le retira pour le faire archevêque de Bordeaux en 1463 où il fit son entrée le 18 novembre 1467. Entre temps, le pape le nomma en 1463, abbé de l’abbaye de Redon, mais il dut se désister face à l’indignation des seigneurs bretons. En proie aux remords, il regagna le couvent de Marcoussis et y mourut en 1478, sur la fin de mars. Il portait pour armes « écartelé aux 1 et 4 de Montauban ; aux 2 et 3 contre-écartelé : aux 1 et 4 d’argent au lion de gueules, aux 2 et 3 de gueules au lion d’or, qui est Armagnac et sur le tout Milan »

Guillaume III de Montauban meurt en 1432 sans avoir beaucoup profité de son beau château gacilien terminé depuis deux ans. Il fut inhumé dans la chapelle du couvent des Carmes à Dol-de-Bretagne qu’il avait fondé en 1404.

 

Jean III de Rieux-Rochefort.

(Voir Dames et Seigneurs Importants)

 

Marie de Rieux.

(Voir Dames et Seigneurs Importants)

 

Françoise d'Amboise

(Voir Dames et Seigneurs Importants)

 

Marie de Montauban.

Fille de Jean III de Montauban et d’Anne de Kérenrais, elle était dame de Montauban, de Landal, de Romilly, de Marigny et, par rachat, de La Gacilly. Elle épouse, le 29 octobre 1433, Louis I° de Rohan-Guémené, seigneur de Guémené et de Gié qui était le fils unique de Charles de Rohan et de Catherine Du Guesclin, dame du Verger, fille de Bertrand II et d’Isabeau d’Ancenis ; Louis I° de Rohan fit hommage le 25 janvier 1438 au vicomte de Rohan, son cousin de la terre de Guémené qu’il lui avait concédée en fief. Il assista au couronnement du duc François I° dans la cathédrale de Rennes en 1442 et eut l’honneur de porter sur un coussin de drap d’or le cercle en or avec lequel, depuis Jean V, on couronnait les ducs de Bretagne. Envoyé en ambassade vers le roi de France, Charles VII, en 1449, il ratifia, le 27 juin de la même année, le traité de Rennes conclu entre Charles VII et le duc François I°, traité d’alliance intime, offensive et défensive contre l’Angleterre. Chancelier de Bretagne depuis 1446, il fut accusé (faussement ?) au cours d’une enquête, dans une cause toute différente, d’avoir libellé et scellé un arrêt, au nom du duc François I, ° portant la condamnation à mort du prince Gilles de Bretagne, puis de l’avoir notifié comme un ordre du duc aux misérables qui assassinèrent le prince. Il assista au couronnement du duc Pierre II, vers la fin de septembre 1450, puis il le reçut à Nantes, dont il était gouverneur, vers la mi-octobre. Le 30 octobre 1457, il figura pour la troisième fois au couronnement d’un nouveau duc de Bretagne, le comte de Richemont, connétable de France qui devint Arthur III. Louis I° de Rohan y reçut, par procuration de son cousin, le vicomte de Rohan, absent, au nom des Etats de Bretagne, le serment du nouveau duc. Le 15 décembre 1457, il mourut en son château de Mortiercrolles en Mayenne empoisonné, dit-on, par sa femme, Marie de Montauban. Ils avaient eu trois enfants : Louis (qui suit), Pierre et Hélène.

Après le décès de son mari, Marie de Montauban épouse en secondes noces le 8 novembre 1464, Georges de la Trémoille, seigneur de Craon, de Rochefort, comte de Ligny, chevalier des ordres du roi, lieutenant général de Champagne et de Brie, gouverneur de la Bourgogne. Il était le second fils du fameux favori de Charles VII, autre Georges, qui a laissé le souvenir du rôle néfaste qu’il joua auprès du roi et de sa deuxième sœur Catherine. Marie de Montauban décéda le 16 février 1477 et son mari en 1481 ; elle n’eut pas d’enfant de ce remariage.

Si le décès de son premier mari fut déjà une énigme, une deuxième énigme plane sur Marie de Montauban : c’est une liaison supposée avec Alain de Plumaugat qui a été révélée par une bulle du 9 mai 1475, dont l’original, sur parchemin et scellé d’une bulle de plomb, conservé aux archives nationales qui déclare que « le pape Sixte IV chargeait l’évêque de Tours de s’enquérir de la validité d’un mariage clandestin entre Alain de Plumaugat et Marie de Montauban, femme de Georges de la Trémouille. » Beaucoup de recherches pour éclaircir cette affaire sont restées vaines.

 

Louis II de Rohan de Guémené de Montauban.

Fils de Marie de Montauban et de Louis I° de Rohan, il devint seigneur de La Gacilly à la mort de sa mère en 1477. Par transaction passée le 5 avril 1478 avec son frère cadet Pierre, il fut convenu que celui-ci aurait, pour sa part, dans l’héritage de ses parents, les terres et seigneuries de La Gacilly, de Carentan en Normandie et de Gié en Bourgogne. Voici le texte officiel de cet arrangement : « Transaction faite le 5 avril 1478 par laquelle noble et puissant Louis de Rohan, seigneur de Guémené, cède à Pierre de Rohan, seigneur de Gié, maréchal de France, son frère puîné, les terres et seigneuries de La Gacilly en Bretagne, de Carentan en Normandie, de Gié en Bourgogne, de Mortier-Croulle, du Matz et de l’Hostellerie de Flers en Anjou, de la Bréhardière au Perche ; de Tarteron et de Soulancre en Poitou pour son droit à la succession de leurs père et mère. » Pendant un siècle, jusqu’en 1569, la terre de La Gacilly restera aux Rohan.

En 1486, La Gacilly fut ravagée par un gigantesque incendie. En 1488, les habitants de La Gacilly apprirent un jour que la jeune duchesse Anne de Bretagne s’était réfugiée à Redon pour échapper aux intrigues qui naissaient de tous côtés pour son mariage et qu’un parti de Français devait l’enlever. Aussitôt les Gaciliens se mirent en route pour lui porter secours mais Anne était déjà partie pour Rennes. Trois ans plus tard, la jeune duchesse allait épouser Charles VIII, roi de France et lui donner la Bretagne en dot.

Toujours en 1488, l’armée française pénètre en Bretagne. Elle prend Ploërmel, Vannes et quelques autres forteresses. La bataille de Saint-Aubin du Cormier est un désastre pour les Bretons. Aussitôt après, par représailles contre les seigneurs bretons qui, s’étant d’abord ralliés à la Régente contre le duc, s‘étaient retournés contre leur souverain, les soldats français s’attaquent à leurs châteaux, les incendient et les détruisent ; celui de La Gacilly, quoique non occupé et appartenant au vicomte de Rohan plutôt pour l’armée française, fut lui aussi détruit car représentant une menace. Par qui fut-il incendié et démoli ? La légende veut que ce soit les Anglais ; le duc François II, dans sa lutte contre la France, avait en effet à sa solde des auxiliaires anglais et voulut se venger du vicomte de Rohan. Le duc étant mort le 9 septembre 1488, Charles VIII, roi de France, envoie aussitôt les ordres nécessaires pour occuper toutes les places fortes du duché, et cela jusqu’en 1491 où le roi, occupant toute la Bretagne « sauf la ville de Rennes et la fille qui était dedans » ne trouve rien de mieux pour terminer cette guerre que de demander la main de cette « fille », la duchesse Anne qui voulut bien la lui accorder.

 

Pierre de Rohan.

(Voir Dames et Seigneurs Importants)

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Charles de Rohan.

Fils aîné de Pierre de Rohan et de Françoise de Penhoët, il rendit aveu pour sa terre de La Gacilly et celle de la Haute-Bouëxière en Carentoir. Il vendit La Gacilly à son frère cadet Pierre (qui suit) tout en restant comte de Guise.

 

Pierre de Rohan.

Fils cadet de Pierre de Rohan et de Françoise de Penhoët, seigneur de Frontenay, il achète La Gacilly et la Haute-Bouëxière en Carentoir à son frère aîné Charles en 1512. Il épouse, en 1514, Anne de Rohan, sa cousine, sœur et héritière de Jacques et de Claude de Rohan, vicomtes de Rohan. Ce mariage réunit les deux branches de la famille des Rohan.

Il eut un fils, René (qui suit en 24). Pierre de Rohan fut tué à la bataille de Pavie le jour de la Saint Mathias 1524.

 

Anne de Rohan.

Epouse de Pierre de Rohan, elle reçut en douaire la terre de La Gacilly. C’est elle qui rend aveu au roi, le 10 juin 1526, de cette terre au nom et comme tutrice de son fils René, par les mains de Pierre Robitel, son procureur et châtelain de La Gacilly, ainsi que pour sa terre de la Haute-Bouëxière. L’acte fut dressé par les notaires de cette cour au château de Plessé : « Le pourpris, emplacement, motte, douves et appartenances du chasteau de La Gacilly, lesquels sont de longtemps en ruine, avecques une maison estant au joignant de la ditte motte dudit chasteau, et devant icelle maison avecques un jardin derrière, le tout d’un seul tenant ; le tout des dites choses sont sous environ troys journaulx, bitant d’une part au grand chemin qui conduit de La Gacilly à Carantoir, et d’une part à Guillaume Bruc. » Toutefois, en considération des services rendus au roi par le défunt Pierre de Rohan, la reine-mère voulut bien faire remise à la veuve de ses droits de lods et vente.

Elle mourut le 13 avril 1528.

 

René de Rohan.

Fils de Pierre de Rohan et de Anne de Rohan, il devient seigneur de La Gacilly en 1528 et en fit aveu cette même année. Il est aussi prince de Léon, comte de Porhoët, vicomte de Rohan, sire de Blain, de Gié, de Carentan et de la Bouëxière. Il apparaît à la réformation de 1536 comme propriétaire de La Gacilly (appelée Gassiglé) et de la Haute-Bouëxière. Il épouse, en 1536, Isabelle d’Albret, fille de Jean de Navarre et de Catherine de Foix. Il cède sa terre de La Gacilly à Claude de Rohan pour 36.000 livres. Toutefois cette vente avait été faite « à condition et faculté de raquit (arrêt du Parlement) » ; en conséquence, René de Rohan pouvait racheter sa terre, et il le fit car, au mois de décembre 1540, dans l’aveu de la seigneurie de Couëtion, rendu par François Marcadé et Marie de la Bouëxière, son épouse, ceux-ci confessent : « estres hommes et sujets de haut et puissant seigneur, monseigneur René, vicomte de Rohan, comte de Porhoët, seigneur de Gié, Carentan, Beaumont, La Gacilly et la Bouëxière ». Il y eut probablement retrait lignager ; c’était un droit qui appartenait au parent le plus proche du vendeur de retirer des mains d’un tiers acquéreur un ancien bien de la famille en lui remboursant le prix qu’il avait payé. D’autres aveux sont rendus à René de Rohan, seigneur de La Gacilly les 24 juin 1548 et 10 octobre 1549. Dans l’aveu du 24 juin 1548, il est dit « lesquels héritages René de Rohan doit au roy comme le seigneur de la Haute-Bouëxière relevant du roy… », ce passage prouve que cette châtellenie de la Haute-Bouëxière dépendait directement du roi et non pas de La Gacilly, d’ailleurs le seigneur de la Haute-Bouëxière n’a jamais été cité parmi les seigneurs-vassaux de La Gacilly malgré qu’une grande partie des biens de la dite seigneurie en Carentoir et Tréal (maison et bois exceptés) relevaient de la seigneurie de La Gacilly

Il fut tué dans un combat près de Metz le 20 octobre 1552. Isabelle de Navarre reçoit en douaire le château et les terres de La Gacilly. Ils avaient eu un fils, Henry.

Selon une tradition, « un combat singulier opposa un seigneur de Rohan, de La Gacilly et de la Haute-Bouëxière à un seigneur de la Ruée en Ruffiac, celui-ci y fut tué ». Ces deux familles étaient voisines et les visites devaient être fréquentes. C’est ainsi que messire François de la Ruée, doyen de Quintin, signa le testament de Pierre de Rohan, baron de Pont-Château et seigneur de la Bouëxière en 1518. Par ailleurs, les de la Ruée furent alliés au XVI° siècle avec la famille Couëdor dont une branche était titulaire de la seigneurie de la Basse-Bouëxière. Mais vers le milieu du XVI° siècle, la famille de Rohan, en partie tout au moins, prit le parti des protestants et, en particulier, René de Rohan qui était en plus un habitué des « rencontres en duel » puisqu’il décéda à Metz en 1552 dans l’un de ces combats. Par contre, la famille de la Ruée fut toujours très royaliste et très dogmatique. Il semble bien qu’un différend religieux s’éleva entre les deux seigneurs qui voulurent le régler en duel. A l’emplacement du combat, sur la paroisse de Tréal, la famille de Rohan entreprit de faire construire une chapelle qui prit le nom de Bonnes Rencontres (est-ce pour chasser le mauvais souvenir ?). Un acte de la famille de Rohan rappelle que « nous avons pris possession (de la chapelle) pour avoir sonné la cloche et pris et fait prendre au sieur Pollet, notaire représentant le marquis de la Bourdonnaye, dans un banc situé côté de l’Epître près de la balustrade, et ce sans opposition, et avons également installé ledit seigneur de la Bourdonnaye dans le droit de seul seigneur fondateur de ladite chapelle ». Près de la chapelle, sur la même colline, un moulin à vent sera construit plus tard, les ruines y sont encore visibles. La chapelle sera incendiée en 1794, seule une croix en perpétue le souvenir.

 

Claude de Rohan.

Vicomte de Rohan, il est désigné comme seigneur de La Gacilly dans les aveux des 13 et 18 juin 1540. C’est d’ailleurs son curateur, Monseigneur Jehan de Rieux, administrateur de l’évêché de Saint-Brieuc, qui reçoit ces aveux au nom de « hault et puissant Claude de Rohan, sieur de Frontenay, Lavau, la Haye de Carentan, La Gacilly et la Bouëxière ». Ces aveux concernaient le four à ban de la Bouëxière. Claude de Rohan ne fut donc seigneur de La Gacilly que quelques mois en 1540.

 

Henry de Rohan.

Fils de René de Rohan et d’Isabelle d’Albret, il succède à son père comme seigneur de La Gacilly. Ce fut un calviniste convaincu. Il épouse Françoise de Tournemine, fille de René de Tournemine, seigneur de la Hunaudaye. Le 20 mai 1565, Henry de Rohan fait une fondation pour la confrérie de la Nativité de Notre-Dame en la paroisse de Carentoir « en donnant le jardin de Bédiguen, près le bourg, à la redevance de 12 deniers par an ». Pour cette donation, il est désigné comme seigneur de La Gacilly. Il vend la terre de La Gacilly, en 1569, une première fois pour la somme de 16.000 livres et, en 1571, elle est revendue à Jean Apuril pour la somme de 6.500 livres. Mais, dans les deux cas, il dut y avoir retrait lignager car, dans un aveu du 19 mai 1573, Henry de Rohan est redevenu seigneur de La Gacilly : « aveu par Jehan de Launay, sieur dudit lieu et du Boisbic, à Henry de Rohan, vicomte de Rohan, prince de Léon, comte de Porhoët, baron de Frontenay, seigneur de La Gacilly, pour le manoir de Boisbic et ses appartenances en la paroisse de Carantouer ». Henry de Rohan mourut en 1575.

 

Jean Apuril ou Avril.

Sieur de Coesbo, son père, Jean Avril, fut connu sous le nom de Président de la Grée et mourut premier président de la cour des comptes en 1596. Jean Avril fils avait une tante, Jeanne Apuril qui fut la grand-mère de Jeanne Costard de Bocudon qui épousa Arthur de Forges de la Bouère.

Jean Avril fils achète la seigneurie de La Gacilly pour la somme de 6.500 livres « avec grâce et faculté de réméré de six ans », c’est à dire avec faculté, pour le vendeur, de racheter cette seigneurie dans un délai de six ans. Henry de Rohan étant mort en 1575, le procureur du roi à Ploërmel fit saisir la terre de La Gacilly, pour le droit de rachat. Mais Jean Avril s’y opposa, disant qu’il avait acquis cette terre, qu’il en avait pris possession, fait l’hommage par deux fois. A son tour le receveur de Ploërmel dit « qu’il devait jouir de cette terre, au nom du roi, car le seigneur de Rohan, malgré la vente qu’il en avait faite, avait toujours joui des revenus, institué sergents, notaires et autres officiers pendant ladite condition et grâce, par conséquent, qu’il en était resté propriétaire, ce qui se trouve reconnu vrai par l’aveu du 19 mai 1573, rendu par Jehan de Launay à Henry, vicomte de Rohan, seigneur de La Gacilly ». Un premier arrêt de la cour de Rennes, en date du 7 avril 1576, ordonnait aux parties de prouver la réelle et actuelle jouissance de la terre de La Gacilly ; en outre, le sénéchal de Ploërmel avait adjugé le droit de rachat au receveur du roi ; enfin la cour du Parlement, par son arrêt du 30 avril 1577, dit qu’il avait été mal jugé, donnait pleine main-levée au dit Avril et condamnait le receveur de Ploërmel aux dépens.

 

Charles de Cossé.

Comte de Brissac, il épouse Judith d’Acigné, fille de Jeanne du Plessis. Dans un aveu du 18 mai 1580, rendu à la seigneurie de Renac pour la terre de la Bouvrie en Pipriac, cette Jeanne du Plessis est dite « dame vicomtesse de La Gacilly et d’Acigné ». A la fin de 1580, Charles de Cossé achète la seigneurie de La Gacilly.

 

Jean de Couëdor.

(Voir Dames et Seigneurs Importants)

 

 

François de Talhouët.

Seigneur de la Ville-Quéno, acquéreur de la seigneurie de La Gacilly, il n’y fut pas longtemps le seigneur car il décéda très peu de temps après. C’est sa veuve, Valence du Bois-Orhand, qui reçut en douaire la terre de La Gacilly.

Il fut un ligueur acharné et combattit contre René de Rieux-Sourdéac et Sébastien de Rosmadec-Molac. Grand ami de Mercoeur et chargé par lui du gouvernement de Redon et des pays circonvoisins, il fut du côté du duc jusqu’à l’abjuration d’Henri IV, essayant d’obtenir d’autres avantages honorifiques et surtout pécuniaires qui lui permirent d’acheter les propriétés de son malheureux compagnon d’armes, Jean de Couëdor. Jugeant qu’à partir de l’abjuration du roi, la ligue n’avait plus sa raison d’être, il s’en retira.

Fils de Jacques de Talhouët-Kéredren et de Anne de Coëtdro, François est l’auteur de la branche des Talhouët-Bois-Orhand par son mariage en 1577 avec Valence, héritière de Bois-Orhand. Elle était la fille aînée de Jean et de Marie de la Bourdonnaye. La famille des Talhouët vint du lieu-dit Kéredren en Questembert. Au moment de la conjuration de Pontcallec, 300 conjurés se réunirent à Kéredren pour prendre Vannes. C’est en 1598 que François prit possession de la Ville Quéno. François et son épouse ne parurent pas souvent dans la seigneurie de La Gacilly car les registres n’ont pas laissé beaucoup de traces de leurs passages.

 

Valence du Bois-Orhand.

Par contrat d’échange en date du 10 juin 1630, elle cède la seigneurie de La Gacilly contre celle de Sévérac à Françoise de Talhouët, épouse de Charles d’Amboise, marquis de Bussy. Elle épouse en secondes noces François de Trémigon, sieur de Kériman. Elle décède en 1643 (ou 1653).

 

René de Talhouët.

Fils aîné de François de Talhouët et de Valence du Bois-Orhand, il est donc seigneur de La Gacilly même du vivant de sa mère car il met opposition à la vente de la terre de La Gacilly qui devient caduque. Il prit grand soin de son domaine gacilien et y séjourna pendant plusieurs années de 1625 à 1632. Une grave blessure lui avait enlevé presque complètement l’usage de son bras droit lui interdisant de faire figure à la cour ou dans les camps.

Quand il décède le 22 août 1632 « sans hoirs de son corps », il laisse à sa veuve Catherine de Kerguézec :

Un droit de 30.000 livres sur la terre de La Gacilly « pour récompense de ses deniers dotaux » (acte du 20 août 1623) qui, d’ailleurs, lui furent remboursés par Gilles de Talhouët, son beau-frère, un an après la mort de René et suivant une convention entre le dit Gilles et la dame Catherine en date du 31 janvier 1632.

Une rente « de 1.000 livres pour son douaire, sans comprendre la somme de 30.000 livres ».

C’est René de Talhouët qui fit construire, en croisée, la chapelle latérale Saint-Nicolas à l’église de La Gacilly ; son épouse, Catherine de Kerguézec posa d’ailleurs la première pierre le 20 juin 1626. Deux ans plus tard, il fera construire l’autre chapelle latérale Notre-Dame.

A cette époque et d’après les registres paroissiaux de La Gacilly, la seigneurie de La Gacilly pouvait valoir 6.000 livres de rente, la terre rapportant alors à cette époque 4,75%

 

Gilles de Talhouët.

Fils de François de Talhouët et de Valence de Bois-Orhand, frère de René de Talhouët, il devient seigneur de La Gacilly à la mort de son frère malgré l’affaire du douaire de Catherine de Kerguézec qui suscita beaucoup d’ennuis au nouveau propriétaire. Il y eut procès entre Gilles de Talhouët et sa belle-sœur qui restait usufruitière malgré le remboursement des 30.000 livres dues d’après le testament de son aîné. Ce procès dura de 1633 à 1639. Cependant Gilles de Talhouët fit l’aveu de sa terre au roi le 13 septembre 1639 dans lequel il reconnaissait les droits de douaire et d’usufruit de Catherine de Kerguézec, dame de Kériman (voir cet aveu au chapitre Châtellenie). Il n’habita que très peu sa seigneurie de La Gacilly, occupé à la cour du roi. Ne sachant comment payer les nombreuses dettes qu’il avait contractées, il songea à aliéner sa terre de La Gacilly, mais son principal créancier, M. de la Châtaigneraie-Marzan, s’y opposa. Il aggrava la situation lorsque, dans le contrat de mariage de son fils Louis-Redon avec Jeanne Le Levier, il fit introduire une clause qui ne pouvait qu’être désastreuse. En effet, par contrat de mariage passé le 19 juillet 1641 devant Berthelot, notaire royal à Ploërmel, Gilles de Talhouët assignait au futur époux la seigneurie de La Gacilly, déjà grevée du douaire de la veuve de René de Talhouët. Louis-Redon, ayant voulu acheter une charge qui devait l’attacher à la Cour, traita avec M. de Genlis pour l’acquisition d’une lieutenance dans le régiment des Gardes. Pour en payer le prix qui était de 24.000 livres, il se décida à aliéner la terre de La Gacilly malgré les charges qui pesaient sur elle. Par contrat du 18 mai 1644, il traitait avec M. de la Bourdonnaye-Couëtion, son parent, et avec M. de la Bédoyère, procureur général au Parlement de Rennes, et leur vendait la seigneurie de La Gacilly. Peu après, le 1° juin, il régularisait cette vente et, du consentement de sa mère et de son curateur qui était M. du Bézit-Ronceray, il en fixa le prix à 12.000 livres. M. de la Bourdonnaye eut dans sa part, toutes les dépendances qui se trouvaient aux paroisses de Ruffiac, Saint-Martin-sur-Oust, Les Fougerêts, Glénac et il paya les 12.000 livres quitte à se faire rembourser d’une partie par M. de la Bédoyère, celui-ci ayant la butte du château et ses dépendances à La Gacilly. Ce démembrement de la châtellenie de La Gacilly et l’arrangement qui suivit sont certifiés par l’acte qui suit : « Le 12 juillet 1645, aveu du chasteau de la Pelissonnaye, en la paroisse de Saint-Martin par Ollivier de Saint Martin à dame Yvonne du Bouëxic, épouse de Charles de la Bourdonnaye, chevalier, seigneur de Couëtion, comme propriétaire des châtellenies de La Gacilly, Montauban, aux paroisses de Ruffiac, Saint-Martin-sur-Oust, Les Fougerêts et Glénac ».

En vertu de l’acte du 18 mai 1644, M. de la Bédoyère devenait propriétaire de la motte du château et des autres dépendances de la seigneurie de La Gacilly. Il en fit don à sa fille Anne Huchet de la Bédoyère qui avait épousé Jean du Houx, seigneur des Bouëxières, fils de Jean du Houx, seigneur du Couëdic-Pibout en Tréal et des Bouëxières en Carentoir ; Jean du Houx fils devint ainsi seigneur de La Gacilly. Il est vrai que les créanciers de Louis-Redon de Talhouët essayèrent de faire infirmer cette vente, mais leur opposition n’eut pas de suite et le démembrement de la seigneurie de La Gacilly fut définitif. Le fief de La Gacilly en Cournon fut acheté par Jean du Houx et Charles de la Bourdonnaye, retiré sur eux par François du Beizit-Ronceray, sieur du Bignon, du Ronceray le 25 avril 1645 et vendu à Alexandre de Rieux, sieur de Sourdéac par acte du 17 septembre 1645 pour la somme de 11.000 livres. M. de la Bédoyère décéda le 5 novembre 1645.

 

Jean du Houx.

(Voir Dames et Seigneurs Importants)

 

Gilles du Houx.

Fils de Jean du Houx et de Anne Huchet de la Bédoyère, il naît le 7 juillet 1662, reçoit le supplément de baptême dans l’église de Comblessac le 24 novembre 1670.

Il devient seigneur de La Gacilly à la mort de son père en 1672. Il épouse Marie-Louise de Wateville décédée en 1683. Auparavant, il avait eu des tracasseries avec le château des Bouëxières car l’un des créanciers de son père, François de Trogoff, sieur de Kerlo et y demeurant, paroisse de Locmaria, évêché de Tréguier, avait obtenu de la cour de Ploërmel une retenue de saisie sur la Bouëxière par jugement du 11 août 1677. En conséquence et en vertu de pouvoirs datés du 17 janvier 1678, maître Guillaume Le Brun, sergent royal de Ploërmel se rendit en février à la maison des Bouëxières pour faire sommation au sieur du Houx d’avoir à payer immédiatement les 6.000 livres qu’il devait ; mais l’huissier ne trouva qu’un domestique qui lui dit que son maître était à Paris et qu’il n’avait pas d’argent pour payer cette dette. Alors l’huissier laissa la sommation entre les mains du domestique et lui fit savoir qu’il avait à avertir son maître d’avoir à comparaître au siège de Ploërmel le 15 mars prochain. Ce jour-là la saisie fut de nouveau déclarée sur les terres des Bouëxières et de La Gacilly, « fors celui qui appartenait à Charles de Rosneven et à Marie Botherel de Quintin et à d’autres ».

Il épouse, en secondes noces, le 22 janvier 1692, dans la chapelle de Porcaro, Marie-Julienne de Porcaro, veuve de Joseph de Guiny, seigneur de Kerhos et fille unique et héritière d’Achille-Ferdinand de Porcaro et de Renée de Kerboudel. Grâce au retrait lignager, il peut racheter ses terres des Bouëxières et de La Gacilly par acte du 12 mars 1700 pour la somme de 44.000 livres ainsi d’ailleurs que celles de sa nièce c’est à dire les métairies du Plessis-Payen, de la Marche, de la Ville-Régent et un bois taillis. Gilles du Houx et son épouse habitèrent alors leur manoir des Bouëxières où il mourut le 24 avril 1707 ; il fut inhumé le lendemain dans l’église de Carentoir. Sa veuve rendit aveu au roi le 9 juin 1708 pour son fils René-Charles-Mathurin du Houx.

 

François de Montigny.

Il est seigneur de Beauregard, président à mortier au Parlement de Bretagne, c’est à dire magistrat de la cour de cassation, conseiller du roi, baron de Comper et Gaël et achète la seigneurie de La Gacilly par acte judiciaire de décembre 1687. A l’occasion de cette vente, le roi fit don de ses droits de lods et ventes au sieur Fleury, commis du marquis de Louvois. (Actes des 31 juin et 31 décembre 1687). François de Montigny décéda en mai 1692. Sa veuve, dame Yvonne de Quélen, rendit aveu au roi pour sa terre de La Gacilly, comme l’ayant reçue en douaire et comme tutrice de son fils Yves-Joseph de Montigny en 1693. Elle appartenait encore aux Montigny en 1705, comme le montre l’acte notarié suivant : « Vincent Métayer, demeurant au village de Moulin-Gestin, en la paroisse de Carentoir, près le baillage du Lieuvix, fief proche de notre cour de La Gacilly, connaît et confesse être homme et subjet de haute et puissante dame Françoise-Yvonne de Quélen, veuve de haut et puissant messire François de Montigny, chevalier, seigneur de La Gacilly et autres lieux, conseiller du roi en tous ses conseils, président à mortier au Parlement de Bretagne, dame et propriétaire des terres et baronnies de Gaël, Comper et La Gacilly. »

 

René-Charles-Mathurin du Houx.

Né le 10 février 1693, il est le fils de Gilles-François du Houx et de Marie-Julienne de Porcaro. Il semble qu’il ait récupéré la seigneurie de La Gacilly par retrait lignager auprès de François de Montigny ce qui est confirmé par une lettre de 1774 adressée à Mathurin Boucher par Yves de Montigny, lettre dans laquelle ce dernier exprime sa reconnaissance pour lui avoir fait parvenir une somme de 35.000 livres provenant de ses héritages à La Gacilly.

Lorsqu’il décède le 24 avril 1707, il possède la seigneurie de La Gacilly et la transmet à sa tante Anne-Madeleine du Houx, inhumée en l’église de Carentoir le 25 avril 1711, épouse de Georges-Robert de la Haye d’Andouillé, qui la transmet lui-même à ses enfants. Mais les créanciers firent saisir la terre de La Gacilly et, après des débats très longs, elle fut achetée judiciairement le 27 août 1710 par messire Yves-Marie de la Bourdonnaye, conseiller d’Etat, maître des requêtes, intendant d’Orléans et vicomte de Couëtion. Celui-ci en prit possession par actes du 18 octobre 1710 et du 13 avril 1711. Comme acquéreur de la terre et de la châtellenie de La Gacilly, M. de la Bourdonnaye fut mis en possession des droits honorifiques et de prééminence qui lui appartenaient dans l’église de Carentoir. Il fut troublé dans cette paroisse par l’ancien propriétaire de La Gacilly, le sieur de la Haye d’Andouillé qui vint jusque dans l’église de Carentoir défendre ses prétendus droits. L’affaire fut portée devant la cour de Paris qui, par sa sentence du 9 août 1712, débouta le sieur de la Haye-d’Andouillé de son opposition.

Le fief de la Basse-Bouëxière n’avait pas l’importance des fiefs de La Gacilly et de la Haute-Bouëxière ; c’était tout simplement un arrière-fief de celui de La Gacilly, un fief subalterne qui fut uni au fief dominant lors de l’érection du marquisat de la Bourdonnaye en 1717.

A la mort de René-Charles-Mathurin du Houx, d’autres créanciers se présentèrent pour demander la saisie de la terre de la Haute-Bouëxière. Ils se nommaient Achille-Ferdinand de Porcaro comme héritier de sa tante, Achille-Ferdinand du Guiny comme héritier de sa mère Anne-Marie de Porcaro, Charles Botherel, sieur de Bédée et président au Parlement de Rennes, le prêtre Georges Eboizart, recteur de Saint-Malo-de-Beignon, Guillaume Le Bartz au nom du roi, Jean de la Monneraye, sieur de Bourgneuf et Pierre de Lannion. A leur requête, la vente fut ordonnée par le tribunal de Ploërmel. Ferdinand de Porcaro mit une enchère de 1.000 livres sur le prix d’achat payé en 1700, ce qui faisait 45.000 livres. Cette enchère fut publiée dans toutes les paroisses environnantes au prône des grand-messes en 1712. Enfin les terres des Bouëxières furent adjugées par le tribunal le 12 novembre 1714 à Yves-Marie de la Bourdonnaye lequel en prit possession les 15,16, et 17 novembre de la même année.

 

Yves-Marie de la Bourdonnaye.

(Voir Dames et Seigneurs Importants)

 

Louis-François de la Bourdonnaye.

Fils de Yves-Marie de la Bourdonnaye et de Catherine de Ribeyre, il rendit aveu au roi le 18 août 1727 et mourut sans enfant le 13 juillet 1779. Il fut enterré dans la chapelle de la Haute-Bouëxière. Il est le dernier de la branche des de la Bourdonnaye-Couëtion qui, elle-même, était une branche cadette. Son éloge, avec ses titres, se trouve dans l’inscription qu’on lit sur la pierre tombale qui recouvre ses restes dans la chapelle de la Haute-Bouëxière. Il avait épousé Françoise Talon.

Après lui, la terre de la Bourdonnaye et celle de La Gacilly passèrent aux la Bourdonnaye-Blossac, les plus proches parents du défunt. En effet, ceux-ci descendaient de Jacques-Renaud de la Bourdonnaye, fils puîné de Louis de la Bourdonnaye et de Yvonne du Bouëxic, sieur et dame de Couëtion qui avaient acheté Blossac en 1671 à la famille Loaisel. Tous les biens du marquisat furent vendus par la nation le 6 décembre 1797, Charles-Esprit-Clair de la Bourdonnaye étant alors le marquis

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La Châtellenie

La châtellenie est une classe de fief née du régime fiscal propre à la féodalité : c’était une circonscription intérieure du comté déterminée par le rayon d’action d’un château. De 1100 à 1400, tous les seigneurs de La Gacilly ne possédaient pas que ce domaine de La Gacilly. Ils en avaient souvent beaucoup d’autres plus importants par la superficie et/ou par la résidence. C’est la raison pour laquelle le château de La Gacilly ne fut presque jamais utilisé comme résidence principale par le seigneur.

Pour s’occuper du domaine et pour le remplacer, le seigneur nommait un châtelain qui devenait le gérant, le régisseur de tout le domaine, celui-ci prit alors, pour cette raison, le nom de châtellenie. A l’intérieur du château, le châtelain était aidé par un majordome ou intendant qui s’occupait des serviteurs et des pages de la maison. Le château de La Gacilly fut, dès le début, le centre d’une seigneurie importante et donc son châtelain avait des fonctions conséquentes comme de veiller à la garde et à l’entretien du château et du domaine (champs, prés, bois, landes, étangs, donc chasse et pêche) et percevoir les revenus mais aussi d’en acquitter les charges. Il y avait huit baillages sur le territoire de la châtellenie, c’est à dire huit points de perception des impôts :

L’enclos de La Gacilly

Le Lieuvy

La Haute Bardaie et/ou Brozéas

La Chapelle-Gaceline

La métairie Soual ou métairie aux Joly en Carentoir près de la chapelle Saint-Marc et la Vallée.

La Guinebredaye.

La Greneterye.

La Vieille Forêt en Saint-Martin-sur-Oust.

Au fil des années, le domaine du château comporta plusieurs moulins

 

Moulins à Eau

Le moulin à blé « étant près l’hospital et aulmônerie sur la rivière d’Aff à deux vols de chappons du chasteau » ; en fait, il s’agit du premier moulin qui ait existé au Bout-du-Pont et qui fut remplacé, sans doute, par la suite, par la minoterie.

Le moulin de la Bouère à la sortie de l’étang du même nom, sur la continuation du ruisseau des Brelles « o son étang, ressoul, chaussée et retenue d’eau » à l’Ouest du château, la chaussée était en fait le chemin de La Gacilly à Carentoir.

Le moulin à « fouller draps » ou moulin à foulon « avec son logis situé sur la ditte rivière d’Aff, avec ses distroitz », au-dessous de celui à blé « au bout de la dite chaussée, du côté devers le bieff dudit lieu de La Gacilly »

Le moulin de Duré près du village de la Boussardaie sur la Chapelle-Gaceline.

La moitié du moulin de Mauquepaye, sur le Rahun ; l’autre moitié appartenant au sieur du Bois-By près de la Danais ; ce moulin disparut avant 1465.

 

Moulins à Vent

Le moulin de l’Epine à la Chapelle-Gaceline, juste derrière le calvaire.

Le moulin de Mauvoisin près du Tertre aux Ricaud (ancien nom du Tertre de Haut en Carentoir).

Le moulin de Bellengeart en Saint-Martin-sur-Oust.

Le moulin de la Vieille-Forêt en Ruffiac

Dans la gestion du châtelain, il y avait également :

Trois fours à ban où les vassaux tenanciers devaient faire cuire leur pain :

Deux dans la ville de La Gacilly « sous une seule couverture, avec logis, contenant le tout 36 pieds. »

Un dans le bourg de Carentoir proche la maison de la Vallière et de l’église, sur le chemin qui allait de l’église au pont de l’Hôtellerie.

Encore une halle ou « cohue sittuée au milieu de ladite ville où il y a marché tous les samedis et outre cinq foires par chacun an, sçavoir : quatre en ladite ville de La Gacilly les jours de Saint Sylvestre, le sabmedy de la my-caresme, jour de Saint Barthélémy et Saint Martin d’hyvert et l’autre est une assemblée à la trève de la Chapelle-Gasseline, au jour de Saint Pierre et Saint Paul ; avec les droitz de coutume aux dites foires et marchés sur toutes et chacune des marchandises, et devoir de trépas (droit de passage) dans l’étendue de la dite terre ». Tout proche de la halle, il y avait, dit-on, le portrait de le Gacilly et de sa femme. Bizarre, bizarre ?

Aussi « le logis de la prison situé en ladite ville, contenant trente-cinq pieds de long avec les issues et déports » (aveu de 1639) ; la garde des prisonniers appartenait, le jour, aux habitants de la ville et, la nuit, aux autres vassaux (aveu de 1465).

Les autres dépendances terriennes, d’une étendue de près de 800 hommées, consistaient en prés, bois taillis, bois de haute futaie, landes et vignes. La forêt de La Gacilly, d’une contenance de 350 journaux, comprenait le terrain situé entre la Forêt-Neuve et l’étang de la Bouëxière (la Bouère), d’une part, La Gacilly et la rivière d’Aff de l’autre (aveu de 1465). Enfin il ne faut pas oublier que l’Hôpital était une annexe fondée par un seigneur de La Gacilly.

Un aveu du 13 septembre 1639 fournit les indications suivantes :

« L’emplacement et mazière du vieil chasteau de La Gacilly, près et adjacent la ville du dit lieu, situé en la paroisse de Carentoir, contenant le dit emplacement de chasteau un journal ou environ…Une halle et cohue, située au milieu de ladite ville, où il y a marché tous les sabmedis, et cinq foires par chacun an…Le logis de la prison, trois fours à ban, trois moulins à grain. Les bois de haulte fustais et forest de la dite seigneurye, en la paroisse de Carentoir, contenant par fonds environ huit journaux. Les bois et taillifs de Mabio, contenans environ cinquante journaux ; les landes et communs de Mabio, dépendans de la dite seigneurye de La Gacilly, les landes de Grasléas et lacs de Beautermier où était le grand bois de la dite seigneurye de La Gacilly etc.

Outre tout droit de supériorité et prééminences, ceintures avec armes timbrées et escussons en l’églize de Carentoir, Ruffiac, Cournon et ailleurs, dépendans de la dite seigneurye. Les devoirs et rachaptz, féautx, hommages et droits de chambelenage que doivent les seigneuries des Hautes et Basses Bouëxières, du Boschet, du Bodel, de la Villequéno, de la Ville Orion, de la Rochestin, du Boisbrassu, du Boisby et quelques dépendances de Sourdéac et de Molac. Le droit de patronnage de l’aumosnerye de l’églize de Saint Jean de La Gacilly ; le devoir de disme deub sur le bailliage de la Vieille-Forest et ailleurs ; la maison, pré et jardin de l’hospital du dit lieu de La Gacilly ; mesme le droit de présentation du bénéfice de Ruffiac. Plus le dit seigneur de La Gacilly a droit de faire tenir par ses officiers les généraux plaids de ladite juridiction quatre fois l’année ; tous droitz de jurisdiction haute, basse et moyenne et création d’officiers ; droit de quintaine et behours sur la rivière du dit lieu de La Gacilly, dont les habitants de ladite ville doivent mener et conduire le batteau sur l’eau et fournir de gouaelz, et ceux qui sont mariéz en l’année dans le terrouer de La Gacilly appelé le My-denier, doibvent rompre trois gaules chacun contre un post planté en la dite rivière ; à faute de quoi faire doibvent l’amande de 60 solz et un denier monnoye au jour de Sainte Julitte… ».

Dans cet aveu, il est question du « grand bois de ladite seigneurie de La Gacilly ». Il faut faire remarquer que certaines personnes de La Gacilly appellent encore aujourd’hui Grand-Bois la partie de la Forêt-Noire qui s’étend de la croix de Jacquary à la ferme de la Roquennerie et dont la partie la plus haute est appelée la Grée Tegnoux

 

Châtellenie de La Gacilly.

Il relevait directement de la couronne ducale puis royale. En conséquence, le nouveau seigneur de La Gacilly devait présenter le minu de sa terre entre les mains du receveur royal et ducal de Ploërmel, siège d’une sénéchaussée dont dépendait la paroisse de Carentoir, toutes les fois qu’elle venait à vaquer et avant d’en prendre possession. Il devait à la couronne foi, hommage, rachat et chambellenage. Ainsi, dans un aveu de 1639, il est écrit : « A cause de tout quoy le dit seigneur de La Gacilly est cognaissant et confessant, cognoist et confesse entre homme, sujet et vassal du dit seigneur roy, à cause de sa terre et barre royale de Ploërmel, et aultre devoir, et qu’il luy est deub foy, hommage et rachapt et devoir de chambellenage, lorsque le cas y advient, et oultre luy obéir et faire obéissance comme vassal noble doibt à son seigneur en pareil cas. » En retour, le seigneur de La Gacilly avait droit de se présenter à la barre de Ploërmel, le second jour des plaids généraux de cette juridiction, et de s’y faire juger ainsi que ses vassaux. L’aveu du 27 janvier 1465 le dit formellement : « Par cause de laquelle terre et seigneurie les seigneurs et dame d’icelle leur appartient de se délivrer à la court et barre du dit lieu de Ploërmel eux et leurs subjez d’icelle, le segond jour d’iceulx plez. »

Le fief seigneurial de La Gacilly était très étendu et comptait de nombreux arrières-fiefs. D’après l’aveu du 27 janvier 1465, il s’étendait sur six paroisses : Carentoir, Cournon, Glénac, Les Fougerêts, Saint-Martin-sur-Oust et Ruffiac ; d’après l’aveu du 13 septembre 1639, il s’étendait à neuf paroisses, aux six précitées, il faut ajouter les paroisses de Tréal, Sixt-sur-Aff et Saint-Séglin.

Voici la liste des maisons et terres nobles vassales de la seigneurie de La Gacilly :

En la paroisse de Carentoir :

Bois-Brassu, Bois-By, Bois-Guillaume, Bois-Peschart, Boschet, Bouère, Basse-Bouëxière, Bouëxière-Launay, Boutinaye, Brambé, Cateneuf, Chohannière, Clazeul, Couëtus, Danaye, Gélinaye (fiefs), Gourgandaye, Gouro (moulin), Grée-Horlay, Grée-Michel (métairie), Guichardaye, Herblinaye, Herviais, Lanouan, Launay (maison et fiefs), Maupas, Meule, Mousserie, Peccaduc, Quelneuc, Roche Gestin, Tay, Touche-Peschart, Trélo, Vallière (maison au bourg), Ville-Buhan, Ville-Chapet, Ville-Louet, Ville-Nave, Ville-Orion, Ville-Quéno.

En Cournon :

Brossay (métairie), Cour de Cournon, L’Estun (métairie), Gourdelaye (fiefs), Tertre, Ville-Janvier.

En Glénac :

Gaudinaye, Sauldraye (pré en Prénaval), Sourdéac (pour fiefs en Carentoir).

En Les Fougerêts :

Grignonnais (fiefs en Carentoir), Jouardaye, Ville-Caro, Ville-Chauve.

En Saint-Martin-sur-Oust :

Castellan, Pélissonnaie, Touche-Ronde, Trélan.

En Ruffiac :

Balangart, Boullardaye, Couëtion, Crossaye, Chapelle à Quintin (fief de la Chapelle-sous-Ploërmel) qui avait deux sièges de juridiction, l’un à Sérent, l’autre au quartier de Quintin à Malestroit, Gaincru, Greffains, la Houssaye (pour fiefs en Saint-Martin-sur-Oust et Les Fougerêts ), Hunelaye, Portail, Porte-Trieux, Prat, Rangerard (maison et fiefs), Ruffort, Saint-Donat, la Salle (fiefs et moulin), Tiollais et Ville-Robert.

En Tréal :

La Guichardaye (fiefs en Ruffiac), Lorgeraye (fiefs en Carentoir), Plessis, la Ruë.

En Sixt-sur-Aff :

Bray, Perrière, Cour de Sixt-sur-Aff, Ville-Juhel et Kercabon.

En Saint-Séglin :

divers fiefs possédés par le sieur de Lipéran en Mohon et celui de Bois-Hulin ; autres fiefs possédés par les sieurs de Beauregard en Augan, de la Couppuaye en Comblessac ; de la Garoulaye ; du Couédic et de la Morlaye en Missiriac, auxquels il faut ajouter Coesbo en Guer à cause d’un fief en Carentoir appartenant, en 1455, à Jean du Bois-Brassu ; en 1528, à Jean Gallery qui le vendit en 1558 à Jean du Bois-Brassu, retiré sur lui, en 1562, par Jeanne Gallery ; en 1649, à Lucrèce de Quincampoix, veuve du sieur de Pontménard, mort sieur de Coësbo ; en outre, le fief de Trébulan, en Carentoir.

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Vassaux Roturiers en 1401

Au village de La Gacilly :

Perrot Le Clerc, Jouhan Rebuffé, Guillaume Le Mestre, Olivier Bouteavant ou Boutevant, Perrot Cornard, Jouhan Fillastre, Petit Perret, Eon Brignac, Guillaume Morio, Guillaume Boquené…

Au village du Lieuvix :

Eon et Johannet Saloux, Jouhannet Pérault, Jean Glin, Olivier Mahé, Méhaut, degrepie (veuve) de Dano Molinier, Guillaume Chevalier, Perrot Hays, Pierre Solène (Soulaine), Berthier Gicquel…

Au village de La Chapelle-Gaceline :

Dano et Bréhier Gicquel, Jean Durant, Guillaume Le Déen, Guillaume Allot, Jouhan de Aller, Guillaume Raoul.

En la paroisse des Fougerêts :

Perrot Le Moine, Jouhanne la dégrepie de Johan de la Harlaye, Amice Jollivet, Dano Meteier,

Au village de la Haute-Bardaye

Raoul Lévesque, Perrot de la Noë, Perrot Fyllastre, Raoul Hues, Perrot Priour, Guillaume Pannetier…

Au village de la Métairie- Soual :

Eon Jolis, Raoul Guibour, Guillo Monterin, Guillo Fichet, Guillo Grimaut, Guillo Mahé,

Au village de la Roirie (Loirie) : Alain Le Rouer, Eon Séro.

Au village de la Vieille-Forêt en Saint-Martin-sur-Oust : Raoul Le Roy, Perrot Cado

En la ville de Karanthoer : Joubert Prioul.

On cite aussi le seigneur du Boschet et Renaud Galivier, notaire à Carentoir ; Guillaume Bouillart qui tenait le four à ban et payait 110 sols par an ; Perrot de Guygnen qui tenait les moulins de La Gacilly, de la Bouère, de Duré, de Mauvoisin et payait pour sa ferme 65 mines de seigle et 5 de froment (mesure de Karantoir), chaque mine de seigle valant 10 sous et chaque mine de froment, 20 sous. Tenues roturières en 1401 Danichart, Fréour, ès-Esnez, du Lieuvix, Baies, Jouhan Labbé, Salloux, Texier, Guibour, Dano Dupont, Guéhenneuc, de la Méteyrie, Symon du Vallet, Jouhan de Aller, Gestin, du Halley, Marabin, de la Chapelle, Guillo Robert, de la Ville-Hervouet, du moulin Gestin, Collin, Jollivet, de l’Ermitesse, Pierre Aron, ès Hervez, de Muillevan, de la Granville, de Kercabon, de Lézernet, des Hays, de Bias de Karantouer, de Beaumont, de Port-Corbin…

  

Développement de La Gacilly

L’examen de l’arbre généalogique des Montfort et Montauban montre que Raoul II de Montfort eut deux fils : Guillaume et Olivier. Ce dernier eut comme descendance : Philippe de Montauban, Alain de Montauban, Olivier II de Montauban et enfin Olivier III de Montauban. Pour sa part, Guillaume II de Montfort, eut pour descendance Eudon de Montfort et Raoul V de Montfort. Ce dernier épousa Julienne de Tournemine, celle-ci était donc la grand-tante de Olivier III de Montauban quand celui-ci l’épousa secrètement vers 1300/1301. Peu à peu cette union devint plus ou moins publique et fut avalisée par une sentence du pape Jean XXII ; elle fut lue dans les églises de Montfort, Montauban et Guer mais pas à La Gacilly, aucune chapelle n’y existait alors. Le prédécesseur de Jean XXII, Clément V avait installé la papauté à Avignon en 1305. C’est pourquoi, lorsque la dispense d’empêchement de consanguinité aux 3° et 4° degrés fut demandée en 1320 au Saint-Siège, la réponse papale porte la mention « Datum Avenione » suivie de la date.

Cette même mention figure aussi sur l’autorisation papale accordée à Olivier III de Montauban et Julienne de Tournemine de construire un pont, un hôpital et une chapelle au Bout-du-Pont à La Gacilly. Cette bulle du 3 juillet 1317 fut d’ailleurs accordée par le pape sans que celui-ci sache que l’union des demandeurs était alors nulle. Il est permis de penser qu’Olivier III, sachant avoir besoin de l’aval du pape pour officialiser son mariage avec Julienne de Tournemine, ait commencé par faire un bel acte de charité (ce dont La Gacilly ne fut pas fâchée) pour se faire connaître du côté d’Avignon et obtenir ainsi plus facilement la dispense d’empêchement de consanguinité.

Le Saint-Siège alla même au-delà des espérances d’Olivier III puisqu’il octroya, dans une autre bulle datée du 6 juillet 1317, trente jours d’indulgence à ceux qui visiteront la chapelle projetée lors des fêtes de l’Exaltation de la Sainte Croix (14 septembre), du Vendredi Saint et de l’Invention de la Sainte Croix (3 mai).

Il est à remarquer que ces trois jours honorent la Croix du Sauveur. On peut penser que la chapelle possédait une relique insigne de la Vraie Croix. La chose n’a rien d’étonnant. Ces Montauban, seigneurs de La Gacilly, avaient pris part aux croisades et ils avaient vaillamment guerroyé en Palestine pour la cause du Christ. Ayant gagné dans cette lutte contre l’infidèle plus d’honneur que d’argent, ils étaient revenus au pays rapportant avec eux leur foi et les reliques des saints des premiers siècles conservés en Orient. Après leur retour, ils déposaient ces précieux trophées dans les chapelles seigneuriales ou bâtissaient de nouveaux temples pour leur servir de reliquaires. Ce sont ces sentiments pieux des croisés qui nous expliquent qu’à part Saint Jugon et Saint Vincent-Ferrier (qui devait venir un peu plus tard) tous les saints honorés à La Gacilly au temps des Montauban sont des saints d’Orient : Saint Nicolas, Saint Cyr, Sainte Julitte, Saint Barthélémy.

Il faut faire remarquer enfin que mis à part la citation dans le Cartulaire de Redon de « l’hospitalis de la Gatcyly » - ces bulles sont les deux premiers documents écrits connus qui fassent mention de « la ville de Lagacille ». Le Pont Saint-Jean.

 

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 VIE QUODITIENNE

 

 

Vie Seigneuriale

 

•        Généralités

Alain Barbe-Torte, après avoir chassé les Normands et nettoyé le sol breton, rétablit le duché de Bretagne. Les grands comtés se relevèrent aussi : Rennes, Nantes, Broerech ou comté de Vannes, la Cornouaille, le Poher, le Léon, le Poutrécoët qui devint alors le Porhoët et l’ancienne Domnonée avec le Trégor et le Penthièvre.

Par contre, ce qui ne se releva pas, c’est l’institution du plou et du machtiernat ; la paroisse prit la place dans les limites de l’ancien plou la plupart du temps. Le plou était basé sur le principe de la tribu patronnée par le chef machtiern. Avec la paroisse, le principe de la tribu disparaissant, il fallut reconstituer un patronage, ce fut la recommandation : convention privée et libre à son origine par laquelle un homme se sentant faible au milieu d’une société troublée se mettait avec ses biens sous la protection et la dépendance d’un plus puissant, ou bien acceptait cette dépendance comme condition mise à la jouissance de certains biens et de certains avantages qui lui étaient concédés. Ces biens ou avantages prirent le nom de bénéfices. La concession- et le lien qui en naissait – d’abord viagers, devinrent très vite héréditaires. La concession faite en terres s’appela un fief. Celui qui la faisait devint le seigneur ou suzerain du concessionnaire, celui-ci devenant l’homme ou vassal du concédant ; le lien existant entre eux se nomma le vasselage et le vassal n’eut plus de devoirs qu’envers son seigneur. C’est le principe de la féodalité d’autant plus qu’en Bretagne « qui a le fief a la justice ».

C’est en 1297 que la Bretagne est érigée par Philippe Le Bel en duché-pairie de France. L’administration de la Bretagne appartient alors à un gouverneur secondé plus tard par des lieutenants généraux. Les villes militarisées, c’est à dire ayant un château fort ou étant entourées d’une enceinte, étaient administrées par un gouverneur de place et une réunion d’habitants appelée communauté de ville.

La province, quant à elle, était divisée en subdélégations avec, dans chaque ville importante, un subdélégué particulier et un subdélégué général à Rennes. L’ancien pays des Vénètes était divisé en 19 subdélégations. Carentoir - et donc La Gacilly - faisait partie de la subdélégation de Malestroit avec Ruffiac, Saint-Nicolas-du-Tertre, Saint-Martin-sur-Oust, le Temple et Tréal alors que Bains-sur-Oust avec Cournon, Glénac, Les Fougerêts, Renac et Sixt-sur-Aff étaient rattachés à la subdélégation de Redon.

 

 

La Seigneurie.

Si les seigneuries notables furent très peu nombreuses en Bretagne (une dizaine environ), par contre, les seigneuries de moyenne et petite importance deviennent très nombreuses aux XII° et XIII° siècles (350 dans le Vannetais) et il y eut une prolifération des familles nobles. Beaucoup n’ont aucun droit de justice sur leurs fiefs et ne sont que des « sieurs », vivant, dans une certaine gêne, essentiellement du revenu de leur domaine direct, c’est à dire une grosse ferme d’une vingtaine d’hectares, aspirant de plus en plus à des emplois salariés d’officiers ducaux ou seigneuriaux. L’explication de cette prolifération nobiliaire semble devoir être recherchée dans l’introduction tardive du droit d’aînesse en Bretagne : il garantissait seul la conservation de l’intégralité du patrimoine ancestral entre les mains du fils aîné – les cadets et les filles se trouvant dotés sur des terres marginales – au contraire de la coutume bretonne qui prévoyait le partage égal entre tous les héritiers mâles à chaque génération. Introduire le droit d’aînesse, tel est pourtant le but de l’Assise au Comte Geoffroy (1185) mais elle ne s’applique qu’aux seuls barons et détenteurs de fiefs de chevaliers (c’est à dire ceux qui doivent le service militaire dans l’ost ducal avec, à leurs côtés, un autre chevalier), et encore seulement s’ils en tombent d’accord. Un siècle plus tard, des fragments du Livre des Ostz de Jean II (1294) démontrent que l’évolution antérieure n’est pas stoppée, que les structures seigneuriales continuent à se dissoudre entre de multiples branches adventices. Des libéralités trop grandes en faveur de l’église peuvent aussi expliquer l’appauvrissement foncier d’une partie du monde nobiliaire. La plupart du temps, le seigneur possède son domaine, son fief et ses arrières fiefs, le tout composant la seigneurie.

Le Domaine Privé (ou Personnel)

Appelé aussi « retenue », c’est la partie la plus proche de la demeure du seigneur ; elle est composée des terres et propriétés dont le seigneur à la jouissance personnelle, totale et exclusive. C’est une exploitation en faire-valoir direct par le seigneur et ses valets. Le domaine seigneurial de La Gacilly comportait le château avec sa basse-cour, un jardin et le terrain entre l’étang de la Bouère et la rivière.

Les Fiefs.

Ce sont les terres et propriétés dépendant d’une seigneurie dont les possesseurs, des fermiers appelés tenanciers, reconnaissaient la suzeraineté du seigneur supérieur. En fait, il s’agit d’une concession octroyée par le suzerain appelée « féage » ou « afféage » chargée de redevances parfois onéreuses et bien réelles, la dîme par exemple. Les possesseurs de fiefs étaient astreints aux devoirs féodaux envers le seigneur suzerain dans toute la seigneurie et, en particulier, ils devaient faire des corvées, c’est à dire rendre des services pour l’exploitation du domaine direct. L’aveu était une reconnaissance par écrit des choses qu’on possédait sous des fiefs. C’était l’acte qu’un nouveau vassal était obligé de donner à son seigneur et par lequel il reconnaissait tenir de lui tel ou tel héritage et être, pour ce motif, son sujet et son homme. Au décès du vassal, le nouvel héritier devait énumérer d’une façon détaillée les terres et droits qu’il tenait de son seigneur et pour lesquels il devait faire un aveu spécial appelé le minu ou dénombrement ou montrée. Il devait être rapporté par notaires pendant l’année à compter du jour de la possession nouvelle des fiefs pour ceux qui en étaient pourvus et dans le délai de six mois pour les terres, héritages ou rentes foncières sans fief. Au point de vue militaire, il existait ce que l’on a appelé la monstre ou montre ; c’était le nom de l’assemblée où les seigneurs bretons comparaissaient avec les hommes, les chevaux et l’équipement militaire qu’ils devaient fournir au duc en temps de guerre ; ils se présentaient armés et équipés devant les commissaires du duc qui inscrivaient sur des registres spéciaux la présentation des vassaux convoqués. Les termes employés dans ces descriptions étaient très spécifiques ; en voici quelques exemples :

· brigandine : armure en forme de corselet pour homme ou pour cheval.

· coustilleur : sorte d’épée.

· dague : épée très courte.

· gantelet : gant couvert de lames de fer.

· gorgerette : collerette qui couvre la gorge.

· javeline : lance,

· jusarmier,

· paltoc : paletot en forme de cuirasse.

· salade : casque de cavalerie.

· trousse : carquois.

· Voulge.

  

Les Arrières-Fiefs.

Appelés aussi « mouvances », ils dépendaient du seigneur suzerain. Ils étaient aliénés entre les mains de vassaux nobles moyennant l’obligation perpétuelle de certains services réputés nobles : prestation de serment, de foi et hommage au seigneur supérieur, assistance à sa cour, service de l’ost, c’est à dire le service militaire, aides féodales (prestations pécuniaires). Le vassal pouvait céder lui-même à d’autres vassaux certaines parties de l’arrière-fief. Le cœur de la mouvance était soit un château (pas très souvent), soit un manoir ou un hébergement qui était à la fois un centre d’exploitation agricole et le lieu de résidence pour le noble. Quand il a des droits de justice, le noble maintient souvent son tribunal sur l’emplacement de la motte castrale héritée de ses ancêtres, s’il n’y réside plus en permanence : le lieu lui semble fonder ses droits et lui rappelle peut-être la grandeur passée de son nom.

 

Droits Seigneuriaux.

Tous les vassaux nobles comme non nobles (les roturiers) avaient des devoirs envers le seigneur suzerain. Ils pouvaient être naturels ou occasionnels

Droits Naturels.

Foy et Hommage : serment de fidélité prêté par le vassal et soumission en justice ; service des armes pour les vassaux nobles.

Aveu : le vassal reconnaît tenir le fief de son seigneur. Lorsque les fiefs devinrent héréditaires, les seigneurs exigèrent que l’aveu fut suivi d’un dénombrement détaillé du fief en question.

Rachapt : en fait un droit de mutation.

Corvées : pour les vassaux roturiers, il s’agissait d’un prêt de leur corps pour le charroi ou travail de bêtes douze fois par an.

Guet : devoir dû par tous les vassaux. Il consistait à placer un factionnaire à la porte du château nuit et jour. A La Gacilly, une particularité : ce droit n’était dû que le jour. Il fut remplacé au XVIII° siècle par une redevance.

Droits Occasionnels (ou accidentels).

Ils variaient suivant les seigneuries

Coutume : droit d’entrée et d’étalage de toutes les marchandises qui étaient susceptibles d’être vendues aux foires, aux marchés et certaines manifestations comme les pèlerinages ou assemblées. Chaque seigneur établissait un barème. Pour le seigneur de Montauban, ce droit était d’un denier pour l’entrée d’un cheval sur la foire. Le barème changeait suivant qu’il s’agissait d’une foire, d’un marché ou d’une assemblée

Bouteillage : droit qui est devenu l’acquit beaucoup plus tard pour le transport des alcools et notamment du vin. Il était d’un grand revenu en 1164. (Rennes, Fougères, Montfort et Vannes.)

Etanche : droit accorder aux cabaretiers de débiter du vin et du cidre. C’est un peu la licence actuelle.

Trépas : droit perçu pour le passage d’une rivière.

Soule : le dernier épousé de l’année des paroisses environnantes doit payer 60 sols d’amende s’il ne présente pas une soule le matin de la fête.

Quintaine : amende de 60 sols et 12 deniers pour les jeunes mariés de l’année n’ayant pas réussi à briser la gaule.

Bouhourd : amende de 60 sols et 12 deniers pour les jeunes mariés de l’année qui perdaient le combat.

Saut dans l’eau : réservé aux vassaux qui avaient des dettes envers le seigneur et qui, s’ils ne sautaient pas dans la rivière le lundi de Pâques, devaient payer une amende de 60 sols.

Transit : droit de passage sur la paroisse pour certaines marchandises.

Police,

Menée : le vassal noble doit suivre son seigneur à la guerre et tous les vassaux se doivent d’assister à un jugement sinon amende.

Epaves.

Gallois.

Droits liés à la construction de chapelles latérales dans l’église paroissiale ou à la constitution de chapellenies avec enfeu, banc, ceinture et lisière

Le seigneur de Montauban jouissait de tous ces droits dans la seigneurie de La Gacilly sauf celui de saut dans l’eau, semble-t-il.

 

Justice Seigneuriale.

L’administration de la justice et de toutes les affaires publiques appartenait au Parlement général des Etats de Bretagne qui tenait ses séances annuelles successivement dans les différentes villes de la Province. En 1485, le duc François II créa un parlement sédentaire à Vannes chargé spécialement de rendre la justice ; il fut transféré à Rennes en 1553. L’année précédente, avaient été établis, en Bretagne, les quatre sièges présidiaux de Rennes, Vannes, Nantes et Quimper. Ces cours de justice tenaient un rang intermédiaire entre le parlement et les anciennes sénéchaussées royales. La sénéchaussée de Ploërmel s’étendait sur un nombre considérable de paroisses dont Carentoir et donc La Gacilly ainsi que Redon alors que Bains-sur-Oust était rattaché à la sénéchaussée de Rennes. Les sénéchaussées étaient divisées en un certain nombre de prévôtés ou baillages. Les sénéchaussées avaient dans leur ressort toutes les cours seigneuriales ayant droit de haute, moyenne et basse justice.

Basse-Justice.

La basse-justice jugeait les petites contestations de la vie quotidienne n’entraînant une amende que de quelques sols, en particulier les chicaneries entre voisins et surtout les aveux des vassaux. Tous les seigneurs même vassaux avaient cette juridiction et ils pouvaient posséder une prison par mesure de police ou de sécurité. Ils étaient obligés d’avoir un greffe où l’on consignait par écrit les jugements prononcés.

Moyenne-Justice.

Extension de la basse-justice, elle se prononçait sur les causes féodales (pourvoyance, tutelles, droit de bannie, droit d’approprier) et également sur les fraudes de monnaies, de poids et de mesures mais aussi de la police, des taxes de denrées ainsi que de la petite voirie Elle se prononçait sur le droit de la bannie qui était la publication solennelle ordonnée par le seigneur justicier. Presque tous les seigneurs avaient cette juridiction.

Haute-Justice.

Cette juridiction connaissait des causes criminelles et pouvait prononcer la peine capitale. Elle détenait l’appel des sentences prononcées aux juridictions inférieures et traitait de toutes les causes civiles et féodales. Seuls certains seigneurs en étaient investis. Ils possédaient alors le gibet et les fourches patibulaires dans chacun de leurs fiefs éventuellement. Les fourches patibulaires étaient composées de plusieurs piliers réunis de distance en distance par des traverses de bois. Le nombre de posts ou poteaux ou piliers indiquait le rang qu’occupait le seigneur :

Le châtelain : 2 posts

Le baron : 4 posts

Le comte : 6 posts

Le duc : 10 posts

Le roi : 16 posts.

En fait, les fourches patibulaires n’étaient pas une potence mais une installation placée sur un lieu élevé afin de mettre en vue les suppliciés et intimider les futurs malfaiteurs. Beaucoup de seigneurs installaient les fourches patibulaires à l’emplacement de la motte castrale pour marquer le caractère héréditaire de ce droit. A La Gacilly, les fourches patibulaires furent installées au sommet de la Grée Saint-Jean.

Les seigneurs hauts-justiciers pouvaient avoir un ou plusieurs juges appelés baillis (ou sénéchal), un procureur fiscal ; ces mêmes seigneurs avaient le droit de tenir les plaids, c’est à dire les assemblées qui jugeaient les procès. Les trois juridictions avaient droit d’auditoire (lieu des audiences), de prison, de sep (ou cept : fers pour les prisonniers) et de collier : pour obtenir les aveux d’un accusé, son cou était entouré d’un collier armé de pointes qu’il devait porter pendant plusieurs heures.

 

 Finances Seigneuriales

 

Après la création du Parlement, les Etats de Bretagne n’avaient plus conservé dans leurs attributions que le gouvernement des finances de la province ; ils votaient les impôts et en ordonnaient l’emploi. Ils étaient représentés à Vannes par une commission intermédiaire et, dans les villes importantes, par un correspondant. Pour faciliter la perception des impôts, chaque paroisse avait été divisée en un certain nombre de frairies et la réunion de plusieurs paroisses formait une prévôté ou bailliage (presque un canton actuel). Des prévôts ou sergents levaient les impôts et les reversaient à des receveurs royaux ou des trésoriers généraux. Cette perception des impôts était effectuée par les généraux ou fabriques pour les impôts directs et par des commis ou fermiers du roi ou de l’Etat pour les impôts indirects appelés aussi devoirs ou billots.

 

Les Impôts.

En plus des droits seigneuriaux, petit à petit se créèrent les impôts, d’abord les dîmes, puis les fouages et ensuite la capitation et les impôts indirects. Les impôts étaient nombreux, variés et évoluèrent beaucoup jusqu’à la Révolution, surtout dans la seconde moitié du XVII° siècle.

Dîmes.

Il s’agit du prélèvement d’une portion des fruits de la terre, pas forcément le dixième d’ailleurs.

Dîme ecclésiastique : c’est la source la plus importante de revenus pour le clergé

Dîme inféodée : c’est en fait un transfert de fiefs aussi bien pour les laïcs que pour les ecclésiastiques.

Dîme féodale : le vassal paie à son seigneur qui avait afféagé son domaine un sol par journal.

Dîme champart ou terrage : impôt purement foncier stipulé par un propriétaire à l’afféagement de son domaine. Redevance proportionnelle à la récolte, elle se divisait en :

Dîme personnelle levée sur les produits de l’industrie humaine. Elle n’était pas prélevée en Bretagne.

Dîme réelle ou prédiale perçue sur les fruits de la terre :

La grosse perçue sur le froment et le seigle par les gros décimateurs.

La verte perçue sur le chanvre et le lin par les décimateurs.

La menue ou charnage perçue sur les animaux, en Bretagne, sur les agneaux seulement.

Dîme de la vigne.

Dîme mixte imposée aux produits de la terre et aux soins de l’homme simultanément, par exemple les animaux, sauf les agneaux en Bretagne.

Les décimateurs pouvaient nommer des personnes pour recueillir les dîmes calculées. Elles étaient appelées dîmeurs ou collecteurs. Ces derniers possédaient une grange dîmeresse ou un grenier à dîme.

La quotité de la dîme était très variable : de la sixième à la trentième gerbe pour la grosse dîme mais souvent fixée par l’usage dans chaque paroisse. La dîme de charnage était en général d’un agneau sur dix ou un denier tournois par tête pour une bergerie de moins de dix bêtes

 

Impôts Ecclésiastiques.

En plus de la dîme ecclésiastique, le clergé percevait :

Prémice : impôt prélevé au profit des chefs spirituels des paroisses privés des dîmes.

Prémice personnelle : quelques gerbes de blé perçues par le recteur sur chaque laboureur.

Prémice réelle : portion de grains ou redevance en argent. Elle n’eut pas cours dans le diocèse de Vannes.

Neûme : ce droit, appelé aussi droit de mortuage parce qu’il était perçu sur le mobilier laissé au décès des chefs de famille, dans les paroisses où le recteur ne jouissait ni de la dîme ni de la prémice. La quotité prélevée s’élevait à la neuvième partie du tiers des biens de la communauté du décédé après le paiement des dettes. Cette règle avait été fixée par une ordonnance de 1559 et atteignait les nobles et les roturiers, les nobles en furent exemptés en 1576. Quelques années plus tard, ce droit passa à la 27° partie des meubles. Lorsque la succession était inférieure à 40 livres, la neûme n’était pas perçue.

Le doyen de la paroisse de Carentoir et donc de La Gacilly avait le droit de neûme. Il le conserva jusqu’à l’arrêt du 9 août 1751 qui lui attribua une dîme à la cinquantième gerbe de tous les fruits décimables, sur toutes les terres nobles et roturières de la paroisse et de ses Trèves. Voici le texte de cet arrêt : « La cour ordonne, conformément aux conclusions de l’avocat général du roy, qu’à l’avenir le droit de neume ou mortuage demeurera éteint, supprimé, aboli dans toute l’étendue de la paroisse de Carentoir et Trèves d’icelle, laquelle suppression n’aura cependant son effet qu’après que les réparations du chanceau de l’église paroissiale seront achevées, et pour à quoi parvenir ainsi qu’à la fourniture des calices, ornements et livres nécessaires, la dixme sera dès à présent levée à la cinquantième gerbe de tous les fruits décimables, sur toutes les terres tant nobles que roturières de cette paroisse, fors et excepté sur les jardins où il sera permis aux habitants de semer des lins et chanvres sans être sujets à la dixme. » Après avoir dit que le produit de la nouvelle dîme servirait aux réparations et achats dont il est question, et que le doyen continuerait de percevoir le neûme jusqu’à l’achèvement des dites réparations, la cour ajoute : « Lequel droit de neume ou mortuage cessera d’être perçu par lui et par ses successeurs recteurs, à compter du jour qu’il aura commencé à recueillir la dixme et demeurera à l’avenir et à perpétuité ledit droit de neume ou mortuage éteint, supprimé et aboli dans toute la paroisse de Carentoir et trèves d’icelle…et faisant pareillement droit sur les conclusions du dit procureur-général du roy, ordonne que les arrests et réglements de la cour seront bien duement exécutées dans la paroisse de Carentoir et dans toutes les autres paroisses de la province. Ce faisant : fait défense à tous recteurs, vicaires et autres prestres de faire aucune queste, sous quelque prétexte que ce soit… » Elle avait dit précédemment : « enjoint la ditte cour au procureur fiscal de La Gacilly et aux trésoriers qui seront en charge d’envoyer tous les ans au procureur général du roy, dans le courant du mois de décembre, un état en recette et dépense du produit de la dite dixme, tant qu’elles seront levées au profit de la paroisse, ainsi que l’emploi qui en aura été fait des deniers en provenant pour les réparations du chanceau et fourniture de calices, ornements et livres. Ordonne que le dit Bocéno, doyen de Carentoir, et ses successeurs dans ladite cure auront, pour le service de la paroisse, le nombre de vicaires qui sera réglé par l’ordinaire ; et où ils se trouveront à manquer, il sera, par les dits recteurs, payé à la fabrique la somme de 150 livres par chacun des vicaires qu’ils auront eu de moins pendant une année. » En vertu de l’arrêt du 9 août 1751, le doyen pouvait continuer de percevoir le neûme jusqu’après les réparations terminées. Mais le doyen Bocéno préféra transiger avec ses paroissiens pour une pension de 1500 livres. Malheureusement les paroissiens négligèrent de remplir leur promesse, le doyen exigea le neûme jusqu’en 1753. En 1780, la dîme rapportait 3.377 livres. En ajoutant les 50 livres que lui valait le pré de la paroisse, le revenu du doyen était de 3427 livres sur lesquelles il devait 1250 livres de rente pour les cinq curés de la paroisse. La dîme rapportait 374 livres dans la frairie de la Bouère et celle de Saint-Jugon. C’était d’ailleurs les frairies de la paroisse qui rapportaient le plus après Saint-Julien et Bonnais sur Carentoir.

 

Oblations : ce sont en fait des dons volontaires déposés par les fidèles soit sur les autels, soit dans les troncs. Celles, déposées sur le maître-autel de l’église paroissiale, sont d’office attribuées au recteur, les autres étant partagées entre la fabrique et le recteur. Les chapelles domestiques (la Villouët par exemple) en sont exemptes.

Levée de Deniers : taxe imposée aux propriétaires de biens pour subvenir à des nécessités pressantes : réédification de l’église, du presbytère ; réparations importantes de la nef. Pour effectuer une telle levée, le général avait besoin de l’autorisation royale sauf si la dépense n’excédait pas 600 livres. Des égailleurs et des collecteurs étaient sollicités. Cette levée frappait les terres nobles et roturières.

Fouage.

A l’origine, ce fut une imposition directe concernant chaque feu, chaque cheminée, en fait chaque maison ; par la suite, elle se porta sur les héritages roturiers. Louis XIV augmenta terriblement cet impôt. Sous le règne de Louis XV, cet impôt fut encore doublé et atteignit 24 sols par feu. En étaient exemptés, les nobles, les clercs et les « feux misérables », c’est pourquoi les roturiers essayaient de se faire passer pour nobles lors des réformations qui étaient en fait des enquêtes menées auprès des « feuz non-contribuans en fouage ». L’imposition des fouages comportait trois opérations :

Le mandatement, c’est à dire l’avis adressé par les généraux des finances aux receveurs des fouages du diocèse et ensuite des paroisses par l’intermédiaire des trésoriers de fabrique qui avaient six semaines pour faire la collecte

L’égail ou répartition sur chaque contribuable suivant l’étendue des terres roturières qu’il possédait. C’est le général de la paroisse qui choisissait les égailleurs chargés de la répartition et d’établir le rôle d’imposition. Il y avait deux égailleurs par frairie.

La collecte effectuée par les collecteurs , très souvent les trésoriers en exercice du Général choisis à l’issu de la grand-messe, annonçaient alors le lieu de la collecte pour recevoir les contribuables.

Impôts occasionnels.

Vingtième : impôt établi sur la rente et représentant le vingtième du revenu. Cette taxe passa à trois vingtièmes sous le règne de Louis XV.

Chambellage ou Chambellenage : droit en argent que devaient les vassaux lors de la prestation d’hommage au seigneur. Il était dû par le nouveau vassal au gentilhomme qui l’introduisait auprès du seigneur

Casernement :

Capitation. Impôt créé en 1695, les guerres longues, incessantes et coûteuses de Louis XIV furent à l’origine de cette nouvelle imposition. Tout le monde était soumis à cette taxe : nobles, robins, roturiers et prêtres. Ce fut un impôt personnel qui touchait tous les citoyens. Un montant à payer est attribué à chaque paroisse à charge pour elle de le répartir entre ses habitants en fonction de leurs revenus.

 

Impôts Indirects.

Appelés aussi Devoirs ou Billots:

La vente de boissons au détail.

La vente du tabac, impôt mis en place par Louis XIV en 1641.

Le papier timbré mis en place par Louis XIV en 1673 (1 sol la feuille) obligatoire pour tous les actes et les contrats. Mécontents de ce nouvel impôt, les Bretons se soulevèrent ; le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, impuissant devant cette levée en masse, fit appel à l’armée royale ; il s’en suivit une répression sévère et cruelle avec de nombreuses pendaisons.

L’enregistrement qui remplacera le timbre un peu plus tard.

Le ban sur les fours, les moulins et les pressoirs.

Les rivières avec le droit de bateau, droit d’écluse et pêche prohibitive à rets et filets ou autres engins. Le baron de Renac avait tous ces droits sur les rivières de Vilaine et d’Aff.

Le droit sur les actes passés devant notaire, mis en place en 1694.

 

Monnaies.

La Chambre des Comptes fut créée au XIII° siècle. Elle eut Muzillac pour premier siège, se transporta ensuite à Auray puis à Vannes jusqu’en 1495 avant d’être transférée à Nantes. Les premières monnaies en Bretagne apparurent au VII° siècle. A cette époque, il y avait le sol d’or, le tiers de sol ou trien et le saïga ou denier d’argent. Beaucoup de ces pièces ont été découvertes à Caro qui fut un centre d’émission important. D’autres pièces de cette époque ont été trouvées à Vannes et à Auray.

Ce n’est qu’au XIV° siècle qu’elles deviennent :

L’écu qui, en 1455, valait 114 sols et 7 deniers.

Le salut qui valait, en 1456, 1 livre, 3 sols et 4 deniers.

La livre qui se divisait en 20 sols ou sous. (Règne de Louis XV).

Le sol qui valait 12 deniers.

Le denier appelé aussi le tournois ou encore le denier-tournois.

Ces monnaies seront utilisées jusqu’à la Révolution.

 

Mesures.

Il y avait une très grande diversité de mesures car elles correspondaient en général à la juridiction territoriale des grandes seigneuries. Seuls, en effet, les possesseurs de fiefs importants avaient assez d’autorité pour imposer à leurs vassaux et à ceux de leurs voisins, leurs mesures personnelles qui devenaient officielles. C’est la raison pour laquelle les quantités indiquées ci-dessous, avec chaque mesure, sont à prendre avec beaucoup de circonspection puisqu’elles variaient avec chaque région voire avec chaque pays.

Certaines mesures jouissaient d’une très bonne réputation. Ce fut le cas des mesures de la Haute-Bouëxière (la Bourdonnaye) et de celles de la seigneurie de La Gacilly. C’est de cette époque que date l’expression : « Bonne mesure comme à La Gacilly. »

Les principales mesures de capacité étaient :

Le demion : la plus petite des mesures d’étain pour servir l’eau-de-vie. (environ la moitié d’une chopine).

L’écuellée ou la pinte : un litre environ (0,931 l.)

La godelée : 10 écuellées ou 10 litres ou 8kg de châtaignes.

Le quart : 2 godelées ou 20 litres.

Le demé : 2 quarts ou 40 litres. Ce fut une mesure locale et sa capacité fut donnée par un certificat du 14 novembre 1769 de M. Orinel, sénéchal du marquisat de la Bourdonnaye.

Le boisseau ou muid : 2 demés ou 80 litres ou 8,2 décalitres.

La percée : 1 muid et demi ou 120 litres.

La mine : utilisée pour les grains : 78 litres. Une mine de terre devint l’étendue qui pouvait être ensemencée avec une mine de blé soit 28 ares environ.

Le setier : 2 mines ou 156 litres.

La barrique.

La pipe : trois barriques.

Pour les mesures linéaires :

Le pied pour les cercles en particulier (0,325m).

L’empan (environ 22,5cm).

La toise : 6 pieds soit 1,949 m.

La lieue de poste : 3,898 km.

La lieue commune : 4,449 km.

Les mesures agraires étaient :

l’hommées, l’équivalent du journal.

Le journal valant 80 cordes ou 50 ares donc un demi-hectare ; il correspond à peu près à ce qu’un homme pouvait labourer avec sa charrue en une journée.

Le sillon.

L’arpent ou l’arpent carré : 800 toises carrées soit 42,21 ares.

La toise carrée : 3,798 m².

Pour le bois, il y avait :

La corde qui valait un peu plus de 3 stères.

Le stère.

L’once.

 

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HERALDIQUE

 

 Historique des Armoiries

 

Lorsque les chevaliers nobles se revêtirent, pour les combats, de la cotte de maille au IX° et X° siècles, personne ne les reconnaissait plus. C’est pourquoi ils affichèrent sur ces cottes des emblèmes symboliques afin que leurs habitués puissent les repérer plus facilement. Ces emblèmes colorés furent ensuite représentés sur les boucliers de cuir appelés écus (du latin Scutum ou Scutos : de cuir) ; puis ils les firent figurer sur les bannières et autres gonfanons. Ces emblèmes prirent le nom d’armes d’où armoiries. Enfin, les seigneurs les firent graver sur des cachets ; c’est ainsi que naquit le sceau qui devait devenir une confirmation de la signature (quand il ne la remplaçait pas) et une assurance d’inviolabilité du pli qui en est revêtu.

A partir de ce moment, c’est à dire au début du XII° siècle, les armoiries connurent un réel développement, elles ne furent plus réservées aux seigneurs ; prenait des armoiries qui voulait : les personnes nobles bien sûr mais aussi les roturiers et même des collectivités comme les villes, les provinces, les communautés, les prieurés en particulier, les corporations et même les abbayes. Les armoiries furent alors reportées sur un petit panonceau qui prit le nom de blason, l’ancien nom de l’écu et du bouclier.

En 1696, Louis XIV signe un édit qui crée l’Armorial de France : toute personne ou collectivité possédant des armoiries doit en faire la déclaration aux maîtrises. Ces armoiries, une fois reçues et vérifiées, sont enregistrées et un brevet d’enregistrement est délivré moyennant un droit de 23 livres environ. Défense est alors faite de prendre ou de porter des armoiries sans en avoir obtenu le brevet. Le but de cet armorial fut donc d’authentiquer les armoiries existantes, d’en assurer l’exclusivité au possesseur, de prévenir toute usurpation mais en aucun cas les armoiries ne seront une preuve de noblesse. Elles appartiennent au déclarant mais peuvent être porter « par les veuves tant qu’elles demeurent en viduité ». Elles sont de plus héréditaires aux descendants « que par les mâles », les armes d’alliance ne pouvant être portées qu’en écartelé. Seul le chef d’armes, aîné de la branche aînée, peut porter les armes pleines, les autres membres de la famille étant astreints à les briser.

 

Notions d'Heraldique

A partir du XIII° siècle, un officier nommé héraut, d’où héraldique, est chargé, entre autres, de vérifier les titres de noblesse, de dresser les généalogies et de composer les armoiries suivant des règles très précises ; d’où l’art du blason ou art héraldique.

Les notions élémentaires d’héraldique qui vont suivre n’ont aucune prétention, elles sont d’ailleurs très incomplètes mais sans doute suffisantes pour aider à la compréhension des blasons des différentes familles nobles ou moins nobles de La Gacilly et de ses environs.

 

Les Parties d’un Blason

La surface entière du blason, appelée CHAMP, comporte les parties suivantes :

Chef : c’est le tiers supérieur du blason qui peut comporter lui-même trois divisions ou points dont le canton ou franc-canton qui représente le tiers du chef et le neuvième du blason.

Pointe : c’est le tiers inférieur du blason qui peut comporter, lui aussi, trois divisions ou points.

Dextre : c’est la partie gauche du blason pour celui qui le regarde.

Senestre : c’est la partie droite du blason pour celui qui le regarde.

Centre ou Cœur ou Abîme

 

Les Teintes Utilisées

Ces teintes sont appelées EMAUX et se divisent en :

Couleurs

Gueules : rouge, le signe conventionnel pour le représenter en noir et blanc étant des traits verticaux très rapprochés.

Azur : bleu ou des traits horizontaux très rapprochés.

Sinople : vert ou traits obliques partant du coin supérieur gauche et allant vers le coin inférieur droit.

Pourpre : violet ou traits en oblique aussi mais à l’inverse du sinople.

Sable : noir ou traits croisés verticaux et horizontaux.

 

Métaux.

Or : jaune ou des points en nombre indéfini.

Argent : blanc ou champ de blason vierge.

Fourrures ou Pannes.

Hermine : fond blanc avec un semis de mouchetures (hermines) noires.

Contre-hermine : fond noir avec hermines blanches.

Vair : fond blanc avec des clochettes bleues sur quatre rangs mais décalées les unes par rapport aux autres.

Si le vair est composé d’autres couleurs celles-ci sont alors énumérées. Exemple : vairé d’or et de gueules.

Menu-Vair : c’est un vair avec six rangs de clochettes.

Contre-Vair : comme le vair mais les clochettes se joignent par la base.

Contre-Vair en Pointe : comme le vair mais les clochettes ne sont pas décalées, la pointe de l’une est sous la tête de l’autre.

Ces trois catégories d’émaux ont aussi des significations symboliques.

 

Les Partitions d’un Blason.

Un blason peut être découpé au moyen de lignes horizontales, verticales, diagonales, courbes ou leurs combinaisons. Chaque division du blason est appelée pièce. C’est ainsi que le chef, tiers supérieur du blason, peut devenir une pièce au moyen d’une ligne horizontale. Autres partitions :

Le coupé avec une ligne horizontale au milieu du blason.

Le parti avec une ligne verticale au milieu du blason.

Le tranché avec une ligne oblique partant du coin supérieur gauche.

Le taillé avec une ligne oblique partant du coin supérieur droit.

L’écartelé avec une ligne verticale et une ligne horizontale partageant le blason en quatre parts pratiquement égales appelées pièces ou quartiers ou franc-quartier ou écartelures. Cette partition d’un blason signifie l’extinction de telle famille dans telle autre, par mariage par exemple ou conventions ou concessions. Les armoiries primitives sont toujours au premier quartier dextre supérieur et au quatrième quartier senestre inférieur.

Le pal : avec deux lignes verticales formant trois bandes appelées pièces représentant chacune le tiers du blason.

La fasce : avec deux lignes horizontales donnant trois bandes horizontales.

 

Les Décorations.

En héraldique, elles sont appelées meubles ; ce sont tous les objets, parfois stylisés, que Dieu (ou l’homme) a créé ainsi que les êtres imaginaires. En fait, ces meubles sont souvent des animaux, des astres, des arbres, des feuilles ou des monnaies, la plus courante étant le besant, pièce de monnaie frappée à Byzance, ce dernier meuble (décoration) est réservé aux personnes ayant

 

Les Termes Héraldiques.

Voici quelques termes héraldiques pour aider à la compréhension de la lecture d’un blason et surtout de ceux qui ont été décrits dans ce document.

Accompagné qui n’est pas seul dans le champ.

Ancré les quatre bras d’une croix se terminent en forme d’ancre.

Armé pourvu de dents pour les carnassiers.

Brochant pièce qui passe d’une partie de l’écu à une autre.

Bretessé pièce crénelée haut et bas alternativement.

Brisure modification apportée aux armes d’une famille pour en distinguer les branches (ou une bâtardise).

Burelé fond rayé destiné à une surimpression.

Carnation humain.

Chargé une figure est posée sur une pièce.

Croisé découpé par une croix.

Engouler avaler.

Engrêlé bordé de dents dont les intervalles sont arrondis.

Gringolé pour indiquer que les extrémités des bras d’une croix se terminent par des têtes de serpents.

Guivre serpent.

Lambel traverse horizontale en chef munie de trois pendants en forme de trapèze.

Lampassé langue d’un carnassier de couleur différente de celle du corps.

Macle pièce d’armure souvent représentée par un cercle.

Palé découpé en pals.

Passant marchant dans une direction.

Pattée croix dont les bras sont séparés par des redents.

Plain traduire par plein, entièrement, complètement.

Semé répandu sur tout le champ, le quartier, le pal ou la fasce.

Des armes sont dites « parlantes » lorsque les motifs forment un rébus sur le nom de celui qui les porte. Ainsi « d’argent au chêne de sinople, accosté de deux harpes de gueules. » En fait il s’agit des armes des Boisdavid et le rébus se déchiiffre ainsi : Bois est figuré par le chêne tandis que les harpes font penser au roi David jouant de cet instrument devant Saül .

 

La Devise.

C’est une courte maxime, une sentence concise particulière à une famille, à une nation, à une ville, à un ordre religieux ou de chevalerie, à un personnage isolé…inscrite sur un listel ou un ruban très souvent placé à la pointe du blason. Elle sert à caractériser ou à indiquer les goûts, les qualités, la résolution…etc. de quelqu’un. Elle comporte souvent une allusion au blason ou au nom de son possesseur. Ainsi la famille gacilienne du Houx qui avait dans son blason des feuilles de houx, avait pour devise « fou qui s’y frotte ».

 

Blason Gacilien

 

Origine.

Les Montfort/Montauban ayant été seigneurs de La Gacilly pendant quatre siècles jusqu’en 1401, il aurait été permis de penser que les armoiries de La Gacilly comporteraient un souvenir, un symbole de ces deux familles. Au début du XII° siècle, les de Montfort avaient comme armes : « d’argent à la croix guivrée de gueules », en fait les armes des de Gaël. Quant aux Montauban, ils avaient : « de gueules à sept macles d’or au lambel de quatre pendants ». Rien de tout cela ne figurera au blason de La Gacilly. Il faut se rappeler que Gosceline de Montfort épousa Philippe de Montauban (dont le père était Alain de Rohan) qui avait pour armes : « de gueules à sept macles d’or avec une brisure en marque de juveignerie ». Ce sont ces armes qui figureront sur le blason de La Gacilly jusqu’au début du XV° siècle. Ensuite, ce sont les armes des familles de Thouars, Amboise et Rieux qui y figureront sur ce blason. Pour bien comprendre le blason de La Gacilly, il n’est donc pas inutile de commencer par celui de ces quatre familles.

Famille de Thouars, le blason se lit :« d’or semé de fleurs de lis d’azur au franc-canton de gueules »

Traduction : le blason a un fond jaune sur lequel apparaissent 19 fleurs de lis bleues entières ou en partie, le coin supérieur gauche étant rouge.

Famille d’Amboise : « palé d’or et de gueules de six pièces au chef d’azur chargé de trois fleurs de lis d’or ».

Traduction : les deux-tiers inférieurs du blason sont divisés en six bandes verticales alternativement jaune et rouge. Le tiers supérieur du blason a un fond bleu avec trois fleurs de lis jaunes.

Famille de Rieux-Rochefort :« de vair plain au bâton de gueules en bande sur le tout ».

Traduction : le fond du blason est blanc avec des clochettes bleues rangées mais coupant le blason en diagonale.

Famille de Rieux : « d’azur à dix besants d’or ».

Traduction : tout le fond du blason est bleu parsemé de dix pièces de monnaie jaunes

 

Lecture du Blason de la Châtellenie Gacilienne.

Avant de commencer la lecture du blason gacilien, il est bon d’avoir sous les yeux la définition (ou l’explication) de certains termes héraldiques.

  • Azur : de couleur bleue
  • Besant : pièce de monnaie frappée à Bizance (souvenir des croisades)
  • Canton : petit carré en haut et à gauche du blason. Le canton signifie que le seigneur avait droit de haute, moyenne et basse justice.
  • Chef : partie supérieure du blason écartelé.
  • Dextre : partie verticale gauche du blason pour celui qui le regarde.
  • Écartelé : blason divisé en quatre parties.
  • Gueules : de couleur rouge.
  • Or : de couleur jaune.
  • Pal : bande verticale.
  • Pointe : partie inférieure du blason écartelé.
  • Senestre : partie verticale droite du blason pour celui qui le regarde.
  • Tire : rangée.
  • Vair : rangées de clochettes jaunes et bleues décalées les unes par rapport aux autres.  

Énoncé du blason gacilien.        

  1. Quartier dextre du chef : d’or au semé de six fleurs de lis d’azur ; au franc-canton   de gueules.
  2. Quartier senestre du chef : vairé à deux tires de clochettes d’or et d’azur, ces dernières pointes en bas.
  3. Quartier dextre de pointe : palé d’or et de gueules à six pièces : trois en or et trois en gueules
  4. Quartier senestre de pointe : d’azur à huit besants d’or

Traduction : deux francs-quartiers se rapportent à Louis d’Amboise, vicomte de Thouars, il s’agit des francs-quartiers 1 et 3 donc l’un au-dessous de l’autre à gauche du blason donc à dextre ; ils se lisent comme les blasons des familles de Thouars et d’Amboise, sauf le chef d’azur pour ce dernier, la traduction étant la même. Les deux autres francs-quartiers se rapportent à Marie de Rieux, son épouse.

 

Explications :

Il faut se rappeler qu’un blason du type écartelé représente les armoiries des familles qui se sont éteintes par suite de mariage. Guillaume III de Montauban, seigneur de La Gacilly, et Marguerite de Lohéac (un des francs-quartiers) eurent trois enfants dont Béatrix, cadette de Jean, qui devint dame de La Gacilly ; mais, par son mariage avec Jean III de Rieux-Rochefort, la châtellenie de La Gacilly passa aux mains des de Rieux (un autre des francs-quartiers).

D’autre part, Marie de Rieux, fille de Jean III de Rieux et de Béatrix de Montauban, épousa Louis d’Amboise, vicomte de Thouars ; la châtellenie passa alors aux mains des d’Amboise avec Françoise d’Amboise, leur fille.

Enfin, il faut encore se rappeler que, dans les francs-quartiers 1 et 4, doivent figurer les armoiries des familles primitives. C’est bien le cas avec les armoiries des d’Amboise avec le franc-quartier du chef dextre, le n°1 et avec les armoiries des de Rieux avec le franc-quartier en pointe senestre, le n°4. Par contre, dans le franc-quartier du chef senestre, il aurait été logique de trouver les armoiries des Montauban, Guillaume de Montauban ayant été le grand-père de Marie de Rieux.

Pour clore ces explications et découlant de ce qui vient d’être écrit, deux francs-quartiers se rapportent à Louis d’Amboise et les deux autres à Marie de Rieux ; il est donc permis de penser que ce blason de la châtellenie de La Gacilly fut créé par Louis d’Amboise. Comme il épousa Marie de Rieux en 1426, le blason de La Gacilly doit dater des années qui suivent ; en tout cas, un document de 1454 porte la marque du sceau de la châtellenie.

 

Titre blason et sceau du chateau

Ce fut sans doute Marie de Rieux, dame de La Gacilly en 1432 et son époux Louis d’Amboise, vicomte de Thouars qui créèrent ce blason ; ce fut d’abord un sceau employé pour la première fois sur un document de 1454.Ce blason est de type écartelé, c’est à dire qu’il est divisé en quatre quartiers par une ligne horizontale et une ligne verticale.

Ce fut sans doute Marie de Rieux, dame de La Gacilly en 1432 et son époux Louis d’Amboise, vicomte de Thouars qui créèrent ce blason ; ce fut d’abord un sceau employé pour la première fois sur un document de 1454.Ce blason est de type écartelé, c’est à dire qu’il est divisé en quatre quartiers par une ligne horizontale et une ligne verticale. Il peut se lire ainsi :

Quartier dextre* du chef*

« D’or semé de six fleurs de lys au canton* de gueules*. »

Le canton indique que le seigneur de La Gacilly avait droit de haute, moyenne et basse justice. Ce quartier est en fait une partie du blason des seigneurs de Thouars..

Quartier senestre* du chef

« de vair* à deux tires*. » C’est une partie du blason des Duplessis d’Angier de Lohéac.

Quartier dextre de pointe*

« palé* d’or et de gueules de six pièces. » c’est à dire qu’il est partagé verticalement en six parties égales alternativement jaunes et rouges. Ce sont les armes de la famille d’Amboise.

il est donc permis de penser que ce blason de la châtellenie de La Gacilly fut créé par Louis d’Amboise. Comme il épousa Marie de Rieux en 1426, le blason de La Gacilly doit dater des années qui suivent ; en tout cas, un document de 1454 porte la marque du sceau de la châtellenie.Quartier senestre de pointe :

« D’azur à huit besants* d’or. » Ce sont les armes de la famille de Rieux. Les besants indiquent que l’un des seigneurs de la famille avait participé au moins à une croisade.

¨ Besant : pièce de monnaie frappée à Byzance.

¨ Canton : petit carré en haut et à gauche du blason

¨ Chef : partie supérieure du blason

¨ Dextre : partie verticale gauche du blason quand on le regarde

¨ Gueules : de couleur rouge

¨ Pal : bande verticale

¨ Pointe : partie inférieure du blason

¨ Senestre : partie verticale droite du blason quand on le regarde

¨ Tire : rangée

¨Vair : sur un fond bleu, rangées de clochettes jaunes décalées les unes par rapport aux autres

 

 

 

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Vie Roturière.

 

Paysannerie.

Au début de l’an 1000, une révolte paysanne éclate dans le Vannetais à Saint-Gildas-de-Rhuys en particulier ainsi qu’à La Gacilly afin de desserrer l’étreinte des seigneurs. C’est pourquoi, à l’aube du XV° siècle, les esclaves ont pratiquement disparu en Bretagne. Les serfs ou valets ainsi que les colons s’émancipent peu à peu. Ils ne sont plus attachés à la personne de leur maître mais liés à la terre qu’ils cultivent. Ils sont vendus et achetés avec elle. Ils peuvent se marier, hériter ou léguer leurs biens. Par contre ils sont toujours soumis à la corvée. Les petits paysans libres ou alleutiers sont toujours propriétaires de leurs parcelles. Les plus riches (ou les plus chanceux) réussissent à se glisser dans les échelons inférieurs de la chevalerie et devenir noble pour ne pas avoir à payer les fouages. Pour agrandir leur domaine cultivable, ces alleutiers déboisent ; certains grands seigneurs en font autant mais eux le font pour avoir les espaces nécessaires à la construction des grands châteaux de l’époque.

Les villes prennent de l’importance et les rues commencent à avoir des noms. Mais les ruraux forment toujours l’écrasante majorité des habitants : plus de 90% sans doute. Ils vivent de galettes, de bouillies, de fruits sauvages, tout cela accompagné d’une piquette acide. La vigne, en effet, a connu à cette époque une très forte expansion grâce aux Templiers. Cette nouvelle culture amena la création d’une dîme sur la vigne et un droit de bouteillage. Le seigneur de La Gacilly avait sa vigne dans une parcelle de terrain de son domaine qui descendait au ruisseau des Brelles. Elle devait porter le nom de vigne de Montauban. Une deuxième vigne devait sans doute être plantée entre le Tay et la Gazaie : une parcelle de terrain porte, au cadastre, ce nom de Vigne et depuis peu une rue porte le même nom à cet endroit. Est-ce de cette vigne dont on parle dans un aveu de 1450 qui dit que « presque sur le Rahun, tout près de La Gacilly, se trouvaient les vignes Caradeuc. » Une troisième vigne se trouvait sur le penchant ensoleillé de la butte de la Glouzie et une dernière à la Haute Bardaie. (Aveu de 1471).

 

La Forêt.

Après le départ des Normands, surtout au XI° siècle, l’immigration bretonne est importante et ce sont ces immigrants qui, ayant besoin de terres, s’attaquèrent à la forêt. Au cœur de la Bretagne, le vaste espace forestier occupant la moitié méridionale du Poutrecoët fut largement défriché. L’énorme forêt du Brécilien celtique qui couvrit plus de trente lieues, commence à s’effriter de tous côtés et déjà, il n’y a plus que des reliques sylvestres comme la Forêt-Neuve et la Forêt-Noire près de La Gacilly. C’est surtout le long de la Vilaine que le défrichement fut conséquent. A l’intérieur de cette grande forêt, ce défrichement se fait également sentir et morcelle l’immense étendue verte ; la forêt de la Bourdonnaye et les bois de la Grée de Callac en Augan en sont des restes importants.

Une étude toponymique montre que les limites de la forêt de Paimpont se rapprochent des limites actuelles. Les hameaux en « tre » encerclent la partie orientale de la zone forestière. De même, dans la zone des Landes de Lanvaux, ces toponymes en « tre » marquent la limite de la forêt. Or il faut se rappeler que ces « tre » étaient les parties défrichées d’un « plou ». Autour de La Gacilly, cette limite peut donc être constituée par une ligne partant de Trélo en Carentoir, non loin de la Landriais (de lande) et du Mûr et allant à Tréhandin au Nord-Est de la Danais, la forêt de la Bourdonnaye se trouvant à droite de cette ligne et le bourg de Carentoir à gauche. De Tréhandin, la ligne passe à Tréblanc, en fait suit le Rahun, arrive à Trégaret en suivant l’Aff et s’en va rejoindre Tréal, village de Saint-Just en laissant à sa droite les bois de Cournon, les landes de Quily et de Roche-Blanche. Enfin, le long de l’Oust, une autre ligne partant de Tréhat, à l’Ouest de Glénac et allant à Trélan près du Vaulaurent marque la limite Sud de la Forêt-Neuve et des landes de Couesmé. Entre ces deux lignes est englobée La Gacilly. Il est permis de penser que les zones rurales de La Gacilly- mis à part les deux vallées de l’Aff et du Rahun- résultent d’un déboisement important peut-être bien organisé par les moines de l’abbaye de Redon qui contrôlaient alors les productions et les voies de communication de toute la région, certains petits alleutiers et colons préférant la dépendance monastique à celle des seigneurs.

La forêt recule, les étendues de landes et de taillis sont stables et les « tre » forment maintenant presque des bourgs.

 

L’Artisanat.

L’artisanat rural se développe lui aussi, surtout la minoterie, la forge et le tissage. Pour ce qui est des meuniers, en plus des moulins à eau sur l’Aff, le Rahun et le ruisseau des Brelles qui alimentaient le moulin Gestin au Lieuvy, la Bouère et les deux moulins du Bout-du-Pont, il y avait aussi les moulins à vent :

Croix des Archers appartenant au sieur de la Villouët.

Le moulin Maret (prononcer Marette, c’est d’ailleurs le nom ancien). Il appartenait au seigneur de la Roche Gestin.

Le moulin du Pavillon.

Le moulin de Graslia, situé entre Graslia et la Forêt-Neuve ; l’abbé Chérel aurait repéré les ruines de ce moulin : « une butte de 1m de hauteur et de 20m de diamètre ».

Le moulin de Bréhaut au-dessus de Brozéas.

Le moulin du Grand-Bois figurant sur la carte de Cassini et dont on ne retrouve aucune trace. Peut-être, y a-t-il eu confusion avec le moulin de Bréhaut ?

Les foires, les marchés, les halles ou « cohues » deviennent très actives. Il y avait un marché toutes les semaines à La Gacilly. A la fin du XIV° siècle, Charles VI, roi de France, remet en exploitation les gisements aurifères du bassin inférieur de la Vilaine : le lit de la Vilaine à Redon, le Haut-Rimon à Renac (de auris mons : montagne de l’or), les sables de Saint-Perreux comme ceux de Pénestin à la plage de la Mine d’Or. L’atelier monétaire de Redon redémarre également à cette époque ; il devait être en pleine activité vers 1420.

 

La Santé.

•        La Lèpre.

Elle est considérée comme une importation due aux chrétiens revenant d’Orient après les croisades aux XII° et XIII° siècles. Elle fut d’abord appelée la « ladrerie » ou encore le « mal de Saint Ladre » d’où le nom donné aux lépreux de « ladres » ou « lazares » ou encore méseaux (mésel au singulier). Ils furent appelés aussi les cacous, caqueux, cacosus et même coquins que l’on peut traduire par « petit tonneau » et cela à cause du petit tonnelet qu’ils portaient au cou. Au XII° siècle et pendant les siècles qui suivirent, ce fut surtout le clergé qui s’occupât des lépreux et les tribunaux ecclésiastiques traitaient de leurs causes. Ce sont les prêtres de la paroisse qui décidaient de les séparer des autres paroissiens jusqu’à leur mort. Un logement spécial leur était attribué à l’écart du bourg et des villages où ils étaient envoyés à la maladrerie (ou maladrie) lorsqu’elle existait. Il semble bien que les maladreries aient pris la place des minihis, sorte de maisons où le droit d’asile était accordé à tout le monde y compris aux criminels et aux proscrits. Dans les monastères, le minihi était appelé le moustoir : c’était un coin réservé aux lépreux de passage. Il y avait un tel coin à l’aumônerie Saint-Jean. Les lépreux disposaient d’un trousseau : deux chemises, une tunique, une robe, un capuchon, une ceinture de cuir, une écuelle, un petit baril, un entonnoir, un couteau, une baguette et une crécelle qu’ils devaient agiter lors de leurs déplacements. Beaucoup d’endroits publics leur étaient interdits : églises, cabarets, moulins, fours, fontaines, ruisseaux. Ils devaient désigner les aliments qu’ils voulaient acheter au moyen de la baguette et le marchand les déposait dans leur tonnelet. Les cérémonies religieuses importantes comme les baptêmes, les mariages ou les obsèques se déroulaient chez eux ou à la maladrerie, jamais à l’église ou dans une chapelle. A leur décès, ils étaient enterrés dans un cimetière spécial ; il y en avait un à Tréal, entre le Vieux-Bourg et les Cours-Chauvel et un autre à Caro. Les maladreries, appelées aussi les ladreries étaient souvent construites à l’écart des bourgs et des villages mais pas trop loin des églises pour qu’elles puissent exercer leur surveillance. Pour La Gacilly, il se peut donc, qu’entre le château et l’hospice Saint-Jean il y ait eu effectivement une maladrerie comme cela a été avancé et qu’elle ait pu se trouver sur le chemin descendant à la rivière (plus tard la rue de la Louiserie et La Fayette actuelle), le chemin devant alors être très peu habité.

Avant la fin du millénaire et pour accueillir les lépreux, nombreux à cette époque, des établissements furent construits. L’un de ces établissements, appelés minihy ou encore maladrerie, tenu par des moines, fut ouvert à La Gacilly. Certains pensent que cet établissement se trouvait au milieu de la rue La Fayette, d’autres le placent à l’endroit où sera construit un peu plus tard l’hôpital St-Jean. Ce qui est certain, c’est que l’agglomération gacilienne commençait à grandir et une rue prenait forme.

Avant la fin du millénaire et pour accueillir les lépreux, nombreux à cette époque, des établissements furent construits. L’un de ces établissements, appelés minihy ou encore maladrerie, tenu par des moines, fut ouvert à La Gacilly. Certains pensent que cet établissement se trouvait au milieu de la rue La Fayette, d’autres le placent à l’endroit où sera construit un peu plus tard l’hôpital St-Jean. Ce qui est certain, c’est que l’agglomération gacilienne commençait à grandir et une rue prenait forme.

•        La Peste.

Autre épidémie répandue à cette époque, la peste se caractérisait par des tumeurs auxquelles on donnait le nom de bubons. Des excroissances ou verrues ayant la forme des bubons furent même gravées, au Moyen-Age, sur les croix votives afin de protéger les paroisses des épidémies de peste. En 1453, une peste particulièrement virulente ravage Vannes et de nombreuse paroisse du diocèse dont Péaule, Limerzel, Missiriac et Redon. Des familles perdent six, huit et dix de leurs membres. Des paroisses entières viennent en procession à la cathédrale de Vannes pour prier au pied du tombeau du bienheureux Vincent-Ferrier.

 

Habita-Nourriture

A côté des manoirs plus ou moins cossus des seigneurs, les gens du peuple, les roturiers, les paysans vivaient dans de petites maisons la plupart du temps n’ayant qu’une seule pièce ; celle-ci sert de cuisine, de salle à manger et de chambre tout à la fois. La maison est basse avec un grenier à l’étage où, à la campagne, sont entassées la paille et la récolte de froment, de seigle et d’avoine ; une échelle en bois permet d’y accéder. Dans les villages, les maisons sont groupées, alignées, serrées les unes contre les autres avec les ouvertures, une porte et une ou deux fenêtres, toutes du même côté ; ces rangées d’habitations portent le nom de rues, certains villages ont même pris ce nom et l’ont gardé. Toutes ces maisons étaient construites avec le schiste ardoisier du pays qui a très bien résisté au temps et aux intempéries puisque certaines de ces demeures construites au XVI° et au XVII° siècles existent encore dans nos villages. Ces maisons servent souvent actuellement de caves, de celliers, de poulaillers et même d’écuries. La porte d’entrée, dite à husset, de ces habitations est à deux battants dans le sens de la hauteur et la fenêtre est munie d’un ou deux barreaux de fer. Les murs, plus épais à la base qu’au sommet, supportent un toit de chaume ou d’ardoises très épaisses ressemblant à des lauzes. Pour garnir cette unique pièce, éclairée surtout par l’ouverture du battant supérieur de la porte, une grande table dont le plateau est coulissant et recouvre un coffre servant de garde-manger surtout pour le pain. La vaisselle est en bois avec quelques récipients en terre. Dans la cheminée dont le manteau est souvent décoré, une grande bassine est utilisée pour cuisiner ; quelques pots de terre, une poêle à frire, un ou deux seaux en bois et enfin une baratte, elle aussi en bois, composent l’essentiel des ustensiles ménagers. Le fond de la pièce est occupé par deux lits avec une paillasse de son ou de balles d’avoine, une couverture grossière et un édredon de plumes.

Que mangeaient nos ancêtres, il y a quatre ou cinq siècles ? D’abord le pain appelé chanteau, puis la viande de porc, le lard en particulier mais aussi le bétail qui est élevé pour sa viande et pour sa peau ; le pot-au-feu revient souvent sur les tables ; les volailles sont nombreuses car elles font partie des impôts dus au seigneur ; en général, elles sont réservées pour les fêtes de famille ou les assemblées. Pour les jours maigres, très nombreux, près de cinq mois dans l’année, le poisson frais n’étant que très peu commercialisé, il ne reste plus que les laitages, les légumes (choux, navets, fèves, blettes, oignons), les fruits, la châtaigne surtout et le poisson séché, salé ou fumé comme les maquereaux ou les harengs. Enfin le sarrasin est cultivé en très grande quantité et, avec sa farine dite de blé noir, on obtient la galette qui remplace très souvent le pain surtout les jours maigres ; cette farine sert aussi à confectionner de la bouillie. Il faut dire qu’à cette époque le foin n’est pas connu et c’est l’une des raisons de la maigreur des vaches ; les pommes de terre, les petits pois et les betteraves n’arriveront que plus tard et enfin le poisson des rivières est réservé aux seigneurs

 

La Tenue Vestimentaire.

Les roturiers, habillés avec des culottes bouffantes et des gilets de grosse toile, sont chaussés de sabots en bois et arborent un magnifique chapeau rond en feutre. Les femmes, avec une chemise de toile de lin à larges manches et une jupe de toile de « reparon » ou de serge très longue descendant jusqu’aux pieds, complètent leur habillement avec un châle et une coiffe de toile se serrant à l’arrière sous les cheveux roulés en chignon, encadrant le visage et retombant jusqu’aux épaules ; chaque paroisse ou trève avait sa coiffe propre.

Les visites ou les séjours du seigneur de La Gacilly donnaient lieu à des manifestations festives. Les manants et les vassaux tenanciers devaient se présenter au châtelain de très bonne heure, les uns à la parution du soleil levant, les autres « dedans le demy-jour ». Les arrivées de Françoise d’Amboise à son château donnaient lieu à chaque fois à des jours de fête. Les dames nobles arrivaient dans leurs haquenées habillées de robes de soie ou de velours brodées d’or ou d’argent et coiffées du hennin ou de l’escoffion orné de fines dentelles. Le seigneur, quant à lui, était vêtu du pourpoint et des bottes de cuir, parfois recouvert d’un manteau de velours.

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DAMES ET SEIGNEURS IMPORTANTS

 

Raoul de Gaël.

La filiation attestée des Gaël-Montfort trouve son origine en la personne de Radulfus Anglicus, Raoul L’Anglais dit aussi Ralf L’Ecuyer qui apparaît comme témoin dans une charte bretonne du duc Alain en 1031. Il paraît dans des actes de 1040 et 1064. C’est probablement le même qui est présent à la cour d’Edouard le Confesseur en 1060, il y tient la charge de staller, c’est à dire d’administrateur local et de conseiller. Il assiste au siège de Dol en 1065 avec Juhaël de Lohéac et Alain de Rieux. Puis il accompagne le duc Guillaume de Normandie, auquel il s’est rallié, à la conquête de l’Angleterre au début de l’année 1066 toujours avec le sire de Lohéac. Mais, en octobre, il se rallie à Guillaume Le Conquérant et lui apporte son soutien lors de son invasion ; il se voit récompensé par l’octroi du comté d’East-Anglie qui comprend les comtés de Norfolk et de Suffolk.

Son fils, Raoul II de Gaël-Montfort, sire de Gaël, de Montfort et du Largez en Louargat, puis roi d’Estrangles, comte de Norfolk et de Suffolk en Angleterre, vit d’abord en Angleterre où il manifeste lui aussi, dans un premier temps, une grande fidélité vis à vis du Conquérant qu’il aide dans sa conquête ; celui-ci n’hésite pas à lui confier, à la mort de son père en 1070, l’earldom de Norfolk. Il épouse Emma de Breteuil, fille de Guillaume Fitz-Obern, comte de Hereford. Mais la bonne entente entre le roi et Raoul ne dure pas. En 1075, Raoul se révolte et entraîne avec lui son beau-frère Roger de Breteuil, earl seigneur d’Hereford. L’insurrection échoue. Raoul se réfugie en Norvège puis au Danemark enfin en Armorique où sa famille surtout maternelle possède de nombreux alleux autour de la forêt de Paimpont. Une partie d’entre eux avaient sans doute été donnée par Alain III, duc de Bretagne à son père Ralf l’Ecuyer. Installé en Bretagne, Raoul se montre particulièrement remuant. Peut-être construisit-il le château de Gaël ? Des textes connus font remonter à cette époque la première présence d’un habitat fortifié à Gaël. Il envisage de construire également une défense à Montfort afin de protéger un point stratégique essentiel sur la voie romaine Rennes/Carhaix. De même et pour la même raison, c’est lui qui décide de construire le donjon de La Gacilly sur la butte où sera bâti un peu plus tard le château.

Puis Raoul s’assagit, il ne cherche plus à se venger du duc de Normandie, Guillaume, qui meurt en 1087. Il accepte également l’autorité du duc de Bretagne, Alain Fergent. Il devient un grand seigneur breton. En 1093, il témoigne dans un jugement entre les moines de Redon et les chapelains du duc. Pour la première croisade, il se croise avec le duc de Bretagne, Alain Fergent. Il devait décéder lors du siège de Nicée en 1097. Il est permis de penser que ces deux Raoul de Gaël, père et fils, furent les deux premiers seigneurs de La Gacilly puisque, quelques années plus tard, leur petit-fils et fils signera son acte de mariage comme étant sire de La Gacilly. Il avait eu trois garçons :

-Guillaume I°, mort en Angleterre en 1102

-Raoul III

-Alain, sire du Largez, qui accompagna son père en Palestine où il mourut sans alliance en 1101.

 

Philippe et Jean de Montauban

1eme explication

Fils de Alain de Rohan et de Gosceline I° de Montfort (elle-même fille de Raoul III et de Havoise de Hédé et sœur de Guillaume II, Philippe et Jean sont l’objet d’une controverse et, pour bien comprendre leur histoire, il n’est pas inutile de rappeler leur généalogie. A la mort de son père Raoul II de Gaël, Raoul III de Montfort hérite de toutes les terres, c’est à dire les seigneuries de Montfort, de Montauban dont La Gacilly, de Gaël et de Hédé, ses deux frères étant décédés. Il abandonne le nom de Gaël pour prendre celui de Montfort qui était devenu sa résidence principale. A sa mort, ses enfants se partagent les seigneuries : Guillaume II garde Montfort et Gaël, Robert devient seigneur de Hédé et Olivier I° de Montfort/Montauban avec sa sœur Gosceline se retrouvent avec les seigneuries de Montauban et de La Gacilly. Gosceline, dame de Montauban, épouse Alain de Rohan et donne le jour à deux fils : Jean et Philippe. Qui fut l’aîné : question ? Certains auteurs disent que ce fut Jean et qu’il épousa Gosceline II de Montfort mais alors pourquoi, dans un acte de 1230, est-il dit que Philippe de Montauban fait don aux moines de Saint-Méen « de 27 sols de rente assis sur sa coutume de Saint-Eloi de Montauban en accord avec ses fils Olivier et Regnault et sa femme Gosceline de Montfort » ; il est d’ailleurs nommé dans cet acte « seigneur de Montauban, de La Gacilly et de Léberon (sûrement l’Eperon ). Ces deux constatations ne sont peut-être pas incompatibles : admettons que Jean, l’aîné et époux de Gosceline, décède très jeune et sans enfant, il laisse alors sa part d’héritage à son frère cadet Philippe qui peut très bien se remarier avec sa cousine Gosceline. Ainsi il rassemble les deux parties de la seigneurie de Montauban et peut prendre le nom de Montauban. Normalement il aurait dû s’appeler de Rohan comme son père ou tout au moins de Montfort puisque son père était aussi vicomte de Montfort ; d’ailleurs il garda les armes des Rohan de son père « de gueules à sept macles d’or » avec cependant une brisure en marque de juveignerie justement comme étant le cadet. A signaler que ce furent les armes de La Gacilly pendant plusieurs années. Les Montauban avaient, quant à eux, « de gueules à sept macles d’or au lambel de quatre pendants en chef » et les Montfort avaient gardé les armes des de Gaël « d’argent à la croix guivrée de gueules ». Dès 1199, un acte est signé par Philippe de Montauban et il figure aussi dans des actes de 1228,1230 et 1232 où il est nommé avec ses fils Olivier et Renault. Il est donc permis de penser que Jean décéda avant 1199 car, après cette date, il n’en est plus question. Philippe devient ensuite chevalier. En plus de Montauban et de La Gacilly, il était également seigneur du Binio, du Couëdor, à trois kilomètres à l’Ouest de Guer, de l’Eperon en Mohon et de Boutavant en Iffendic. Philippe et Gosceline eurent quatre enfants dont Olivier qui hérita de La Gacilly .

2eme explication

Chevalier, seigneur de Montauban, du Binio, du Clouédor, de la Gacilly, de l'Éperon, de Boutavant.

Il épousa vers 1200 sa cousine, Gosceline de Montfort, dame héritière de la Gacilly et de la moitié de Montauban, fille d’Olivier de Montfort, seigneur de la Gacilly, de Boutavant et de la moitié de Montfort et de Montauban, en 1160 et 1181. Par suite de mariage, et par des accords faits en 1221 avec les Montfort, il devint possesseur de la totalité de la seigneurie de Montauban, dont il prit le nom pour lui et sa postérité, en gardant les armes des Rohan, avec une brisure, en marque de juveignerie. Il signe P. de Montauban » dans un acte de 1199

En 1230 il fit don aux moines de Saint-Méen de 27 sols de rentes assis sur sa coutume de Saint-Éloi de Montauban, et ce, d'accord avec ses fils, Olivier et Renaud, et sa femmes Gosceline de Montfort. Il est dit dans cet acte « seigneur de Montauban, de la Gacilly et de Léberon (l'Éperon, en Mohon) ».

Sa femme était morte avant 1246.

Il eut

I° Olivier I,

2. Renaud J de Montauban, cité dans l'acte de 1230 avec son père, Philippe, et son frère. Olivier

 

C’est très certainement Philippe de Montauban qui transforma le donjon gacilien en château-fort

 

Olivier III de Montauban

 Fils aîné d’Olivier II et de Louise de la Soraye, il devint seigneur de Montauban, de La Gacilly et d’une partie de Montfort. Il paraît comme chevalier dans une montre en 1311. Il passa transaction en 1312 pour les dîmes de Saint-Eloi de Montauban. En août 1318, il passa transaction en cour de Ploërmel avec Olivier de la Chapelle qui réclamait son avenant en la paroisse de Montauban auquel il avait droit du chef de sa mère ; il est dit dans cet acte « seigneur de Montauban et de Montfort en partie. » En 1322, il eut un procès avec le duc de Bretagne et, en 1327, il eut un autre procès avec Jean Le Borgne (Arrêt du Parlement de Paris).

En 1317, il obtint du pape Jean XXII siégeant à Avignon, l’autorisation de construire, à La Gacilly, l’hospice Saint-Jean, la chapelle Saint-Jean et le pont Saint-Jean près des moulins Saint-Jean. Il avait épousé secrètement, vers 1300, sa grande tante du 3° (ou 4°) degré Julienne de Tournemine. Elle était la fille de Geoffroy II, seigneur de la Hunaudaye et veuve de Raoul VI de Montfort, l’arrière-petit-fils de Guillaume II  mort en 1300. Le mariage fut légitimé par bulle papale en décembre 1320 laquelle devait être lue dans les églises de Montauban, Montfort et Guer. Olivier donna en douaire à son épouse en septembre 1314, 240 livres de rente assises sur les terres qu’il possédait en Landujan, le Lou, la Chapelle-du-Lou, Irodouër et Saint-M’Hervon. Il eut trois enfants :

•        Jean I° de Montauban, chevalier et capitaine pour Charles de Blois avec ses deux frères dans la guerre de Succession au duché de Bretagne, il fut arrêté à Paris dans un tournoi, par trahison et il eut la tête tranchée le 29 novembre 1343 avec Olivier III de Clisson et quatorze gentilshommes bretons sur ordre de Philippe VI de Valois. Il ne laissait pas de postérité de sa femme demoiselle Blaise de Montauban. Il faut rappeler que la guerre de Succession fait rage malgré la trève de Malestroit le 19 janvier 1343 ; avec les allées et venues des soldats des deux camps, le pays de Redon est particulièrement dévasté car l’évêque de Vannes avait pris fait et cause pour Jean de Montfort et Jean de Tréal, abbé de Redon, avait choisi le camp de Charles de Blois.

•        Alain II de Montauban.

•        Olivier IV de Montauban

 

 

Autorisation Papale

 

Cette même mention figure aussi sur l’autorisation papale accordée à Olivier III de Montauban et Julienne de Tournemine de construire un pont, un hôpital et une chapelle au Bout-du-Pont à La Gacilly. Cette bulle du 3 juillet 1317 fut d’ailleurs accordée par le pape sans que celui-ci sache que l’union des demandeurs était alors nulle. Il est permis de penser qu’Olivier III, sachant avoir besoin de l’aval du pape pour officialiser son mariage avec Julienne de Tournemine, ait commencé par faire un bel acte de charité (ce dont La Gacilly ne fut pas fâchée) pour se faire connaître du côté d’Avignon et obtenir ainsi plus facilement la dispense d’empêchement de consanguinité.L’examen de l’arbre généalogique des Montfort et Montauban montre que Raoul II de Montfort eut deux fils : Guillaume et Olivier. Ce dernier eut comme descendance : Philippe de Montauban, Alain de Montauban, Olivier II de Montauban et enfin Olivier III de Montauban. Pour sa part, Guillaume II de Montfort, eut pour descendance Eudon de Montfort et Raoul V de Montfort. Ce dernier épousa Julienne de Tournemine, celle-ci était donc la grand-tante de Olivier III de Montauban quand celui-ci l’épousa secrètement vers 1300/1301. Peu à peu cette union devint plus ou moins publique et fut avalisée par une sentence du pape Jean XXII ; elle fut lue dans les églises de Montfort, Montauban et Guer mais pas à La Gacilly, aucune chapelle n’y existait alors. Le prédécesseur de Jean XXII, Clément V avait installé la papauté à Avignon en 1305. C’est pourquoi, lorsque la dispense d’empêchement de consanguinité aux 3° et 4° degrés fut demandée en 1320 au Saint-Siège, la réponse papale porte la mention « Datum Avenione » suivie de la date.

Cette même mention figure aussi sur l’autorisation papale accordée à Olivier III de Montauban et Julienne de Tournemine de construire un pont, un hôpital et une chapelle au Bout-du-Pont à La Gacilly. Cette bulle du 3 juillet 1317 fut d’ailleurs accordée par le pape sans que celui-ci sache que l’union des demandeurs était alors nulle. Il est permis de penser qu’Olivier III, sachant avoir besoin de l’aval du pape pour officialiser son mariage avec Julienne de Tournemine, ait commencé par faire un bel acte de charité (ce dont La Gacilly ne fut pas fâchée) pour se faire connaître du côté d’Avignon et obtenir ainsi plus facilement la dispense d’empêchement de consanguinité.

Le Saint-Siège alla même au-delà des espérances d’Olivier III puisqu’il octroya, dans une autre bulle datée du 6 juillet 1317, trente jours d’indulgence à ceux qui visiteront la chapelle projetée lors des fêtes de l’Exaltation de la Sainte Croix (14 septembre), du Vendredi Saint et de l’Invention de la Sainte Croix 3 mai)

Il est à remarquer que ces trois jours honorent la Croix du Sauveur. On peut penser que la chapelle possédait une relique insigne de la Vraie Croix. La chose n’a rien d’étonnant. Ces Montauban, seigneurs de La Gacilly, avaient pris part aux croisades et ils avaient vaillamment guerroyé en Palestine pour la cause du Christ. Ayant gagné dans cette lutte contre l’infidèle plus d’honneur que d’argent, ils étaient revenus au pays rapportant avec eux leur foi et les reliques des saints des premiers siècles conservées en Orient. Après leur retour, ils déposaient ces précieux trophées dans les chapelles seigneuriales ou bâtissaient de nouveaux temples pour leur servir de reliquaires. Ce sont ces sentiments pieux des croisés qui nous expliquent qu’à part Saint Jugon et Saint Vincent-Ferrier (qui devait venir un peu plus tard) tous les saints honorés à La Gacilly au temps des Montauban sont des saints d’Orient : Saint Nicolas, Saint Cyr, Sainte Julitte, Saint Barthélémy.

Il faut faire remarquer enfin que mis à part la citation dans le Cartulaire de Redon de « l’hospitalis de la Gatcyly » - ces bulles sont les deux premiers documents écrits connus qui fassent mention de « la villa de Lagacille ».

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Le Pont St Jean

Bien avant 1317, il y eut un premier pont en bois, sans doute romain, pour réunir les deux rives de l’Aff. Au début du siècle dernier, de vieux poteaux en bois, (l’abbé Chérel parle même de pointes de pieux de chêne.) genre pilotis, apparurent suite aux affouillements profonds produits dans le vieux lit de la rivière par la chute d’eau provoquée par la construction de la digue. Même des poutrelles avaient été mises à jour. Or ces pilotis ne coïncidaient pas avec les arches des ponts construits depuis, ce qui montre bien l’existence d’un pont plus ancien. A ce sujet, l’abbé Chérel écrit : « Le gué naturel de peu de profondeur se prêtait admirablement à l’établissement d’un pont. Ce qui semble confirmer cette hypothèse, c’est l’existence d’un chemin pavé dans le genre des voies romaines se dirigeant vers ce point et dont on retrouve des parties encore bien conservées au Grand Héréal en Cournon et au-dessus de la Bergerie en La Gacilly. »

L’existence d’une route très ancienne venant de Renac et se dirigeant vers Ploërmel/Malestroit tend à prouver l’existence à La Gacilly d’un passage important qui nécessitait la présence d’un gué praticable, voire d’un pont. De plus, il était tout naturel, d’avoir choisi, pour ce passage, le point où la rivière réussissait avec peine à se creuser un lit étroit et peu profond dans les masses de schistes durs appuyés sur une couche épaisse et compacte de grès qui lui barraient la route à la sortie du vaste étang, devenu avec le temps marécage, qu’elle formait entre la Chapelle-Gaceline, Sixt-sur-Aff et La Gacilly. C’était à peu près le seul endroit guéable du cours de la rivière entre Comblessac et Glénac. Pourquoi ce pont n’existait-il plus vers 1310-1317 ? Il semblerait qu’il fut détruit vers 1300 mais pour quelles raisons ? D’autant plus que le moulin seigneurial existait déjà, juste au Bout-du-Pont, côté Est. Plusieurs réponses sont plausibles. D’abord l’usure normale au fil des ans, d’autant plus que le courant très irrégulier de l’Aff qui, drainant une grande partie des eaux de la forêt de Paimpont, se transforme souvent en torrent. Une élévation et une force anormales des eaux ont-elles eu raison du tablier de ce pont de bois ? Autre réponse possible : la destruction décidée et entreprise par les Gaciliens eux-mêmes pour se mettre à l’abri des incursions des Normands qui- au IX° siècle- ravagèrent, ruinèrent et brûlèrent tout le pays au-delà de l’Aff et de l’Oust, à moins que cette décision ne fut prise qu’au X° ou XI° siècle suite aux attaques des Francs contre les Bretons. Cette destruction fut peut-être également initiée par le seigneur de Montfort (Raoul ou Olivier) lorsqu’au XII° siècle il fut décidé de construire la forteresse féodale sur la pointe rocheuse qui domine la rivière afin de prévenir les surprises et les attaques de voisins gênants du côté de l’Est.

Lorsque le pont fut détruit, le passage de la rivière devint très délicat car le chemin descendant la pente abrupte de la Grée Saint-Jean était encaissé, beaucoup plus bas que le pont, de la largeur d’une voie de charrette seulement et continuellement baigné par les eaux du cas Saint-Jean qui y coulaient en telle abondance que les piétons étaient obligés en hiver de suivre un petit sentier sur le bord de la lande. Ce chemin venait aboutir directement à la rivière, peu profonde il est vrai à cet endroit, mais dont le fond formé de vastes dalles schisteuses glissantes et inégales rendait le passage à gué difficile et dangereux. La sortie, sur la rive droite, était aussi pénible que le passage lui-même car il fallait, sur les mêmes pierres glissantes grimper la pente raide qui par la rue La Fayette actuelle se dirigeait vers l’entrée du château ou bien le sentier encore plus à pic qui, escaladant les pentes de la colline de Graslia, se raccordait au chemin vers Bel-Orient et Glénac. De plus, comme il l’a été écrit ci-dessus, le courant de la rivière était à certains moments très fort. Tout cela contribuait à rendre difficile la communication entre les deux rives. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que les voyageurs, empruntant ce passage délicat, pouvaient hésiter à le franchir et qu’il devait y avoir assez souvent perte d’hommes et de biens. Si le franchissement de la rivière s’effectuait au moyen d’un gué, il semble bien qu’un bac fut mis à la disposition des voyageurs pour traverser l’Aff à cet endroit surtout lorsque la montée des eaux rendait impossible la traversée du gué. Dans son livre sur La Gacilly, Ducrest de Villeneuve dit, au sujet de Paul Lasalle, son personnage principal, qu’il était l’un des descendants du propriétaire du bac. Ce dernier avait obtenu la permission du seigneur d’installer ce bac et le droit de passer les clients éventuels contre la perception d’une taxe (un denier par personne transportée) au profit de l’Hôpital Saint-Jean. Lorsque le pont fut construit, le bac n’eut plus sa raison d’être ; aussi l’Hôpital Saint-Jean logea et nourrit le passeur ainsi que sa famille. Il en résulta cependant un manque à gagner pour l’Hôpital et l’aumônier de l’époque réclama au seigneur une compensation.

Pour toutes ces raisons, le seigneur de La Gacilly, Olivier III de Montauban, se devait d’offrir à ses vassaux les commodités d’un pont solide et franchissable même en saison de fortes eaux. Olivier de Montauban choisit de le construire au seul endroit guéable du cours de la rivière et aussi et peut-être avait-il eu connaissance de la présence de l’ancien pont à cet endroit. La date de construction de ce pont n’a pas été déterminée avec précision, certains avancent la date de 1318 pour le commencement des travaux et 1320 pour l’achèvement du pont, dates plausibles puisque la bulle papale d’autorisation de construction de l’édifice date de 1317 et Olivier III décèdera en 1336, il est logique de penser que la construction ait eu lieu entre ces deux dates, d’autant plus qu’en 1345, d’après un vieux titre latin et après procès, une indemnité de 325 livres fut accordée à l’aumônerie par le seigneur de Montauban pour la suppression du bac du gué Saint-Jean que « rendait inutile la construction du pont ». Celui-ci franchissait l’Aff par cinq arches de pierre solidement établies sur le fond rocheux de la rivière. Il coupait obliquement le lit du cours d’eau, se dirigeant de la pointe Sud de la cour du moulin (Végétarium actuel) vers l’extrémité Nord du terre-plein de l’ancienne gendarmerie (Office de Tourisme actuel), réunissant directement l’hôpital Saint-Jean à la rue La Fayette qui était alors l’unique entrée de La Gacilly du côté de la rivière

Les arches étaient un peu inégales en hauteur et vraisemblablement en largeur. Il devait y avoir une arche principale plus haute et plus large que les deux arches secondaires qui l’encadraient. Le tablier, encadré de parapets en maçonnerie, s’élevait en pente douce d’Est en Ouest. Les piles étaient appuyées en amont et en aval par des contreforts triangulaires dont le sommet en glacis incliné atteignait la base des parapets. Ce tablier était plus bas que celui du pont actuel, presque un mètre en dessous du côté du moulin. C’est ce qui explique qu’au moment des crues, l’eau arrivait à couvrir le tablier du pont de ce côté et même quelquefois toute la chaussée à une hauteur assez importante pour rendre le passage impossible ou tout au moins très dangereux. Ce qui explique les accidents survenus au cours des années postérieures. Ainsi, le 4 janvier 1662, « Olivier Harel, habitué dans cette ville depuis trois ou quatre ans, étant de la ville de Dinan, passant par sur les ponts de La Gacilly, les eaux étant fort hautes, fut submergé et tomba dessous l’arche proche le moulin. Il fut inhumé le lendemain sous le chapiteau. » En 1679, maître Julien Le Roy, chirurgien de la ville de La Gacilly, se noya par accident en la rivière de La Gacilly, proche le héri (sol de terre battue devant le moulin). En 1845, un saunier de Guérande et son « mule » furent emportés par le courant et repêchés à grande peine, l’homme au chantier Desbois et la monture à la prairie de Bel-Orient (station d’épuration actuelle)

Vers 1710, l’arche principale du milieu fut emportée au moment d’une grande crue. Yves Marie de la Bourdonnaye, vicomte de Couëtion et conseiller d’Etat, qui venait d’acheter la terre de La Gacilly aux enfants de Georges Robert de la Haye d’Andouillé et de sa femme Anne Madeleine du Houx, la fit reconstruire, en 1719, à ses frais avec arêtes en pierres de taille ce qui la distinguait des autres. Le marquis, en même temps, fit faire des travaux sur la route de Carentoir par la Bouère, pour l’améliorer ; le passage devant l’étang et le moulin prit le nom de la Chaussée.

Pendant la Révolution (peut-être l’Empire), une arche du côté du moulin fut à son tour emportée par les eaux. Cette fois, on se contenta d’établir un tablier de bois sur le trou béant. Ce fut du provisoire qui dura jusqu’en 1868, année où l’administration des Ponts et Chaussées démolit le vieux souvenir du XIV° siècle pour construire le nouveau pont que nous connaissons. En 1869, J. Desmars, en parlant du vieux pont, écrit : « gothique casse-cou qui faisait pâmer d’aise les antiquaires et trembler de peur les charretiers »

Lors de sa construction, il fut muni d’un parapet en pierres de granite. Cette protection disparut lors de l’agrandissement de la route dans les années 1960 et fut remplacée par des garde-fous en tubes. Pendant tout le temps que le tramway circula, un panneau avec une croix de Saint-André et l’indication PN indiquant un passage à niveau avait été placé au milieu de ce pont.

 

L’Hospice St Jean.

Construction de l’Hospice.

Comme pour le pont, il semble bien qu’un établissement d’accueil existait depuis plus de cinq siècles à La Gacilly. Le Cartulaire de Redon mentionne « l’hospitalis de la Gatcyly » à la fin du IX° siècle. S’agissait-il d’un hospice pour accueillir les indigents ou d’une maladrerie comme certains le prétendent située entre le château et le pont c’est à dire dans la rue La Fayette actuelle ? Difficile de trancher. Ce qui est certain, c’est que ce genre d’établissement existait bien à la fin du XIII° siècle et appartenait aux Hospitaliers de Saint-Jean.

Olivier III de Montauban, avec l’accord papal de la construction du pont et de l’hospice, commença-t-il par démolir l’ancien établissement d’accueil pour en construire un autre ou se contenta-t-il de restaurer l’ancien édifice ? Nul ne le sait. Par contre, à la fin de 1320, l’hôpital est terminé. « C’est un long corps de bâtiment orienté Est-Ouest avec rez-de-chaussée, un étage et un grenier sur le tout, s’étendant entre la rivière et le chemin de Redon qui dévalait alors par le cas de Saint-Jean pour venir à travers des fondrières aboutir au pont devant le moulin. »

A l’extrémité Sud-Ouest de cet édifice, très près de la rivière, existait une fontaine qui prit le nom de Saint-Jean tout comme l’hôpital lui-même puisque appartenant aussi aux Hospitaliers de Saint-Jean

Histoire de l’Hospice.

Il faut commencer par préciser que le personnel de l’hospice ne comprend pas de religieux ou de religieuses mis à part le chapelain portant le titre de prieur. Il est dirigé par des gardiens ou hospitaliers qui étaient de pieux laïcs menant une vie très stricte équivalant à une vie religieuse. Les archives donnent un grand nombre de noms de mendiants de La Gacilly et des environs décédés à l’Hôpital Saint-Jean ainsi que des naissances d’enfants étrangers venus parfois de très loin surtout au XVII° siècle. Ceci montre qu’à cette époque, on voyageait beaucoup malgré les difficultés de communication, le coût des déplacements et le peu de sûreté des routes ; ceci prouve également que les foires de La Gacilly attiraient au pays des marchands très éloignés qui y séjournaient assez longtemps. Ainsi, en 1639, Gabrielle Merlet, fille de Martin et de Louise Després, naquit à l’Hôpital de La Gacilly. Le parrain de l’enfant fut Julien Bourrée, originaire de Saint-Malo. Et aussi, le 19 novembre 1665, toujours à l’Hôpital de La Gacilly, naissance de Anne Forthomme, fille de Louis, originaire de la paroisse du Temple, évêché de Chartres en Beauce, de passage à La Gacilly.

Cet hôpital devait subsister plus de quatre cents ans pour le plus grand bien des vieillards, des infirmes et des malades de La Gacilly et des environs, mais aussi des mendiants, des voyageurs et des pèlerins qui pouvaient y trouver un asile momentané. Jusque vers la fin du XVII° siècle, cet établissement fut entièrement à la charge des seigneurs de La Gacilly qui mirent un point d’honneur à remplir les conditions acceptées par le fondateur et d’assurer sur leurs revenus ce qui était nécessaire à la subsistance des chapelains, des gardiens et des malades. Au cours des temps, ils augmentèrent la propriété de l’établissement qui ne comprenait d’abord que la maison, la chapelle et un petit cimetière. Ils donnèrent entre autres un grand jardin sur l’Aff, une pièce de labour, partie en pré au joignant du dit jardin, le tout loué treize livres à Jean Brien et, un peu plus tard, une grande prairie sur la rive droite, le pré Saint-Cyr.

Au fil des ans, cet établissement et son chapelain portèrent différents noms. D’abord Hospital et Hospice, puis Aumônerie et même Prieuré. Dans un acte de 1401, il est fait mention du « prioul » (prieur) de l’Hospital. Dans un autre acte de 1465, l’établissement est dénommé « Aumônerie de Saint-Jean ». En 1514, le compte du fermier général de la seigneurie parle de l’Hôpital mais aussi de l’aumônier un nommé André Barbot. En 1516, c’est toujours l’Hôpital. De 1604 à 1607, Guillaume Couerault était titulaire de l’aumônerie Saint-Jean et devait devenir un peu plus tard curé de La Gacilly. En 1628, F.G. Simon, chanoine de Vannes, était prieur de Saint-Jean de La Gacilly. Il signe à ce titre l’acte de pose de la première pierre de la chapelle Notre-Dame ajoutée à l’église Saint-Nicolas.

En 1670, la gardienne de l’Hôpital se nommait Gabrielle Tranchant ; elle avait épousé Pierre Rouxel de la trève le 29 juin 1649.

Au début du XVII° siècle, l’hospice, la chapelle, le clos et le pré furent annexés à l’ordre hospitalier de Saint-Lazare. Il est d’ailleurs bizarre d’entendre parler de cet ordre religieux à la fin du XVI° siècle étant donné qu’il fut supprimé en 1489. Il aurait été normal que cet hôpital soit plutôt rattaché, à cette date, à l’ordre de Saint-Jean et donc à la commanderie de Carentoir, mais aucun texte connu n’en fait état. C’est donc au moment où l’institution montrait au mieux son utilité qu’elle va subir une transformation qui la conduira sur la voie de la décadence. A cette époque, la seigneurie de La Gacilly venait d’être démembrée entre les familles de la Bédoyère, de la Bourdonnaye, Jean du Houx des Bouëxières et François de Montigny, seigneur de Beauregard, président à mortier du Parlement de Bretagne. Ces divers propriétaires, n’habitant pas le pays, se désintéressent plus ou moins de l’hôpital et ses ressources vont en diminuant avec la dépréciation de l’argent. Déjà en 1676, l’hôpital avait peine à vivre de ses revenus, les ressources laissées par ses anciens fondateurs. C’est pourquoi, par lettres patentes du 30 décembre 1696, rendues sur arrêt du conseil privé du 25 mai précédent, les biens de l’hospice furent annexés à l’hôpital Saint-Nicolas de Vannes avec jouissance à partir du 1° juillet 1695. Cet établissement en prit possession le 29 mai 1697 et fit accord avec un prêtre, Guy Morin des Fougerêts qui s’engagea, dit-on, moyennant une somme annuelle de 20 livres versées par l’hôpital Saint-Nicolas de Vannes à célébrer une messe chaque semaine dans la chapelle de l’aumônerie dont il devint le titulaire. Cependant un aveu de 1727 s’exprime ainsi en parlant des droits du seigneur de La Gacilly « droit de patronage et de supériorité dans l’église Saint-Jean de la ville de La Gacilly ». D’après cela, il faut croire que ledit seigneur n’avait renoncé à aucun de ses droits sur l’aumônerie.

Au cours du XVIII° siècle, l’hôpital Saint-Jean connut une rapide déchéance ayant des ressources insuffisantes. La chapelle et les bâtiments menaçant ruine, l’établissement, la chapelle et le clos Saint-Jean furent vendus, le 18 juin 1785, par noble homme Jacques Hyacinthe de Lespinay, administrateur et économe de l’hôpital Saint-Nicolas de Vannes à maître Joseph Marie Grinsart, sieur de Lasalle, sénéchal du comté de Rieux au siège de Peillac et procureur fiscal du marquisat de Sourdéac demeurant alors en la ville de La Gacilly à la charge de faire abattre et démolir immédiatement les murs croulants du dit hôpital et de rebâtir en leur place, sans être tenu toutefois de le faire dans les mêmes proportions, un rez-de-chaussée seulement avec grenier et salorge et de payer en outre à l’hôpital Saint-Nicolas de Vannes la somme de 36 livres de rente foncière annuelle, perpétuelle et infranchissable. Par la suite, en 1789, l’établissement fut converti en magasins et dut appartenir aux Desbois ; il devint, sans doute, la tannerie exploitée pendant les premières années de la Révolution. En 1841, il fut détruit mais sur ses fondements, c’est à dire à la même place et avec la même direction Est-Ouest, fut élevé une autre maison, d’ailleurs nommée l’Hôpital.

D’après l’abbé Chérel, les archives de l’hôpital Saint-Jean furent transportées d’abord à Vannes puis à Paris aux archives nationales.

Les Revenus de l’Hospice.

Les revenus de l’hospice furent fluctuants mais toujours conséquents. Ainsi un minu de 1401 relatant les revenus et charges de la seigneurie de La Gacilly déclare « Sur c’est deu par chacun an au prioul de l’ospital de la Gazcilli par fondaesson ancienne, 9 livres et 23 mines de seigle de rente ». En 1465, « sur les moulins à blé, à draps et pescheries de La Gacilly, les moulins de la Bouère, de Duré et le moulin à vent de Mauvoisin sur lesquels on lève 9 mines de seigle pour l’aumônerie de Sainct Jean et Sainct Antoine de La Gacilly. » Pourquoi Saint-Antoine ?

En 1514, l’aumônier reçoit 9 livres, 10 sols et 5 deniers de rente avec les deux tiers de la dîme de la tenue de la Vieille Forêt en Saint-Martin-sur-Oust, une dîme des Fougerêts et du village de la Rougerie. Toujours en 1514, la seigneurie accorde 9 livres pour le pain fourni à l’Hôpital.

En 1516, une part importante des bénéfices ecclésiastiques des paroisses environnantes était octroyée à l’Hôpital. Ainsi la paroisse de Carentoir versait 18 livres, celle de Ruffiac, 14 livres et celle de Sixt-sur-Aff, 2 livres. Ce qui semble démontrer que l’Hôpital de La Gacilly était le seul existant au moins pour ces trois paroisses et devait recueillir les vieillards et les indigents de tous les environs. D’autres dotations venaient en supplément, si bien que le bénéfice ecclésiastique de cette aumônerie se présentait très avantageusement au début du XVI° siècle.

 

 

La Chapelle Saint-Jean

(Voir Religieux La Gacilly)

 

 

Jean III de Rieux-Rochefort.

Fils premier de Jean II de Rieux et de Jeanne de Rochefort, il devint baron d’Ancenis, vicomte de Donges, seigneur d’Elven, de Largouët…etc. Veuf en premières noces de Marie de Valois, il eut, par son remariage avec Béatrix de Montauban qui lui amena La Gacilly, une fille unique Marie de Rieux. Ainsi la seigneurie de La Gacilly passa des Montfort/Montauban qui la détenait depuis quatre siècles, aux de Rieux. Le 20 mars 1424, le duc Jean V émet un mandatement pour faire armer les communes de son duché, on peut y lire en particulier : « item au pays de Vennes et ezdits terrouers de Rieux, de Rochefort et de la Gassily, notre très chier et bien amé cousin et féal le sire de Rieux… ».

 

Marie de Rieux

Fille unique de Jean III de Rieux et de Béatrix de Montauban, celle-ci était devenue héritière de La Gacilly à la mort de son père, Guillaume III en 1432. Marie de Rieux , dame de La Gacilly, des Fougerêts et de Châteauneuf présente en cette qualité le minu de sa terre sur un parchemin de 3.3m de long qui commence ainsi : « Est le minu des héritages, rentes et revenus du terrouer de La Gacilly, cheues en rachapt à Monseigneur de Bretagne au baillage de Ploërmel par le décebs de dame Béatrix de Montauban, dame de Chasteauneuf et de la Gazcilli, quelle décebda le XXI° jour de janvier l’an mil quatre cens un, baillé au recepveur de Ploërmel par Jehan, sire de Rochefort et de Rieux, au nom et comme garde naturel et légitime administrateur de Marye, dame doudit lieu de la Gazcilli, fille du messire Jehan, sire de Rieux, fille et héritière de la dame Béatrix. Donné témoin le sceau de messire Pierre Eder à moy presté et mis à ces lettres, à ma requête, le 26° jour du mois de février 1401. »

Elle épouse, en 1426, Louis d’Amboise, vicomte de Thouars. Celui-ci eut un fils naturel qui entra dans les ordres sous le nom de Frère Gérard ; il était aussi connu sous le nom de « bastart de Thouars ». Marie de Rieux décéda le 28 janvier 1463.

Dans le contrat de mariage de Françoise d’Amboise et de Pierre II, il est indiqué que Marie de Rieux « advertye et conseiller par Pierre de Rochefort, mareschal de France et Michel de Rieux, oncles d’icelle damme, les sires de Malestroit, Jehan de Montauban, sieur de Kérenrais, le sire de Rostrenen et autres, ses cousins et parenz ».

 

 Françoise D’Amboise

 

Fille unique de Marie de Rieux et de Louis d’Amboise, née le 9 mai 1427, elle fut promise en mariage au prince Pierre de Bretagne, fils cadet du duc Jean V Le Sage par traité de 1431, elle n’avait alors que quatre ans ; elle passa alors sans doute à La Gacilly avec sa mère pour se rendre à Vannes pour la cérémonie des fiançailles. A cinq ans, elle déclare à la duchesse : « Monseigneur et vous et toute votre cour avez aujourd’hui reçu le corps de Notre-Seigneur et moi seule, faute d’âge, je suis privée de ce bien ». Une exception allait lui permettre de communierFille unique de Marie de Rieux et de Louis d’Amboise, née le 9 mai 1427, elle fut promise en mariage au prince Pierre de Bretagne, fils cadet du duc Jean V Le Sage par traité de 1431, elle n’avait alors que quatre ans ; elle passa alors sans doute à La Gacilly avec sa mère pour se rendre à Vannes pour la cérémonie des fiançailles. A cinq ans, elle déclare à la duchesse : « Monseigneur et vous et toute votre cour avez aujourd’hui reçu le corps de Notre-Seigneur et moi seule, faute d’âge, je suis privée de ce bien ». Une exception allait lui permettre de communier. Elle épouse le prince en 1445, à Vannes, à l’âge de dix-huit ans. Il était alors comte de Guingamp et habitait ce château. En 1449, Yves de Pontsal, évêque de Vannes reçoit une bulle papale érigeant Redon en évêché à la demande de François I°, duc de Bretagne ; ce nouvel évêché prenait au diocèse de Vannes : Redon, Bains-sur-Oust, Brain et Langon. Il englobait également des paroisses des diocèses de Nantes, Rennes et Saint-Malo. Sur les remontrances des évêques en place, le pape Nicolas V suspendit sa commission par un bref du 20 décembre 1449.

En juin 1449, Françoise d’Amboise fait une entrée solennelle au château de La Gacilly où elle est accueillie par le chatelain, messire Jean Houx. Pierre, son époux, avait deux frères : François l’aîné et Gilles. Celui-ci, entraîné par les Anglais, fut arrêté par le roi de France et emprisonné à Dinan parce que ses frères n’avaient pas voulu le faire même sur les conseils d’Arthur de Montauban. Pour obtenir sa liberté, les Anglais pillent la ville et le château de Fougères et Pierre est envoyé contre eux. Gilles, d’abord condamné à mourir de faim, puis par le poison, fut en fait étranglé. François, le frère aîné, duc de Bretagne, décède à Redon et est inhumé en l’abbaye Saint-Sauveur le 17 (ou 18) juillet 1450 ; Pierre devient alors duc de Bretagne. Par l’avènement de son époux au trône ducal de Bretagne sous le nom de Pierre II Le Simple, Françoise d’Amboise devient duchesse de Bretagne. Pour marquer cet événement, une grande fête a lieu au château de La Gacilly qui arbore la bannière ducale. D’après C. Floquet, le nouveau duc et son épouse séjournent fréquemment à La Gacilly. Messire Jean Houx, sur les ordres de la duchesse, fait construire près du pont, sur la rive droite de l’Aff et près de la fontaine Sainte-Julitte, des chaumières pour les pauvres de la seigneurie. De même, toujours sur les ordres de Françoise d’Amboise, la chapelle du château, devenue la chapelle tréviale « à peine âgée d’un siècle et demi, chancelait sous la main du temps et réclamait un accroissement pour sa nouvelle population chrétienne ; elle fut donc agrandie et consolidée ».

Beaucoup de témoignages concordent pour dire que Françoise d’Amboise avait un très grand goût pour les lévriers ; elle payait même Olivier Kerbonic pour en prendre soin. Les comptes de dépenses de Françoise d’Amboise dénotent une très grande bonté et une très grande générosité. En 1455, elle obtint du pape Calixte III une bulle l’autorisant à fonder à Nantes une communauté de l’ordre de Sainte Claire. En 1456, elle acquiert par acte du 23 mars, de François de Rieux, sire de Rieux et de Rochefort, la maison de Rochefort située à Nantes pour y établir ce couvent d’abord dirigé par des Pères Franciscains et où les Clarisses arrivèrent le 30 août 1457. Le temps qu’elle fut dans « le monde et sur le trône », elle possédait un « queurre », en fait un carrosse qui servit plus à ses amies ou dames qu’à elle-même ; elle l’envoyait souvent en Bretagne pour les y chercher lorsqu’elle était à Nantes.

Pierre de Bretagne transfère les Etats de Vannes à Rennes et, en compagnie de son épouse, assiste en l’église Saint-Pierre de Vannes, à la canonisation de Saint Vincent-Ferrier le 4 juin 1456 avec trois membres de la confrérie de Saint-Nicolas de La Gacilly. La duchesse reçut alors de l’évêque la ceinture du saint, son bonnet doctoral et l’un de ses doigts. Il fallut qu’on lui donnât une autorisation expresse d’accepter ces dépouilles vénérées qui effrayaient sa profonde piété. Elle s’empressa de les déposer dans des lieux saints, c’est la raison pour laquelle il est permis de penser que Françoise d’Amboise fut à l’origine de la chapelle Saint-Vincent à La Gacilly. Il a même été écrit qu’elle en posa la première pierre en 1458. Entre temps, le 22 septembre 1457, le duc Pierre II meurt au château de Nantes d’une sorte d’érysipèle charbonneux nommé alors la maladie des bras parce qu’elle attaquait d’abord cette partie du corps et que, progressivement, elle étouffait le malade. Son neveu, Arthur III, devient alors duc de Bretagne car Pierre et Françoise n’avait pas eu d’enfant. Françoise d’Amboise qui « avait en très grande affection la résidence du château de La Gacilly » continue à y effectuer des visites et même à y résider quelques jours. En 1461, elle se retire au château du Gâvre puis à celui de Rochefort. Le roi de France Louis XI désirant la voir, elle se rend à Nantes en passant par La Gacilly en 1462. Arrivant de nuit sur les bords de la Loire, les portes du château ne lui sont pas ouvertes. Le lendemain, à la sortie de l’église Notre-Dame, son oncle, le sire de Montauban, tente de l’enlever. Les habitants la délivrent et elle se réfugie chez « Guyolle, en la Grande-Rue, au carrefour du Pilori ». Elle devient héritière de la seigneurie de La Gacilly au décès de sa mère en 1463. Une déclaration du Dial, le journal du couvent des Couëts (où elle se retirera) « commencza cette année 1476, dès la venue de très-révérente et religieuse dame seur Françoise d’Amboyse, naguère duchesse de Bretagne, vicomtesse de Thouars, comtesse de Bénon, princesse de Talmont, dame d’Amboyse, de Maran, de la Gacille, Foulgeré…etc comme vraye héritière de feu monseigneur son père, monseigneur Loys d’Amboyse, viconte de Thouars et de feue madame sa mère, damme de la Gacille et de Foulgéré et maintenant ancelle de Jhesu Crit. ». Le Claire, dans la Châtellenie de La Gacilly, pense qu’il s’agit du Grand-Fougeray quand il est écrit Foulgéré.

 

Voici le minu que Françoise d’Amboise présenta en 1465 après le décès de sa mère :

minu que Françoise d’Amboise présenta en 1465 après le décès de sa mère : « Est le minu que rend haulte et puissante princesse, la duchesse Françoise à Pierre Avaleuc, recepveur de Ploërmel, des rentes et revenues de la terre et seigneurie de La Gacilly, tenue dudit lieu de Ploërmel qui sont cheues en rachapt par le debceix de dame Marie de Rieux, en son vivant vicomtesse de Thouars, dame de Foulgéré et dudit lieu de la Gazcilly, qui décebda le 28° jour de janvier l’an 1463, dont la dite duchesse est principale héritière, quand affin y celui recepveur en faire les levées, pour l’an dudit rachat anxin qu’il appartient« Est le minu que rend haulte et puissante princesse, la duchesse Françoise à Pierre Avaleuc, recepveur de Ploërmel, des rentes et revenues de la terre et seigneurie de La Gacilly, tenue dudit lieu de Ploërmel qui sont cheues en rachapt par le debceix de dame Marie de Rieux, en son vivant vicomtesse de Thouars, dame de Foulgéré et dudit lieu de la Gazcilly, qui décebda le 28° jour de janvier l’an 1463, dont la dite duchesse est principale héritière, quand affin y celui recepveur en faire les levées, pour l’an dudit rachat anxin qu’il appartient. O protestation qu’a fait laditte duchesse d’augmenter ou diminuer en ce présent minu, ainsain que de resson apartiendra ès fais, et quand il sera avissé par son conseil, et autrement que faire le doye, la déclaration du quel minu en suit…à la requeste par la duchesse faicte à nous notaires de la cour de Vennes de signer et passer le minu cy devant, le 27 janvier 1465, au Bondon, près Vennes. Signé : Gicquel et Faval ». Ce minu indique, parmi d’autres biens, le château de La Gacilly avec ses : « murs, murailles, clostures, douves, basse-court, avecques une maison scise en la basse-court du dit château, o leurs rues et appartenances, estant à présent inhabité, devoirs de guet, gardes et autres prérogatives y appartenir effois à présent et quand qu’il sera en réparation, contenant environ quatre journaux de terre rejoignant d’une part au grand chemin allant du dit lieu de La Gacilly à Carentoir et d’autre à Jehan Rebuffé, et d’un côté à terre à Jean Guéhenneuc et d’autre côté à terre à Guillaume Bruc. » Avec le terme « inhabité », Le Claire en a déduit que le château était abandonné ce qui n’est sans doute pas juste car le terme « inhabité » voulait simplement dire que Françoise d’Amboise n’y résidait pas en 1465, date du minu, puisqu’elle venait de se retirer au couvent Sainte-Claire à Nantes où elle se fit religieuse carmélite le 25 mars 1469, mais elle avait bien l’intention de le faire réparer, ne serait-ce que pour assurer le logement à son chatelain, Jean du Houx.

 

La duchesse Françoise d’Amboise ne garde que peu de temps sa terre de La Gacilly puisqu’elle la vend en 1466 à Marie de Montauban, sa cousine, veuve de Louis de Rohan (qui suit). Elle fonde le monastère des Trois-Maries au Bondon près de Vannes qu’elle inaugure en 1472 et où elle rentrera par la suite ; quelques années plus tard, elle en devient prieure. En 1476, elle est transférée sur ordre du pape et à la prière du duc de Bretagne François II, au monastère de Notre-Dame des Couets à Bouguenais près de Nantes où elle prend le nom de Sœur Françoise. Elle y décède le 28 octobre 1485, le samedi avant la Toussaint ; elle rendit son âme à Dieu à l’heure où Jésus Christ mourut sur la croix. Elle sera inhumée le vendredi 4 novembre Le châtelain du château, Jean Houx, la suit dans la tombe à la fin de la même année.

 

Elle sera béatifiée en 1866. Elle ne fut jamais canonisée et est donc toujours restée bienheureuse.

 

 

Pierre de Rohan

= Pierre de Rohan, dit le maréchal de Gié, né au château de Mortiercrolles à Saint-Quentin-les-Anges en 1451 mort à Seiches-sur-le-Loir le 22 avril 1513, est un homme politique et un militaire français, maréchal de France, et l'un des proches conseillers des rois Louis XI, Charles VIII et Louis XII.Pierre de Rohan, dit le maréchal de Gié, né au château de Mortiercrolles à Saint-Quentin-les-Anges en 1451 mort à Seiches-sur-le-Loir le 22 avril 1513, est un homme politique et un militaire français, maréchal de France, et l'un des proches conseillers des rois Louis XI, Charles VIII et Louis XII.

Issu de la famille de Rohan-Guéméné, il est par héritage seigneur de Gié ; puis vicomte de Fronsac1 par son premier mariage ; il reçoit en 1476-1477 par don de Louis XI : le comté de Porcien2 et les seigneuries d'Avesnes, Rozoy, Montcornet, Croÿ, Renty, Bar-sur-Aube, saisis sur Antoine et son fils Philippe de Croÿ pro-Bourguignons, Philippe étant de surcroît le gendre de Louis de Luxembourg ci-après ; plus les seigneuries de Vire et Fontenay-le-Comte ; plus le comté de Marle et les seigneuries de Ham, Beauvoir, Bohain, Oisy, saisis sur le connétable Louis de Luxembourg-St-Pol accusé de trahison ; châtelain de Baugé par don de Louis XII en 1513 ; enfin, par son deuxième mariage, il est comte de Guise de 1503 à 1504. À part Gyé, ces fiefs ne resteront pas dans sa famille.

Son enfance

Pierre de Rohan est le cadet de la famille de Rohan-Guéméné, elle-même branche cadette des Rohan en Bretagne. Fils de Louis Ier de Rohan-Guéméné et de Marie de Montauban, il descend ainsi de deux des plus anciennes et des plus puissantes maisons du royaume. Par sa mère, Marie de Montauban, petite-fille de Bonne Visconti, proche parente d'Isabeau de Bavière, il est petit-fils de l’Amiral de Montauban, collaborateur et ami de Louis XI. Par son père, il est apparenté à Du Guesclin. Sa famille est en disgrâce à l'avènement de Pierre II de Bretagne pour avoir trempé dans l'assassinat de Gilles de Bretagne, frère du duc. C'est la raison de sa naissance hors de Bretagne.

En 1457, sa mère empoisonne son père qui meurt laissant un testament dans lequel il refuse à sa femme la tutelle de leurs enfants. Pierre de Rohan a alors pour tuteur Tanneguy du Chastel. Marie de Montauban échappe à la justice, se remarie avec Georges de La Trémoille, seigneur de Craon, mais elle meurt emprisonnée en 1476.

Au service de Louis XI

Il est élevé en France, à partir de 1461, par Jean de Montauban son aïeul maternel, amiral de France qui l'introduit à la cour de Louis XI. Après la mort de son tuteur en mai ou juin 1466, Louis XI conserve à sa cour ce jeune homme, qui, grâce à cette protection, se trouve en 1472 conseiller et chambellan du roi et capitaine de Blois, à l'âge de seulement 21 ans4. Le roi, dont il se révèlera être un fidèle indéfectible, lui restitue la seigneurie familiale de Gié en Champagne, spoliée par le chancelier Rolin, et il ajoute ce nom à celui des Rohan.

Il participe aux sièges de Lectoure et de Perpignan à la tête d'une compagnie de 40 lances. En 1474, il est ambassadeur chargé de faire ratifier la paix par le duc de Bretagne François II. Afin de le récompenser, Louis XI le fait en 1474 chevalier de l'ordre de Saint-Michel, capitaine de l'ordonnance en 1475 et le nomme maréchal de France le 11 octobre 1476.

À la suite de la signature du traité de Picquigny qui, en août 1475, met un terme définitif à la guerre de Cent Ans, en octobre 1475, le maréchal de Gié participe à la signature du traité de Senlis qui rétablit la paix avec la Bretagne à l'abbaye de la Victoire, dont il signe les 9e et 16e des lettres patentes royales avec le roi.

Il continue de donner des preuves de sa fidélité et de dévouement qui confortent Louis XI dans la confiance qu'il lui accorde. Il se voit confier la direction d'une campagne militaire en Flandre en 1479, et avec 800 hommes il reprend toutes les places dont Maximilien d'Autriche s'était emparé précédemment.

Avec Charles d'Amboise, son frère l'évêque d'Albi et Jean Daillon, il est l'un des quatre membre du conseil qui gouvernent l’État pendant la maladie du roi aux Forges-lèz-Chinon en 1479. En 1482, il assiège Aire avec succès. Lorsque Louis XI exécute son testament politique au château d'Amboise le 21 septembre 1482, Gié figure au troisième rang parmi les conseillers du roi qui le signent.

 

Sous Charles VIII et Louis XII

Il assiste au sacre de Charles VIII le 30 mai 1484 en portant l'épée royale. Membre du conseil de régence12, il y joue un rôle important13 et combat avec succès en 1487 le duc de Gueldre et le comte de Nassau ; le roi lui confie ensuite la garde des frontières de Picardie. Il accompagne le roi à la conquête du royaume de Naples.

En 1489, il est nommé lieutenant général de Guyenne, puis en 1491 lieutenant général de Bretagne sous le gouverneur prince d'Orange.

En 1491, il reconstruit le château de la Motte-Glain, sur les marches de Bretagne. Il accompagne Charles VIII à Naples en 1494. Commandant de l’avant-garde à la bataille de Fornoue le 8 juillet 1495, il conclut une trêve avec les Vénitiens14.

C’est lui qui conduit du secours à Louis XII, alors duc d'Orléans, assiégé dans Novare, d'où il parvient à le délivrer ; il devient par la suite chef du conseil du roi.

À l'avènement de Louis XII, en 1498, son crédit augmente. Il l’accompagne en Italie en 1499, et est à ses côtés lors de l’entrée solennelle que ce prince fait à Gênes le 26 avril 1502. Il partage le pouvoir avec le cardinal d'Amboise.

Mortiercrolles

Il rebâtit en 1500 le château de Mortiercrolles et établit dans son domaine le couvent franciscain de Notre-Dame des Anges. Il est très aimé du monarque qui le fait lieutenant-général en Bretagne et chef du Conseil. Veuf en 1497, Pierre épouse en 1503 la fille du duc Jacques de Nemours-Armagnac, Marguerite, héritière de l'Armagnac et fait épouser Charlotte, sœur de Marguerite, à son fils aîné. Les deux sœurs meurent en 1503 et 1504. En 1502 il se fait commander un David de bronze à Michel-Ange15,16, œuvre qu'il n'obtiendra jamais étant tombé en disgrâce avant.

 

La disgrâce

À la suite de l'union de Louis XII avec Anne de Bretagne, deux factions s'opposent sur la stratégie d'alliance matrimoniales concernant Claude, la fille du couple royal : d'une part, Anne de Bretagne, soutenue par le cardinal d'Amboise, préconise une union avec le jeune Charles de Gand, héritier présomptif des Habsbourg, de Philippe le Beau, d'Isabelle la Catholique et de Ferdinand d'Aragon ; d'autre part le maréchal de Gié préconise une union avec le jeune François de Valois-Angoulême, redoutant l'encerclement du Royaume de France en cas d'alliance avec Charles. Cette opposition avec le cardinal d'Amboise et des difficultés avec le Parlement de Paris conduisent en 1504 à une machination consistant à s'attaquer à un proche du maréchal, Olivier de Coëtmen, grand maître de Bretagne, que Pierre de Pontbriand accuse auprès du roi, avant de se rétracter.

Mais une coalition de divers ennemis de Gié, au nombre desquels le cardinal d'Amboise, Louise de Savoie et surtout Anne de Bretagne - qui ne lui pardonnait pas d'avoir fait arrêter les bateaux chargés d'effets précieux qu'elle envoyait à Nantes et dont Gié contrecarrait les velléités d'union de Claude avec les Habsbourg - obtient que les accusations de lèse-majesté soit examinées par une commission.

Un procès se tient au Parlement de Toulouse, qui est éloigné de Paris et de la Bretagne et passe pour plus sourcilleux sur les accusations de lèse-majesté. Après plusieurs semaines de procès, le Parlement de Toulouse ne retient pas l'accusation de lèse-majesté et Gié n'est condamné le 9 février 1506 - pour des motifs forts vagues - qu'à la privation de l'exercice de certaines de ses fonctions et commandements ainsi qu'à une amende relativement modeste, à la suspension de son titre de maréchal pour cinq ans et, pour la même durée, à un bannissement de la Cour « de dix lieues, sur peine de confiscation de corps et biens ». On lui retire en outre « le gouvernement et la garde du duc de Valois », le futur François Ier, qu'il assure depuis plusieurs années.

Espérant vraisemblablement un verdict plus sévère, Anne de Bretagne insiste pour que le verdict soit publié et lu un peu partout dans le Royaume mais ce sont paradoxalement les options d'alliances matrimoniales du maréchal qui triomphent lorsque Louis XII marie Claude avec François de Valois-Angoulême.

Gié se retire dans son château de Sainte-Croix du Verger à Seiches-sur-le-Loir en Anjou où il meurt le 22 avril 1513, « au moment où la politique qu'il avait longtemps préconisée recevait en quelque sorte une consécration définitive ». Il est inhumé dans l'église qu'il a fait construire à Sainte-Croix.

 

 

Jean de Couëdor.

En 1581, avec son épouse Renée du Quengo, ils sont propriétaires de la châtellenie de La Gacilly. Il était le fils de René du Couëdor et de Jeanne Le Jeune. Jean du Couëdor est un ligueur déterminé et il a embrassé le parti du duc de Mercoeur ; pour entretenir des troupes, basées au château des Basses-Bouëxières et commandées par le capitaine Blaise, qui protégeaient le pays contre les armées royales et attaquaient vigoureusement celles-ci, il effectue des dépenses considérables, en 1591. Jean de Couëdor, quant à lui, habitait Paris. N’ayant pas pu payer les dettes qu’il avait contractées, la saisie fut mise sur ses terres de La Gacilly et des Bouëxières, par ordre et à la requête de M. François Costeblanche, sieur de Lisle, marchand bourgeois de Paris qui lui avait avancé de l’argent. En vertu d’un jugement rendu par le présidial de Vannes le 14 avril 1595, la saisie fut prononcée contre les sieur et dame de La Gacilly, des Bouëxières et du Bois-Glé « avec ordre à l’huissier de faire afficher soit au chasteau des Basses- Bouëxières ou au bourg paroissial de Carentoir, ou autres lieux ou autres paroisses sur lesquelles sont situés lesdits héritages, d’autant que le sieur du Bois-Glé tient forte garnison de gens de guerre au dict chasteau des Basses-Bouëxières, au moyen desquels, qui sont journellement sur les champs et par les dictes paroisses, il (l’huissier) ne pourrait trouver aulcunes sergeances qui voulussent entreprendre de faire les dictes affiches ». Par la même sentence, le tribunal ordonnait de les poser « contre la principale porte de l’église baptismale de la ville de La Gacilly et contre la porte de l’auditoire du même lieu ». Elles y furent apposées ainsi qu’au poteau de la Halle le 23 avril 1596. Quelques mois auparavant la vente avait eu lieu et ce fut François de Talhouët, seigneur de la Ville-Quéno, gouverneur de Redon, qui acheta, par acte du 23 février 1596, la terre et seigneurie de La Gacilly. Jean du Houx devint propriétaire du château des Basses-Bouëxières soit par succession de sa mère, soit par achat lors de la saisie de Jean de Couëdor. Ce Jean du Houx épousa Françoise de Sécillon puis Jeanne de Forges, dame de la Bouère en La Gacilly. Il mourut le 5 novembre 1645. Jean de Couëdor, quant à lui, mourut en 1607 laissant une fille Marie qui vendit le Bois-Glé en 1637 à Hélène du Val, épouse de Jean de Marnière

 

 

Jean du Houx.

 Fils de Jean du Houx et de Françoise de Sécillon, il devient chevalier du roi et épouse Anne Huchet de la Bédoyère, fille de Gilles Huchet de la Bédoyère et de Louise Barrin ; par ce mariage, Anne Huchet de la Bédoyère devient dame de La Gacilly, lui étant seigneur. C’est alors que le château de La Gacilly prit le nom de Château du Houx ce qui prouve que les nouveaux propriétaires l’habitèrent sûrement pendant un certain temps. Ce château du Houx n’était évidemment pas l’ancien château fort détruit depuis deux siècles dont les ruines amoncelées formaient une butte de pierres et de terre couverte de ronces et d’épines, mais le petit château construit à une époque inconnue par un des seigneurs devant et au Nord de l’ancienne forteresse des Montauban et dont les minus et les aveux font mention jusqu’à la fin du XVII° siècle et même plus tard.

Au décès de Françoise de Sécillon, Jean du Houx père épousa en deuxièmes noces Jeanne de Forges de la Bouère. Jean du Houx fils présenta le minu de sa terre des Bouëxières au receveur de Ploërmel et lui fit aveu le 22 mai 1646 ; l’acte fut rédigé au château des Bouëxières et signé Jean du Houx, Bouillard, Daniel et Damours, notaires. Jean du Houx et son épouse, Anne Huchet de la Bédoyère, firent du château des Bouëxières leur demeure principale. En 1652, elle fut marraine à La Gacilly ; elle décéda sans doute en 1668 en donnant le jour à une fille Angélique. Inhumée à La Gacilly, cette cérémonie figure au registre des inhumations. Jean du Houx, quant à lui, mourut au Plessis de Saint-Dolay le 23 novembre 1672 après avoir épousé en secondes noces Sébastienne de la Tronchaye le 3 janvier de la même année. De son mariage avec Anne Huchet de la Bédoyère, Jean du Houx avait eu trois enfants :

 

  1. Gilles du Houx né le 7 juillet 1662 (qui suit).
  2. Marie-Anne du Houx nommée le 20 juillet 1666 par Gilles du Houx, son frère, et Marie-Anne Huchet de la Bédoyère, dame de Kerbiguet, femme de René de Servaude.
  3. Angélique du Houx

 

Yves-Marie de la Bourdonnaye.

 

Conseiller d’Etat, maître des requêtes, intendant d’Orléans et vicomte de Couëtion, devenu propriétaire de La Gacilly, des Haute et Basse Bouëxières, Yves-Marie de la Bourdonnaye, chef du nom et d’armes, songe à réunir ses quatre terres sous un seul fief et à lui donner le titre de la Bourdonnaye. La seigneurie de Couëtion, une des plus anciennes terres de la famille de la Bourdonnaye fut érigée à la vicomté en avril 1650 par lettres patentes du roi, enregistrées à la Chambre des Comptes de Bretagne le 17 septembre 1656 avec tous droits de justice et de marché au bourg de Ruffiac. Elle comprenait les seigneuries annexes de Couëtion : la Salle, le Bézic, la Hunelaie, la Frolaie, les Bouëxières, La Gacilly, Montauban, la Chapelle à Quintin, la Guichardaye, Bodel, Saint-Laurent, Launay, la Houssaye, Ruffort, la Villéan, le Bois-Bic, la Marche avec leurs juridictions et dépendances. Par ces mêmes lettres, le roi reconnaissait, au sieur de Couëtion, le titre de vicomte avec le droit de haute, moyenne et basse justice avec juridiction s’exerçant le mardi au bourg de Ruffiac avec foires et marchés audit bourg, aussi bien que l’aveu de la vicomté au roi.

Pour parvenir à créer son marquisat, Yves-Marie de la Bourdonnaye fournit le 28 février 1706 une déclaration où il dit que « le roi Louis XIV par lettres patentes du mois d’avril 1650 avait érigé en vicomté la terre et seigneurie de Couëtion en faveur de Louis de la Bourdonnaye, conseiller au Parlement de Bretagne, en considération des services rendus par ses ancêtres tant dans la robe que dans l’épée ; que les terres de La Gacilly et des Bouëxières étaient contiguës à celles de Couëtion ; que ces deux terres étaient très considérables ; que La Gacilly avait été possédée par d’illustres familles et jouissait de droits féodaux très remarquables ; qu’il y avait, à la Basse-Bouëxière, un ancien château-fort entouré de douves sèches, quatre tours, deux ponts-levis, un parc fermé de murailles, grand bois, colombier, moulins à eau et à vent….etc. ; que ces trois terres réunies jouissaient d’un revenu considérable qui mettait le propriétaire en état de soutenir le titre et la dignité de marquis. En conséquence, il suppliait très humblement le roy de les unir dans un seul et même corps, sous le nom et titre de marquisat de la Bourdonnaye, avec condition que le chasteau des Bouëxières porterait à l’advenir le nom de la Bourdonnaye ».

Cette requête fut favorablement accueillie par le jeune roi Louis XV qui, par ses lettres patentes du mois de février 1717 données à Tours, signées de lui et du duc d’Orléans régent, scellées du grand sceau de cire verte sur liens de cire rouge et verte unit les trois seigneuries de Couëtion, La Gacilly et les Bouëxières sous le nom de marquisat de la Bourdonnaye. Ledit marquisat s’étendait alors à seize paroisses ou clochers.

Les lettres royales furent communiquées au procureur général du roi, pour ses conclusions, après arrêt du Parlement en date du 20 juillet 1717. Le lendemain, le Parlement en ordonna la lecture au prône des grand-messes dans toutes les paroisses où étaient situées les terres en question et aux marchés des villes voisines. Elles furent lues et publiées à Caro, Ruffiac, Missiriac, Réminiac, Augan, Guer, Sixt-sur-Aff, Saint-Laurent de Grée-Neuve, Saint-Congard, Saint-Martin-sur-Oust, Glénac, Tréal, Les Fougerêts, Carentoir, trois dimanches consécutifs, les 26 septembre, 3 et 10 octobre de la même année et au marché de la ville de Ploërmel, le 12 octobre. Il n’y eut de réclamation que de la part de messire Anne-Bretagne de Lannion, baron de Malestroit qui voulait ainsi sauvegarder les droits de sa baronnie à cause de ses fiefs compris dans le marquisat. Cette réclamation fut annoncée au marché de Ploërmel mais la cour passa outre et, sur nouvelle requête de Yves-Marie de la Bourdonnaye, elle ordonna, par arrêt du 16 décembre 1717, l’enregistrement des lettres royales. Les mêmes lettres furent enregistrées à la Cour des Comptes de Nantes le 7 janvier 1718.

Par ces lettres, il était permis à M. de la Bourdonnaye de prendre le titre de marquis, de le transmettre à ses enfants « pleinement, paisiblement, perpétuellement » et de jouir des prérogatives attachées à son titre. Il y était aussi spécifié « qu’à défaut d’hoirs masles en légitime mariage, ledit marquisat, par grâce spéciale, ne serait pas réuni au domaine royal ». Le marquis de la Bourdonnaye fixa le siège de sa haute, moyenne et basse justice au château de la Bourdonnaye, mais il garda, pour La Gacilly, le poteau de justice et les fourches patibulaires de la Grée Saint-Jean où le jugement s’exécutait lorsqu’il y allait de la vie du coupable ou seulement d’une peine infamante. Le sénéchal et les officiers seigneuriaux du marquisat résidèrent à La Gacilly d’où ils dataient leurs actes. C’est lui qui fit paver les rues de La Gacilly, construisit la prison et la maison près des halles qui servit « à serrer la dîme du seigneur ». C’est lui aussi qui fit faire d’importantes réparations au pont sur l’Aff. Il pensa même un moment à la réédification du château.

Yves-Marie de la Bourdonnaye mourut le 28 août 1726 et fut enterré dans la chapelle de Blossac. Il avait épousé Catherine de Ribeyre dont il eut un fils, Louis-François de la Bourdonnaye.

 

C’est alors que disparut le titre de seigneur de La Gacilly.

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