index, histoire de la Gacilly des origines au XXème siècleDIFFERENTES ORTHOGRAPHES DU NOM :  " LA GACILLY », ETYMOLOGIE, GEOLOGIE, FORMATION DU SOL GACILIEN, PREHISTOIRE, PALEOLITHIQUE, MESOLITHIQUE, LE NEOLITHIQUE, Le Menhir de la Roche Piquée, Le Dolmen des Tablettes de Cournon, L’Allée Couverte de Sigré, L’HYDROGRAPHIE, L’AFFPremiers Habitants Gaciliens, Voies Anciennes, Voies Romaines, Lieux Habités Anciens, L’Oppidum de La Bergerie, CROISSANCE DE LA VILLE, La Gacilly au XII° Siècle, Le Donjon, Les Templiers ,La Gacilly au XIII° Siècle , Château Fort Gacilien, Histoire du Château, La Gacilly au XV°Siècle, « Ville » de La Gacilly , Dames et Seigneurs de La GacillyBUHAN, BEL-ORIENT,  BROHEAS, DRAMELS, GAZEAU, GRASLIA, HAUDIART, HUNO, L’HOTEL SERO, LA  CORBLAIE, LA  HAUTE BARDAYE, LA BASSE-COUR ; BEAUSEJOUR, LA BOUERE, LA BOUERE, LA CROIX-ELVEN, LA GAZAIE, LA GLOUZIE, LA GOURGANDAIE, LA MANDRAIE, LA NAVETTERIE, LA HAUTE  PROVOSTAIS, LA BASSE PROVOSTAIS, LA ROCHE GESTIN ,LA SAUDRAIE, LA VILLE AUX AINES, LA VILLE D’AVAL, LA VILLE JARNIER ,LA VILLE ORION, LA VILLIO, LA VILLOUËT, LAULOYER, LE CHATELIER, LE CHENE, LE LAURIER VERT, LE LIEUVY, LE PALIS PERCE., LE PATIS, LE PETIT-MABIO, LE TAY, LES VILLES GEFFS, MABIO ROQUENNERIE ,SAINT-ANDRE ,SAINT-JUGON, TALHUARTLe Château Fort Gacilien, les seigneuries, les maisons nobles, les rues, les lignolets, les niches à vierge, Les soues, les palissades, les moulins, les ponts, les fontaines, les puits, les polissoirsCommerce, Les Halles, Les Foires Gaciliennes, Les Métiers Gaciliens, Constructions Hôtel de Ville, Place du Champ de Foire, Aff Canalisée, Bureau de Poste, éclairage de La Gacilly, Transport, Les Routes, Chemin de Fer, Enseignement, Sapeurs-Pompiers, les Rues, Personnalités Gaciliennesprincipal= REVOLUTION -LA CHOUANNERIE A LA GACILLY
Secondaire=Révolte Paysanne, Création du Département, Création de la Commune de La Gacilly, Création du Canton de La Gacilly,  La Chouannerie, La guillotomanie fait des ravages,La Chouannerie racontée par un Gacilien, Personnalités de la révolution ,Louis-Charles-René De Sol de Grisolles, Joseph Marie Seguin, Mathurin Robert,  Pierre Chevalier
Organisation Religieuse, Chapellenies, Chapelles, Eglise St Nicolas, Saint Nicolas, Bienheureux Jugon, Les Croix, ClergéLes Gendarmes, affaire CLAIRO, Gendarmes ayant exercé à La Gacilly, Les Prisons Gaciliennes, Construction de la Gendarmerie, Bagnards Gaciliens , Campagne Napoléoniennes, Guerre de 1870, -Guerre de 1914-1918Diaporama de la Gacilly vers 1900 en cartes postales et commentaires,Film sur les festivités autrefois à La GacillyLiens web
Contact

 

vie du clergé et des eglises, construction des eglises

Chronologie de la construction ,1837 première allusion à la construction par le maire Mathurin Robert, 1844 : premiers travaux, architecte M. Charier, 1845 : achèvement des murs, 1846 : achèvement de la couverture, 1853 : plafonnage du chœur et de la nef, 1859 : bénédiction de l’église

 

VIE RELIGIEUSE

La conquête romaine fut pour la Gaule le commencement d’une immense révolution sociale et religieuse et l’influence romaine produisit une grave altération dans la manifestation du culte gaulois sans cependant arriver à le faire disparaître. Les prêtres continuèrent à sacrifier les victimes, cueillir le gui des chênes et rendre la justice mais les druides perdirent leur pouvoir civil ; le jugement des procès et le monopole de l’enseignement leur furent graduellement enlevés par les conquérants. Ils perdirent même une partie de leur pouvoir religieux : la religion druidique est interdite à ceux des Gaulois qui devenaient citoyens romains ; les sacrifices humains même volontaires sont interdits. Tout en persécutant les prêtres, les conquérants cherchaient à gagner le peuple et à lui ménager une transition facile au polythéisme en assimilant, par exemple, les dieux gaulois aux dieux romains et à confondre ainsi les deux religions : Teutatès devient Mercure, Bélen devient Apollon et Camul devient Mars. Un autre moyen utilisé fut l’appât des honneurs et des emplois. Enfin le polythéisme romain était beaucoup moins contraignant que le druidisme. Les habitants des villes adoptèrent facilement et rapidement les pratiques religieuses romaines et même leurs coutumes. Par contre, les régions rurales se montrèrent réfractaires aux nouveautés importées. Ce fut le cas de la péninsule armoricaine qui échappa à l’assimilation gréco-latine ; tributaire indocile, elle ne paraît jamais avoir renoncé à sa nationalité ce qui explique la rareté des monuments romains en Bretagne (Pluherlin, Plaudren, Langon et la vénus de Quinipily à Baud). Si cette pénurie de monuments religieux romains est due aux ravages du temps en Bretagne, elle est aussi due aux ravages des hommes. De toute façon, il est sûr que le polythéisme romain a été incomparablement moins étendu en Armorique que le druidisme indigène.

La mythologie romaine, avec l’innombrable foule des dieux et des demi-dieux, avec des doctrines plus que douteuses et le résultat pratique de ces doctrines amena une véritable gangrène qui rongeait la société païenne et que les premiers missionnaires s’efforcèrent de guérir par leurs prédications, leur abnégation et même leurs sacrifices.

Débuts du Christianisme

Dans le pays de Vannes, comme dans le reste de la Gaule, au moment où le christianisme fait son apparition, deux religions se trouvent en présence : le druidisme indigène et le polythéisme romain. Après la Pentecôte, les apôtres prêchèrent la bonne parole d’abord aux Juifs et aux Gentils puis, vers l’an 35 de l’ère actuelle, ils se dispersèrent pour annoncer la bonne nouvelle en Asie, en Afrique puis en Europe. En l’an 42, Pierre, le chef du collège apostolique, quitte Antioche et vient se fixer à Rome. Il commence par envoyer des missionnaires-évêques en Gaule comme Martial à Limoges, Saturnin à Toulouse et Front à Périgueux. Saint Clément, second successeur de Saint Pierre, en l’an 68, continue d’envoyer de nouveaux missionnaires comme Denis à Paris, Julien au Mans et aussi Clair à Nantes, un romain d’origine.

Celui-ci, à son arrivée, fixe son siège à Nantes. Sacré évêque en l’an 69, il envoie son diacre Adéodatus prêcher « les Vennetois et ceux de Cornouaille ». La tâche étant rude, le diacre supplie son évêque de venir en voyage à Vannes. Clair se décide et, en prêchant, va jusqu’au Cap Sizun. Pendant 26 ans, il parcourt l’Armorique dans tous les sens. Au cours de ses pérégrinations, Clair est-il passé à La Gacilly ? Certains le pensent mais les preuves font défaut. Par contre, une chapelle Saint-Clair rappelle son passage à Limerzel. Après sa mort en 96, et à cause des persécutions romaines, il n’aura de successeur qu’au début du III° siècle. C’est également la raison pour laquelle aucun fait religieux n’est relaté dans notre région pendant plus de deux cents ans. Ce n’est qu’en 313 avec l’arrivée, comme maître de l’Occident, de Constantin que la liberté fut redonnée au christianisme. De nouveaux évêques sont alors nommés, comme Saint Martin à Tours et Saint Patern à Vannes, en 465 ; il est gallo-romain (Patern n’est pas un nom breton) L’évêché comprenait six doyennés dont Carentoir et quatre territoires (Vannes, Redon, Rieux, Belle-Ile). Il couvrait pratiquement la Civitates des Vénètes. A l’Est, la frontière avec les Namnètes était la Vilaine et donc Bains-sur-Oust, Redon, Renac et Sixt-sur-Aff faisaient partie de l’évêché de Vannes ainsi que Langon ; la frontière avec l’évêché de Saint-Malo passait d’ailleurs entre ce Plou et Saint-Ganton à Port de Roche ; à l’Ouest, l’Ellée constituait la frontière et, au Sud, c’était la mer ; l’immense forêt qui couvrait le centre de l’Armorique et l’Oust constituaient la limite Nord de ce territoire épiscopal. L’évêque était alors choisi par le suffrage du clergé et du peuple sans nulle autre considération que celle du mérite personnel.

A la fin du VIII° siècle, lorsque Charlemagne soumet la Bretagne, il impose la liturgie romaine. Jusqu’alors, en effet, les Bretons avaient eu leurs offices, leurs missels, leurs chants et leurs usages, assez différents du rit romain. Ils avaient importé leur liturgie de la Bretagne insulaire. Un rapport consigné dans les actes de Saint Léry montre, au début du IX° siècle, un enterrement fait conformément à l’ordre romain. L’introduction de la liturgie romaine ne rendit pas les Bretons plus dociles aux Francs. Ils reprirent les armes et une révolte générale éclata en 809, en particulier dans le diocèse de Vannes avec le prince Jarnhitin, le machtiern de Ruffiac, Pleucadeuc et Carentoir.

 

Organisation Religieuse

 

A cette époque, la société chrétienne comprend:

Le clergé

Composé de l’évêque, des prêtres, des diacres et des clercs mineurs (acolytes, exorcistes, lecteurs, portiers, chantres). Cette hiérarchie remonte à Jésus-Christ lui-même. L’évêque préside à la célébration des offices dans l’église cathédrale, à l’administration des sacrements, à l’application de la pénitence publique, à l’instruction des jeunes clercs et du peuple chrétien, au soin des pauvres et des orphelins, aux jugements des clercs et des fidèles. Un peu plus tard, lorsque l’évêque est empêché d’exercer pour un motif sérieux (maladie, voyage), il est suppléé par un archiprêtre, un archidiacre et un pénitencier. Tous les ecclésiastiques vivent en communauté dans la ville épiscopale. Plus tard, la séparation se fit entre les étudiants ecclésiastiques réunis dans les séminaires et les autres qui formèrent le chapitre. Au V° siècle, certains prêtres furent délégués dans les campagnes et commencèrent à s’y fixer ; certains disent que ce fut l’origine des plou et donc des paroisses.

 

Les moines.

Saint Martin innova avec la construction de deux monastères et il fit des émules. Les moines se distinguent des fidèles par la tonsure et des vêtements noirs. Ils ne font pas partie du clergé. Plus tard, ils comprendront des prêtres dans leurs rangs. Quant aux religieuses, les unes restent dans le monde et prennent un vêtement brun, les autres reçoivent un voile béni par l’évêque, vivent en communauté sous la direction d’une abbesse et se chargent de l’éducation des jeunes filles.

Le peuple chrétien ou laïcs

comprenait les catéchumènes se préparant au baptême et les fidèles ; ces derniers communiaient, au V° siècle, sous les deux espèces, le calice étant porté par un diacre. Au peuple chrétien, il faut ajouter les pénitents qui, pour faute grave, sont privés de communion et exclus de l’assemblée des fidèles. Le christianisme progressa très rapidement dans les siècles qui suivirent et la liste des saints devint conséquente. Il faut dire qu’alors l’église romaine ne s’était point encore réservé le droit de canoniser les saints mais laissait ce soin aux évêques des lieux et à la piété des peuples, témoins des miracles opérés par eux.

 

Organisation Territoriale

Le Piou

Le cadre de la vie religieuse et sociale est le PLEBS (PLEBE en latin) qui a donné PLOU en breton puis PLU comme dans Plumelec ou Pluherlin ou encore Pleucadeuc.

C’est en fait la paroisse primitive mais beaucoup plus grande que la paroisse d’aujourd’hui car ces Plou seront divisés par la suite en paroisse principale et en trêves ou fillettes, chacune pouvant devenir une commune à la Révolution. La trève, une institution propre à la Bretagne, toujours pourvue d’une église ou d’une chapelle, n’existait que dans une paroisse très étendue. Elle était une annexe, une succursale plutôt qu’une division. Elle avait des droits spéciaux pour faciliter l’exercice du culte mais elle gardait toujours des liens liturgiques avec son église mère. A sa tête il y avait un curé.

Les Plou très importants étaient aussi appelés CONDITA ou CONDITA PLEBS. C’était le cas de Carentoir qui, dans le Cartulaire, est dénommé « Condita Plebs Carantoer ». Ces Condita Plebs furent les premiers à posséder une église en pierre au XI° siècle. Parfois, mais très rarement, il pouvait s’agir d’une partie importante d’un Plou, ainsi Tréal est appelé « Condita Villa

L’origine du Plou a été très discutée ; il semble cependant qu’au moment de l’émigration bretonne, au V° siècle, les premiers prêtres aient pris en charge des groupes de chrétiens, des clans, sans trop se soucier de respecter un territoire quelconque de telle sorte que les limites des Plou restèrent longtemps incertaines. Erwan Vallerie dans « Communes Bretonnes » précise que les paroisses primitives ont été créées par des prêtres missionnaires qui s’attribuaient un territoire assez vaste pour comprendre une population suffisante mais assez limitée pour ne pas excéder les possibilités physiques du prêtre. » Même au début du X° siècle, les Plou ne sont pas tous desservis par des prêtres mais assez souvent par des moines. Ainsi Ruffiac, à la fin du IX° siècle, avait plus de neuf abbés de monastère qui s’occupaient du ministère pastoral. Chaque Plou fut doté d’une église baptismale, c’est à dire d’un lieu où les baptêmes étaient administrés. Au départ, ce n’était qu’un édifice en bois ou en torchis ; seuls les autels étaient en pierre.

Les ermitages ou petits monastères, indépendants des grands établissements bénédictins, commencent à se répandre mais restent très discrets ; ce sont eux qui donneront les noms d’abbaye à certains villages où, par déformation, des noms comme la Baye, la Bouie ou encore Labouie. Il y a un village de la Bouie en Glénac et de nombreux villages, fermes ou hameaux commençant par « abbaye » sur Carentoir, la Chapelle-Gaceline et Sixt-sur-Aff. D’autres établissements appelés MINIHY le plus souvent tenus par des moines accueillaient les lépreux, ce sont, en fait, des maladreries. Certains avaient même un prieuré, tel celui de Caro. Le Cartulaire de Redon en cite quatre dans la région. Ces établissements firent leur apparition surtout après la première croisade. Ces Minihy, encore appelés Monarchia, Moutier, Moinerie, Moignerie et, par extension, Méné ou Menech signifient « petit monastère ». Tous ces termes sont souvent employés dans des noms de villages, de fermes ou de lieux-dits.

Le paysage d’alors est très peu christianisé, seules quelques rares croix gravées sur des monolithes dressées à la croisée des chemins importants apparaissent de temps en temps.

Le clergé desservant le Plou peut être divisé en deux groupes

D’une part les prêtres apparemment dépourvus d’affectation permanente et semblant être envoyés par l’abbaye Saint-Sauveur de Redon.

D’autre part, les prêtres en poste dans le Plou pour une longue durée. Ils se succèdent parfois de père en fils et considèrent leur cure comme un bien patrimonial ainsi que leur église.

Sachant lire et écrire le latin, cela leur permet d’avoir des activités temporelles : rédaction des contrats des habitants du Plou, prêts d’argent et même de céréales etc. Ces activités sont rémunérées et certains prêtres deviennent des propriétaires de terres qu’ils font travailler. Les relations avec l’évêque sont très lâches et la surveillance de ce dernier plutôt théorique.

La Gacilly devint une trève à une date indéterminée mais sûrement avant la fin du premier millénaire. Elle dépendait du « Plebe Carentoer » qui disposait de trois prêtres et d’une église baptismale sise à Carentoir ; il couvrait 8.000 hectares, c’était le plus vaste du diocèse. 18 actes du Cartulaire de Redon parlent de ce « Plebe » et des biens de ce Plou, d’ailleurs, pour la plupart, il s’agit de terres se trouvant à l’Ouest de la paroisse :

Le tigran Mellac correspond au hameau actuel de Mellac au Temple près du Bot-Colin.

La villa Bilian est à localiser près du Pont Bily au Nord-Ouest du bourg, en fait le pont de l’Hôtellerie.

La présence d’une rivière souvent citée, le Keuryl qui est en fait le Caurel.

Henlix Aladin correspond au village actuel de Henleix près du ruisseau de Sigré.

Ran Carian doit correspondre au hameau actuel de la Cariais.

Les Plou voisins étaient : Sixt-sur-Aff, Bains-sur-Oust avec Cournon, Peillac, Pleucadeuc, Ruffiac et Caro.

Il semble bien que Carentoir fut érigé en paroisse à la fin du VI° siècle vraisemblablement en 580. Groecon fut prêtre à Carentoir en 794 d’après le Cartulaire. Il eut un fils, Condeloc, prêtre lui aussi qui, voulant remercier les moines de Redon de lui avoir accordé la permission d’habiter avec eux, leur donna un champ situé au village de Mellac en Carentoir. Il était d’une « figure agréable et d’un grand esprit ». Envoyé en messager près de l’empereur, ce prêtre eut à subir les insinuations et les propositions malhonnêtes d’une courtisane éprise de ses charmes. Mais il sut résister et, après avoir conclu son affaire, il se retira à Redon où il mourut saintement. Dans le discours du moine Louhemel à Nominoë, Condeloc est représenté comme l’un des intimes du comte Guy. « C’est un homme, dit l’orateur, éclairé, sage, prudent et versé dans les Saintes Ecritures ». La première église paroissiale de Carentoir est signalée dans un acte du Cartulaire de Redon à la date du 14 octobre 833 comme étant « tout près du ruisseau du Keurill ». Elle fut placée sous le patronage de Saint Marcoul, apôtre de Carentoir. Carentoir devint chef-lieu de doyenné au IX° siècle vraisemblablement. Un acte du 10 mai 844 parle de Catuuotal, doyen.

Le doyenné de Carentoir comprenait neuf paroisses :

  • Carentoir avec ses trêves de La Gacilly, la Chapelle-Gaceline, Quelneuc et, par la suite, la Haute-Bouëxière.
  • Malestroit, ancienne trève de Missiriac.
  • Missiriac.
  • Renac.
  • St Just.
  • Sixt-sur-Aff.
  • Ruffiac avec sa trève de Saint-Nicolas-du-Tertre.
  • Le Temple, ancienne trève, devenu paroisse à l’arrivée des Templiers.
  • Tréal.

A la fin du premier millénaire, Cournon ne faisait pas partie du doyenné de Carentoir mais de celui de Bains-sur-Oust. Un petit monastère ou prieuré fut à la naissance de Cournon et mis sous la protection de Saint Amant. Or, ce dernier avait été évêque de Vannes vers 530 et, à cette époque, les évêques avaient pour habitude de fonder d’humbles monastères pour s’y retirer à la fin de leur ministère. Ce fut le cas, par exemple, de Saint Melaine, évêque de Rennes, qui se retira à Brain-sur-Vilaine, de Saint Malo qui vint à Beignon. Il est permis de penser que Saint Amant fit de même et donna naissance à « Cornon ».

La principale division territoriale était donc le Plou ; celui-ci pouvait comporter des VILLA, des RAN, des TIGRAN, des TRE ou TREB, des VICI ainsi que des COMPOT.

mage retour haut page ou article au-dessus

 

 

VIE QUOTIDIENNE GACILIENNE

 

Développement de la Vie Religieuse

Au tout début du XIV° siècle, au sujet de la nomination d’un nouveau pape, un conflit oppose Philippe Le Bel, roi de France, et Boniface VIII que son successeur, Benoît XI, ne peut résoudre. La solution fut d’élire en 1305 un partisan de Boniface VIII et ami de la cour de France : ce fut le languedocien Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux qui devint Clément V le 5 juin 1305. Benoît XI avait quitté Rome en 1304 et le nouveau pape ne voulait pas y retourner. Philippe Le Bel fit pression pour que le couronnement se fit à Lyon ; ce qui se fit en l’église Saint-Just. Un grave incident vint marquer cette journée et les gens superstitieux le regardèrent comme de mauvais augure. Au moment où le nouveau pape traversait processionnellement les rues de Lyon monté sur un palefroi que le roi de France conduisait par la bride, une vieille muraille, surchargée de spectateurs, s’écroula sur son passage et écrasa dans sa chute douze personnes dont le comte Jean de Bretagne ; le pape lui-même fut renversé de cheval et laissa tomber la tiare de laquelle se détacha une escarboucle de grand prix. Ne sachant où s’installer, le nouveau pape erra de Cluny à Nevers puis à Bourges et enfin à Bordeaux où il créa dix cardinaux dont neuf français et un anglais. Par contre, il réintégra dans le Sacré-Collège les deux cardinaux Colonna. Ces deux décisions furent une véritable révolution car l’élément italien était mis à en minorité au Sacré-Collège. Autre fait marquant : le procès de Boniface VIII incité par Guillaume de Nogaret, l’inspirateur de la politique du roi de France et dont Clément V ne fit que par soumission. Il fit d’Avignon sa résidence en mars 1309. Il ne faut pas oublier que l’on était en pleine affaire des Templiers.

Clément V décède à Roquemaure dans la vallée du Rhône le 20 avril 1314. Le Sacré Collège se réunit le 5 mai à Carpentras. Il y avait le parti italien (7 membres) et le parti français (16 membres) mais ce dernier divisé entre les Gascons (au nombre de dix) et les Provençaux. Aucun compromis ne fut accepté. Les Italiens s’enfuirent à Lyon, les Français s’en vont à Avignon. Sous l’influence de Philippe Le Bel et deux ans après, les cardinaux se décident après de nombreux pourparlers, à reprendre les conciliabules dans le couvent des Frères Prêcheurs à Lyon. Trois mois après, on est toujours au même point. C’est alors que Philippe V Le Long qui avait succédé à son frère Louis X Le Hutin résolut de mettre fin à ces tergiversations. Le 28 juin 1316, il interne les cardinaux jusqu’à l’élection d’un pape. Un accord se fait sur le nom de Jacques Duèse ou D’Ossa ou D’Euse du parti provençal (72 ans et faible de constitution) ; les Gascons pensaient que le siège n’allait pas tarder à être vacant. Né à Cahors en 1242 dans une famille bourgeoise, il fait ses études dans sa ville natale et à Montpellier. Archiprêtre de Saint-André de Cahors, chanoine de Saint-Front de Périgueux et d’Albi, évêque de Fréjus puis d’Avignon et enfin cardinal en 1312.

Le nouvel élu prend le nom de Jean XXII ; maladif, petit et laid, il a une intelligence supérieure, une grande vivacité d’esprit et une réelle bonté quoique autoritaire. Fin et diplomate comme un vrai cahorsin, il n’est pas long à deviner la pensée de ses interlocuteurs. Avec cela, il est, en dépit de son grand âge, d’une activité débordante. Aussitôt son couronnement, il quitte Lyon pour Avignon où, à l’inverse de ses prédécesseurs, il mène une vie simple, bannissant tout luxe mais développant un vaste système fiscal : collation des sièges épiscopaux, annates, vacants, droits de dépouilles et décimes. Il a à résoudre le litige des Franciscains et un différend sérieux avec Louis de Bavière qui finit par céder. Jean XXII n’en reste pas moins l’un des meilleurs papes d’Avignon et de toute l’histoire de l’église. Il décède le 4 décembre 1334.

Les pontificats de Clément V et de Jean XXII furent marqués par une très forte centralisation administrative, surtout au XIV° siècle où le Siège apostolique intervient partout, dans toutes les églises locales et dans toutes les affaires de quelque importance. Il n’est donc pas étonnant que ce fut Jean XXII lui-même qui donna l’autorisation de construction de l’hospice Saint-Jean. Toute demande adressée au Saint-Siège allait à la Chancellerie où le bureau des suppliques l’examinait, l’envoyait au bureau des examens puis au bureau de la minute où s’ébauchait la réponse (ou minute), la réponse complète était rédigée par le bureau de la « grosse » ou bulle rédigée sur parchemin dans son intégralité. Elle était revue par un correcteur au bureau du même nom, enfin elle arrivait au bureau du sceau qui apposait un cachet en plomb (la bulle). Le sceau portait sur une de ses faces le nom du pape régnant et, sur l’autre face, la tête de Saint Pierre à droite et celle de Saint Paul à gauche ; elle arrivait enfin au bureau du registre où des scribes transcrivaient les bulles. Tout ceci a été écrit de façon à connaître l’histoire de Jean XXII et la façon dont était envoyée une bulle papale.

La Paroisse.

Du point de vue spirituel et exclusivement religieux, chaque paroisse avait :

  • Un recteur appelé doyen lorsque la paroisse était le siège du doyenné ; le doyen était à l’alternative, c’est à dire nommé suivant les circonstances par le pape ou par l’évêque. Le recteur était aidé par :
  • Des curés et des sub-curés qu’il avait sous son autorité après les avoir choisis et qu’il rétribuait ; les curés s’occupaient, avec le recteur, de l’église paroissiale mais aussi des églises ou chapelles triviales ; un curé était alors nommé responsable de l’église triviale.
  • Et une communauté de prêtres.

Cette communauté comprenait :

  • Les chapelains responsables d’une ou plusieurs chapellenies et/ou les membres d’une confrérie.
  • Les prêtres baptiseurs et notateurs ainsi appelés parce qu’ils étaient chargés de faire les baptêmes et de les inscrire sur les registres. Au XVI° siècle, les vicaires furent investis de cette fonction.
  • Les prêtres habitués, sans fonction curiale, demeuraient dans leurs villages. On reconnaît encore maintenant leurs maisons grâce aux inscriptions qu’on y voit ou à certains objets du culte tels que croix, calices, patènes et même burettes qui sont sculptés soit sur les portes, soit sur les cheminées. Leur principale occupation était d’apprendre la lecture et le catéchisme aux enfants ; certains avaient même un métier comme tisserand ou menuisier ; ils assistaient à la messe dominicale dans l’église paroissiale et le doyen ou le curé leur faisait ensuite une conférence au presbytère dans une salle appelée salle des conférences.
  • Les prêtres auxiliaires.

Chaque paroisse constituait un établissement légal et régulier pour l’administration des biens du culte avec un certain côté administratif pour la gestion des intérêts généraux des paroissiens, c’est à dire jouait un peu le rôle de nos mairies et perceptions actuelles.

Au début du X° siècle, l’évêché de Vannes était composé de 172 paroisses et de 6 doyennés dont celui de Carentoir. Les limites Nord et Ouest de cette paroisse étaient identiques aux limites de la commune actuelle. Par contre, à l’Est, elle s’étendait jusqu’à l’Aff et son petit affluent, le Faugourel qui passe au bas de Trémeleuc en Quelneuc Deux fractions de l’ancien territoire formeront par la suite les paroisses de Quelneuc et de la Chapelle-Gaceline. Au Sud, les limites sont beaucoup plus difficiles à préciser. Si incontestablement La Gacilly faisait partie de la paroisse de Carentoir, l’appartenance du territoire actuel de la commune des Fougerêts est douteuse. Il semble bien qu’il s’agisse d’une zone en grande partie forestière au haut moyen-âge.

Chaque paroisse, à cette époque, avait son église baptismale ainsi appelée parce qu’elle était la seule dans laquelle le sacrement de baptême pouvait être administré ; en général, elle était située au siège du doyenné. Ce n’est qu’en 1573 que les baptêmes pourront être administrés dans l’église triviale de La Gacilly.

Après le départ des Normands, les seigneurs bretons rentrèrent dans leurs domaines dévastés qu’ils reconstituèrent mais s’emparèrent également très souvent des biens des paroisses en se contentant de payer une maigre pension aux prêtres séculiers. C’est pourquoi, au XII° siècle, les évêques firent appel aux moines, de l’abbaye de Redon en particulier, reconnus pour être d’excellents organisateurs afin de reconstituer les paroisses. Leur travail terminé, ils rentrèrent dans leurs monastères et laissèrent le champ libre au clergé séculier qui reprit alors sa place et toute sa place. Les recteurs qui jouèrent, par la suite, un rôle considérable, pouvaient avoir des biens terrestres comme maison, jardin, prés et même des bois.

La seconde église paroissiale de Carentoir fut construite au XII° siècle à l’emplacement de la première (la place de l’Etoile actuelle). Elle comportait un chanceau avec un sanctuaire qui comprenait le maître-autel, les stalles des prêtres et les bancs des seigneurs de La Gacilly et de la Ville-Quéno. Comme l’église primitive, elle fut dédiée à Saint Marcoul dont la fête est célébrée le 1° mai. Pour honorer leur patron, les chapelles triviales avaient coutume d’offrir à l’église paroissiale une certaine quantité de grain, avec lequel on faisait les tourteaux de Saint-Marcoul ; une miche faite avec ce grain fut vendue 24 sols devant la porte de l’église de la Chapelle-Gaceline. A cette époque, dans les églises paroissiales, le recteur et les fidèles chantaient, en plus de la messe, les vêpres et les complies, les matines le dimanche et les jours de fête d’obligation. Il n’y avait pas encore de confessionnaux dans les églises, un banc faisait office et tout le monde pouvait voir le prêtre et le pénitent. Quant au baptême, il y avait deux parrains et une marraine pour les garçons et l’inverse pour une fille. La communion sous les deux espèces pour les fidèles avait disparu sauf le jour de Pâques. En 1312, la fête de Saint-Sacrement se généralisa et c’est alors qu’apparurent les premiers ostensoirs (ou monstrances) et l’usage de sonner l’angélus.

Icone retour haut page

 

Chapellenies

Généralités.

Les seigneurs avaient la possibilité de créer des fondations, c’est à dire d’édifier des chapelles avec l’assentiment de l’évêque, voire du pape. Ce fut le cas, comme on l’a vu, d’Olivier III de Montauban pour la chapelle Saint-Jean. Un notaire dressait l’acte de cette consécration et y consignait soigneusement toutes les intentions du pieux fondateur. Ce document était appelé acte de fondation. Ces fondations prirent le nom de chapellenies parce qu’à leur tête était placé un chapelain, généralement choisi par le fondateur.

La chapellenie était dite de « bénéfices simples » parce qu’en fait le chapelain n’avait pas charge d’âmes Leur rôle était d’assurer à perpétuité un certain nombre de messes par semaine ou par mois à des jours désignés ; elles étaient dites à l’intention des fortunés fondateurs qui aimaient à s’assurer de leur vivant que l’église penserait à eux par des prières après leur mort. Ces messes pouvaient être célébrées soit dans la chapelle, soit dans l’église paroissiale, pas forcément sur l’autel principal. En échange, le seigneur fondateur s’engageait à octroyer des biens et/ou des revenus à la chapellenie.

Lorsque ces fondations étaient faites dans une abbaye ou un hôpital, le chapelain prenait le nom de prieur. Ce fut le cas pour l’Hospice Saint-Jean.

Ces fondations se multiplièrent et le nombre de chapelains et de prieurs devint important ; ils se réunirent alors en communauté de prêtres. Ils n’avaient pas de vie commune mais ils formaient une association avec des intérêts matériels et des charges. Ces chapelains ou prieurs, la plupart du temps, étaient des prêtres mais parfois aussi de simples clercs. Ordinairement, ils étaient originaires de la paroisse. Ils pouvaient céder leurs droits parce que parvenus à une fonction plus importante, curé très souvent ; ils les transmettaient en général à de jeunes confrères dans le besoin. Les curés ou les évêques pouvaient eux-mêmes avoir leur chapellenie. Ils y plaçaient généralement comme chapelain des clercs de leur entourage afin de leur permettre de débuter leur vie ecclésiastique.

Le seigneur fondateur possédait des droits dans toutes les chapellenies qu’il créait ; l’ensemble de ces droits portait le nom de prééminence :

  • L’enfeu : il donnait le droit au seigneur d’avoir, à son décès, sa sépulture dans la chapelle qu’il avait fondée et, si possible, dans le chœur de celle-ci. Les membres de sa famille y avaient droit également. D’autres nobles et moins nobles pouvaient acquérir le droit d’enfeu dans la même chapelle, c’est pourquoi il y avait les enfeus simples et les enfeus prohibitifs ; avec ces derniers, on pouvait inhumer les membres de la famille ou d’autres personnes mais avec permission seulement.
  • Le banc : le seigneur avait sa place réservée dans la chapelle et ce banc pouvait être armorié. Il était placé si possible dans le chanceau avec le maître-autel et les stalles des prêtres.
  • La lisière ou ceinture funèbre : large bande noire, tendue ou peinte autour de la chapelle à l’intérieur le plus souvent mais parfois à l’extérieur qui portait les armoiries du seigneur fondateur et en prouvait les droits.
  • Le patronage : ce droit a passé aux successeurs d’Olivier III jusqu’au marquis de la Bourdonnaye.
  • La supériorité : c’est à dire que le seigneur supérieur au seigneur fondateur jouissait des mêmes privilèges que le seigneur vassal pourtant fondateur. C’est ainsi que le baron de Renac avait le droit de supériorité dans la chapelle Saint-Jean de La Gacilly. Ce droit permettait au seigneur de Renac d’avoir dans ce sanctuaire, en sa qualité de patron supérieur après le roi, les prééminences avant l’autre seigneur qui y jouissait de privilèges honorifiques.
  • La présentation : il revenait au seigneur fondateur le droit de nommer le ou les chapelains qui s’occuperaient de la chapellenie, mais il était tenu de subvenir à leur entretien.

Autres droits du seigneur fondateur :

  • L’encensement.
  • Prières nominales.
  • Réception distincte de l’eau bénite.
  • Pain bénit.
  • Le pas à l’offrande, à la procession.

Il va sans dire que le seigneur de La Gacilly avait le droit de prééminence dans la chapelle Saint-Jean. Un seigneur pouvait d’ailleurs avoir des droits de prééminence dans plusieurs chapelles ou églises. C’est ainsi que la famille de Montauban, avant d’avoir la chapellenie de l’hospice Saint-Jean, avait déjà le droit de prééminence en l’église paroissiale de Carentoir, ce qui laisse à penser que le terrain sur lequel elle fut construite au XII° siècle vraisemblablement, faisait partie du fief de La Gacilly ou tout au moins que ce seigneur avait contribué pour une grande part à sa construction. Le banc du seigneur de La Gacilly était placé dans le sanctuaire, au fond, et remplissait l’espace compris entre le maître-autel et le mur, en sorte qu’il reposait sur l’une des marches du maître-autel : ce qui incommodait fort le service divin et gênait l’entrée des stalles réservées aux prêtres. En outre, le banc de la Ville-Quéno, placé également dans le sanctuaire, séparait en deux la table de communion. Voulant remédier aux inconvénients qui résultaient de cette disposition des deux bancs seigneuriaux, l’évêque de Vannes ordonna, par acte du 22 juin 1752, de déplacer ces bancs et de les mettre dans le chœur, c’est à dire un peu plus bas, au-dessous de la balustrade qui séparait le chœur du sanctuaire. Il n’en fut rien fait. L’évêque insista de nouveau par ses ordonnances des 21 juin 1755, 14 juillet 1758, 19 août 1762 et 2 août 1765 ; mais toujours en vain. Le 25 juillet 1774, il lança une nouvelle ordonnance où il est dit : « Nous exhortons et prions les dits seigneurs, sur la piété desquels nous avons tout lieu de compter, de vouloir bien faire placer leurs bancs à deux pieds et demi en dessous de la balustrade du sanctuaire, dans le chœur, en sorte qu’on puisse passer derrière les bancs pour entrer dans les stalles où les prêtres sont placés pendant les offices divins…nous nous adresserons aux juges royaux, s’il est nécessaire, pour parvenir à faire exécuter notre ordonnance, croyant absolument de notre devoir de ne plus tolérer un abus aussi contraire à la décence du culte divin ».

Ce fut le 19 octobre 1780, que Pierre-Jean de Carheil, seigneur de la Guichardaie, demanda au Général permission d’établir un banc de huit pieds sous l’arcade méridionale, dans le chanceau, moyennant la somme de 150 livres une fois versée ; mais, sur l’avis de Mr Poullain-Duparc, greffier au Parlement, il renonça à son banc de huit pieds aussi bien qu’à l’idée de l’établir dans le chanceau. Dans une nouvelle requête au Général, il demande seulement un banc de quatre pieds carrés, dans la nef, au-dessous du chœur, du côté de l’évangile, vis à vis de la chaire à prêcher. Après avoir obtenu permission de Mr le marquis de la Bourdonnaye, par lettres du 15 octobre 1780 et 11 janvier 1782, Mr de Carheil se présenta devant l’assemblée du Général le priant de vouloir bien tout ratifier. Après qu’il se fut retiré, le conseil délibéra et s’empressa d’accepter la demande qui lui était faite, moyennant une rente annuelle de 7 livres 10 sols.

Icone retour haut page

 

 

Chapellenies Gaciliennes

  • Saint-Jean au seigneur de La Gacilly
  • Saint-Jugon au seigneur de la Roche Gestin
  • La Villouët au seigneur du même nom.
  • La Ville Orion au seigneur du même nom.

Au XV° siècle, il est fait état d’une chapellenie de Zacharie (c’est ainsi que les anciens Gaciliens appelaient Jacquary). Cette chapellenie comprenait une maison, un cellier, un appentis, une cour murée, un puits et, chose curieuse, un four. Où pouvait se trouver cette chapellenie ? A la Glouzie où une chapelle existait ? Un peu au-dessous de la Glouzie, au lieu-dit la Loge, au carrefour de la voie romaine et du chemin venant de la Glouzie ? Ou alors près de l’auberge de Jacquary, à côté de la croix ? L’abbé Chérel rapporte que « le temps et l’abandon aidés de la pioche, de la charrue et de la herse ont fait en moins de trente ans (de 1890 à 1920) de la chapellenie de Jacquary…un champ cultivé. » A remarquer que cet abbé parle bien de Jacquary.

. Général et Fabrique

Jusqu’à la Révolution, les communes n’existant pas, ce sont les paroisses qui s’occupaient des intérêts spirituels mais aussi temporels des administrés par un corps constitué unique appelé le Général Il était composé de 17 membres dont le recteur de la paroisse obligatoirement.

Quand le Général s’occupait des intérêts religieux de la paroisse, il gérait les biens de la fabrique paroissiale et quand il traitait des affaires temporelles, son rôle ressemblait à celui de nos conseils municipaux actuels. Chaque année, le Général nommait deux trésoriers appelés Fabriques ou Marguilliers qui s’occupaient, entre autres, de la répartition (en accord avec les deux égailleurs par frairie) et de la perception des impôts.

L’assemblée du Général se tenait dans le cimetière au départ et ensuite sous le porche de l’église paroissiale et enfin à la sacristie ou dans une pièce au-dessus de la sacristie. La réunion était présidée par le Sénéchal ou le juge de la juridiction. Les délibérations étaient consignées sur un registre spécial enfermé dans un coffre appelé les archives, fermant avec trois clés : une pour le recteur, une autre au procureur fiscal, la troisième aux deux trésoriers en charge. Ceux-ci rendaient compte de leur gestion le dimanche de Quasimodo.

Le Gouvernement Intérieur

Le Général avait à s’occuper des gouvernements intérieurs et extérieurs du temporel de la paroisse. Le premier regardait l’administration des biens qui appartenaient à la fabrique, l’acquit des charges qui la concernaient, la nomination et la surveillance des officiers ou serviteurs de l’église. Les biens de la Fabrique comprenaient, outre les immeubles, des droits, des fondations, des confréries, les bancs, les chapelles, les tombes, les deniers de l’église. Au sujet des confréries, l’une d’entre elles, baptisée « Confrérie de Saint Jean-Baptiste », fut fondée le 27 décembre 1612 à la paroisse de Carentoir. Le curé de La Gacilly, Julien Huet, et les messires Vincent Rollais de la Bouère et Pierre Réminiac de la Basse Provostais y prirent part ainsi que Vincent de la Noë de Bonnais et Mathurin Herselin du bourg de Carentoir qui firent sommation le 5 octobre 1770 au sieur Le Beau du Tuet, receveur des devoirs à La Gacilly de leur délivrer à chacun une bouteille d’eau de vie à raison de 20 sols la bouteille ainsi qu’ils étaient en droit de l’exiger suivant la lettre écrite par les fermiers généraux à messeigneurs de la Commission de cette province.

 Les charges comportaient les réparations de l’église, du cimetière, les ornements, les livres, les vases sacrés, le luminaire, les honoraires des prédicateurs et les gages des employés. Les cimetières étaient compris dans les propriétés immobilières de la fabrique qui était chargée de leur entretien ; cependant, quand elle était incapable d’en faire les frais, cette obligation incombait au Général. Souvent, au pied de la croix des cimetières qui, alors, entouraient les églises, se faisaient les bannies et les publications. C’est là également qu’à la principale passée du cimetière se traitaient les affaires importantes ; la discipline ecclésiastique s’opposait à l’aménagement de plusieurs cimetières pour une seule paroisse sauf pour les lépreux avec les maladreries.

Les recettes de la fabrique comprenaient les produits des quêtes, des troncs, du casuel (honoraires accordés aux recteurs pour certains actes de leur ministère), des mariages, des enterrements, de la location des bancs ou chaises, les oblations ou dons volontaires déposés par les fidèles, parfois en nature d’ailleurs : beurre, lard, filasse de lin…etc.

Le Gouvernement Extérieur

Le gouvernement extérieur du Général concernait les levées des fouages et des deniers, la collecte du vingtième et de la capitation, la réédification de l’église, les réparations du presbytère, celles des ponts, des chaussées, des chemins, le soulagement des pauvres de la paroisse, l’entretien des écoles par la suite. Les droits de ce gouvernement étaient ceux qu’avaient les habitants .

 

La Fabrique de La Gacilly.

La Gacilly, étant une trève de Carentoir, ne devait pas, normalement avoir de fabrique. Ce fut le cas jusqu’en 1573. Cette année-là, une réorganisation religieuse dut intervenir et la trève de La Gacilly, en plus des frairies de la ville, de la Bouère et de Saint-Jugon récupéra une partie de la frairie de Saint-Jacques sur Carentoir et eut alors la permission de remplir des registres de catholicité, c’est à dire des registres paroissiaux. D’ailleurs, à partir de cette date, certains prêtres n’hésitèrent pas à porter la mention « dans l’église paroissiale de La Gacilly ». Pendant ces années, l’église de La Gacilly semble jouir d’une certaine indépendance ; le doyen, par exemple, n’y paraît que pour les enterrements de prêtres ou lorsque, par commission de l’évêque, il vient bénir une chapelle ou une cloche, le procès-verbal dit de La Gacilly : « trève dépendant de notre doyenné et non de notre paroisse. » Il est certain qu’en 1658 l’église de La Gacilly a une fabrique indépendante de celle de Carentoir ; un acte de décès le prouve : « Vincent Goupil de la Ville aux Esnés décéda le 8 janvier d’une grave et courte maladie. Il tomba malade le soir du premier jour de l’an 1658 et fut enterré le huitième jour du dit mois et an. Il était fabrique de l’église. » De même, « Jacques Hervé, sacriste de l’église de La Gacilly, fut enterré dans la chapelle Saint-Nicolas du côté de l’épître, sous le confessionnaire de messire Danard. » Il faut savoir que le sacriste était normalement réservé à l’église paroissiale. Lorsqu’il s’agit de réparations ou d’agrandissements à faire à l’église, d’achat de cloches ou autres, les Gaciliens ne demandent point l’autorisation du doyen, ne recourent point au général de Carentoir comme font les habitants des autres trêves, mais ils font leurs affaires eux-mêmes sous le bon plaisir, permission et applaudissements de leur seigneur comme en 1626, 1628 et 1642. L’évêque de Vannes, dans ses tournées pastorales visite La Gacilly comme une paroisse ; monseigneur d’Argouges signe le registre en 1656. Monseigneur de Kerlivio, vicaire général, visitait toutes les paroisses du diocèse, il vint à La Gacilly comme le prouve le registre des baptêmes à la date du 3 juillet 1681 : « François de Trohilen, ainsi nommé pour ne connaître ni son païs, ni son père, ni sa mère, mendiant sa vie, habitué en cette ville depuis cinq ans, a été baptisé dans cette église par le commandement de monseigneur de Kerlivio, grand vicaire de monseigneur de Vannes, le baptême fait sous condition par le soussigné. Parrain : Me François Domon ; marraine : Renée Riaud, F. Labouro, prêtre. » Trohilen est un mot breton qui veut dire « tour, circonférence », on peut donc traduire Jean Trohilen par Jean des Environs, ce fut probablement monseigneur de Kerlivio qui lui donna ce nom en même temps que l’ordre de le baptiser car F. Labouro, curé de La Gacilly, ne connaissait sans doute pas le breton puisque sa famille vivait depuis au moins un siècle à Carentoir.

 

Impôts Ecclésiastiques.

En plus de la dîme ecclésiastique, le clergé percevait :

  • Prémice : impôt prélevé au profit des chefs spirituels des paroisses privés des dîmes.
  • Prémice personnelle : quelques gerbes de blé perçues par le recteur sur chaque laboureur.
  • Prémice réelle : portion de grains ou redevance en argent. Elle n’eut pas cours dans le diocèse de Vannes.
  • Neûme : ce droit, appelé aussi droit de mortuage parce qu’il était perçu sur le mobilier laissé au décès des chefs de famille, dans les paroisses où le recteur ne jouissait ni de la dîme ni de la prémice. La quotité prélevée s’élevait à la neuvième partie du tiers des biens de la communauté du décédé après le paiement des dettes. Cette règle avait été fixée par une ordonnance de 1559 et atteignait les nobles et les roturiers, les nobles en furent exemptés en 1576. Quelques années plus tard, ce droit passa à la 27° partie des meubles. Lorsque la succession était inférieure à 40 livres, la neûme n’était pas perçue.        

Le doyen de la paroisse de Carentoir et donc de La Gacilly avait le droit de neûme. Il le conserva jusqu’à l’arrêt du 9 août 1751 qui lui attribua une dîme à la cinquantième gerbe de tous les fruits décimables, sur toutes les terres nobles et roturières de la paroisse et de ses trêves. Voici le texte de cet arrêt : « La cour ordonne, conformément aux conclusions de l’avocat général du Roy, qu’à l’avenir le droit de neume ou mortuage demeurera éteint, supprimé, aboli dans toute l’étendue de la paroisse de Carentoir et trêves d’icelle, laquelle suppression n’aura cependant son effet qu’après que les réparations du chanceau de l’église paroissiale seront achevées, et pour à quoi parvenir ainsi qu’à la fourniture des calices, ornements et livres nécessaires, la dixme sera dès à présent levée à la cinquantième gerbe de tous les fruits décimables, sur toutes les terres tant nobles que roturières de cette paroisse, fors et excepté sur les jardins où il sera permis aux habitants de semer des lins et chanvres sans être sujets à la dixme. » Après avoir dit que le produit de la nouvelle dîme servirait aux réparations et achats dont il est question, et que le doyen continuerait de percevoir le neûme jusqu’à l’achèvement des dites réparations, la cour ajoute : « Lequel droit de neume ou mortuage cessera d’être perçu par lui et par ses successeurs recteurs, à compter du jour qu’il aura commencé à recueillir la dixme et demeurera à l’avenir et à perpétuité ledit droit de neume ou mortuage éteint, supprimé et aboli dans toute la paroisse de Carentoir et trêves d’icelle…et faisant pareillement droit sur les conclusions du dit procureur-général du Roy, ordonne que les arrêts et règlements de la cour seront bien dument exécutées dans la paroisse de Carentoir et dans toutes les autres paroisses de la province. Ce faisant : fait défense à tous recteurs, vicaires et autres prestres de faire aucune queste, sous quelque prétexte que ce soit… » Elle avait dit précédemment : « enjoint la ditte cour au procureur fiscal de La Gacilly et aux trésoriers qui seront en charge d’envoyer tous les ans au procureur général du Roy, dans le courant du mois de décembre, un état en recette et dépense du produit de la dite dixme, tant qu’elles seront levées au profit de la paroisse, ainsi que l’emploi qui en aura été fait des deniers en provenants pour les réparations du chanceau et fourniture de calices, ornements et livres. Ordonne que le dit Bocéno, doyen de Carentoir, et ses successeurs dans ladite cure auront, pour le service de la paroisse, le nombre de vicaires qui sera réglé par l’ordinaire ; et où ils se trouveront à manquer, il sera, par les dits recteurs, payé à la fabrique la somme de 150 livres par chacun des vicaires qu’ils auront eue de moins pendant une année. » En vertu de l’arrêt du 9 août 1751, le doyen pouvait continuer de percevoir le neûme jusqu’après les réparations terminées. Mais le doyen Bocéno préféra transiger avec ses paroissiens pour une pension de 1500 livres. Malheureusement les paroissiens négligèrent de remplir leur promesse, le doyen exigea le neûme jusqu’en 1753. En 1780, la dîme rapportait 3.377 livres. En ajoutant les 50 livres que lui valait le pré de la paroisse, le revenu du doyen était de 3427 livres sur lesquelles il devait 1250 livres de rente pour les cinq curés de la paroisse. La dîme rapportait 374 livres dans la frairie de la Bouère et celle de Saint-Jugon. C’était d’ailleurs les frairies de la paroisse qui rapportaient le plus après Saint-Julien et Bonnais sur Carentoir.

Oblations :

Ce sont en fait des dons volontaires déposés par les fidèles soit sur les autels, soit dans les troncs. Celles, déposées sur le maître-autel de l’église paroissiale, sont d’office attribuées au recteur, les autres étant partagées entre la fabrique et le recteur. Les chapelles domestiques (la Villouët par exemple) en sont exemptes.

Levée de Deniers :

Taxe imposée aux propriétaires de biens pour subvenir à des nécessités pressantes : réédification de l’église, du presbytère ; réparations importantes de la nef. Pour effectuer une telle levée, le général avait besoin de l’autorisation royale sauf si la dépense n’excédait pas 600 livres. Des égailleurs et des collecteurs étaient sollicités. Cette levée frappait les terres nobles et roturières.

Icone retour haut page

 

 

FONCTIONNEMENT DE LA TREVE

Devoirs et Droits.

Jusqu’en 1573, La Gacilly fut réellement une trève de Carentoir ; mais à partir de cette date, c’est à dire à partir du moment où La Gacilly eut ses propres registres paroissiaux, il semble bien que La Gacilly fût plus une paroisse qu’une trève. Cependant les prêtres attachés au service de l’église de La Gacilly, dépendaient entièrement du doyen qui, seul, percevait les revenus de la paroisse et n’en mettait à leur disposition qu’une infime partie sous forme de portion congrue. Voici les droits accordés par le doyen de Carentoir à l’église triviale Saint-Nicolas de La Gacilly qui se composait de la paroisse actuelle mais aussi des villages de Galny, Huno et la Roche maintenant en Carentoir.

Permettons :

  • De conserver le Saint-Sacrement dans le tabernacle et de l’exposer aux paroissiens pendant l’octave de la fête.
  • D’y célébrer l’office divin.
  • D’y faire le prosne et l’aspersion.
  • D’y conserver, pour l’administration des sacrements, les saintes huiles que le curé de la trève recevra du doyen.
  • D’administrer le saint viatique (eucharistie donnée à un mourant) ainsi que les sacrements de baptême et d’extrême-onction.
  • De faire les inhumations et enfin toutes les autres fonctions curiales dont celle d’organiser des missions de même et ainsi qu’on le fait en l’église mère, se conformant en cela aux statuts synodaux et au rituel.
  • Ordonnons que :
  • Les bans de mariage se publieront, comme par le passé, à l’église mère.
  • Les mariages seront célébrés à l’église succursale. 
  • Le prêtre qui sera par nous « étably dans la ditte trève, après avoir célébré la messe matine dans l’église succursale soit tenu, ainsi que ses tréviens, d’assister avec leur croix aux offices de l’église-mère le premier jour de may, fête du saint patron de la paroisse, le jour de la Fête-Dieu, le jour de l’Assomption sans qu’on puisse célébrer ces jours-là, ny l’office ny la grand-messe en l’église triviale. »
  • Permettons aux tréviens de faire leurs Pâques en l’église succursale.
  • Réservons au doyen : tous ses droits de dixme, d’étole, de casuel, et autres ; le droit de faire lui-même les fonctions curiales dans la trève. (Il faut savoir qu’à cette époque tous les organismes religieux étaient lourdement imposés. Ainsi, l’évêque était taxé à 400 livres en 1516, l’hôpital Saint-Nicolas de Vannes à 15 livres, la paroisse de Carentoir à 18 livres et l’hôpital de la « Gacilly » à 2 livres 10 sols, Glénac et Cournon à 7 livres 10 sols).
  • Réglons, qu’au cas qu’il manque à la trève un curé, un des curés de l’église mère pourvoira aux besoins spirituels des tréviens ainsi et comme il se pratiquait avant l’érection de la ditte trève.

MISSIONS

Dans les droits d’une église triviale figure celui d’organiser des missions.

Le 1° octobre 1698 débute à La Gacilly l’une de ces missions ; elle fut particulièrement importante puisqu’elle dura tout le mois.

Une mission est un temps fort de la vie religieuse d’une paroisse ou d’une trève. Son origine remonte au XI° siècle. En fait, au départ, ce fut une règle instituée par l’église qui interdisait aux seigneurs féodaux de se faire la guerre du mercredi soir au lundi matin et à certaines périodes de l’année. Pendant ce répit des hostilités, l’église invitait les paroissiens à prier pour le retour de la paix.

C’est surtout à partir de la moitié du XVII° siècle que la mission devient un temps de prières et de pénitence. De durée variable, d’une semaine à un mois, elle consiste en messe quotidienne, récitation du chapelet l’après-midi, bénédiction du Saint-Sacrement et surtout deux ou trois prédications pour les jours de la semaine. Le dimanche est marqué par une grand-messe solennelle le matin, les vêpres avec procession l’après-midi et plusieurs sermons. Des prêtres missionnaires viennent spécialement dans la paroisse pour assurer les prédications, les confessions, les cantiques et même pour des cérémonies courantes comme les baptêmes ou les sépultures en cas de défection du curé titulaire. Pour le dimanche de clôture de la mission, la coutume veut qu’une croix soit érigée pour la circonstance et une procession spéciale est organisée pour la bénédiction de cette nouvelle croix ou, à l’occasion, pour sa rénovation. C’est ainsi que la croix de Gazeau fut érigée pour la mission de 1913.

Beaucoup de ces missions se déroulent en septembre, octobre, novembre, janvier, février ou mai mais surtout pas pendant les durs travaux agricoles de l’été ; le mois de septembre est même évité dans certaines contrées à cause de la récolte du blé-noir. Certaines périodes, comme l’Avent ou le Carême, sont aussi évitées parce que réservées aux prédications traditionnelles faites par le curé de la paroisse ou de la trève.

Au XVIII° siècle, les fidèles semblent davantage sensibilisés par ces temps de prières et de recueillement. Les missions connaissent alors un très grand succès. Ces temps forts perdront peu à peu de leur intensité pour s’éteindre et disparaître pendant la deuxième guerre mondiale.

CONFRERIES

C’est un rassemblement de paroissiens, de prêtres voire des deux. Les prêtres faisant partie d’une confrérie portent le titre de chapelains comme les titulaires de chapellenies et leur nom est précédé de la particule « Dom ». Ces chapelains font partie d’office de la communauté de prêtres de la paroisse. C’est ainsi que certains doyens ou curés de paroisse qui, de par leurs fonctions régulières, ne peuvent entrer dans la communauté de prêtres arrivent à en faire partie. Le doyen est même membre de droit.

Pour pouvoir entrer dans une confrérie, il faut être « natif de la paroisse ou bien parent de plusieurs fondateurs, de bonne vie, mœurs et capacité, de religion chrétienne, apostolique et romaine. » Le nombre de membres est variable suivant chaque confrérie et suivant les circonstances où la nécessité de satisfaire à toutes les obligations et fondations qui y sont annexées.

Sur la paroisse de Carentoir, il y eut quatre confréries :

Confrérie de la Nativité de Notre-Dame

Elle est composée uniquement de prêtres. Ils sont 17 en 1730 ce qui montre que le clergé est alors très nombreux quand on sait qu’il faut être natif de la paroisse pour pouvoir faire partie de la confrérie. Cette « très noble et très ancienne confrérye » a duré jusqu’à la Révolution. Vincent Rollays de la Bouère fit partie de cette confrérie ainsi que Pierre Réminiac de la Basse-Provostais. Vincent de la Noë de Bonnais en Carentoir et Mathurin Herselin du bourg de Carentoir, tous les deux membres de cette confrérie, firent sommation, le 5 octobre 1770, au sieur Le Beau du Tuet, receveur des devoirs à La Gacilly (registres de l’enregistrement), de « leur délivrer à chacun une bouteille d’eau-de-vie à raison de 20 sols la bouteille, ainsi qu’ils étaient en droit de l’exiger suivant la lettre écrite par les fermiers généraux à messeigneurs de la commission de cette province ».

Confrérie du Saint-Rosaire :

Elle fut érigée avant 1668 en l’église de Carentoir.

Confrérie de Saint-Jean-Baptiste :

Le 27 décembre 1612, quatre prêtres de la trève de La Gacilly en font partie : Julien Huet, le curé ; Vincent Rollays de la Bouère ; Franc et Bayon.

Confrérie de Saint-Nicolas,

Rattachée à l’église Saint-Nicolas de La Gacilly où la confrérie se réunit d’ailleurs, il semble bien que le premier prêtre connu de La Gacilly, Dom Guillaume Tastard, habitant au Pâtis, soit à l’origine de cette confrérie. La particule Dom qui précède son nom indique clairement qu’il faisait sûrement partie d’une confrérie.

FONDATIONS.

Ce sont des sommes laissées par donation par une personne vivante ou par testament si elle est décédée pour quelque œuvre religieuse ou de bienfaisance. Si les seigneurs, en créant des chapellenies, laissent des fondations importantes, les particuliers ou les membres du clergé peuvent eux aussi créer des fondations. Ces donations sont rigoureusement consignées avec les intentions qui s’y rapportent. C’est la raison pour laquelle des documents existent encore qui donnent, pour l’église Saint-Nicolas, les fondations suivantes par ordre chronologique :

  • 4 janvier 1647 :  Guillaume Cheval et femme donnent à l’église Saint-Nicolas de La Gacilly une terre près de la Ville-Janvier en la Chapelle-Gaceline.
  • 27 janvier 1653 : Jean Gory, prêtre, donne une terre située au village de la Ville-ès-Esnés.
  • 1664 Laurent Audran, curé de La Gacilly, donne le pré et le clos des Closeaux et celui de Brohéas.
  • 6 décembre 1664 : René Tastart donne une terre au domaine de Lessart.
  • 10 février 1666 : Julien Epaillard, 3 livres de rente.
  • 6 avril 1666 : Marc Bruc, rente de 5 livres payables par Mathurin Boucher de la Bouère.
  • 19 septembre 1676 :Jean Coué, 4 livres sur le pré de la Bouère, payables par Jean Glains et Alexis Delios.
  • 3 février 1682 :Jacques Perré, 5 livres de rente dues par Jugon Dudoué et Renée Perré, sa femme.
  • 3 mars 1682 : Julien Caris, une maison sise à la Bergerie.
  • 6 novembre 1684 : Pierre Epaillard, rente de 3 livres 4 sols sur terre près Brohéas, dues par Pierre Moreau et Joseph et Pierre Epaillard de la Pételaie et de la Minardais.
  • 5 avril 1686 :François Hervy et Jacquette Soulaine, 25 livres payables par Jean Tastart et Jeanne Hervy.
  • 22 mai 1686 :René Riaud, 7 livres sur terre au domaine de Saint-Vincent, dues par Jean Moulin de La Gacilly.
  • 28 septembre 1686 :Julien Tastart, rente de 3 livres sur terre près de la Ville-Jarnier, dues par Pierre Dandin.
  • 26 avril 1688 :René Chénais, rente de 5 livres sur terres au village de la Ville-aux-Aînés, dues par Jeanne Devinet, Paterne Devinel et Jean Pescherel.
  • 21 décembre 1688 : Michel Bécel, rente sur les Barres au Lieuvix.
  • 5 mai 1689 :René Bruc, rente sur le pré des Couquehuc en Sixt-sur-Aff.
  • 17 mai 1690 : Le prêtre François Pezeron, rente de 4 livres dues par Jean et Morice de La Gacilly.
  • 31 octobre 1693 : André Saulnier, sieur de la Bouère, donne à l’église une somme de 400 livres.
  • 31 janvier 1694 : Julien Danard, prêtre, donne à l’église de La Gacilly et à celle de la Chapelle-Gaceline 130 livres.
  • 30 novembre 1711 :Jeanne Tastart, rente de 3 livres sur le pré de la Villelio et le champ des Puits, dues par Marie et Pierre Coué de Brohéas.
  • 28 novembre 1712 : Jeanne Tastart, 9 livres sur une terre près le village du Chêne et un pré près du domaine de la Roche Gestin, dues par Olivier Dandin.
  • 4 juillet 1713 : Jean Métayer et Julienne Thomas, rente de 3 livres 6 sols sur deux prés, l’un à la Landelle, l’autre au Lieuvix.
  • 13 avril 1715 : Jean Danet et femme, rente de 3 livres sur jardin à la Provotaye, dues par Jean Bellamy, héritier.
  • 20 novembre 1717 : Ambroise Le Roy, rente de 4 livres sur terre du Domaine du Château, laquelle fut vendue le 25 novembre 1717 au profit de l’église.
  • 5 février 1721 :Jean Ameline, rente due par Louise Métayer.
  • 7 mai 1746 : Julienne Guéno, rente de 9 livres dues par Mathurin Michel et
  • 21 février 1749 :   Julien Chesnais, rente sur la maison de la Bergerie et un
  • 30 janvier 1760 : Demoiselle Marie-Jacquette Glains, veuve du sieur de la Ferrière, donne 300 livres à l’église de La Gacilly pour la fondation à perpétuité de 4 services et 4 saluts du Saint-Sacrement, pour elle et son mari, aux quatre fêtes principales de la Vierge, ainsi qu’une rente de 15 livres pour le service de la fondation de son fils Laurent, le tout dû, d’après l’acte de fondation, par Jean Plet et sa femme, lesquels s’en déchargèrent avec le consentement de la fondatrice, sur demoiselle de la Guichardière-Thibault et son frère, par acte du 22 février 1771.
  • 6 avril 1766 :Guillaume Fréoul et Julien Moisan, rente de 7 livres dues par René Robin de Lauloyer.
  • 18 avril 1771 :Julienne Métayer, veuve de M. Joseph Duguest, demeurant à la Bouère, donne un capital de 100 livres pour la fondation d’une exposition du Saint-Sacrement, le 1° dimanche de chaque mois, dans l’église de La Gacilly. Le général de Carentoir accepta, à condition qu’après le prélèvement de la somme de 30 livres au profit des prêtres de La Gacilly, le surplus serait versé dans la caisse de la trève pour le paiement des cierges et les besoins de l’église tréviale. La fondatrice devait pourvoir à tous les frais d’installation et reconnaissance de sa fondation..
  • 1° juin 1771 :Marie-Thérèse Glains donne, par testament, à l’église de La Gacilly 30 cierges de cire blanche, livrables par son héritier Jacques Le Dault.
  • 29 décembre 1772 : Charlotte Colin, rente de 3 livres 10 sols au principal de 140 livres dues par Pierre Bruc, Michel Soulaine et la veuve Jean Dorigné de la Danais.
  • 19 décembre 1773 : demoiselle Jeanne Bouet, rente de 3 livres dues par Mathurine Moulin de Quelneuc.
  • 19 décembre 1773 :Pierre Soulaine, rente de 3 livres.
  • 8 février 1783 :Jean Boucher, 3 livres au principal de 140 livres dues par les Boucher de La Gacilly.
  • 1° octobre 1787 : Julienne Métayer, rente de 15 livres sur les biens d’Olivier Danard du Chêne-Jéhannet.
  • En 1788, Jean Danet de la Provostais donne par testament 10.000 francs (valeur de 1930) aux prêtres et à l’église de La Gacilly pour messes et services et pour aider à la restauration du calvaire. Cet homme devait être assez fortuné car, en même temps, il laisse 500 francs à son journalier et 300 francs à sa domestique. Il fait distribuer 18 demis de blé seigle et 18 demis de blé noir à tous les pauvres de La Gacilly qui assisteront à son enterrement.

 

Certaines fondations furent faites sans que la date soit consignée ; c’est ainsi que l’on trouve :

  • Laurent Lévêque, 15 livres sur le citoyen Guichardière-Thibault, dues par Paterne Soulaine de La Gacilly.
  • Maison en ruine, jardin et terre à la Bergerie de La Gacilly.
  • Pièce de terre à Brohéas.
  • Le prêtre Denis Séguin, rente de 5 livres sur le pré de la Planchette dues par Joseph Malteste à Brohéas. Denis Séguin fut prêtre habitué à La Gacilly en 1760.
  • Juliette Moisan, 3 livres sur terre nommée la Chambre à Chèvre près l’hôtel Taluard, dans le domaine des Brûlais, au pâtis du Rosais.

Icone retour haut page

 

 

 LE CLERGE GACILIEN.

A la fin du XV° siècle, les prêtres sont très nombreux et comprennent : les prêtres marqués : doyen, curé, sub-curé (qui deviendront les vicaires), la communauté de prêtres qui comportait les chapelains de chapellenies ou de confréries, les prêtres baptiseurs, les prêtres habitués et les prêtres auxiliaires.

A La Gacilly, on trouvera jusqu’à quatre, cinq voire six prêtres en même temps. Comment et de quoi vivaient-ils ? Le doyen de Carentoir percevait les dîmes et le casuel de la trève et de la paroisse bien sûr ; cela lui permettait d’avoir un revenu annuel net de 35.000 à 40.000 francs (valeur de 1930), c’est à dire après avoir versé à chacun de ses curés et sub-curés, responsables des trêves, 500 francs pour les premiers et de 300 francs pour les seconds. A ce maigre salaire, il faut ajouter les honoraires de messes, environ 1500 francs par an, puis les maigres ressources du petit casuel (assistance aux baptêmes, aux mariages et aux sépultures) et enfin les revenus du titre clérical constitué par la famille au moment de l’ordination et qui variait entre 1.000 et 1.500 francs. Lorsque, dans l’année, ils percevaient 8.000 francs, c’était une bonne année. Il ne faut pas oublier qu’avec cette somme, ils devaient se nourrir, s’habiller et se loger car il n’y avait pas de presbytère à cette époque. On comprend pourquoi ces curés et sub-curés aspiraient à un poste de recteur responsable d’une paroisse qui touchait des prébendes un peu plus importantes. Jusque vers la fin du XVII° siècle, les prêtres de La Gacilly sont, en général, des enfants du pays ; ils seront d’ailleurs inhumés dans le chanceau de l’église. Enfin, ces prêtres devenaient très souvent les parrains des enfants du voisinage ou par occasion. Tous ces prêtres continuaient d’habiter leur village natal ; une chambre haute leur était destinée dans la maison maternelle ou on leur construisait une petite maison de deux pièces. Ce fut le cas pour Denys Seguin de Brozéas ou encore Laurent Audran de la Basse-Cour. Ces pauvres prêtres, pour se rendre à l’église tréviale, empruntaient des chemins peu sûrs déjà à l’époque ; c’est ainsi qu’Alain Naël, curé de La Gacilly de 1626 à 1642, qui habitait la Glouzie, fut attaqué et sans doute tué sur le chemin de sa maison.

Les Doyens.

Pouvant être natif de La Gacilly et étant le supérieur hiérarchique du curé de La Gacilly, le doyen, pendant sa vie sacerdotale, a certainement marqué la vie gacilienne au cours des siècles ; c’est pourquoi leurs noms sont mentionnés ci-dessous. Le doyen de Carentoir est nommé à l’alternative, c’est à dire nommé suivant les circonstances de temps et de lieu, soit par le pape, soit par l’évêque diocésain. Ceci provient du fait que la Bretagne ne fut pas concernée par le Concordat de 1516 qui conférait au roi le droit de nommer les évêques et les bénéficiaires ecclésiastiques. La Bretagne, indépendante alors, resta sous l’obédience du pape qui nommait les titulaires de bénéfices ecclésiastiques huit mois de l’année et les évêques bretons avaient le même pouvoir pendant les quatre autres mois.

Le doyen a à sa charge cinq curés : deux au bourg de Carentoir, un à La Gacilly, un à la Chapelle-Gaceline et un autre à Quelneuc.

Les Prêtres Habitués.

Les prêtres habitués connus de La Gacilly sont :

  • Julien Le Jeune, sieur de la Ville-Louët en 1526.
  • François de Couëdor, sieur de la Motte (l’ancien presbytère), aussi en 1526. ()
  • Guillaume Toudroit et Vincent Epaillard du Tay-aux-Epaillard en 1531.
  • Ambroise Henry en 1594.
  • Raoul Nicolas, Alain Goupil, Alain Dandin en 1605.
  • Julien Ricaud en 1629.
  • Julien Grimaud en 1631
  • Guillaume Le Breton de la Corblaie en 1631.
  • Denys Seguin de Brozéas en 1632.
  • Pierre Guéno en 1642.
  • Jean Geffroy de la Villelio en 1662
  • Jean Du Bois de la Ville-Louët et Jean Fréoul en 1665.
  • René Potremat en 1710.
  • Denis Séguin en 1760 et en 1773.
  • Pierre Réminiac en 1771.

Curés et Subcurés de La Gacilly.

Comme le nombre des prêtres était fort grand, le poste de curé était un poste recherché malgré un sort peu enviable. Ils disposaient, au début du XVII° siècle, d’une pension de 150 à 200 livres versée par le doyen et la fabrique ne leur venait pas en aide. Avec cette modeste somme, ils devaient pourvoir à leur logement et à leur nourriture. Voici les curés et sub-curés par ordre chronologique :

  • Jean Guilloux : 1573- 1575
  • Pierre Rebuffé :1575-1579. Mathurin Goupil () et Georges Epaillart: 1579-1584.
  • René Nicolas et Pierre Colin () : 1584-1591.
  • Pierre Colin et Olivier Séro : 1591-1605.
  • Pierre Colin et Pierre Ricaud : 1605-1607.
  • Guillaume Couërault, ancien aumônier de la chapelle Saint-Jean, semble être devenu aussi curé de La Gacilly en 1607.
  • Pierre Colin et Vincent Rollays 1607-1608.
  • Vincent Rollays et Julien Huet 1608-1625.
  • Julien Huet, Alain Noël et Laurent Audran 1625-1629.
  • Laurent Audran, Leurel et Jean Goupil : 1629-1642.
  • Laurent Audran et François Pézeron 1643-1647.
  • Guy Goupil et François Pézeron 1647-1652.
  • François Pézeron et Michel Morin 1652-1660.
  • Jean Goupil et Julien Tastart 1660-1677.
  • Julien Tastart et Julien Danard 1677-1679.
  • Julien Danard et François Labouro 1679-1685.
  • Marc Labouro et Guy Morice : 1685-1689.
  • H. Jouan : 1690-1691. Avec lui se trouve un C. Perrot ou Perret ou Perré, prêtre-missionnaire, faisant les fonctions curiales dans l’église de La Gacilly par mandatement de Mgr d’Argouges.
  • Mathurin Glains et Pierre Danard : 1692.
  • Jacques Perré ou Perret 1693-1698. En 1697, Guy Morin des Fougerêts était aumônier de la chapelle Saint-Jean.
  • Claude Jagu : 1699-1701.
  • Joseph Hamon et Yves Olivier : 1702-1704.
  • François Picard : 1705.
  • Guillaume Le Jeune : 1707-1709.
  • Jean Devinel, sieur du Tayac et Joseph Doméon: 1710-1730.
  • Jean Devinel et René Glains 1731-1745.
  • René Glains et Charles Le Masles 1746-1756.
  • Charles Le Masles 1756-1776. René-Noël Rubault 1776-1784.
  • J. Bruc 1784- 13 décembre 1785.
  • Jean-Marie Chantreau : 1785-1790.
  • René-Noël Rubault en 1792 et en 1798, prêtre constitutionnel.
  • L’abbé de la Villoais deviendra le premier recteur de La Gacilly après la Révolution.
  • Le Chesne en 1801 et 1814.
  • Abbé Foloreille : 1832-1850.

 En 1850, le 27 août, est installée en l’église de Renac la cloche Marie-Hortense. L’abbé Joseph-Marie Cheval, prêtre de La Gacilly, assiste à la cérémonie. Il est parent de Joseph Cheval et de Marie-Scholastique Gaudin, premier habitant portant le nom de Cheval à Renac en 1792. Ils venaient de Cournon.

ORIGINE ET VIE DU CLERGE GACILIEN.

La noblesse a fourni très peu de prêtres à La Gacilly. On peut cependant citer :

  • Julien Le Jeune, sieur de la Ville-Louët en 1526, prêtre habitué.
  • François de Couëdor, sieur de la Motte en 1526, prêtre habitué également.
  • Mathurin de la Landelle, seigneur du Porzo (ou du Porzou) en Pommerit-Le-Comte dans les Côtes-du-Nord. Les prêtres issus de la noblesse aspiraient ordinairement à de gros bénéfices ; Mathurin de la Landelle fait exception en devenant recteur de Saint-Congard jusqu’en 1679, année où il résigna son bénéfice en faveur d’un compatriote et voisin, messire Julien Tastard, natif du village du Chêne et curé de La Gacilly.

 

La bourgeoisie en fournit un peu plus, ce sont

  • Jean Guilloux, curé de La Gacilly de 1573 à 1575. C’est sous son ministère que les baptêmes furent autorisés en l’église Saint-Nicolas et inscrits au registre des baptêmes. Il est cependant possible que des baptêmes aient eu lieu à La Gacilly avant cette date car, sur les registres de Carentoir, on ne retrouve que trois baptêmes de gens de La Gacilly entre 1541 et 1573, les registres paroissiaux ne devaient pas encore exister pour les trêves. Sur ces trois baptêmes, l’un des enfants est de la Villouët et un autre de la Bouère, un seul enfant gacilien aurait donc été baptisé en trente ans. L’hôpital, à lui tout seul, recense une vingtaine d’enfants d’étrangers nés pendant cette période
  • Pierre Colin, subcuré de La Gacilly vers 1584.
  • Julien Ricaud : fils de Jean et de Jeanne Robert, il fut ordonné sous-diacre à Auray le 20 mai 1617, le même jour et à Auray également était ordonné prêtre Guillaume Perrigue. Julien Ricaud devint prêtre en 1619. Il signe au registre comme prêtre servant jusqu’en 1656 pour des baptêmes ou comme parrain. Il dut se retirer à la Chapelle-Gaceline car, en 1652, un acte indique : « Françoise Soullaine, fille de Jean et de Julienne Bouan a été nommée par honorable prestre Julien Ricaud et Jeanne Soullaine. Ladite Françoise naquit le jour de Saint François, c’est pourquoi pour l’honneur qu’il porte au Père séraphique Saint François, il a voulu l’encrer de ce nom et a été baptisée par messire Jean Goupil. »
  • Julien Grimaud en 1631, prêtre habitué.
  • H. Jouan, curé de La Gacilly en 1690 et 1691.
  • René Glains, subcuré de La Gacilly de 1731 à 1745. Il semble que ce soit lui qui baptisa, en 1740, un enfant naturel dont voici l’acte de baptême : « Baptême de François-Vincent Le Beau (sans doute un nom de circonstance) né le 1° de ce mois en cette ville, chez M. Jean Pallois, chirurgien-juré, qui m’a présenté cet enfant pour être baptisé, dont le père et la mère sont inconnus. »

En plus de ces prêtres qui exercèrent leur ministère à La Gacilly, on peut y ajouter ceux qui, natifs de La Gacilly, s’en allèrent ailleurs porter la bonne parole : Lebours, Chesnorio, Burban, Fréoul, Macé, Gicquel, Thomas et

Ambroise Henry, fils de Guillaume et de Jeanne Guéno ; il est ordonné sous-diacre à Saint-Brieuc le 11 juin 1560, puis diacre à Saint-Malo-de-Beignon le 25 septembre 1566 et prêtre au même endroit le 17 décembre 1588. Avec ce cas, on s’aperçoit qu’après avoir passé un examen, le vicaire général accordait aux clercs un certificat qui leur permettait de se mettre en route vers la ville où ils savaient qu’une ordination devait avoir lieu et cela les entraînait parfois fort loin. Ambroise Henry, après son ordination, revint à La Gacilly où il signe à la fin de 1588 : « prêtre en l’église de Monsieur Saint-Nicolas de La Gacilly ». En 1596, il fut pourvu des chapellenies de la Chandeleur et de Saint-Sébastien à Saint-Patern ; en 1597, d’une autre chapellenie de Saint-Sébastien à la cathédrale de Vannes. Il la possède encore en 1604 et probablement plus tard ; il meurt en 1615.

La majorité des prêtres étaient issus de la dernière classe de la société, c’est à dire du peuple, commerçants et paysans principalement, jouissant d’une certaine aisance pour couvrir les frais de trois ou quatre années de séjour à Vannes car il n’y avait pas encore de séminaires, soit environ 2.000 francs par an (valeur de 1931) sans oublier le titre clérical que la famille devait constituer au moment de l’ordination. Parmi eux, on peut citer :

Dom Mathurin Goupil : curé de La Gacilly en 1563, il signe encore en 1575 ; il habitait la Bouère. Un acte sur parchemin, provenant du Moulin Gestin, rapporte qu’il autorisa, probablement au titre de tuteur, un de ses neveux, serviteur chez le seigneur de Lieuzel en Pleucadeuc, d’aliéner des biens de famille situés au Lieuvix.

Vincent Rollays : curé en 1617, il signe les registres de 1604 à 1626 ; natif de la Bouère, il y habita par la suite ; il faisait partie de la confrérie de la Nativité de Notre Dame et de celle de Saint-Jean-Baptiste en l’église de Carentoir ; ce fut probablement un oncle à lui qui, portant le même nom, fonda en 1588 la chapellenie de l’Hôtel Fournier en Carentoir.

Julien Huet faisait partie de la Confrérie de Saint-Jean-Baptiste en l’église de Carentoir.

Alain Noël : il habitait dans la maison Colin au village de la Glouzie et fut curé de La Gacilly de 1626 à 1642. Son acte de décès est ainsi rédigé : « Le vingt sixième jour d’août 1652 décède messire Alain Noël du village de la Glouzie d’une mort accidentelle. S’en allant de la ville de La Gacilly le dict jour environ sur sept à huit heures du soir. On ne sait s’il fut étranglé ou si ce fut cogné, il tomba dans le creux du fossé de Mabio. Le lendemain, il fut trouvé dans la douve du dict fossé et fut inhumé dans le chanceau de l’église sans avoir été visité et le relief du corps fait par le sénéchal et les officiers de la seigneurie. » En fait, la sécurité des chemins n’était pas assurée même sur une courte distance.

Laurent Audran : il naquit à la Ville-Jarnier et plus vraisemblablement au village de la Basse-Cour le 14 novembre 1588. Fils de Jean et de N. Tastard, il fut baptisé le jour de sa naissance ; il eut pour parrain Laurent Hervy et Pierre Audran et pour marraine Denyse Audran. En effet, à cette époque, les garçons avaient deux parrains et une marraine, c’était l’inverse pour les filles. Il fut ordonné prêtre en 1612 puis il fit douze ans de ministère sans doute à Malansac où il noua des relations avec les moines franciscains de Bodélio. Il revient à La Gacilly à 36 ans et il y vivra jusqu’à sa mort, habitant pendant tout ce temps au village de la Basse-Cour. Sa maison est, suivant toute probabilité, la maison occupée, par la suite, par Julien Boucher, maison presbytérale d’après les traditions du village, les souvenirs de famille et cette disposition spéciale aux habitations des prêtres de ce temps d’avoir dans tous les coins des placards ou armoires d’attache pour mettre à l’abri leurs livres, leurs registres et les objets du culte car il n’y avait guère encore à cette époque que des coffres ouvrant en dessus et fort peu d’armoires. Sa maison touche le clos des Closeaux appartenant à ce moment-là à Messire Audran et est voisine de la maison Daudin où il fut parrain en 1664 du fils de sa petite-nièce Ysabeau-Elizabeth Tastard. Une pierre qui formait le fronton d’une fenêtre du premier étage, tombée au début des années 1900 et reléguée dans un coin de la cour, portait en relief un calice avec la date 1626 qui est, à deux ans près, celle du retour définitif à La Gacilly. D’abord prêtre servant et vicaire puis subcuré et enfin curé de La Gacilly, il devait mourir, après 42 ans de ministère dans l’église de La Gacilly, à l’âge de 76 ans, laissant le souvenir d’un prêtre pieux, charitable et généreux. Il fut le confrère de François Pézeron et de Michel Morin. C’est lui qui fit restaurer l’église Saint-Nicolas en particulier le chapiteau qui menaçait ruine. C’est également pendant son ministère qu’il participa à l’achat d’une cloche qui fut installée et bénite dans le clocher. Il contribua beaucoup à la construction des deux chapelles latérales de l’église Saint-Nicolas. Il mourut « l’antépénultième jour du mois de mars 1665 qui était le jour des Rameaux, environ les huit heures du matin d’une maladie pressante d’une durée de six jours, se confessa, communia et reçut l’extrême-onction avec bon jugement.  Assistèrent à sa sépulture douze prêtres et quatre religieux de Bodélio et il fut inhumé en la tombe seconde du chanceau, du côté de l’épître le dict jour et an 1665, âgé de 78 ans. Il a beaucoup obligé et travaillé pour la décoration et structure de cette église et fait de grandes aumônes et fondations, prier pour lui. » En effet, il fit une fondation en 1644 à l’église de La Gacilly du clos et du pré des Closeaux ainsi que d’un autre pré à Brozéas.

François Pézeron : fils de François et de Renée Hervy, il célébra sa première messe l’an 1634 ; il habitait Lauloyer et fut curé de La Gacilly de 1642 à 1645, année où il perdit sa mère « un dimanche environ deux heures après midi, le 15° jour de janvier 1645 en la présence de messire Laurent Audran et de Marie-Françoise Pezeron, fils de la ditte Hervy et en présence d’un grand nombre de personnes qui se trouvèrent à son trépassement, après avoir reçu tous ses sacrements et le lendemain fut inhumée en l’église de La Gacilly.» A cette époque, lorsque quelqu’un décédait sans héritier et sans testament, tous ses biens s’en allaient à la seigneurie. Le curé Pézeron fut dépiter car il eut à affronter un tel cas lorsque : « Pierre Sero, du village de la Bouère, décéda le 19° jour de janvier 1651 après une longue maladie sans jamais avoir voulu faire testament, ni aucune ordonnance, ni aumône bien que fort riche. Le lendemain fut inhumé dans l’église de La Gacilly. »

François Pézeron décéda le 31 décembre 1654 d’une longue maladie après avoir reçu tous ses sacrements. Le lendemain, premier jour de l’an 1655, il fut inhumé dans le chanceau de l’église de La Gacilly, dans la tombe proche la sacristie de l’église. Il mourut âgé de 46 ans. Sa maison à Lauloyer était voisine de celle de son frère Jean, époux de Jacquette Séro. Le soin minutieux avec lequel il rédige son registre d’inhumation, marquant le rang et le numéro des sépultures, leur place par rapport à la chaire, au bénitier, au reliquaire, aux fonts ou à l’autel, en même temps qu’il confirme l’habitude prise, à cette époque, par les gens de La Gacilly de se faire tous enterrer dans leur église, permet de se rendre compte de la disposition intérieure de l’édifice. Ses successeurs continuèrent à donner les mêmes détails sur les sépultures dans l’église. Messire François Pézeron fit une fondation d’une rente de quatre livres payée jusqu’en 1699 par Jean et Joseph Morice de La Gacilly

Michel Morin : il habitait au village de la Haute-Provostais ; ce fut un prêtre d’une très grande piété, c’est lui qui voua à la Sainte Vierge et aux Saints de nombreux enfants pendant qu’il était vicaire à La Gacilly ; il notait cette pratique avec grand soin : 25 mai 1653, Marie Bertin a été baptisée et vouée à la Sainte Vierge ; octobre 1653, Alain Massé l’ont voué aux Saints ; 18 avril 1654, Lorand Boudet a été voué à Saint Lorand ; 23 janvier 1654, Nicolas Soulaine, fils de Julien et Denyse Métayer a été voué au bienheureux Saint Nicolas ; 3 janvier 1655, Marie Ramel, fille de Julien et de Perrine Toudré, vouée à la Très Sainte Vierge Marie. Revenant à pied d’un pèlerinage à Sainte-Anne-d’Auray, il décède à Rochefort-en-Terre après une « maladie d’un jour ». Le bruit d’un assassinat courut et on exhuma son corps aux fins de constatations. Voici le constat qui fut fait : « Messire Michel Morin, du village de la Provostaye, mourut à Rochefort, venant de Sainte-Anne. Il fut confessé par M. le Doyen du dict lieu et reçut l’extrême onction par le dict doyen. Et le dict Michel Morin mourut, âgé de 35 ans, d’une forte pleurésie qui le print de la vie dans le temps de 24 heures par ce qu’il arriva de Sainte-Anne le vendredi, environ une heure, qu’il décéda le samedi suivant à 15 heures, le troisième jour de juillet 1658 et son corps fut amené à La Gacilly qui est le lieu de sa sépulture dans le cœur de ladite église qui est la sépulture des prêtres. Messires Jean Goupil, Julien Danard et plusieurs habitants acconduisirent le corps du défunt au lieu de sa sépulture. Le troisième jour d’août, son corps a été déterré pour être visité. Lui a trouvé une contusion derrière l’oreille droite. J. Goupil, vicaire de l’église de La Gacilly. » Le peu de sécurité des chemins est encore confirmé par cet acte d’inhumation.

Guillaume Le Breton : fils de Guillaume et de Marguerite Rocher d’Elven, prêtre en 1616, habitait la Corblaie ; il y meurt en 1645 et fut enterré le 20 mars dans le chanceau de l’église de La Gacilly.

Denys Seguin : il habitait Brozéas où sa maison existe encore portant au premier étage un écusson chargé d’un calice avec l’inscription M. D. SEGUIN et la date 1634. Messire Denys Seguin donna en fondation à l’église de La Gacilly une rente de cinq livres sur le pré de la Planchette sis entre la Ville Jarnier et Brozéas, rente due par J. Malteste de Brozéas.

Jean Goupil : fils de Yves et de Alaine Lelièvre, il habitait la Bouère. Ayant reçu une lettre dominicale pour la tonsure et les ordres mineurs le 6 juin 1628, il dut être ordonné prêtre vers 1631. En 1632, il est déjà à La Gacilly et il commence à couvrir les registres de sa belle et forte écriture qui rend d’une lecture si facile les actes rédigés de sa main. Longtemps vicaire, il fut nommé curé en 1664 où il apparaît comme tel dans le procès-verbal de la bénédiction de la cloche Nicole-Anne et le resta jusqu’en 1674. Retiré à la Bouère, c’est là qu’il mourut. Il appartenait à une famille qui avait déjà donné avant lui plusieurs prêtres à l’église, en particulier Dom Mathurin Goupil, curé de 1583 à 1590 qui signe encore au registre en 1603, 1605 et 1608. Sur les registres de baptême, il porta l’inscription suivante : « Le lundi 1° novembre environ les dix heures du soir, l’an 1642, il est né un enfant de Jean Pézeron et de Jacquette Sero, ses père et mère, lequel enfant par crainte de danger de mort a été baptisé à la maison par messire François Pézeron, son oncle paternel le dict jour environ minuit. L’enfant susdit a été apporté à l’église et a été tenu par le dict messire Pézeron et Julienne Jan. On luy a donné le nom de Anne. » Or Jean Pézeron et son oncle messire François habitaient Lauloyer. Tout cela pour dire que le prêtre habitant la maison ou celle d’à côté, pouvait intervenir à tout moment, c’était l’avantage d’avoir des prêtres qui habitaient les villages. En 1647, Jean Goupil porte cette autre inscription : « Julien Joubvenel, fils d’honorable Me Julien et demoiselle Jeanne Chomart a été baptisé par messire Jean Ricaud dans la nécessité et moy soussigné lui ai donné les cérémonies de l’église et a été tenu par Me Jean Hervé, seigneur de la Pommeraye et Julienne Guéno. » Il mourut à 73 ans. Voici, à son sujet, l’inscription du registre des inhumations : « Vénérable et discret messire Jean Goupil, prestre de la trève de La Gacilly mourut le premier jour de juin et le lendemain, second jour du mois, fut faite la sépulture par messire Mathurin Cocherel, prestre de l’église de Carentoir, dans le chanceau de l’église de La Gacilly, dans la seconde tombe du côté de l’évangile, proche la porte de la sacristie. Ont été présents à la sépulture, Jean Goupil, frère du défunt, Vincent Goupil et Jean Coué, beaux-frères du dict messire Jean Goupil et la plus grande partie des habitants de la dicte trève, le second jour du mois de juin 1678. » L’empressement de la population gacilienne à ses funérailles montre bien la sympathie et l’affection qui entouraient ce bon vieux prêtre. Il méritait l’une et l’autre par la fidélité et la continuité des services rendus pendant 48 ans.

Jean du Bois : arrivé à La Gacilly en 1658 et habitant le village de la Ville-Herçay (ou Ville-Hercoué), partie Ouest et Nord du village de Brozéas, il signe au registre « prestre servant en la dicte paroisse de La Gacilly » ; en 1671, la mention est devenue : « prêtre servant en la dicte église de La Gacilly ». Il était titulaire de la chapellenie de la Villouët où il habitait en 1674. Il semble bien que ce soit lui qui, voyant ses ouailles grelotter en attendant l’heure de la messe, leur faisait danser en chantant dans la cour pavée de la Villouët, une ronde joyeuse dont le bruit arrivait jusqu’à La Gacilly, donnant ainsi une solution inédite, économique et savoureuse au problème du chauffage des églises pendant la saison froide. Le 14 avril 1666, il est appelé au chevet de Vincent Pa.co de la trève de Saint-Nicolas-du-Tertre qui venait de recevoir un coup de pistolet dans la gorge mais qui fut assisté et confessé par messire Jean du Bois puis ensépulturé en la chapelle Saint-Nicolas.

Il mourut à 74 ans le 15 décembre 1678 après 50 ans de ministère. Son acte d’inhumation indique qu’il retourna pour mourir dans sa maison de Brozéas, sa famille étant toujours à Ruffiac. La sépulture fut faite par le doyen de Carentoir, Pierre de La Ruée, chose assez rare car le doyen venait très rarement sur la paroisse de La Gacilly ce qui prouve que, tout en étant une trève, elle était pratiquement considérée comme une paroisse. Seul le doyen Gobrien Le Cerff reviendra à La Gacilly pour présider les funérailles de Jean Hervy son contemporain et son compatriote. Ce seront les deux seules fois où le doyen de Carentoir sera signalé à La Gacilly ; il faut dire aussi que les doyens étaient souvent absents de leur doyenné et les curés assuraient le remplacement. Il fut enterré dans la seconde tombe du chanceau de l’église de La Gacilly du côté de l’épître. Ont été présents à la sépulture messire Guy Morice, messire Julien Danard et plusieurs autres prêtres tous de Carentoir, Sixt-sur-Aff, Cournon et autres lieux.

A cette époque, la coutume voulait que les prêtres soient très souvent demandés pour être les parrains des enfants ; messire Jean du Bois le fut tout particulièrement. De 1643 à 1675, il ne se passe pas une année sans qu’il soit parrain au moins une fois sinon plusieurs fois d’enfants du peuple mais aussi de la bourgeoisie et de la noblesse ce qui prouve l’estime qu’on lui portait. C’est ainsi qu’il fut, le 7 septembre 1659, parrain de Anne de La Landelle, fille de messire Jean de La Landelle, seigneur de Roscanvel et de Anne de Champaigne sa compagne, baptisée en la nécessité par Monsieur le Prieur de Saint-Pair en l’évêché de Saint-Malo.

Pierre Riaud : il mourut à La Gacilly en 1675 ; il avait dû exercer son ministère en dehors de cette paroisse et s’y retirer seulement sur ses vieux jours peut-être à cause de la longue maladie (8 mois) qui devait l’emporter ; il fut parrain d’un enfant de La Gacilly l’année de son décès. « Il reçut tous les sacrements nécessaires, mourut le 10° jour de septembre, environ les huit heures du soir et le lendemain la sépulture a été faite en l’église dans le chanceau, en la tombe proche la vitre par le soussigné. Ont été présents au convoy plusieurs prêtres et parents, entre autres : Louise Gicquel, sa mère, Pierre et Michel Riaud, marchands, ses frères et Me Alain Colin, son beau-frère, tous demeurant en la ville. J. Goupil. » Messire Riaud était de la ville même de La Gacilly et était sans doute le fils ou le frère de Jean Riaud, fournier du four à ban qui fut inhumé dans l’église en 1679. Les noms des parents qui assistaient à l’enterrement de messire Pierre Riaud, Gicquel et Colin, tous demeurant en la ville, font penser que Dom Gicquel, chapelain de l’Hôpital en 1592 et Dom Pierre Colin, curé de La Gacilly en 1609 étaient aussi gaciliens d’origine.

Julien Tastard : il semble qu’il soit né au Chêne-Jehanet ; fils de Jean Tastard du Chêne qui mourut le 23 mai 1660 et ensépulturé dans l’église de La Gacilly, dans la tombe du deuxième rang, sous le tronc. Cette même année, décéda aussi une de ses sœurs Perrine, qui fut inhumée dans la fosse au-dessus du bénitier. Messire Julien Tastard habitait le Chêne dans une maison qui touchait au clos Guéneau et habitée ensuite par Jean Saloux ; il était curé de La Gacilly en 1678 mais il signe le registre de La Gacilly dès 1657. Sous son ministère, un acte d’inhumation rapporte le fait suivant : « Barthélémy Saulnier, cuisinier de son métier, mendiant son pain, extrêmement pauvre, non marié, fut confessé par messire Jean Goupil, demeura s’arrêter en un four au village de la Bouère, étant fort malade d’une dissenterie dont il mourut. Cette maladie lui dura environ un mois ou plus. Le 25 novembre 1668, décéda et le lendemain fut ensépulturé dans le cimetière et fut fait service pour le repos de son âme. La sépulture faicte par messire Julien Tastard, curé. » Il semble pourtant qu’il ne fut curé qu’en 1677. Nommé recteur de Saint-Congard en 1679 à la place de son voisin et compatriote Mathurin de La Landelle de la Villouët, il y mourut le 5 avril 1685.

Julien Danard : originaire du Lieuvix, fils de Etienne et de Julienne Boudard, il est né dans une famille très pieuse, nid de plusieurs vocations sacerdotales. En 1576, il est baptisé avec comme parrain, Dom Guillaume Danard et Dom Olivier Poligné et comme marraine, Guillemette Mouraud. Dom Guillaume Danard signe au registre de La Gacilly en 1669. Devenu prêtre, Julien Danard est parrain à son tour en 1615. Il semble bien qu’il y ait eu un autre Julien Danard à la même époque ; fils de Pierre Danard, du village du Lieuvix également, qui mourut le 15 octobre 1678 et fut enterré en l’église de La Gacilly dans la 7° tombe du premier rang et de Michelle Aioul qui mourut le 26 décembre 1659 et fut aussi inhumée dans l’église. Il signe comme sous-diacre en 1642 et comme prêtre ensuite.

François Labouro : curé de La Gacilly en 1681, fils d’un notaire de la seigneurie, il était originaire de Carentoir où sa famille vivait depuis au moins un siècle ; monseigneur de Kerlivio, vicaire général, baptisa, en sa présence, un mendiant à qui ils donnèrent le nom de Trohilen. Il deviendra, en 1686, recteur de Remungol où il décèdera en 1712 ; il fut enterré au cimetière de cette paroisse au lieu d’avoir les honneurs du chanceau comme cela se faisait pour les prêtres de La Gacilly.

Jacques Perré ou Perret : curé en 1694, il habitait la Riaudais, c’est à dire la Gazaie du Haut ; sa maison maintenant détruite portait le nom de manoir de Dom Jacques et se trouvait au bout Sud de la maison Soulas, il y résidait encore en 1706 ; en fait cette maison était située entre la Riaudais et le Tay aux Perré.

Charles Le Masles : inhumé le 15 avril 1776, ses meubles furent vendus à requête de M. Pierre Le Floc, sieur du Cosquer. Sous son ministère, en 1775, il est fait état d’un mariage entre maître Louis Pierre Thomas. Et demoiselle Pélagie Eon, fille de maître René Eon dont l’acte porte la note suivante : « « Lesdites parties, mariage se faisant, ont unanimement reconnu et avoué en présence des susdits témoins, parmi lesquels dame Charlotte-Anne Dubot, dame de Cournon, et en face de notre mère la Sainte Eglise que Louis-Julien … baptisé le 5 du courant est procréé d’entre eux deux et le prennent pour leur enfant légitime. »

Sans avoir été curé ou subcuré de La Gacilly, certains autres prêtres, natifs de cette ville, sont connus comme :

Mathurin Sébillet qui signe au registre de La Gacilly en 1608 ; il deviendra serviteur domestique et aumônier de Mgr Jacques de Martin, évêque de Vannes puis recteur de Nostang et enfin recteur de Lanceul. Le nom de Sébillet était déjà répandu puisqu’en 1663, le registre des inhumations porte la mention : « inhumation dans la chapelle de Saint-Nicolas en la fosse du dessous la huche de Denyse Sébillet. »

Jean Geffroy : habitait la Villio dans la maison à étage de la rangée Chesnais-Briend ; il fut parrain le 16 janvier 1643, le 27 octobre 1657 et 1° juillet 1678. En 1662, il est prêtre habitué à Carentoir.

Guy Morice : de La Gacilly, prêtre en 1637, il fut nommé chapelain de l’Hôpital de La Gacilly en 1697. D’autres documents rapportent qu’il s’agissait de Guy Morin des Fougerêts. Il y dit une messe par semaine et pour cela reçoit de l’hôpital Saint-Nicolas de Vannes, devenu propriétaire de l’Hôpital Saint-Jean, une somme de 20 livres par an. Il fut aussi titulaire de la chapellenie de Saint-Jacob en Les Fougerêts jusqu’au 4 septembre 1697. Il mourut en 1700.

Icone retour haut page

 

 

 Création de la paroisse de La Gacilly.

De nombreux documents rapportent qu’une ordonnance épiscopale de 1745 de Monseigneur Charles-Jean de Bertin, évêque de Vannes, érigea la trève de La Gacilly en paroisse. De fait, pendant toute cette année 1745, dans les registres paroissiaux, il est question de la paroisse de La Gacilly. Mais ce mot « paroisse » ne parait plus en 1746 et le prêtre desservant continue de s’appeler curé de la trève de La Gacilly alors qu’il aurait dû devenir recteur. Il est certain que cette trève n’eut point de recteurs particuliers avant la Révolution et qu’elle fut soumise jusque-là à la juridiction du doyen de Carentoir. L’abbé Le Claire évacue trop facilement la question qui le dérange en écrivant : « Il est d’ailleurs inutile d’insister sur ce point qui n’est même plus discuté » ; peut-être mais, en attendant, il y a bien eu une ordonnance épiscopale signée en 1745 qui élevait La Gacilly au rang de paroisse et il semble bien qu’elle fut effectivement paroisse pendant toute cette année-là. De nombreux auteurs, dont Ogée dans son Dictionnaire de la Bretagne, annoncent très ouvertement que La Gacilly est devenue paroisse en 1745. Que s’est-il passé exactement ? L’évêque s’est-il rétracté ? Il faut dire, qu’en 1745, Jean-Joseph Caradec était doyen à Carentoir et, étant licencié en théologie de la Faculté de Paris, il avait une influence certaine sur l’évêque. Est-ce lui qui intervint auprès de celui-ci ? Jean Devinel qui était curé desservant de la trève de La Gacilly depuis 1710 cède la place à son sub-curé René Glains justement en 1745 mais ce dernier n’entre en fonction que l’année suivante, en 1746. Là aussi, pour quelle raison ?

A sa formation, en 1790, le Morbihan comptait 207 paroisses. Le 15 juillet 1801, le Concordat était signé et la religion catholique commença à respirer car il restaura officiellement le culte. Monseigneur Antoine-Xavier Mayneaud de Pancemont, du diocèse d’Autun, fut nommé évêque de Vannes le 9 avril 1802 et prit possession de son siège le 15 août suivant. Il est chargé, par le Concordat, de réorganiser le diocèse de Vannes. Il envoie son tableau de réorganisation au préfet le 1° septembre et le décret officiel d’approbation est signé le 17 mais il ne parvient à Vannes que le 5 octobre. Entre temps, l’évêque a déjà changé, de sa propre autorité, 27% des anciennes nominations officielles dont celle du curé de Carentoir pour donner une plus grande stabilité à sa nouvelle organisation. (LANG1 p.120) Cette stabilité se retrouve dans le découpage des paroisses. Leur petit nombre (239) est certes un avantage. Il ne manque pas néanmoins de trêves désireuses d’acquérir leur autonomie. ; 11 paroisses trop petites sont supprimées et 43 nouvelles sont créées dont 38 sont des anciennes trêves (La Gacilly en fait partie) ; certaines paroisses, comme Carentoir, étaient vraiment trop grandes. (LANG1 p.121).

 

CHAPELLES DISPARUES

 

La Chapelle Saint-Jean.

Olivier III de Montauban, après avoir terminé la construction du pont et de l’hospice et afin de respecter les promesses faites au pape Jean XXII, fit élever une chapelle. Jusqu’à la construction de l’église tréviale Saint-Nicolas sur le chemin de Glénac, ce sera le premier et le seul lieu saint de La Gacilly pendant un siècle.

Cette chapelle fut construite sur le pignon Est de l’hospice, sur les dernières pentes de la Grée Saint-Jean, à hauteur de l’étage auquel elle était reliée par une galerie qui faisait fonction de vestibule-oratoire ; cette galerie était portée par une arcade sous laquelle passait le chemin de Redon qui se dirigeait alors vers Lestun, construit et entretenu par la corvée. La longueur de cette chapelle correspondait à la largeur de l’Hospice. Comme celui-ci, la fontaine et le pont, elle prit le nom de Saint-Jean. La bulle papale indique clairement qu’elle est à la présentation du seigneur de La Gacilly, c’est à dire que les deux chapelains titulaires sont nommés avec l’avis du seigneur et avec la collation de l’évêque, c’est à dire son accord. Le seigneur, en contrepartie, doit subvenir à l’entretien des deux chapelains: 50 livres par an. Les deux ecclésiastiques assurent une messe quotidienne et les divins offices dans la dite chapelle. C’est donc tout naturellement que le seigneur de La Gacilly avait droit de supériorité et de prééminence dans cette chapelle.

D’après l’abbé Chérel, cette chapelle possédait probablement une relique insigne de la Vraie Croix. La chose n’a rien le prieuré Saint-Jean a eu très tôt pour armorial « d’azur à une Notre- Dame d’argent ». Ces armes devaient rester celles de tous les curés de La Gacilly ; elles furent reproduites sur une bannière processionnelle qui existe toujoursd’étonnant : les Montauban, seigneurs de La Gacilly, avaient pris part aux croisades en Palestine. Ils rapportaient des reliques de saints des premiers siècles conservées en Orient et des souvenirs de la Passion du Christ. Ce sont peut-être ces sentiments pieux des croisés qui expliquent qu’à part Saint Jugon et Saint Vincent-Ferrier, tous les saints honorés à La Gacilly au temps des Montauban, sont des saints d’Orient : Saint Nicolas, évêque de Myre, Saint Cyr et Sainte Julitte dont les corps étaient conservés à Antioche en Asie Mineure.

Au-dessus de cette chapelle Saint-Jean et à l’Est de celle-ci, sur un terre-plein dominant le chemin de Redon, devait se situer le cimetière dans lequel s’élevait un très bel if. Ce cimetière avait pu être aménagé car, en 1182, le pape Lucius III publia une bulle en faveur des hospitaliers de Saint-Jean leur permettant de construire des églises entourées de cimetières.

La chapelle Saint-Jean fut détruite en 1818 lors de l’ouverture de la nouvelle route de Redon. Le tertre sur lequel elle s’élevait fut abattu en même temps qu’une importante portion du bas de la Grée Saint-Jean elle-même afin de combler le vieux chemin et lui substituer la route qui s’élève dans le cas Saint-Jean, entre les deux collines « où précédemment il n’existait que des bourbiers et un ravin impraticable car alors la voie suivie par les charrettes n’était autre qu’un chemin inégal et escarpé, pratiqué en écharpe sur le rocher schisteux de la colline méridionale ce qui rendait de ce côté tout accès à La Gacilly difficile et même dangereux. Aussi le passage d’une voiture suspendue était à La Gacilly chose fort curieuse et extraordinaire ». Lors de ces travaux et à l’emplacement du cimetière, une très grande quantité d’ossements furent mis à jour.

Enfin, il faut signaler que le prieuré Saint-Jean a eu très tôt pour armorial « d’azur à une Notre- Dame d’argent ». Ces armes devaient rester celles de tous les curés de La Gacilly ; elles furent reproduites sur une bannière processionnelle qui existe toujours.

Icone retour haut page

 

 

ANCIENNE EGLISE SAINT-NICOLAS.

Construction.

Elle se trouvait en bordure du chemin qui allait de La Gacilly à Glénac non loin du lieu-dit la Motte où sera construit par la suite l’ancien presbytère, c’est à dire à l’emplacement de l’ancienne école publique de filles qui sera transformée plus tard en maison de retraite, La chapelle initiale remonte vraisemblablement au XIV°siècle. Jusqu’à sa construction, la seule chapelle gacilienne était la chapelle Saint-Jean ; les chapelles de Saint-Vincent et de Sainte-Julitte ne seront érigées que plus tard. Les archives des Montauban qui habitèrent le château jusqu’en 1395 font savoir que cette famille possédait une chapelle avec enfeu à La Gacilly  et cette chapelle est sans nul doute l’église primitive de La Gacilly. D’autre part, le seigneur de La Gacilly, fondateur patron et prééminencier de l’église de Carentoir n’y avait qu’un banc dans le chœur et pas de tombeau de famille. Il est permis de penser que celui-ci se situait dans sa chapelle particulière de La Gacilly, au siège de sa seigneurie. Ce ne fut pour commencer que la chapelle extérieure du château où, d’après Desmars « Françoise d’Amboise aimait à venir prier » et qui fit même réparer, sans doute en 1455, « cette église à peine âgée d’un siècle et demi qui chancelait sous la main du temps et réclamait un accroissement pour sa nouvelle population chrétienne, elle fut donc agrandie et consolidée ». Ensuite ce fut la chapelle tréviale et enfin l’église tréviale. Elle se trouvait en bordure du chemin qui allait de La Gacilly à Glénac non loin du lieu-dit la Motte où sera construit par la suite l’ancien presbytère, c’est à dire à l’emplacement de l’ancienne école publique de filles qui sera transformée plus tard en maison de retraite, elle-même devenue actuellement des commerces et des appartements au début de la rue d’Hollensbach.

Les renseignements concernant sa forme, ses dimensions, les matériaux utilisés, son décor manquent pour pouvoir en faire une description sérieuse. On sait seulement que, comme presque toutes les églises, le chœur était au levant, le portail d’entrée au couchant et qu’elle possédait un chanceau avec tombes. Elle était alors constituée d’une seule nef de 25m de long et 9 ou 10m de large terminée par un clocher assez bas muni d’une seule cloche. Une sacristie s’appuyait au mur du côté Nord, vers la ville. La chapelle fut dotée par Laurent Audran, curé de La Gacilly, d’un magnifique retable en pierre blanche sur lequel s’appuyait le maître-autel. A la fin du XVII° siècle, l’église reçut des embellissements et des restaurations grâce à la générosité de « Messire Laurent Audran de la Ville Jarnier ».

cadastre ou se trouvait la première église St Nicolas avec son cimetière Un chapiteau et quatre belles colonnes corinthiennes dont une encore visible dans une maison de La Gacilly ainsi qu’un chapiteau ont été conservés assez longtemps. Ce fut aussi à cette époque que l’église s’enrichit du joli tableau de l’école italienne qui sera placé par la suite dans l’église actuelle au-dessus de l’autel de la Sainte-Vierge. Il devait être enlevé lors des travaux effectués pour l’installation du chauffage. Ce tableau, en forme d’ex-voto, porte dans le bas à droite les armoiries des Talhouët : d’argent à trois pommes de pin de gueules 2,1, les pieds en bas ainsi que les armoiries des Kerguézec : d’argent au chêne arraché de sinople. Ce tableau représente, à droite, le miracle de Saint Nicolas ressuscitant deux enfants ; au milieu, une figure de Sainte Catherine faisant fuir le dragon infernal devant le crucifix. A gauche est dessiné le portrait de la donatrice Catherine de Kerguézec assise, couronnée d’un diadème, tenant à la main une épée dans son fourreau et regardant le miracle de Saint Nicolas. Elle est encadrée par sa patronne Sainte Catherine et un cardinal inconnu sans doute un membre allié ou protecteur de la famille de Kerguézec. Comme Catherine de Kerguézec ne devint propriétaire de La Gacilly qu’en 1632 et que la seigneurie de cette ville fut démembrée et vendue en 1644, c’est donc entre ces deux dates qu’il faut fixer l’exécution de cette belle peinture par ses couleurs et sa facture.

Un chapiteau et quatre belles colonnes corinthiennes dont une encore visible dans une maison de La GacillyDès la fin de la construction de l’église, sans doute en 1572, Pierre de Couëdor étant recteur-doyen à Carentoir, Dom Jean Guilloux, curé de la trève de La Gacilly et Yves Rebuffé, subcuré, l’église fut entourée d’un cimetière mais n’avait pas de fonts baptismaux. Ceux-ci lui furent adjoints vraisemblablement l’année suivante. En effet, dans les registres de baptêmes de l’église paroissiale de Carentoir, les baptêmes des habitants de La Gacilly y sont inscrits jusqu’en 1573, en très petit nombre, il est vrai. Ainsi, en 1541, fut baptisée Jeanne Bruc, fille de Guillaume Bruc de La Gacilly et de Madeleine de la Fresnaye. Le 27 juin 1545, eut lieu, toujours à Carentoir, le baptême de François Marchand, fils de Jean Marchand et Ollive Feuillastre demeurant au bourg de La Gacilly, et le 1er avril 1546, celui de Raoulette Perraud née à la Bouère. Entre 1540 et 1573, où furent donc baptisés les Gaciliens ? A La Gacilly vraisemblablement, mais les registres n’existaient sans doute pas à la trève, celle-ci n’ayant pas eu l’accord de l’évêque. Ce n’est qu’en 1573 qu’apparaissent les registres de baptême de l’église Saint-Nicolas, le curé, Jean Guilloux, signe alors « fait en l’église tréviale de La Gacilly ».

Le 3 février 1588, Olivier Calo, natif du bourg de la Chapelle-Gaceline, est baptisé en l’église Saint-Nicolas de La Gacilly ; il deviendra curé de la Chapelle-Gaceline en 1612. Dans un jugement de 1595, il est question de l’église « baptismale » de la ville de La Gacilly, c’est donc la preuve que les baptêmes se faisaient alors dans cette église. Un procès-verbal du 12 octobre 1631 déclare que l’église Saint-Nicolas « est l’église de La Gacilly ». D’autre part, ces trois derniers documents prouvent que la chapelle initiale est bien devenue une église et qu’elle est bien une église tréviale de l’église paroissiale de Carentoir. Tout porte à croire que cette église fut construite à l’emplacement de la chapelle car, souvent, un lieu saint plus vaste succède à un autre lieu saint démoli ou tombé en ruines. D’autre part, la présence d’un très vieil if, à l’entrée du cimetière et beaucoup plus vieux que l’église Saint-Nicolas, prouve la présence d’un ancien lieu saint. Enfin La Gacilly était alors constituée d’une unique rue montante et étroite s’étendant du pont Saint-Jean à la chapelle Saint-Vincent, bordée de maisons sur un seul côté. Le seul espace disponible pour construire une chapelle se trouvait sur les dernières pentes qui prolongeaient vers l’Est, la colline de Graslia pour aboutir de plein pied au Cas Rouge et au chemin qui allait de là à l’entrée du château. Ainsi la chapelle dominait la petite cité vers le Sud-Est. De plus, à la date du 22 août 1596, un document parle de « l’église de messieurs Saint Cyr et Saint Nicolas de La Gacilly ». Il semble bien que Saint Cyr ait été honoré de tout temps à La Gacilly. C’est sans doute la raison pour laquelle son nom est uni à celui du patron de l’église. D’ailleurs la fontaine de Sainte-Julitte au Bout-du-Pont était appelée autrefois la fontaine de Sainte-Julitte et Saint-Cyr. Le 29 mars 1665, eut lieu l’inhumation de messire Laurent Audran, prêtre, dans la seconde tombe du chanceau de l’église Saint-Nicolas, du côté de l’épître. « Il a beaucoup obligé et travaillé pour la décoration et structure de cette église. Priez pour lui et faîtes de grandes aumônes et fondations. »

En 1816, la nef fut prolongée au couchant. En 1860, l’église fut détruite et rasée. Les rares vestiges conservés et les quelques détails de son intérieur et de son extérieur connus ont permis de montrer qu’elle fut de style renaissance vers 1550.

AGRANDISSEMENT DE L’ANCIENNE EGLISE

CHAPELLES LATERALES.

Chapelle Saint-Nicolas.

Le 26 juin 1626, la première pierre d’une chapelle latérale du côté du midi fut posée par Dame Catherine de Kerguézec, femme de haut et puissant messire René de Talhouët, seigneur dudit lieu et de La Gacilly. Jeanne Grimaud, épouse du fils de maître Pierre Grinsart, posa la seconde. La messe fut dite par Antoine Desmarais. Une foule considérable assista à cette cérémonie à la fin de « laquelle on sonna les cloches pendant qu’on chantait le Te Deum ». Ceci est un peu bizarre car le clocher de l’église Saint-Nicolas sera construit beaucoup plus tard et la première cloche ne sera baptisée qu’en 1664. François Sourget de Saint-Nicolas-du-Tertre fit la maçonnerie et Thomas Jean avec Jean Hameline, tous les deux de Massérac, montèrent la charpente. Le procès-verbal de la pose de la première pierre de cette chapelle latérale est signé de Catherine de Kerguézec à la place de son mari qu’une infirmité au bras droit mettait dans l’impossibilité d’écrire. Cette chapelle fut dédiée à Saint Nicolas, le patron de la trève. Cette chapelle, ainsi que la suivante, fut édifiée grâce au concours des habitants de La Gacilly et à la générosité de René de Talhouët et de son épouse.

Lors de sa démolition, la chapelle latérale Saint-Nicolas fut, en partie conservée et devint une maison d’habitation. Une tradition orale veut que cette maison ait été le lieu d’événements insolites dont voici le récit : « La vieille maison faisant le coin de la rue de Bel-Orient, à gauche de la pompe publique, est le reste d’une chapelle qui se tenait autrefois à côté du cimetière. Dans ces restes, vivaient deux bons vieux. Un soir de Noël, aux environs de minuit, ils s’endormirent comme à l’ordinaire. Quelques minutes plus tard, la bonne vieille fut réveillée par des chants qu’elle entendait dans la cuisine au-dessous d’elle. Son mari, sortant d’une maladie, n’était pas très fort et, n’osant le réveiller, elle descendit seule dans la cuisine. Là elle fut apeurée par des cierges qui éclairaient, au-dessus du foyer, une niche faite autrefois dans la chapelle pour pouvoir y poser une statue. Aussitôt, elle remonte, réveille son mari et ils redescendent. Les cierges sont encore là et les chants continuent. Ce sont des chants gais et pleins de louanges. Cette scène dure environ une demi-heure puis tout rentre dans l’ordre. Le lendemain matin, les deux bons vieux avertissent le curé qui arrive, muni d’un goupillon et d’eau bénite. Il bénit l’ancienne niche et toute la maison. Mais il fallut bien admettre le fait puisque la même scène se reproduisit un an après. Elle fut suivie non plus par deux spectateurs mais par trois car la fille de ces bons vieux était venue passer quelques jours de vacances chez ses parents pour Noël 1945. » (Récit fait par Jean Juhel, cordonnier à La Gacilly).

Tableau de St-Nicolas .

Vers 1640, Catherine de Kerguézec, épouse de René de Talhouët, seigneur de La Gacilly, fit don à son église d’un tableau de l’école italienne représentant le miracle de St Nicolas. Ce tableau (ou une reproduction ou une restauration?) a longtemps été accroché dans l’église actuelle. Il fut enlevé lors de l’installation du chauffage. Après avoir été oublié pendant des années, il vient d’être restauré et a repris sa place dans l’église. Une grande partie du dernier bulletin paroissial a été consacrée à l’histoire de ce tableau. Il semble que l’église fut placée sous le patronage de St-Nicolas et en

Chapelle Notre-Dame.

Avec la chapelle Saint-Nicolas, la construction d’une deuxième chapelle latérale allait permettre de doubler la superficie de l’église ancienne et donc de donner plus d’aisance pour les cérémonies mais aussi de faciliter et multiplier les sépultures dans ce lieu saint. La pose et la bénédiction de la première pierre de cette autre chapelle eurent lieu le lundi 20 mars 1628, toujours par Dame Catherine de Kerguézec. Voici un extrait du procès-verbal de la cérémonie rédigé par Messire Alain Noël du village de la Glouzie alors curé de La Gacilly : « Après la procession de la messe célébrée en l’église de La Gacilly, les fondements de la chapelle Notre-Dame furent jetés sous le bon plaisir de Messire René de Talhouët, seigneur du dit lieu et de La Gacilly, usufruitier de Rhuys, chevalier de l’ordre du Roy, gouverneur pour sa majesté de la ville et pays circonvoisins de Redon et Dame Catherine de Kerguézec, sa compagne et épouse, lesquels contribuent non seulement de leur faveur, mais aussi de leurs biens et commodités pour aider aux dits frairiens, qui l’ont entreprise de bâtir à communs dépens ». Elle fut dédiée à Notre Dame. Les prêtres de ladite église ont signé : Alain Noël, Laurent Audran de la Ville Jarnier, Grimaud de ladite église, F.G. Simon, chanoine de Vannes, prieur de Saint-Jean de La Gacilly, Sorel, F. Noël.

Cette seconde chapelle fut construite sur le côté Nord de l’église tréviale en croisé par rapport au chœur et à l’autre chapelle. Tous les travaux furent terminés en 1631 ; « les maîtres maçons s’appelaient Guillaume Chesnays et Jean Druet de la paroisse de Glénac, les charpentiers : maître Jean Thomas et Jan les Hamelines de la paroisse de Maxent ».

Le dimanche 12 octobre, la bénédiction des deux chapelles eut lieu, le doyen de Carentoir signe le procès-verbal suivant : « Julien Praud, prestre doien du doienné de Carentoir, à tous ceux que les présentes verront, salut : sachent tous présents et futurs, que, suivant la communication à nous donner par Mgr le révérendissime evesque de Vannes, de visiter les chapelles bâties en croisée et contiguës de l’église de La Gacilly, trève dépendante de notre doienné, dédiées à l’honneur de Dieu tout-puissant, l’une, à scavoir sous l’invocation de sa très sainte mère et Immaculée Vierge, l’autre du bienheureux sainct Nicollas evesque et confesseur ; nous étant transporté de nostre église parochialle en l’église de La Gacilly, dépendante de notre dit doienné, où ayant vu les chapelles assez proprement basties et ornées selon la commodité du lieu, les avons louées et approuvées, et suivant la permission de Monseigneur levesque de Vennes, bénites le jour de dimanche douzième d’octobre, an mil six cent trente et un, assisté de mes prêtres soussignés, en présence d’un grand amas de peuple. Et pour perpétuelle mémoire de la chose, nous avons attesté sous notre signe manuel, jour et an ci-devant : signés, Praud, doyen, Heurel et Audran, curés de la ditte église, Hervy, prêtre ». Au début du XVIII° siècle, cette chapelle deviendra la chapelle du Saint-Rosaire.

Clocher et Cloches.

Le clocher ne fut construit qu’après les chapelles latérales. Le 16 février 1664, eut lieu dans l’église Saint-Nicolas, la bénédiction de la première cloche par messire Honoré Le Roy, doyen de Carentoir. Messire Laurent Audran aida à l’achat de la cloche. Elle fut baptisée Nicole-Anne parce que le parrain fut Nicolas Chesnays et la marraine Marie-Anne de Bréhier, fille de maître Pierre-Mathurin Bréhier, sieur de la Couldraye

Le 3 novembre 1790, eut lieu dans l’église Saint-Nicolas, la bénédiction de la seconde cloche nommée Perrine-Gilette, le parrain étant noble maître Gilles Le Gall, « avocat à la cour, ci-devant procureur fiscal du marquisat de la Bourdonnaye, actuellement maire de La Gacilly (ce fut d’ailleurs le premier maire de la commune) et nommé juge au district de Rochefort ». La marraine fut demoiselle Perrine Huet, femme de Joseph-Marie Séguin, procureur au dit marquisat, actuellement membre du dit district. La cérémonie fut présidée par le curé de Cournon, M. Robert, assisté de Jean-Mathurin Chantreau, curé de La Gacilly et du prêtre Rubault. Assistèrent également à cette cérémonie : Le Febvre, receveur des domaines, Gaudin, officier de cavalerie, Boudart, maire de Cournon, Robert, vicaire de Cournon ; la présence de toutes ces personnalités avait une signification particulière : la nouvelle cloche devait sonner le glas de l’ancien régime et l’affranchissement de La Gacilly.

Une trentaine d’années après la mise en place de la première cloche dans le clocher, il lui fut adjoint une horloge, le 20 avril 1698. Les habitants de La Gacilly donnèrent leur consentement à Jean Glains pour l’achat de cette horloge.

Cimetière

Peu de documents parlent de ce cimetière. En 1652, il y fut inhumé un habitant de La Gacilly qui décéda « après une longue maladie, sans jamais avoir voulu faire testament, ni ordonnance, ni aumône quoique très riche. » En 1678, un mendiant nommé Barthélémy Saulnier, cuisinier de son état, s’arrêta à la Bouère, malade d’une dissenterie qui lui dura un mois, puis il mourut. Il fut ensépulturé dans le cimetière Saint-Nicolas le 26 décembre et « fut fait service pour le repos de son âme ».

Les Gaciliens participèrent financièrement à la construction des chapelles latérales de l’église Saint-Nicolas car, avec l’agrandissement de celle-ci, ils avaient le ferme espoir de pouvoir y être enterrés comme cela se faisait alors. Mais un arrêt du Parlement de Bretagne du 16 août 1719 défendit d’enterrer, dans les églises et les chapelles, les morts si ce n’est ceux qui en ont le droit, c’est à dire les seigneurs, patrons ou fondateurs qui y possèdent leurs enfeus de longue date. Cet arrêt fut porté à l’occasion d’une maladie épidémique terrible nommée la pourpre afin, dit le texte, « de ne pas augmenter la contagion par un remuement de terre continuel ». A propos des sépultures, il faut signaler que deux ans plus tard, en 1721, un autre décret du Parlement ordonna de n’enterrer les corps que 24 heures après le décès. Jusque-là, l’inhumation avait lieu le plus tôt possible et souvent le jour même de la mort, quelques heures seulement après le décès. Le 10 mars 1776, une déclaration du roi « interdit définitivement d’enterrer désormais dans les églises sous prétexte que ce soit ».

 

Conseil Minicipal (CM) du 10 mai 1840.

M. le maire a exposé « d’après le bruit répandu, qu’une nouvelle église allait être construite à La Gacilly » et « puisque la commune était décidée à entreprendre dans quelque temps, la construction de cette église dont elle éprouvait un si grand besoin »

Conseil de Fabrique du 5 janvier 1845.

« L’église actuelle est de beaucoup trop petite eut égard à la population de la commune, que les murs et la toiture s’écroulent de vétusté, que le besoin d’en construire une nouvelle est depuis longtemps vivement souhaité par tous les habitants de la commune qui ne peuvent trouver place dans l’église actuelle »

  • CM du 15 janvier 1845.

« Que ces divers travaux et achats ont produit dans toute la commune une vive satisfaction en donnant à croire aux habitants que bientôt ils possèderaient enfin une église convenable et d’une grandeur en rapport avec la population »

« Que le Conseil de Fabrique également appelé à concourir à l’édification de la nouvelle église pour une somme quelconque, à justifier par sa délibération du 5 janvier dernier, de l’impossibilité absolue où il se trouve de contribuer en aucune sorte à ladite construction dont il est le premier cependant à proclamer l’urgente nécessiter »

Le Conseil considérant « que l’Église actuelle, enfoncée dans une terre qui, de trois côtés, s’élève à plus d’un mètre au-dessus du sol intérieur, est incommode et insalubre

Que par suite de vétusté, son clocher menace ruine et que sa toiture est tellement en décadence qu’il s’en est, tout récemment, détachée des fragments qui, par leur chute, ont failli occasionner des accidents ; qu’en outre, elle est de beaucoup trop petite pour la population réelle de la commune, mais surtout quand celle-ci est augmentée d’une partie de celle des paroisses voisines qui, étant privées chez elles de messes matines, se trouvent dans la nécessité d’avoir recours à l’Église de La Gacilly pour la portion du service religieux qui leur manque. »

  • CM du 10 février 1852

Lors de ce conseil, M. le maire a exposé que M. le desservant de la paroisse ( M. le recteur Le Gal), justement impatient de quitter l’ancienne église dont l’état actuel est déplorable et désirant s’installer au plutôt dans la nouvelle avant même que celle-ci fut terminée, a fait reprendre les travaux de plafonnage du chœur et de la nef d’après les plans de M. l’architecte départemental et en poussant l’exécution aussi loin que possible au moyen des produits des quêtes réitérées qu’il a fait dans ce but

Budget de la Fabrique du 3 avril 1853.

Dans ce budget pour 1854, en équilibre d’ailleurs, le produit annuel des quêtes hebdomadaires rapporte la somme de 60 francs seulement. Il a dû en falloir des quêtes pour couvrir une partie du plafonnage de la nouvelle église.

Dans ce même budget, en recettes, il faut signaler quelques curiosités comme la vente du chanvre vert pour 10 Fr ; cela veut sans doute dire que, sur les terrains appartenant encore à la fabrique, on récoltait cette plante dont on faisait aussi du fil (vente pour 12 Fr) et même de la filasse (vente pour 10fr) ou étaient-ce des dons faits par les paroissiens ? Le lard, offert par les paroissiens, était revendu pour 15fr, le beurre pour 20fr et la laine pour 5fr.

Le Conseil de Fabrique était composé par : M. le recteur Le Gal ; le maire Robert ; le notaire Saulnier ; Étrillard le président du Conseil ; Poligné et Hervy.

  • CM du 8 mai 1853.

« La vieille église est, en outre, par son enfoncement dans le sol, un lieu très incommode, humide et fort insalubre et que, par suite de vétusté, son clocher menace ruine et que sa toiture est tellement en décadence qu’il s’en détache de temps en temps des fragments susceptibles d’occasionner des accidents ».

Démolition de l’ancienne église.

Le 22 avril 1866, le maire, M. Orinel, envoie une lettre au préfet dans laquelle il demande, au nom des conseillers municipaux, la démolition de la vieille église « qui nous coûte beaucoup et qui ne sert à rien » en gardant cependant l’une des chapelles latérales. Il demande également l’autorisation de vendre les matériaux récupérés que la commune n’emploiera pas.

Le préfet, dans sa réponse du 27 avril, demande qu’une délibération du Conseil Municipal lui soit envoyée concernant cette affaire ainsi qu’une délibération du Conseil de fabrique. Le 12 mai 1866, le Conseil Municipal décide la démolition de ladite église tout en conservant la chapelle la moins endommagée et dont l’entretien serait le moins coûteux. Le 14 mai, c’est au tour du Conseil de Fabrique de demander d’urgence la démolition de l’ancienne église sous le plus bref délai tout en conservant une chapelle latérale.

En recevant ces deux délibérations, le préfet s’adresse à l’évêché pour avoir l’avis des autorités religieuses sur la question. Le vicaire capitulaire lui annonce, le 2 juin 1866, que l’évêché est d’accord pour la démolition « à la condition formelle qu’une des chapelles soit conservée et convenablement entretenue et que le reste des matériaux soit vendu ».

Le 5 juin 1866, le préfet signe un arrêté de démolition de l’ancienne église paroissiale de La Gacilly en réservant la chapelle la moins endommagée et en autorisant la vente des matériaux inutiles soit à l’amiable soit aux enchères.

Ensuite, le 12 juin 1866, le maire signale au préfet que le Conseil de Fabrique et même M. le curé sont d’accord pour démolir l’ancienne église. Le 23 juin, il s’adresse à nouveau au préfet pour lui demander l’autorisation de pouvoir faire payer les travaux de démolition sur les 200 francs qui ont été votés pour la démolition et la construction d’un mur d’enclos du nouveau cimetière. Le 29 juin 1866, nouvelle lettre du maire au préfet qui réitère sa demande de pouvoir disposer d’une certaine somme d’argent pour la démolition de l’ancienne église, la construction d’une clôture du nouveau cimetière ainsi que pour les réparations à la maison d’école afin d’y installer les sœurs puisque l’autre va être vendue et pouvoir enclore le jardin des dites sœurs.

Lors des travaux de démolition de l’ancienne église, le maire, dans une lettre du 12 juillet 1866, déclare ne pas pouvoir être en permanence sur place. Aussi demande-t-il au préfet l’autorisation de pouvoir employer le commissaire de police « qui n’a rien à faire » afin de surveiller la récupération des matériaux et empêcher les accidents autant que possible. Le préfet lui répond, le 13 juillet, que ce qu’il demande n’est pas dans les attributions du commissaire puisqu’il est chargé de la police municipale. Par contre, c’est de son plein gré qu’il pourrait prêter son concours ; personne n’a le droit de le lui réclamer d’autorité.

 

Un incident fort regrettable devait se produire lors de la démolition de l’ancienne église. C’est le maire qui l’annonce au préfet dans sa lettre du 21 juillet 1866. En effet, « en démolissant le corps de la vieille église, de la chapelle que nous désirions garder, un tiers, à peu près, est tombé ; les deux tiers restants sont bien mauvais et en conservant cela, les dépenses vont augmenter énormément ; je viens en mon nom et c’est l’avis de la grande majorité pour ne pas dire la totalité, qu’elle soit supprimée n’étant pas nécessaire ».

Quelques jours plus tard, dans sa réponse, le préfet annonce au maire qu’il ne peut pas « autoriser cette suppression que sur un vote conforme du Conseil Municipal ». Ayant eu vent de l’affaire, le recteur, M. Le Gal, adresse une lettre au préfet lui demandant que, si la chapelle latérale est démolie, on lui en reconstruise une autre bien entretenue. M. Le préfet fait part de cette réclamation au maire qui devra consulter son Conseil Municipal. Le maire attend le résultat de la délibération et répond au préfet qu’il « trouve Monsieur le Curé bien extraordinaire de demander qu’on laisse cette chapelle pour les besoins du culte, lui qui m’a dit, de même que son vicaire, que cette chapelle n’offre aucune utilité, qu’elle occasionnerait de grands frais pour la restaurer et frais que la commune ne pourrait faire (et aujourd’hui il la veut). » De toute façon, le Conseil Municipal est d’accord de la démolir car « l’hiver prochain la verra tomber et la chute forcée brisera les matériaux qui auraient dans ce moment une petite valeur. La commune ne pouvant faire les frais d’une reconstruction, se voit forcée d’attendre sa chute qui ne peut tarder. Economisons plutôt pour achever la nouvelle église ».

Légèrement embarrassé, le préfet informe l’évêché de l’éboulement d’une partie de la chapelle qui devait être gardée. Dans ce cas, le Conseil Municipal a décidé sa démolition mais M. le recteur de La Gacilly réclame une nouvelle chapelle. Dans sa réponse du 17 août 1866, l’évêque, plutôt réaliste, annonce que « la commune manquant des ressources nécessaires pour terminer la nouvelle église, il ne me paraît pas expédient de lui rappeler, pour le moment, ses engagements auxquels l’avenir permettra peut-être de faire honneur. Je le désire et voudrais que le Conseil Municipal de La Gacilly exprimât ses bonnes intentions à M. le curé de la paroisse ». Puis l’évêque prend un arrêté, le 22 août, disant « qu’il n’y a pas lieu à la consolidation de la susdite chapelle ». M. le préfet s’empresse d’annoncer la nouvelle au maire, le 25 août, en signant un arrêté approuvant la délibération du Conseil Municipal du 2 août 1866 autorisant le maire à faire procéder à la démolition de la chapelle. Le même jour, le maire annonce au préfet « qu’avant-hier, il est tombé un pan de mur et même une partie de la toiture », le reste est sur le point de tomber et les matériaux seront perdus. « Si nos moyens le permettent nous en ferons une au nouveau cimetière et un relicaire dont la commune est dépourvue ».

  • CM du 22 novembre 1870.

Un des derniers vestiges de l’ancienne église devait disparaître en cette triste année. Et ce vestige c’est l’une des cloches qui, après avoir été retirée de l’ancienne église St-Nicolas s’était retrouvée devant la nouvelle église en attendant que le clocher de celle-ci soit terminé. Dans le compte-rendu du conseil municipal du 23 mars 1869, il est écrit : « … pour placer convenablement les cloches qui étaient depuis plusieurs années suspendues au dehors à un échafaudage peu solide et par cela même dangereux tant pour les sonneurs que pour la cloche ». L’échafaudage en question s’était d’ailleurs écroulé à plusieurs reprises et l’une des vieilles cloches était fêlée. Voici le texte intégral du compte-rendu du conseil municipal du 22 novembre 1870 : « Le Président ( le maire était absent) a exposé qu’en présence des besoins de la Défense Nationale et de plusieurs offres semblables par beaucoup de communes et de paroisses, il pensait qu’il y avait lieu d’offrir au Comité de Défense Nationale par l’intermédiaire de M. le Préfet, la vieille cloche qui est brisée et hors d’état de servir et dont la valeur n’est pas relativement considérable tandis que la matière qui la compose ( et dont le poids doit approcher de 300 kilogrammes) pourrait être utilisée en contribuant à la fonte d’un canon et recevoir ainsi une utilie et patriotique destination ; que toutefois, comme cette cloche quoique ne servant plus à la paroisse et étant en quelque sorte un débris de l’ancienne église ne pourrait peut-être cependant être considérée comme propriété exclusive de la commune mais bien aussi propriété de la Fabrique, il a conclu à ce que le conseil municipal se prononce à cet égard mais seulement en ce qui le concerne » .

Vraisemblablement, le conseil de fabrique donna aussi son accord et la vieille cloche fêlée quitta La Gacilly. 

Icone retour haut page

 

 

Chapelles Disparues.(Suite)

La Chapelle Saint-André.

Située sur les confins de la paroisse, au-delà de Saint-Jugon, vers Les Fougerêts, cette chapelle existait en 1417 d’après un aveu de cette époque. Une déclaration du 4 mai 1677 annonce que le prieur de Ruffiac possédait un fief nommé la tenue de Saint-André, au village de ce nom. Sur le cadastre napoléonien de 1824, l’emplacement de cette chapelle est indiqué

Située sur les confins de la paroisse, au-delà de Saint-Jugon, vers Les Fougerêts, cette chapelle existait en 1417 d’après un aveu de cette époque. Une déclaration du 4 mai 1677 annonce que le prieur de Ruffiac possédait un fief nommé la tenue de Saint-André, au village de ce nom. Sur le cadastre napoléonien de 1824, l’emplacement de cette chapelle est indiqué.

 

 

 

 

 

 

La Chapelle de Croix-Chemin.

Cette chapelle a aussi été appelée des Trois Chemins. Il semble bien que cette chapelle fût celle du village de la Glouzie. L’histoire locale rapporte qu’une chapelle existait bien dans ce village ; encore à l’heure actuelle, certaines personnes connaissent l’emplacement exact de cette bâtisse. De plus, une vieille maison du même village, pratiquement en face de l’emplacement en question, était appelée le presbytère, or une patène et un ciboire ont été gravés sur le manteau de la cheminée de cette demeure ; cette pierre a d’ailleurs été conservée.

D’autre part, la Glouzie était en bordure de trois chemins importants :

  • L’ancienne voie romaine.
  • Le chemin dit de l’Evêque que celui-ci empruntait pour se rendre de Vannes à Carentoir.
  • Le chemin des Templiers et des Jacquets pour se rendre de la commanderie du Temple à Nongué et à Saint-Jacob.

D’après J.M. Le Méné, elle fut fondée, vers 1550 par le prêtre Pierre Gicqueau ; elle était conférée par l’évêque sur la présentation du seigneur de la Ville Orion et chargée d’une messe à dire chaque vendredi dans la chapelle tréviale de La Gacilly. Sa dotation se composait de maisons, de jardins et terres situées sur cette trève. Par contre, d’après J.M. Le Claire, ce que rapporte J.M. Le Méné, concernerait plutôt la chapelle de Creux-Chemin. Il existait une maison de Creux-Chemin à Carentoir en 1600 dans la rue Noire actuelle ; il y avait également une métairie à cet endroit, ainsi qu’une chapelle. Tout ceci pour dire qu’il n’est pas facile de situer ces deux chapelles dont les noms sont très proches l’un de l’autre : Croix-Chemin et Creux-Chemin. Pourtant, le fait que cette chapelle soit à la présentation du seigneur de la Ville Orion, que la messe du vendredi soit dite dans la chapelle tréviale de La Gacilly et que la dotation de cette chapelle dépende aussi de la trève, tend à prouver que ladite chapelle devait se trouver à La Gacilly.

Chapelle Sainte-Julitte.

Il semble bien que cette chapelle ait existé à l’emplacement de la fontaine du même nom, tout près du pont.

Icone retour haut page

 

 

 ÉGLISE SAINT NICOLAS

 

30 juillet 1837, lors du retour du chef-lieu de canton à La Gacilly, le maire prononça un discours « enflammé » (on l’a vu précédemment). Dans cette allocution, il annonce entre autres : « Voilà mes chers concitoyens, notre part dans le présent, auquel ne le cède en rien l’avenir qui nous offre en perspective la restauration de nos pavés, la canalisation de l’Aff, l’acquisition d’un vaste champ de foire dont notre commune se promet tant d’avantages et la construction d’une église digne de notre commune ».

 

 

 

 

Chronologie de la construction.

1837 : première allusion à la construction par le maire Mathurin Robert

1844 : premiers travaux, architecte M. Charier

1845 : achèvement des murs

1846 : achèvement de la couverture

1853 : plafonnage du chœur et de la nef

1859 : bénédiction de l’église

1873 : construction du clocher, installation des cloches

1883 : réparation de fissures

1909 : consolidation avec des contreforts sur les murs extérieurs et pose de tirants.

 Mathurin ROBERT père.

Il est originaire de la paroisse de Domloup du diocèse de Rennes. Le 12 juillet 1791, alors qu’il est domicilié à Redon, il épouse Marie-Anne-Jacquette Grinsart, fille de Joseph-Marie Grinsart dit Lasalle et de Marie-Élisabeth Simonnet ; il devient donc le beau-frère de Augustin Grinsart, le maire de La Gacilly ; de Philippe Gatault menuisier et le cousin germain de Joseph et de Charles-Florentin Seguin. Il était très connu à La Gacilly. Sans situation bien définie à Redon, effrayé peut-être de la tournure que prenaient les évènements, il arrive à La Gacilly avec son épouse, se réfugie chez son beau-père et il accepte la situation,

A la fin du mois de janvier 1795, le Conseil municipal prend un arrêté expropriant François Clésio de sa maison de la rue du Pont pour la transformer en école primaire publique. Mais la période troublée qui suivit n’était guère favorable à une organisation scolaire régulière.

Le 8 juin 1795 au matin, les Chouans attaquent La Gacilly. Un détachement arrive par le chemin de Bel-Orient, entoure l’église et le cimetière et descend vers le Bout-du-Pont ; un autre détachement débouche par le Pavillon, arrive au marché aux vaches près de la chapelle Saint-Vincent.

Mathurin Robert sort de la maison Grinsart (ou Seguin qui était voisine) sur la place du Cas-Rouge ; entendant les coups de fusil, il se met à courir en se dirigeant vers le nord des halles. Les Chouans l’aperçoivent alors. Le prirent-ils pour l’homme de garde qui avait donné l’alerte ou pour un révolutionnaire qui tentait de s’échapper, sans se poser trop de questions, ils tirent sur l’individu qui s’écroule devant la porte de Denis Chédalleux, (au 5 ou 7 de la place du Général de Gaulle actuelle, près du passage Lasalle). S’approchant de la victime, les Chouans se rendent compte de leur erreur.

 

Mathurin ROBERT fils.

L’épouse de Mathurin Robert père était enceinte lors du décès de son mari et elle mettra au monde un garçon qui sera prénommé Mathurin en souvenir de son père. Après de brillantes études, il deviendra docteur en médecine et s’installera à La Gacilly.

Après avoir été conseiller municipal pendant plusieurs années, il deviendra maire de La Gacilly en 1830. Déjà, à cette époque, il avait en tête de nombreux projets de modernisation de la commune qu’il réalisera d’ailleurs comme la construction de la Maison de Ville et le retour du chef-lieu de canton à La Gacilly. A cette occasion, le 30 juillet 1837, un banquet très patriotique sera offert présidé par M. Hervo, procureur du Roi près le tribunal civil de Vannes, banquet au cours duquel le maire prononcera une allocution très « enflammée », employant des mots pompeux et vantant les mérites des Trois Jours de la révolution et les progrès accomplis depuis, même à La Gacilly : « Quels changements, Messieurs, s’y sont opérés depuis 1830… ». Puis il annonce de nouveaux projets comme « la restauration   de nos pavés, la canalisation de l’Aff, l’acquisition d’un vaste champ de foire et la construction d’une église digne de notre commune »

 

Composition du Conseil Municipal le 10 mai 1840.

  Le Dault, notaire ; Hervy ; Hervé ; Hersant ; Puissant ; Tatard ; Fontaine ; Poligné ; Orinel ; Saulnier, notaire et adjoint et Mathurin Robert le maire.

  CM du 8 février 1844 : les mêmes et en plus Guehenneuc, Soulaine, et Louis Cheval

 

19 décembre 1836 - Première Vente de Communs. 

  Dès 1822, le maire de l’époque, M. Orinel, envisage la vente d’une partie des terres vaines et vagues, c’est à dire des communs de La Gacilly qui sont très étendus, pour couvrir les frais de certains travaux et achats. En 1828, il adresse une demande en ce sens au préfet pour connaître la marche à suivre afin de mener à bien cette opération et avoir l’autorisation préfectorale. Le Conseil Municipal délibère sur le sujet le 18 mars 1829 et décide de vendre 374 hectares. M. Litou, un marchand de bois nantais, se propose d’acheter, à raison de 20fr l’hectare, une grande partie de ces communs. En plus du prix demandé, il offre à M. le Curé un franc par hectare acheté « pour les pauvres et pour l’église ». (CM du 22-2-1830) Mais d’autres personnes intéressées par cette proposition, se font également connaître ; il s’agit entre autres de M. Gibon, maire de Redon ; de M. de Carheil de Carentoir ; de M. de Foucher de Glénac et surtout de beaucoup de Gaciliens. Le 22 octobre 1830, le préfet adresse au maire un arrêté l’autorisant à vendre ces terres vaines et vagues à M. Litou.

     Des réclamations sont envoyées au préfet et au maire demandant l’annulation de cet arrêté, le dossier n’étant pas complet. Le projet est ajourné à cause des nombreuses réclamations mais aussi « à cause de l’imminence et même des tentatives de guerre civile en 1831 et 1832 ».

     Le 4 mai 1835, le Conseil Municipal relance l’affaire car « la commune se trouve absolument hors d’état de poursuivre et de continuer la construction de sa maison d’école dont les travaux sont interrompus depuis quelques mois faute de fonds ». Il devient donc urgent de disposer d’une certaine somme d’autant plus que la commune envisage « la réparation des halles qui menacent ruine, l’accroissement du champ de foire et l’achat d’un terrain pour y installer un nouveau cimetière ». Pour ce faire, les conseillers désignent deux des leurs, Jean-Jacques Le Dault notaire et Pascal Orinel propriétaire, « comme experts afin de suivre cette aliénation et dresser le procès-verbal de description et d’estimation des lieux ».

    Cette expertise sera faite le 7 mai 1835 et, en conclusion, les deux experts demanderont une mise à prix de 28fr par hectare.

  Le 10 mai 1835, le Conseil Municipal approuve le procès-verbal d’expertise et, le 10 juin, le maire adresse au préfet le compte-rendu en précisant qu’il serait souhaitable que la vente puisse se faire par lots et aux enchères. Suite à la réponse du préfet, une enquête est diligentée par le juge de paix du canton, M. Hervé de Carentoir. Aucune réclamation ne sera déposée.

   Le 22 juin 1835, l’arrêté préfectoral est signé mais il faut attendre celui du Ministère de l’Intérieur qui n’arrivera que le 20 décembre.

     Le bornage des parcelles, la consultation des riverains, la levée d’un plan figuratif et surtout la rédaction d’un cahier des charges, tout cela retardera encore la vente qui n’interviendra qu’un an après, les 19 et 20 décembre 1836. Dans le cahier des charges, il a bien été précisé que la vente aux enchères se déroulera en trois phases : tout d’abord une vente par parcelles (il y en avait 109). Ensuite une deuxième vente par lot ; le Conseil Municipal avait décidé de vendre douze lots mais, en fin de compte, onze seulement seront mis en vente, ils représenteront 367hectares 23 ares. Enfin, troisième phase, une vente globale des onze lots et c’est cette dernière qui primera sur les autres comme la deuxième phase primera sur la première. En cas de non soumission, ce sont les soumissionnaires de la phase précédente qui seront prioritaires.

Les terres vaines et vagues mises en vente se situaient sur la lande de Sigré, sur la lande de Mabio, sur la lande de Couesmé, sur la butte de la Glouzie et enfin sur la grée Tagnoux près de la croix Jacquary.

La vente par parcelles fut soumissionnée pour 15.062fr ; M. Foloreille, recteur de la paroisse fit une offre pour les parcelles 39 et 40 de la lande de Mabio. La vente par lots atteint la somme de 27.670fr. Mais il y eut une offre globale par le vicomte Auguste-Jean-Marie de Foucher de Carheil qui emporta la vente pour la somme de 40.020fr. Cette somme servira a terminé la construction de la maison d’école, à effectuer des réparations aux halles et à agrandir le champ de foire. Le

  5 mai 1832 - Acte de Donation de Mme Vve Joseph Le Roy née Jeanne Turquety.

Cette dame fait don à la commune d’un terrain qui lui appartenait déjà depuis longtemps à la condition que « les matériaux existants sur le dit-terrain (en clair, les restes du château) seront employés à la construction des murs du cimetière ».

Il semble bien qu’il s’agisse de la parcelle n° 1395 sections E2 (cadastre de 1824) dénommée la Butte du Vieux Château de 25 ares 70 centiares en pâture mais aussi de la parcelle n° 1396 dénommée la Châtaigneraye du Vieux Château de 6 ares 60 centiares plantée de jeunes châtaigniers et autres arbres car la superficie de ces deux parcelles fait un total de 32 ares 50 centiares et c’est justement la superficie annoncée dans l’ordonnance royale du 10 février 1834.

A cette époque, tous les dons d’une certaine importance faits à une municipalité devaient être acceptés d’abord par le roi au moyen d’une ordonnance.

 

10 février 1834 - Ordonnance Royale.

Un peu d’histoire.

La tentative de suppression de la liberté de la presse par Charles X provoqua la Révolution de Juillet 1830 avec les Trois Glorieuses des 27, 28 et 29 juillet.

  Le duc d’Orléans, né à Paris le 6 octobre 1773, devient roi sous le nom de Louis-Philippe I°, roi des Français le 9 août 1830. La charte est révisée et, dans les communes de moins de 1.500 habitants (c’est le cas pour La Gacilly), le maire et son adjoint sont nommés par le roi ou, en son nom, par le préfet. Ils sont choisis, pour trois ans, parmi les 12 membres élus du Conseil municipal.

A cette époque, les hommes politiques qui expriment des opinions démocratiques sont souvent qualifiés de radicaux et surtout pas de républicains car cette étiquette est tenue pour subversive. Le maire de La Gacilly, Mathurin Robert, était un radical proche des idées de Louis-Philippe. Celui-ci, d’ailleurs, possédait des terres à La Gacilly, en particulier, une grande partie de la forêt de Saint-Jugon.

Avant de devenir maire de La Gacilly, M. Robert avait su s’entourer d’hommes influents du même parti tels que le Préfet Lorois, les députés d’Ille-et-Vilaine M. Bernard et M. Jollivet, le procureur du roi à Vannes M. Hervo, le conseiller général M. Ducordic ainsi que Ducrest-de-Villeneuve de La Gacilly.

Dans l’allocution que le maire prononça lors du banquet patriotique organisé pour le retour du chef-lieu de canton à La Gacilly, il ne manqua pas de les remercier chaleureusement et parla de la Révolution de juillet en termes plus qu’élogieux : « Quelle fut prompte, grande et sublime cette révolution que l’on peut, à juste titre, considérer comme la résurrection du peuple »   et il poursuivait  : « Depuis sept ans, fécondée par le soleil de juillet, la France prend un aspect brillant et nouveau » et enfin , au sujet des Trois Glorieuses, il parle «  du peuple héroïque qui, de son bras vigoureux et en trois jours de travail, sut briser les entraves que le despotisme nous préparait ».

L’Ordonnance.

Avec l’arrivée du nouveau roi, les matières administratives et l’application des lois furent alors réglées par des ordonnances royales. C’est ainsi que Louis-Philippe signe une ordonnance le 10 février 1834 dont voici le texte : « La commune de La Gacilly ( Morbihan) est autorisée à accepter la donation à elle faite par la dame Veuve Le Roy, suivant acte public du 5 mai 1832 d’un terrain contenant trente-deux ares cinquante centiares superficiels estimé quatre cents francs pour servir d’emplacement à une nouvelle église et sous la condition que les matériaux existant sur le dit terrain seront employés à la construction des murs du cimetière ».

30 juillet 1837 – Discours du maire.

Lors du retour du chef-lieu de canton à La Gacilly, le maire prononça un discours « enflammé » (on l’a vu précédemment). Dans cette allocution, il annonce entre autres : « Voilà mes chers concitoyens, notre part dans le présent, auquel ne le cède en rien l’avenir qui nous offre en perspective la restauration de nos pavés, la canalisation de l’Aff, l’acquisition d’un vaste champ de foire dont notre commune se promet tant d’avantages et la construction d’une église digne de notre commune ».

 

17 octobre 1837 – Acte notarié pour donation des demoiselles Grinsart.

Acte passé en l’étude de maître Cornu notaire à Redon.

Élevées à La Gacilly pendant la Révolution, leur père étant Auguste Grinsart propriétaire d’une tannerie au Bout-du-Pont et ancien maire de La Gacilly, (BP  11-1961)

Marie-Élisabeth-Augustine Grinsart-Lasalle et Jeanne-Louise-Augustine-Françoise Grinsart-Lasalle, tantes du docteur Mathurin Robert alors maire de La Gacilly, toutes les deux majeures sans profession demeurant à la communauté des Ursulines établie à Redon font donation à la commune de La Gacilly des immeubles ci-après désignés :

Le clos dit le Petit Château contenant 31 ares 10 centiares inscrit sous le numéro 1364 du cadastre de 1824 section E2, en terre de labour et

La butte dite le Vieux Château contigüe à celle ci-dessus et à l’est du dit clos, contenant

8 ares 60 centiares inscrite sous le numéro 1394 du cadastre de 1824 section E2, ladite butte plantée de bois futaye

Une maison sise rue de la Bourdonnaye avec toutes ses appartenances et dépendances situées au nord de ladite maison et consistant en écuries, cours et jardin, le tout inscrit sous les numéros 1379, 1385, 1386 et 1389 du cadastre de 1824 section E2.

Toutes ces propriétés avaient été héritées de M. Augustin-Marie-Joseph Grinsart-Lasalle et de dame Marie-Renée-Anne Coué, leurs père et mère.

A charge à ladite commune de construire sur le terrain compris sous l’article premier une église consacrée à l’exercice du culte catholique et apostolique et romain et de consacrer la maison et ses dépendances comprises sous l’article 2 à l’instruction primaire et à la demeure de la personne qui pourra être chargée de diriger l’éducation des petites filles de cette commune ; à charge encore à ladite commune de n’entrer en jouissance des immeubles compris sous le n° 1° que le premier janvier mil huit cent quarante.

 Mesdemoiselles donatrices se réservent le droit de faire emploi comme bon leur semblera en tout ou en partie seulement du bois qui existe ou pourra exister sur lesdites propriétés jusqu’au moment où la commune de La Gacilly entrera en jouissance d’iceux et ont évalué le revenu brut annuel des dits immeubles une somme de 120 francs pour asseoir les droits d’enregistrement seulement.

Fait et passé à Redon au parloir de la communauté des Ursulines où nous avons été requis de nous transporter.

Au verso de cet acte, il est noté : « Donation acceptée par le maire au nom de la commune par acte du 27 décembre 1838 au rapport de M. Cornu notaire à Redon et en vertu de l’ordonnance royale du 31 octobre 1838 ». 

Achats de matériaux.

Lors du conseil municipal du 10 mai 1840, le maire expose que « d’après le bruit répandu qu’une nouvelle église allait être construite à La Gacilly, on était venu lui proposer à un prix qui lui paraissait fort raisonnable, un marché de bois de futaie peu considérable mais offrant des bois de charpente de longueur qu’il serait peut-être difficile de se procurer plus tard et que, puisque la commune était décidée à entreprendre dans quelque temps la construction de cette église dont elle éprouvait un si grand besoin, il serait certainement avantageux  et même économique de profiter des diverses occasions qui pourraient se présenter pour acheter au plus bas prix tous les bois nécessaires à la dite construction »

Le Conseil municipal considérant « qu’il serait difficile et même impossible de se procurer au moment de l’ouverture des travaux, les bois convenables et nécessaires à la construction de l’église, sans être obligé de recourir à des marchands de profession qui ne cèderaient leurs bois qu’à un prix exorbitant » est d’avis que la commune « se pourvoit à l’avance de tout le bois indispensable pour la construction et qu’elle se mette en mesure de profiter, selon l’occurrence, de tous les avantages de bon marché ou de voisinage des bois en vente, leur facilité de transport en saison convenable »

M. le maire est donc autorisé à acheter, quand il en trouvera l’occasion, tous les bois et autres matériaux quelconques qui seraient jugés nécessaires pour la construction de l’église avec l’assistance et la coopération d’une commission composée de M. Constant Orinel, son adjoint et de M. Julien Saulnier et M. Louis Poligné, membres du Conseil et le maire lui-même.

Cette proposition fut transmise à M. le préfet pour être soumise à son approbation ce qui fut fait le 3 juin 1840. Les acquisitions devront être faites et payées au moyen des fonds provenant de la vente des communs.

 

15 mars 1841 - Acte notarié d’acceptation par la Municipalité du don de la Vve Le Roy

M. Mathurin Robert médecin demeurant en la ville de La Gacilly, agissant en qualité de maire de ladite commune, a présenté une expédition d’une ordonnance royale en date du 10 février 1834 qui autorise la dite commune de La Gacilly à accepter la donation faite en sa faveur par feue dame Jeanne Turquety, vivante veuve de Monsieur Joseph Le Roy demeurant en ladite ville de La Gacilly suivant acte au rapport des notaires soussignés en date du 5 mai 1832.

Représentée par Monsieur Constant-Marie-Vincent Le Roy médecin ; Madame Marie-Jacquette Le Roy, veuve de Monsieur Joseph-Anne-Marie Seguin propriétaire et Mademoiselle Augustine Benoit leur nièce aussi propriétaire, ses enfants et petits-enfants ayants-droits, demeurant savoir le dit sieur Le Roy et Mademoiselle Benoit en la ville de Malestroit et ladite dame Seguin en la ville de La Gacilly.

Ladite dame Jeanne Turquety, veuve Le Roy, fait donation à la commune de La Gacilly d’une quantité de terre nommée la butte du Vieux Château située proche de ladite ville et dans la commune de La Gacilly, plantée de jeunes châtaigniers et autres arbres, de la contenance de 32 ares 50 centiares.

Monsieur le Maire a déclaré formellement accepter, au nom de la dits commune de La Gacilly, la donation de la Butte du Vieux Château ci-dessus mentionnée.

Le sieur Le Roy, Madame Veuve Seguin et Mademoiselle Benoit ont déclaré approuver la donation faite par ladite dame Jeanne Turquety leur mère et grand’mère en faveur de la commune de La Gacilly en la personne de M. Mathurin Robert, maire de ladite commune.

En reconnaissance de sa part et de son conseil municipal, les donataires auront droit, eux et leurs descendants à une place d’honneur tant dans la nouvelle église que dans le nouveau cimetière de La Gacilly.

Tous objets précieux en or ou en argent qui, par hasard, pourraient être découverts dans la butte du Château par suite des fouilles qui y seront faites pour l’extraction des pierres, appartiendront aux représentants de la donatrice. Dont acte.

Fait et passé en la maison et demeure de Madame Veuve Le Roy où nous avons été requis de nous transporter au rapport de nous dit Saulnier, notaire à La Gacilly avec notre collègue présent Le Dault notaire.

8 février 1844 - Vote d’une somme de 10.000fr.

M. le Maire a exposé que le temps était venu de s’occuper sérieusement de la construction de la nouvelle église et de profiter de la saison où l’Aff est navigable pour effectuer, aux moindres frais possibles, le transport des divers matériaux nécessaires à ladite construction ; il est urgent de voter au plus tôt une somme suffisante pour en solder les dépenses premières et indispensables.

Considérant que la population de la commune est impatiente de voir commencer la construction de cette église dont elle éprouve un si grand besoin et que, pour y parvenir, on ne saurait procéder trop tôt à l’achat , au transport et à la mise en œuvre des matériaux nécessaires, le Conseil est unanimement d’avis qu’une somme de 10.000 francs soit immédiatement portée en dépenses au budget de 1844 au moyen d’un chapitre additionnel et mise à la disposition de M. le maire pour être employée à la solde de plans, devis, frais d’adjudication, travaux d’ouvriers et achats de matériaux et finalement à l’acquit de toutes les dépenses concernant la construction de la dite église.

Et relativement à la susdite dépense à effectuer pour la confection de la nouvelle église, M. le maire aura à se concerter avec MM. Orinel, Saulnier et Poligné commissaires déjà nommés à cet effet par la délibération du 10 mai 1840 et auxquels M. Foloreille, recteur, sera invité à s’adjoindre pour la surveillance des travaux.

Icone retour haut page

 

 

Architecte Charier et le Néoclassicisme.

 M. Charier était l’architecte de la ville de Vannes et de l’arrondissement de Vannes donc de La GacillyM. Charier était l’architecte de la ville de Vannes et de l’arrondissement de Vannes donc de La Gacilly. C’était un admirateur de Andréa Palladio, architecte et sculpteur italien du XVI° siècle qui construisit plusieurs villas en Italie et donna son nom au style palladien. L’architecte d’Ille-et-Vilaine, de 1828 à 1845, Louis Richelot, né à Rennes en 1786, découvrit, lui aussi, les fameuses villas palladiennes lors d’un voyage en Italie en 1825. De retour à Rennes, il construisit, sur ce style palladien, plusieurs sous-préfectures dont celle de Redon, des édifices officiels dont le tribunal de Redon en 1843 et même des hôtels particuliers. (Mémoires 8 juin 2005)

Charier et Richelot devinrent des adeptes du néoclassicisme palladien.

L’architecture néoclassique succède à l’architecture baroque et rococo dans la seconde moitié du XVIII° siècle et au début du XIX°. Elle utilise les éléments gréco-romains comme les colonnes, le fronton, le portique, un toit à faible pente auxquels viennent s’ajouter des traits caractéristiques des villas palladiennes comme un grand perron en granit, un escalier monumental et des escaliers latéraux, des détails architecturaux comme les plinthes à denticules et les frises à triglyphes (texte expo 6 décembre 2008). Le plan général de ces bâtiments est généralement d’une très grande simplicité : un axe central qui prend en enfilade le portique, le péristyle, la nef et le chœur de l’église. (Mémoires 8 juin 2005)

M. Charier eut un fils, Amand, né à Vannes en 1844 et décédé à Nantes-Doulon. Comme son père, il fut architecte de la ville de Vannes et du département du Morbihan. Il fit les plans de l’hôtel de ville de Vannes entre 1880 et 1886, symbole du triomphe des Républicains, le tribunal civil et la sous-préfecture de Ploërmel, le tribunal de commerce et l’hôpital Bodélio de Lorient. Il fut également conservateur du musée municipal de Vannes entre 1885 et 1914. Et il eut de nombreux différents avec le maire monarchiste Charles Riou. Il rédigea le Catalogue des Œuvres de Peinture, de Sculpture et de Gravure du musée municipal de Vannes qui fut édité en 1914 par l’imprimerie du Commerce de Vannes dirigée alors par Émile Mahéo, un parent de Patrick Mahéo, médecin et écrivain à Caro.

   D’autres architectes de l’Ouest adoptèrent le style palladien comme Crucy à Nantes qui construisit le théâtre Graslin et aussi Lorin dans les Côtes-d’Armor qui dressa les plans de l’église St-Michel à St-Brieuc.

18 mars 1844 – Projet de construction de l’architecte Charier.

Ce projet comportait :

4 planches à dessin c’est à dire 4 plans dont fondations /soubassement ; rez-de-chaussée et coupe longitudinale

6 dossiers dont un avant-métré, le cahier des charges, une partie descriptive Et la présentation de l’adjudication

Tout de suite, il faut bien insister sur le fait que ce projet ne prend en compte que la construction de la « coque », c’est à dire les fondations, l’élévation des murs et des colonnes et la toiture.

 

Dossier n° 10 – Partie Descriptive

Bien que ce soit le dernier document du projet, c’est peut-être celui qui est le plus intéressant pour bien comprendre la suite car il décrit d’une façon générale ce que l’architecte pense pouvoir réaliser. Ce dossier est intitulé : « Église de La Gacilly projetée à l’extrémité de la place Robert ». Il débute par cette phrase : « L’église que se propose de faire exécuter l’Administration Municipale, sera construite en face du champ de foire sous le vocable de Saint-Sauveur ». Qui avait pris cette décision du vocable ? L ‘architecte, le maire Mathurin Robert, la municipalité, l’abbé Foloreille, recteur de La Gacilly, le desservant comme on disait alors ? Aucun autre document ne parle de cette appellation ni de son origine.

Voici le texte intégral de cette partie descriptive :

  • « L’église de La Gacilly sera construite au lieu-dit domaine du Petit Château, plate-forme élevée de 1m environ au-dessus du sol du champ de foire.
  • Le plan de cette église est engendré par un parallélogramme terminé sur ses petits côtés d’une part, par une abside en hémicycle formant le chœur et, d’autre part, par le péristyle donnant entrée à l’église.
  • Le péristyle est formé de quatre colonnes isolées d’ordre dorique mutulaire romain portant un entablement complet avec fronton, ce dernier est terminé par un acrotère, les bases des colonnes reposent sur un perron composé de dix marches formant trois volées d’escalier dont une de face et deux latérales.
  • Par l’axe longitudinal du bâtiment et sous le péristyle est la porte d’entrée avec chambranle et corniche de couronnement ; à droite et à gauche de cette porte sont deux niches cintrées seulement en plan et susceptibles d’y recevoir des saints.
  • Le péristyle est surmonté d’un clocher percé sur ses quatre faces de quatre croisées cintrées portant archivoltes et sont décorées de deux pilastres d’ordre dorique avec piédestal et entablement complet ; les quatre angles sont à pans coupés, ce petit dôme est terminé par une coupole sur laquelle repose un campanile orné de huit colonnes d’ordre corinthien avec entablement complet et recouvert d’une deuxième coupole portant une croix.
  • L’intérieur de l’église est divisé en trois parties : la nef et les bas-côtés.
  • La nef sera surmontée d’une voûte plein ceintre reposant de chaque côté sur six colonnes d’ordre dorique denticulaire avec entablement complet et la séparant des bas-côtés. Elle est terminée à chaque extrémité par deux arcs doubleaux.
  • Les bas-côtés qui sont beaucoup plus étroits que la nef seront plafonnés par encadrement à la naissance de la voûte de la grande nef ; chaque caisson sera formé par les sophistes des colonnes qui la décorent. Les murs latéraux seront décorés de niches dans l’axe des entrecolonnements. A l’extrémité antérieure, sont établies des chapelles circulaires en plan et, plus tard, susceptibles d’y recevoir une coupole. Elles seront éclairées par en haut de même que l’église ; cette disposition, en harmonie avec le caractère de l’édifice, permettra d’éclairer le chœur en vitraux de couleur qui seraient placés au sommet de la coupole absidiale.
  • Le sanctuaire qui comprend toute la largeur de la grande nef est terminé par une abside en hémicycle décoré de trois niches circulaires sur plan. Il sera élevé de quatre marches au-dessus de l’enceinte réservée au peuple.
  • Dans l’étendue de la partie droite comprise dans le plan parallélogrammique de l’église et aux extrémités des bas-côtés sont établies, à droite, une sacristie et vestiaire et, à gauche, une pièce de décharge dans laquelle sera un escalier conduisant, d’une part, au clocher par la charpente des bas-côtés et, d’autre part, dans une salle basse établie au-dessous du chœur éclairé par trois croisées pratiquées dans le soubassement.
  • A droite et sous la sacristie, est une autre petite pièce éclairée par une croisée qui servira de pièce de dépôt pour les archives du Conseil de Fabrique.
  • Le soubassement du péristyle de l’édifice et le perron seront en granit provenant des carrières d’Ocfer, ce revêtement se continuera dans les parties latérales dans toute la largeur de l’avant-corps.
  • Les cinq croisées de la salle du Conseil, des archives et de la cage d’escalier comprises dans la hauteur du soubassement, les arêtes des deux socles au pourtour de l’église dans le prolongement des avant-corps latéraux en retour sur la façade et enfin le deuxième socle du frontispice seront également en granit.
  • Le péristyle et le frontispice seront revêtus en pierres de Crazanne de même que le clocher, le nu du mur seulement des avant-corps en retours sur les façades seront en pierres simulées ; les angles seront en Crazanne et les douze colonnes à l’intérieur de l’église.
  • Tous les murs tant en fondation qu’en élévation seront en moëllons et mortier de terre argileuse.
  • Les murs latéraux et l’abside à l’extérieur seront couronnés par une sablière en chêne portant moulures.
  • Toute la charpente sera en bois de chêne ou de châtaignier ; les chevrons et les belettes de la couverture seront seules en sapin. L’édifice sera couvert en ardoises ; les quatre avant-corps, attendu leur peu de pente, seront couverts en zinc.
  • Les saillies des corniches, les revêtements des coupoles du clocher seront également en zinc.
  • Ne sont pas compris dans le projet, les enduits et crépis des murs, les carrelages et les planchers, les portes, les croisées et les persiennes, les plafonds et les voûtes en plâtre à l’intérieur.

L’architecte s’est occupé exclusivement du projet de construction de la coque de l’édifice.

Fait et dressé par l’architecte soussigné, à Vannes le 18 mars 1844,

L’architecte de l’Arrondissement M. Charier

 Vu et approuvé par nous, Conseiller d’État Préfet du Morbihan

 Vannes le 16 avril 1844 Signé : Lorois

Plan n° 1 des Fondations et du Soubassement.

Avec, sous le chœur, une salle d’archives et une salle de réunion pour le Conseil de Fabrique et un escalier pour accéder à ces salles.

  Ce plan est signé par l’architecte de la ville et de l’arrondissement (de Vannes)) Charier le 18 mars 1844 et approuvé par le préfet Lorois le 16 avril 1844.

Plan n° 2 du Rez-de-Chaussée.

Avec une chapelle mortuaire au fond de l’église mais pas de tribune ; mêmes signatures et mêmes dates.

CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES :

  • Longueur de la nef : 23 mètres
  • Largeur de la nef : 9m
  • Largeur avec les bas-côtés : 15m
  • Hauteur du sol au clocher : 22m
  • Hauteur des colonnes : 6,5m
  • Nombre de places assises : 390

 

Plan n° 4 Coupe Longitudinale.

Avec le clocher à double étages, une porte extérieure derrière le chœur pour accéder à la salle du Conseil de Fabrique, quatre vasistas, trois niches à statue dans le chœur, 18 le long des bas-côtés et 2 à l’extérieur pour encadrer la porte d’entrée ; surtout deux perrons sur la façade de l’église. Mêmes signatures et mêmes dates.

MODIFICATIONS DEMANDÉES.

A l’étude de ces plans, le Conseil Municipal demandera et obtiendra les modifications suivantes.

Il sera demandé :

  • 5 niches à statue dans le chœur au lieu de 3.
  • Un agrandissement derrière le chœur pour y placer la sacristie et une pièce
  • De rangement où sera installée plus tard la chaudière du chauffage ; ces deux
  • Pièces étant raccordées par un très large couloir faisant le tour du chœur.
  • Une corniche en pierre de Crazanne sur tout le pourtour du bâtiment
  • Un revêtement en pierre de taille de granit et de Crazanne pour les avant-corps

Latéraux

La sculpture du fronton avec une croix entourée de nuages, de rayons et de têtes d’anges

Par contre, il a été supprimé :

  • La salle de réunion du Conseil de Fabrique en sous-sol sous le chœur
  • La salle d’archives également en sous-sol sous le chœur
  • Les deux niches à statue extérieures sur la façade encadrant la porte d’entrée

 

Dossier n° 8 : Avant Métré et Devis.

Déblais jetés et égalés sur place

Remblais pris aux talus de l’ancien château et portés sur le sol de l’église

Maçonnerie des fondations en moëllon et mortier de terre argileuse

Maçonnerie des murs en élévation en moëllon et mortier de terre argileuse pour 12 piliers intérieurs en soubassement et 4 piliers extérieurs

Maçonnerie des murs de soutènement du perron

De cette maçonnerie, il y a des vides à déduire (portes, fenêtres, arcades, autres ouvertures) mais le vide des niches n’est pas déduit vu la sujétion de la main-d’œuvre.

La pierre de taille :

Du granit pour le soubassement et les murs de soutènement du perron

De la pierre de Crazanne pour le frontispice, le péristyle. 

Maçonnerie des murs en pierre de taille de granit et mortier de chaux et sable pour le soubassement du frontispice, le mur de soutènement du perron ainsi que les marches de devant et latérales et enfin le dallage du péristyle

Maçonnerie en pierre de taille de Crazanne et mortier de chaux et sable pour les 4 colonnes du péristyle (base, fût et chapiteau), le péristyle lui-même et le frontispice (corniche, tympan et acrotère), le clocher, les 12 colonnes intérieures (piédestal, base, fût et chapiteau).

Charpenterie

Pour la nef, charpente avec assemblage en bois de chêne ou de châtaignier : 6 fermes avec 2 arbalétriers et 2 jambes de force chacune ; les 4 lucarnes ; la charpente spéciale des combles du chœur ; la charpente sans assemblage : planchers du chœur, de la salle des archives et son escalier, du clocher ; puis les palâtres des ouvertures

Couverture :

Couverture d’ardoises avec chevrons, belettes et clous

Revêtement de la corniche et de l’acrotère

Revêtement du clocher

Ferronnerie : fers forgés pour gonds de scellement et armatures.

Fait et dressé par l’architecte soussigné

Rennes le 18 mars 1844. L’architecte de l’arrondissement. M Charier

 plan du clocher en 1844 et 1872

Dossier n° 9. Cahier des   Charges.

Il comporte :

25 articles pour les Conditions Générales

21 articles pour les Conditions Particulières et

3 articles pour le Chapître Additionnel.

Conditions Générales : c’est un rappel de données très strictes et très détaillées que l’entrepreneur est tenu de respecter ; il doit :

Être solvable,

Être muni d’un certificat de capacité délivré par un architecte ou un ingénieur,

Fournir une caution en espèces ou en immeubles libres d’hypothèques équivalant

Au 40° du montant du devis. Si le cautionnement est en espèces, il sera

Déposé à la caisse du receveur général 3 jours après l’adjudication.

L’entrepreneur sera tenu d’avoir un appareilleur et un contre-maître agréés par le délégué de la Commission de Surveillance. L’adjudicataire devra être en possession de tous les outils et instruments nécessaires à l’exécution des travaux et au tracé à l’exception des instruments de mathématique. Les agents et les ouvriers nécessaires aux opérations seront fournis par lui.

Il sera tenu de commencer les travaux immédiatement après l’approbation de l’adjudication par M. le Préfet et de les continuer sans interruption jusqu’à parfait achèvement.

L’entrepreneur devra faire démolir, à ses frais, toutes poses et travaux défectueux sur la simple invitation du délégué de la Commission de Surveillance. Il en sera ainsi pour les ouvrages dont les dimensions seraient plus fortes ou plus faibles que celles ordonnées.

Tous les matériaux que l’entrepreneur emploiera pour les divers ouvrages devront être de bonne qualité. Il devra se conformer aux plans, tracés et épures qui lui seront remis. A la fin de chaque ouvrage, il sera tenu d’enlever, à ses frais, les échafaudages et matériaux restants. Il devra combler et fermer les trous résultant de l’exécution et faire porter, à ses frais, les décombres au lieu qui lui sera désigné sans avoir le droit de les détourner sous quelque prétexte que ce soit.

Les paiements seront faits au fur et à mesure de l’avancement des travaux.

Au 1° novembre prochain, les maçonneries et la couverture devront être terminées sinon il sera fait une retenue de cinq francs par jour de retard sauf en cas de force majeure. L’adjudicataire entretiendra en bon état tous les ouvrages qu’il aura exécutés jusqu’au jour de leur réception définitive.

Le métré de tous les ouvrages se fera suivant le système métrique sans usage ni coutumes.

Enfin, l’entrepreneur garantira les gros ouvrages pendant 10 ans.

Icone retour haut page

 

 

Conditions Particulières

Toutes les journées seront de onze heures en été et de huit heures en hiver. Le mesurage des déblais se fera sur le vide de l’excavation et jamais sur la masse formée par les remblais.

La chaux que l’entrepreneur emploiera sera de bonne qualité ; celle du Mont Saint-Jean près de Nantes est recommandée. Elle sera éteinte avec de l’eau douce selon les procédés en usage.

Le sable employé dans les mortiers sera criblé à la main et dépourvu de toute matière argileuse et de pierres. Tous les mortiers seront dosés et fabriqués par des ouvriers employés à la journée et jamais à la tâche et agréés par la Commission de Surveillance. Ces mortiers seront composés d’un tiers de chaux et de deux tiers de sable non terreux criblé à la main et passé à la claie fine.

Les terres glaises et argileuses seront bien corroyées et battues sur une aire de planches jointes et mises en œuvre avec soin. Les maçonneries de fondation seront élevées suivant les profils donnés et en formant des retraits déterminés par les plans.

La pierre de taille en granit proviendra des carrières d’Ocfer ; elle sera parfaitement saine, de l’échantillon indiqué par les profils, taillée avec soin à vive arrête et dressée sur ses parements à la boucharde.

La pierre de taille de Crazanne sera de premier choix, d’une belle nuance et demi dure, des dimensions indiquées par les profils et plans ; elle sera taillée avec soin par des ouvriers tailleurs de pierres affectés principalement à cet ouvrage ; les parements seront parfaitement dressés, les arêtes vives, les joints d’équerre et parfaitement dégauchis.

Immédiatement après le ravalement, les joints de pierre seront faits avec soin et, pour cela, on commencera à racler et à laver le vieux mortier ; après cette opération préalable, on appliquera du mortier avec le plat de la truelle bien serré et lissé.

L’entrepreneur se conformera pour l’exécution de tous les ouvrages aux épures qui lui seront données ; les pierres seront bien ébouzinées, proprement piquées en leurs faces, lits et joints suivant les panneaux et beuveaux convenables, ciselées en leurs parements vus.

Les dalles devront avoir au moins 10cm d’épaisseur aux joints ; elles seront établies sur une forme de mortier d’au moins 3cm d’épaisseur et les joints ne pourront avoir plus de 5cm ; les arêtes de ces pierres seront parfaitement suivies et les parements dressés et passés à la boucharde ; les joints seront exactement remplis d’un coulis de mortier fin lissé avec le plat de la truelle.

Les bois employés pour la charpente seront le chêne ou le châtaignier. Ils devront être coupés deux ans au moins avant leur mise en œuvre et dans la bonne saison ; ils seront en outre de bonne qualité sans aubier, nœuds vicieux, roulifs, gélifs, échauffés ; ils seront toujours employés dans le sens des fils. Les bois seront soigneusement équarris sans flaches et solidement assemblés à tenons mortaises et embrèvements ou par doubles tenons entaillés avec renforts et embrèvements à queue d’arronde ou de tout autre assemblage prescrit par l’article. Toutes les pièces de bois scellées dans les murs seront exactement garnies de semelles de chêne si la Commission de Surveillance le juge nécessaire.

Les ardoises pour les couvertures neuves seront de la meilleure qualité que celles qui s’emploient dans le pays, en bonne liaison et au tiers du pureau. Elles seront placées par rang horizontaux bien alignés par le bas, chaque ardoise sera fixée par deux clous ; son pureau ou partie apparente sera du tiers de sa longueur totale.

Les belettes sur lesquelles les ardoises seront clouées devront être de bois de sapin d’environ 20cm de largeur et 2cm d’épaisseur. Elles seront clouées de deux clous sur chaque chevron ou coyau et disposées de manière que leurs abouts ne viennent pas se terminer sur le même. Elles seront serrées les unes contre les autres sans laisser d’intervalle.

Signé Charier architecte de l’arrondissement le 18 mars 1844

Ce cahier des charges sera approuvé par le préfet Lorois le 16 avril 1844.

 

Présentation de l’adjudication.

C’est un document très intéressant car il donne la nature, les quantités et les prix des matériaux qui vont être utilisés pour la construction de l’église et, en plus, ce dossier est divisé en quatre parties correspondant aux quatre gros chantiers à entreprendre.

Chapître 1 La Maçonnerie

  • 180 m3 de déblais jetés et régalés sur place
  • 420 m3 de remblais pris aux talus de l’ancien château
  • 150 m3 de maçonnerie pour les fondations en moëllons et mortier de terre argileuse
  • 1090 m3 de murs en élévation en moëllons et mortier de terre argileuse
  • 23 m3 de maçonnerie en pierre de taille de granit et mortier de chaux et de sable
  • 25 m² pour le dallage du péristyle
  • 194 m3 de pierre de taille de Crazanne et mortier de chaux et de sable
  • 143 m3 de parement vu de pierre de taille de granit
  • 886 m3 de parement vu de pierre de taille de Crazanne  
  • 8 m3 pour les 8 colonnes du campanile

Chapître 2 : la Charpenterie

  • 868 mètres courants pour charpente avec assemblage en bois de chêne ou de châtaignier
  • 324 mètres courants sans assemblage
  • 251 mètres courants pour les pannes des combles
  • 10 m3 de palâtres en bois de chêne
  • 47 mètres pour les sablières portant moulures au couronnement des côtés latéraux

Chapître 3 : La Couverture

  • 604 m² de couverture en ardoises (chevrons, belettes et clous compris)
  • 162 m² de couverture en zinc n°14

Chapître 4 : La Ferronnerie

  • 500 kilos de fer forgé pour gonds, scellements et armatures 

Pour terminer ce relevé, il est fait mention des honoraires de l’architecte pour la rédaction de ce projet à 0,017fr par franc du total de l’adjudication ainsi que les frais d’un voyage à La Gacilly les 4 et 5 décembre 1843.

Le total de l’adjudication s’élève à 28.622, 65 francs.

Fait et dressé par l’architecte soussigné

A Vannes le 18 mars 1844. Signé : Charier

Vu et approuvé par nous Conseiller d’État Préfet du Morbihan

Vannes, le 16 avril 1844. Signé E. L. Lorois

8 avril 1844 – Demande de réunion du Conseil Municipal.

Le 28 mars 1844, le maire Mathurin Robert annonce au préfet qu’il vient de recevoir le plan de la nouvelle église dont il est très satisfait. Il lui demande l’autorisation de « réunir le Conseil Municipal afin qu’il donne légalement son avis sur ce projet » ; la délibération lui sera adressée afin qu’il donne sans retard son approbation.

 Le maire ajoute : « Je crois avoir lu dans je ne sais quel règlement ministériel que tous les plans et devis relatifs à des édifices communaux devaient être communiqués au Conseil des Bâtiments Civils à Paris. Cependant si vous pouvez nous dispenser de cette vaine formalité, ce sera notre avantage puisque nous n’en serons que plutôt en mesure de procéder à l’adjudication qui devrait déjà être faite et eut eu lieu depuis longtemps si l’architecte n’avait pas employé trois mois et plus à la rédaction de ses devis et plans »

Réunion extraordinaire du conseil municipal autorisée par M. le préfet le 4 avril pour examiner le projet de la nouvelle église consistant en six feuilles de dessin (plans) et quatre cahiers de texte envoyés par M. Charier, architecte de l’arrondissement de Vannes.

Considérant que le projet présenté réunit sous le rapport de la forme extérieure, de l’étendue générale et de la disposition intérieure du bâtiment, toutes les conditions désirables qui avaient été préalablement indiquées à M. l’architecte, le conseil municipal « est unanimement d’avis qu’il soit adopté et mis au plutôt à exécution et, à cet effet, il autorise M. le maire à faire, de concert avec la commission municipale, toutes diligences et dépenses n nécessaires pour atteindre ce but et, s’il le juge convenable, à charger M. Charier d’exécuter lui-même son projet tant dans son ensemble que dans ses moindres détails ; à procéder enfin dans les plus brefs délais, à l’adjudication en présence du susdit architecte et avec l’assistance de M. Orinel adjoint et M. Saulnier conseiller municipal tous deux en qualité de commissaires qu’il désigne pour, conjointement avec M. le maire , surveiller la dite adjudication et représenter la commune dans cette circonstance, accordant à la commission ainsi composée le droit de modifier au besoin le cahier des charges rédigé par M. l’architecte mais avec le consentement de celui-ci et de stipuler que la commune se chargera de la fourniture à pied-d’œuvre de tous les matériaux nécessaires à la construction de l’église attendu qu’elle en possède déjà une bonne partie et quoiqu’elle espère encore en obtenir d’autres de la générosité des habitants qui exécuteront surtout gratuitement le transport d’une grande partie du matériel. Par suite de ces dernières dispositions et, comme complément, M. le maire et sa commission sont autorisés à passer des marchés partiels et à l’amiable toutes les fois qu’ils les jugeront indispensables ou avantageux. »

Suite à cette délibération, un chapitre additionnel sera ajouté au cahier des charges.

12 avril 1844 – Approbation de la délibération du CM.

C’est l’envoi, par le maire, de la délibération du Conseil Municipal du 8 avril 1844 ainsi que de tout le projet de construction de l’église (6 plans et 4 dossiers).

« J’espère que vous serez assez bon pour approuver le tout et vous dispenser d’envoyer à Paris ce projet dont le devis ne s’élevant qu’à 28.622,60fr se trouve être dans la limite de votre compétence d’après l’article 45 de la loi du 18 août 1837 ainsi conçu : aucune construction nouvelle ou reconstruction entière ou partielle ne pourra être autorisée que sur la production des projets et devis. Ces projets et devis seront soumis à l’approbation préalable du ministre compétent quand la dépense excèdera trente mille francs et à celle du préfet quand elle sera moindre.

Je vous prierai même M. Le Préfet de vouloir bien m’autoriser à procéder à l’adjudication à bref délai c’est à dire le 5 mai en n’ayant que quinze jours d’affiches à raison d’urgence et de la …. Où nous sommes de profiter du reste de la saison pendant laquelle l’Aff est navigable et peut encore nous permettre d’effectuer le transport des marchandises.

 Si vous ne pouvez nous accorder ces deux points, il nous est bien inutile de songer à entreprendre cette année la construction de notre église.

M. l’architecte doit aller vous demander à ce sujet un moment d’entretien pour vous communiquer tous les renseignements et détails relatifs à notre projet de construction ».

Le préfet signera cette délibération le 16 avril 1844.

4 mai 1844 - Veille de l’adjudication.

Étant donné le nombre réduit de soumissions reçues

(Quatre seulement), il semble bien que le maire ou l’architecte ou les deux se soient rendus compte de la situation, c’est à dire que l’adjudication n’allait pas être une réussite. D’ailleurs l’architecte le dira un peu plus tard dans une lettre qu’il adressera au préfet et dans laquelle il déclare que « les prix peu élevés du devis ne pouvaient guère être acceptés que par les ouvriers du pays qui n’ont pas de frais de déplacement qui atténuent les bénéfices d’un entrepreneur étranger (NDLR : c’est à dire qui n’est pas de La Gacilly) ». Quant au maire, il semble bien qu’il se soit rendu compte qu’aucun entrepreneur local n’avait les capacités ni l’outillage nécessaires pour réaliser un tel chantier. Lui aussi réalisa que les propositions faites étaient vraiment trop faibles puisqu’il écrit quelques jours plus tard au préfet et lui annonce qu’il « ne nous a pas été fait d’offre pour la maçonnerie ; aucun ouvrier ne veut du prix porté au devis avec les conditions exigées. Tous les maçons du pays auxquels, pour essai, je viens de proposer des marchés à l’amiable demandent, pour façon de la toise de maçonnerie, un prix plus élevé à cause de la hauteur des murs. Ils exigent que la commune fournisse les échafaudages, les échelles, les câbles, les palans et l’eau pour le mortier. Les entrepreneurs étrangers trouvant nos prix trop bas se sont abstenus de souscrire »

On peut même se demander si le maire et l’architecte n’avaient pas une autre idée en affichant des prix aussi bas. En effet, un entrepreneur de Redon, très capable d’ailleurs, avait déjà construit la maison Simon « et d’autres des plus remarquables » à La Gacilly, l’église et la halle de Guémené et quelques châteaux en Loire-Inférieure. De plus, cet entrepreneur, étant de Redon, devait être connu également de M. Richelot, l’architecte départemental d’Ille-et-Vilaine et ami de Charier. 

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le maire et l’architecte aient songé, la veille de l’adjudication de prévoir une nouvelle adjudication. M. l’architecte étant à La Gacilly ce jour-là, 4 mai 1844, ils en profitèrent pour rédiger, dans la précipitation, un chapitre additionnel 

Chapître Additionnel.

Il fut rédigé par la Commission de Surveillance en accord avec M. l’architecte Charier et en vertu de la délibération du Conseil Municipal du 8 avril 1844 approuvée par le préfet.

Dans ce supplément, il est indiqué que la commune se charge de fournir tous les matériaux nécessaires à la construction de l’église, de les déposer dans le clos du Petit Château ou, à la rigueur, dans le haut du Champ de Foire ; la commune se charge également de creuser les fondements et de faire tous les déblais et remblais indispensables. L’entrepreneur aura à sa charge la main-d’œuvre, la fourniture de ses outils et de ses échafaudages ainsi que l’eau destinée à la confection du mortier.

Les travaux ne pourront être terminés dans les délais fixés que si la commune lui fournit à temps tous les matériaux prévus, alors il ne pourra exercer contre elle aucune demande d’indemnité.

Pourquoi un tel supplément fût-il ajouté au cahier des charges ? Alors que dans la présentation de l’adjudication, le matériel est ajouté à la main-d’œuvre pour former un ensemble de prix, dans ce texte il n’est plus question que de la main-d’œuvre. Les soumissionnaires qui avaient déposé leurs propositions furent sans doute très étonnés de découvrir cette nouveauté le jour de l’adjudication.

De plus la date de parution de ce supplément, le 4 mai 1844 c’est à dire la veille de la séance d’adjudication est, elle aussi, troublante car elle ne laissait plus aux soumissionnaires le temps de réagir. Ce chapître a dû être rédigé dans la précipitation et sa rédaction posera problème puisqu’il sera remplacé par un nouveau chapître additionnel le 8 juin 1844 (voir à cette date).

Enfin, il faut faire remarquer que si ce texte est daté et signé par l’architecte Charier (c’est une preuve qu’il se trouvait déjà à La Gacilly la veille de l’adjudication), il n’a pas été approuvé par le préfet. 

5 mai 1844 – Séance d’Adjudication des travaux.

La séance d’ouverture des soumissions se déroula le dimanche 5 mai 1844 à midi en la salle ordinaire des adjudications en présence du maire Mathurin Robert assisté de M. Constant Orinel adjoint au maire, de M. Julien Saulnier conseiller municipal délégué à l’effet des présentes par délibération du dit Conseil du 12 avril dernier, de M. Courtel receveur de la commune et de M. Charier architecte

Les soumissions cachetées ont été déposées à la mairie en conséquence des affiches apposées le 15 avril aux lieux ordinaires et accoutumés et de l’annonce insérée le 2 du même mois dans le journal Le Morbihan dont un exemplaire restera annexé à la minute du procès-verbal après avoir été visé et paraphé par nous. Les dites affiches et publications annonçaient que, ce jour, dimanche 5 mai 1844 à midi, il serait procédé à l’adjudication au rabais, sur soumission cachetée, des travaux à exécuter pour la construction de la coque d’une église à La Gacilly, lesquels travaux consistent en la main-d’œuvre :

  • De la maçonnerie en pierre de taille de Crazanne
  • De la charpente
  • De la couverture en ardoises
  • De la fourniture et de la main-d’œuvre de la ferronnerie
  • Ces quatre articles devant être adjugés séparément.

Voici la suite du procès-verbal d’adjudication

« Nous avons fait remettre sur le bureau les soumissions déposées au nombre de quatre et qui ont été préalablement numérotées suivant l’ordre de leur présentation et classées d’après l’article qu’elles concernent. Nous les avons ensuite ouvertes, cotées et paraphées.

  • La première souscrite par le sieur Julien Épaillard, maître-charpentier, demeurant à La Gacilly, a offert un rabais de 8 pour cent sur les prix du détail de la charpente et a paru seule admissible
  • La seconde souscrite par le sieur Julien Sorel, maître-couvreur, pour la couverture en ardoises
  • La troisième souscrite par le sieur Pierre Mérel, maître-serrurier pour la ferronnerie.
  • La quatrième souscrite par le sieur Louis Chantreau également pour la ferronnerie.

 Ces trois dernières soumissions ont été, après délibération de la commission, à l’unanimité rejetées comme étant irrégulières et contenant des offres inacceptables.

Il n’a été déposé aucune soumission pour la main-d’œuvre de la maçonnerie en pierre de taille de Crazanne.

Le sieur Julien Épaillard ayant donc seul fait une soumission avantageuse et étant reconnu réunir les qualités prescrites et présenter les garanties exigées, Nous, Maire de La Gacilly, de l’avis de MM. les membres du Conseil Municipal , commissaire, l’avons déclaré adjudicataire des travaux de charpente à exécuter pour l’église de La Gacilly, à la charge par lui de se conformer aux clauses et conditions du devis et du cahier des charges et de ne pouvoir céder son entreprise, ni avoir de sous-traitants, sous peine de réadjudication à sa … enchère.

 Et aussitôt, a été introduit dans la salle des adjudications le sieur Julien Épaillard qui a accepté l’adjudication et s’est soumis à exécuter toutes les clauses et conditions du devis et du cahier des charges le concernant et desquelles il a dit avoir pris pleine connaissance, après quoi il a déclaré faire promesse de fournir caution dans le délai prescrit.

Fait et clos à l’hôtel de ville les jour, mois et an que dessus ».

 Signé : Orinel adjoint, E. Courtel, Robert le maire et Saulnier plus une croix sans doute à la place de la signature de Julien Épaillard.

Comme on le voit quatre soumissions furent déposées et une seule fut retenue encore était-elle douteuse puisqu’entachée d’irrégularité selon les dires de l’architecte lui-même qui écrit « on peut facilement annuler l’adjudication retenue puisque le certificat de capacité de l’entrepreneur n’a pas été délivré par un ingénieur ou un architecte conformément aux règles fixées par le cahier des charges »

Icone retour haut page

 

 

5 mai 1844 – Nouvelle Présentation de l’Adjudication.  En sous-titre, elle est intitulée : « Extrait du devis pour servir à la main-d’œuvre :

De la maçonnerie en pierre de taille de Crazanne

De la charpente

De la couverture d’ardoise

De la fourniture et de la main-d’œuvre de la ferronnerie ».

Ce nouveau document est très intéressant car il nous donne les prix d’une heure de travail pour les différents travaux. C’est ainsi que l’heure de maçonnerie pour les fondations et l’élévation des murs est de 2,17fr ; celle de la maçonnerie en pierre de taille de granit ou de Crazanne est de 2,94fr ; pour le dallage, l’heure de travail coûte 6,17fr mais elle comporte la taille et la pose. Pour la charpente, le mètre de couvrants posés revient à 0,40fr alors que le mètre carré d’ardoises clouées coûte 0,94fr. Bien sûr, il s’agit du prix payé à l’entrepreneur et non pas celui versé aux ouvriers.

Ce document porte bien la mention « Fait et dressé par l’architecte soussigné. A La Gacilly le 5 mai 1844. L’architecte de l’arrondissement de Vannes. Signé : Charier ». C’est la preuve que cette nouvelle présentation fut bien rédigée à La Gacilly le jour même de l’adjudication.

7 mai 1844 – Envoi du procès-verbal d’adjudication au préfet.

Le maire Mathurin Robert adresse au préfet le procès-verbal de l’adjudication du 5 mai 1844. Il en profite pour lui donner quelques renseignements sur le déroulement de cette séance et commence par lui apprendre « qu’il n’y a eu qu’une seule soumission acceptable, les autres, ayant été irrégulières et contenant des conditions inadmissibles, ont été rejetées à l’unanimité par la commission ».

D’autres détails fournis par le maire nous apprennent que « les entrepreneurs étrangers n’ont guère fait que se moquer de nous avant comme durant l’adjudication ce qui me convenait fort peu pour ma part ».

Le maire raconte ensuite que, le soir, il a pris contact malgré tout avec M. Pierre Jolivier, entrepreneur à Redon et que celui-ci lui a fait une offre en forme de secours « que la Providence nous envoyait au milieu de nos tribulations. Frappé par le bel effet d’architecture du plan de notre église et désirant y attacher son nom, il se chargeait de la main-d’œuvre de construction aux prix et conditions du devis et du cahier des charges si on lui accordait l’entreprise entière et si la commune se chargeait en outre de fournir les échafaudages nécessaires et l’eau pour la confection des mortiers ».

 « J’ai accueilli cette offre favorablement surtout en considérant que la dépense d’échafaudages n’est pas entièrement inutile puisque, plus tard, il nous faudra la faire pour l’aménagement du plan intérieur car, si nous ne fournissons pas l’échafaudage aux plâtriers, ceux-ci exigeront de nous un prix exorbitant ».

Déjà, avec les explications fournies par le maire, on voit bien que les tractations se sont déroulées le jour même de l’adjudication et c’est sûrement ce qui a incité l’architecte a rédigé immédiatement une nouvelle présentation de l’adjudication rédigée à La Gacilly le 5 mai 1844.

Dans cette même lettre, le maire annonce qu’il a provoqué une réunion de la commission municipale ce matin et que « tous à l’unanimité nous avons été d’avis d’accepter pour entrepreneur M. Jolivier dut-il nous en coûter davantage, préférant infiniment n’avoir à surveiller qu’un seul chef capable au lieu de quatre ou cinq entrepreneurs inexpérimentés, indépendants les uns des autres et que nous aurions probablement plus que de la peine à faire marcher de concert ».

Ensuite, M. le maire demande à M. le préfet de « refuser son approbation à l’adjudication du 5 mai  qui n’a eu d’effet que pour la charpente et à l’autoriser à passer marché avec M. Jolivier soit à l’amiable et par acte rédigé par M. l’architecte avec stipulation de toutes garanties convenables, soit, pour la forme, au moyen d’une nouvelle adjudication qui porterait que la main-d’œuvre de maçonnerie, de taille de Crazanne, de charpente, de couverture en ardoise et de ferronnerie, serait dans son ensemble adjugée en une seule adjudication ( la taille de granit serait …exceptée puisque nous avons passé pour elle un marché séparé à l’amiable). Si vous adoptez cette dernière forme, veuillez avoir la bonté, Monsieur Le Préfet, de m’autoriser à procéder à la nouvelle adjudication pour le mercredi 22 mai ou un autre jour qui pourrait mieux convenir à M. l’architecte. ».

Suite à cette lettre, le préfet dut donner son aval pour organiser une nouvelle adjudication, la suite de l’affaire nous le démontrera ainsi que la lettre qui suit et également le nouveau chapître additionnel rédigé quelques jours plus tard.

 

12 mai 1844 – Explications de l’architecte au préfet.

L’architecte explique au préfet pourquoi la première adjudication n’a pas été couronnée de succès et que, « les ouvriers du pays n’ayant pas cru devoir soumissionner pour la partie la plus importante », il propose de faire procéder à nouveau à la réadjudication des travaux de construction de l’église en insérant une nouvelle clause dans le cahier des charges

« Les bois nécessaires aux maçons, tailleurs de pierre et charpentiers pour échafaudages, seront fournis par la commune et l’eau pour la confection des mortiers. »

Et l’architecte d’ajouter : « Cette charge qui serait peu considérable mettrait à même, je crois, les entrepreneurs étrangers de concourir à l’adjudication ». Il termine sa lettre en annonçant que l’annulation de la première adjudication accordée à Julien Épaillard ne posera pas de problème étant donné sa non-régularité

 

8 juin 1844 – Nouveau Chapître additionnel.

Déjà pour l’adjudication du 5 mai, un chapître additionnel avait été ajouté au cahier des charges la veille de la séance d’adjudication. Un mois plus tard, on renouvelle la même manœuvre. Pourquoi cette date et pourquoi ne pas s’être rendu compte plus tôt que l’ancien chapître additionnel ne cadrait plus avec la nouvelle présentation de l’adjudication ?

 Car, en effet, dans ce nouveau supplément, il est rappelé que la commune doit fournir tous les matériaux et on a même pris soin de préciser : « même les bois nécessaires aux maçons, tailleurs de pierre et charpentiers pour monter les échafaudages » ; l’eau, également, n’est plus à la charge de l’entrepreneur mais c’est à la commune de la fournir. C’est en fait la clause supplémentaire demandée par l’architecte.

9 juin 1844 – Nouvelle adjudication.

Il faut commencer par dire que la date qui figure sur la copie du procès-verbal, dimanche 9 mai, est manifestement erronée pour plusieurs raisons ; tout d’abord, si la première adjudication a eu lieu le dimanche 5 mai, cette deuxième adjudication n’a pas pu se dérouler le dimanche 9 mai ; en effet, si le 5 mai tombait bien un dimanche en 1844, le 9 ne pouvait pas l’être aussi puisqu’il s’agissait en fait d’un jeudi

Deuxième raison : dans le texte, il est dit que les affiches furent apposées le 18 mai ; si donc l’adjudication avait eu lieu le 9 mai, elle se serait déroulée avant l’affichage, chose difficile à admettre.

Troisième raison : un délai obligatoire de trois semaines au moins devait s’écouler entre la date de l’affichage et la séance d’adjudication ; comme l’affichage avait eu lieu le 18 mai, l’adjudication ne pouvait avoir lieu que trois dimanches après donc au mois de juin.

Enfin, dernière constatation, le procès-verbal d’adjudication a été approuvé par M. le préfet le 17 juin 1844 ; si la séance d’adjudication avait eu lieu le 9 mai, le préfet aurait approuvé ce procès-verbal bien avant le 17 juin. Pour toutes ces raisons, on peut logiquement penser que cette nouvelle adjudication se soit déroulée le dimanche 9 juin 1844.

La séance de dépouillement se déroula en présence de Mathurin Robert le maire, de Louis Cheval premier conseiller municipal en remplacement de M. Constant Orinel, l’adjoint absent, de M. Julien Saulnier conseiller municipal délégué à l’effet des présentes par délibération du dit Conseil du 8 avril 1844, de M. Courtel receveur de la commune et de M. Charier, l’architecte de l’arrondissement de Vannes.

La liste des travaux à exécuter figure dans cette soumission et il est bien préciser

« Lesquels travaux constituent en la main-d’œuvre ». La mise à prix annoncée par l’affiche est fixée à la somme de 7.450,19fr d’après le devis dressé le 5 mai dernier par M. l’architecte de l’arrondissement de Vannes et approuvé par M. le préfet du Morbihan.

Cette séance dut être de courte durée puisqu’une seule soumission fut reçue par la mairie et acceptée « étant  considérée comme suffisante et avantageuse et, après avoir reconnu que le sieur Pierre Jolivier qui l’a souscrite réunissait les qualités prescrites et présentait les garanties exigées, Nous, maire de la commune de La Gacilly, de l’avis de MM. les membres de la commission, avons déclaré le sieur Jolivier adjudicataire des travaux susmentionnés pour la somme de 7.450,19fr, montant du devis, à la charge par lui de se conformer aux clauses et conditions du devis et cahier des charges ».

Le procès-verbal est signé par Jolivier, Saulnier, E Courtel, L Cheval, M Charier et Robert.

11 juin 1844 – Envoi du Procès-verbal d’adjudication au préfet.

Cet envoi, fait par le maire, comporte le procès-verbal de l’adjudication, le chapître additionnel, le certificat de capacité de M. Jolivier ainsi que sa promesse de cautionnement. Le maire ajoute : « nous avons été heureux que M. Jolivier ait voulu consentir à se charger de la construction de notre église car, à défaut de lui, nous n’eussions trouvé aucun entrepreneur qui eut travaillé pour un prix aussi minime ».

 Ce procès-verbal fut approuvé, le 17 juin 1844, par le secrétaire général de la préfecture

C. Pradier en remplacement du préfet empêché.

Début des travaux : le terrassement.

Aussitôt après que le préfet eut approuvé le procès-verbal d’adjudication, les travaux de terrassement et de nivellement du terrain débutèrent.

Les bénévoles gaciliens commencèrent par étaler, régaler comme on disait alors, les remblais qui se trouvaient sur place soit 180 m3. Puis, au moyen de charrois, on récupéra 420m3 de remblai sur les talus de l’ancien château, parcelle donnée par la Veuve Joseph Le Roy, et on les amena sur la parcelle donnée par les demoiselles Grinsart en bordure du chemin de Redon à Guer. Une plate-forme fut ainsi réalisée ; elle devait être un mètre environ au-dessus de celle du champ de foire.

Les tranchées des fondations furent creusées ; des moëllons de schiste furent amenés et les 150 m3 de maçonnerie des fondations réalisés. Puis la maçonnerie d’élévation des murs débuta avec des moëllons de schiste et du mortier de terre argileuse. 1090 m3 était à construire. Malheureusement, l’été fut très chaud et l’Aff se dessécha empêchant les bateaux de remonter la rivière jusqu’à La Gacilly. Les premiers navires, apportant des pierres de granit ou de Crazanne, durent être déchargés à Redon et, dès lors, il n’y eut plus que la ressource du transport par charrettes. (BP 12-1961)

10 novembre 1844 – Subvention demandée.

Le Conseil Municipal constate que la somme de 10.000fr « votée par délibération du 8 février dernier est totalement épuisée ayant été employée à solder les dépenses premières nécessitées par la construction de la susdite église et que, par suite, il est urgent de voter une nouvelle somme dont emploi put être fait immédiatement puisque les crédits portés au budget de 1845 ne seront disponibles qu’après le 1° janvier prochain tandis que la commune, pour profiter du premier moment où l’Aff est navigable, aura à solder au premier jour tous les frais d’embarquement, de transport et de débarquement des pierres de Crazanne et de granit actuellement en dépôt dans les chantiers de Redon et, qu’en outre, il y aura à payer des acomptes aux tailleurs de pierre  qui vont commencer à continuer leur travail pendant l’hiver ».

Le Conseil Municipal est d’avis qu’une somme de 3.000fr soit portée en dépenses au budget de 1844 au moyen d’un second chapître additionnel et soit mise à la disposition de M. le maire pour être employée à l’acquit de toutes les dépenses urgentes ».

M. Orinel ayant demandé à ne plus faire partie de la commission de surveillance, M. Louis Cheval a été élu à sa place et a accepté les fonctions assignées à cette charge.

24 novembre 1844 –Frais supplémentaires.

Le maire annonce au préfet que des difficultés surgissent de toutes parts. C’est ainsi que les pierres de Crazanne et de granit devaient « parvenir à La Gacilly à peu de frais par la rivière d’Aff après les avoir transvasées à Aucfer directement de navire à bateau ; mais la sécheresse en tarissant prématurément notre rivière y a mis obstacle et force a été d’opérer à Redon un débarquement inutile et coûteux pour réembarquer encore dispendieusement aujourd’hui que l’Aff est enfin devenue navigable ».

Deuxième difficulté signalée par le maire : « nous comptions employer à la confection des murs la terre même des champs de l’emplacement de l’église mais, après essai, les maçons d’abord et M. l’architecte ensuite, ayant reconnu que cette terre était de mauvaise qualité et impropre à entrer comme élément dans des murs d’une certaine élévation, nous avons été obligés d’aller prendre de la terre à un quart de lieue ».

Troisième difficulté : l’eau. « Pour nous procurer de l’eau avec économie, ainsi que nous l’avions pratiqué lors de la construction de la Maison de Ville, nous avions compté sur un puisard pratiqué au haut du champ de foire et destiné à recevoir les eaux de pluie de nos rues. La sécheresse, pendant nos premiers travaux, nous a privés de cette ressource et, quand la saison pluvieuse est arrivée, nous avons vu avec peine que le sol crayeux dans lequel notre réservoir en trou est pratiqué, absorbait l’eau et la laissait s’infiltrer d’une manière désespérante ».

« Nous nous voyons donc privés de presque tous les expédients économiques sur lesquels nous avions compté et il en résultera pour nous un accroissement de dépenses de quelques milliers de francs. Je viens, en conséquence, Monsieur le Préfet, implorer votre secours et vous demander de nous accorder au plutôt les fonds que, dans maintes circonstances, vous nous avez promis d’une manière si formelle pour la construction de notre église et, à ce sujet, je vous prierai de me permettre de vous rappeler seulement les dernières assurances que vous me donnâtes lorsque j’eus l’honneur de vous voir à mon avant-dernier voyage à Vannes. C’était le soir, dans votre cabinet d’histoire naturelle, pendant même que vous vous occupiez de mettre en ordre vos coquillages, je venais de vous demander quelques explications sur une certaine chose qui m’intéressait  fortement et qui me semblait avoir été mise en oubli, vous me répondiez que vos efforts avaient ….par suite de la modification survenue dans le personnel du Conseil Général et vous ajoutâtes : « Si vous doutez de ma bonne volonté, que ne me faites-vous plutôt une  demande pour votre église, en cette matière, je ne dépends que de moi et je suis arbitre souverain dans la distribution des fonds qui me sont confiés ». Mais, pour ce qui est de l’église, Monsieur le préfet, vous répliquai-je, nous comptons toujours sur vous. Eh bien, quelle somme pourrez-vous nous accorder ? Je ne vous désigne point de somme me dîtes-vous alors d’une manière solennelle mais je vous donnerai tout …tout ce que je pourrai. C’est on ne peut mieux, Monsieur le Préfet, répondis-je et je vous en remercie ».

« Cette manière de vous exprimer, Monsieur le Préfet, sur la quotité de la somme était vague, indéterminée mais elle était bien formelle et bien expressive et elle équivalait pour moi à une promesse de quelques mille francs. Après cela, je n’ai rien à ajouter, Monsieur le Préfet, si ce n’est qu’il vous plaise mettre à notre disposition tous les fonds que vous nous destinez avant le premier juillet prochain, époque où l’entrepreneur est tenu de nous livrer, entièrement achevée la coque du bâtiment et où, par conséquent, nous devrons avoir soldé toutes dépenses mais, pour cela, Monsieur le Préfet, il ne nous reste maintenant à dépenser 19.800fr. Comment parvenir au but avec une si modique somme ? Et pourtant quelle déconfiture et quelle tribulation pour nous si, faute de fonds, nous étions obligés de cesser nos travaux et de voir, ce qui serait bâti s’endommager en attendant une reprise incertaine de construction ; car il faut que dans une même année nous puissions achever la coque et mettre la pluie dehors afin de préserver l’église des intempéries destructives de l’air.

  Quand je pense à tout cela, j’en suis vraiment effrayé et la tête m’en tourne parfois ; nous construisons cependant avec toute l’économie possible et avec parcimonie même sans …. Vraiment et sans pierre de taille tous les côtés et le cœur de l’église réservant nos faibles moyens de décorateur pour la façade que nous voulons au moins rendre digne de dominer notre place, digne surtout de l’emplacement de l’église qui est tel, au dire des architecte et entrepreneur qu’on n’en trouverait pas un semblable à vingt lieues à la ronde.

Veuillez donc, Monsieur le Préfet, nous aider de tout votre pouvoir à faire quelque chose de passable, vous nous avez vous-même tant de fois poussés à entreprendre la construction d’une église que nous croyons maintenant avoir quelques droits à compter sur votre puissant secours comme, de fait, nous y comptons avec toute la confiance possible ».

Il faut dire que cette lettre fut envoyée revêtue de la mention « Lettre confidentielle ».

Icone retour haut page

 

 

5 janvier 1845 – Aide impossible du Conseil de Fabrique de La Gacilly.

Suite à l’envoi de la lettre du maire au préfet dans laquelle une aide financière était demandée, le préfet, dans sa réponse du 27 novembre et avant d’accorder une subvention, demande au maire de bien vouloir se renseigner auprès du Conseil de Fabrique pour savoir si celui-ci ne pourrait pas participer financièrement à la construction de l’église. Pour ce faire, il autorise la convocation de ce conseil « à l’effet de faire connaître jusqu’à concurrence de quelle somme la fabrique pourra concourir aux dépenses d’une nouvelle église ».

 Le président, après avoir rappelé la nécessité de disposer d’une église plus grande et moins vieille, que l’édifice actuel n’est pas susceptible d’être agrandi ni restauré et « malgré le désir qu’il aurait de concourir aux dépenses d’une œuvre aussi utile, il voit avec regret que ses ressources ne lui permettent d’y consacrer la plus petite partie de ses ressources ou revenus qui sont déjà bien au-dessous de ses besoins, le Conseil de Fabrique prie le Conseil Municipal d’aviser aux moyens de couvrir avec ses propres ressources les dépenses que nécessitera la construction nouvelle et, en cas d’insuffisance, de solliciter auprès du Gouvernement l’allocation d’une subvention pour y faire  face ».

Enfin, le Conseil charge son président d’exprimer à M. le Maire tout le regret qu’il éprouve de ne pouvoir concourir plus efficacement à une si bonne oeuvre. Une copie certifiée du budget de la fabrique arrêté le 14 avril 1844 fut jointe à cette missive.

A remarquer que le Conseil de Fabrique se réunissait au presbytère contrairement aux habitudes qui voulaient que ces réunions se déroulent à l’église.

Furent présents à ce Conseil : Saulnier le président ; Foloreille le desservant de la paroisse ; Robert le maire de la commune ; Hervy le trésorier et Poligné membre du Conseil.

15 janvier 1845 –Demande de subvention par le Conseil Municipal.

Réunion extraordinaire en vertu de l’autorisation de M. le préfet en date du 27 novembre 1844.

Le maire expose que le terrain est déjà déblayé et nivelé et il a été acquis pour 4.230fr de matériaux tels que moëllons, terre, chaux et bois, le tout à des prix fort avantageux dûs en grande partie à quelques occasions habilement saisies par la commission de surveillance qui s’est parfaitement acquittée de la tâche qui lui avait été imposée par la délibération du 8 avril dernier. Ces divers travaux et achats ont produit dans toute la commune une vive satisfaction en donnant à croire aux habitants que, bientôt, ils possèderaient enfin une église convenable et d’une grandeur en rapport avec la population. La commission, profitant de cette espèce d’enthousiasme, a fait appel à la générosité des fidèles et qu’il en est résulté de la part des habitants les plus aisés une souscription en numéraire de 850fr er de la part des habitants de la campagne la promesse d’exécuter des charrois pour une valeur totale de 600fr. Le Conseil de Fabrique également appelé à concourir à l’édification de la nouvelle église pour une somme quelconque, a justifié par sa délibération du 5 janvier dernier, de l’impossibilité absolue où il se trouve de contribuer en aucune sorte à ladite construction dont il est cependant le premier à proclamer l’urgente nécessiter. La commission de La Gacilly, pour construire l’église en question, est donc réduite aux seules ressources de la commune c’est à dire à 12.927,40fr l’excédent de l’année 1844 provenant de la vente des communs. A cette somme, il faut ajouter les 4.230fr de matériaux déjà achetés. Si on y ajoute les 850fr de donation et les 600fr de charrois prévus, on obtient un total de 18.607, 40fr. Or, d’après le premier devis, c’est une somme de   28.622,62fr qu’il faudrait pour continuer les travaux.

  Le Conseil Municipal, considérant la vétusté de l’église actuelle, satisfait du projet proposé par M. l’architecte de Vannes et ne disposant que de 18.607fr, « est unanimement d’avis d’implorer les secours du Gouvernement, de le supplier de vouloir bien accorder  à la commune de La Gacilly pour la construction de la nouvelle église, une subvention de 10.000 francs livrables en une seule fois s’il est possible ou, si non, par annuités le moins nombreuses que faire se pourra, afin que les travaux ne soient pas arrêtés et qu’il n’y ait pas de sujet de détérioration pour les parties inachevées du bâtiment ».

Signé : Le Dault ; Orinel ; Saulnier ; Tatart ; Soulaine ; Hervy ; Guéhenneuc ; Fontaine ; Poligné ; Puissant ; Cheval et Robert.

19 janvier 1845 – Dossier de demande de subvention.

Le maire envoie au préfet les pièces nécessaires à la constitution du dossier afin d’obtenir une subvention. Il précise d’ailleurs que M. l’architecte doit envoyer également quelques pièces et il ajoute : « Maintenant nous nous reposons entièrement sur vous pour l’obtention des fonds dont nous avons besoin et nous espérons que vous allez appuyer notre demande de tout votre pouvoir et avec toutes les ressources de votre crédit en haut lieu ».

20 mars 1845 – Lettre du député Bernard.

Le maire de La Gacilly, après avoir constitué le dossier de demande d’une subvention, avait écrit à ses amis et en particulier à M. Bernard député à Rennes pour lui demander d’intervenir auprès des autorités compétentes afin d’obtenir plus facilement la somme demandée.

Par cette lettre, le député lui annonce qu’il s’est « occupé avec sollicitude de la demande d’un secours accorder par le Gouvernement à l’église de La Gacilly. L’instruction de cette affaire a été d’une lenteur regrettable. Il a manqué plusieurs pièces qui ont retardé la décision des bureaux, conséquemment celle du ministre. Pendant tout ce temps, j’ai grossi le dossier d’un bon nombre de notes officielles ayant pour objet la plus prompte expédition de l’affaire et le plus gros chiffre possible d’allocation.

Enfin le rapport est fait et je viens d’apprendre officieusement que nous étions compris au tableau de répartition pour une première somme de 3.000fr payable par moitié sur l’exercice courant et sur l’exercice 1846. M. le préfet nous accordera, je le pense, une somme égale sur les fonds départementaux. De cette manière, il ne nous manquerait plus que 3.000fr qui nous seraient alloués au commencement de 1847.

Ce résultat n’est pas celui que j’ai demandé mais en présence des demandes nombreuses de même nature qui arrivent chaque année au Gouvernement, nous devons nous estimer heureux de l’obtenir. Le seul département du Morbihan a présenté plus de 20 suppliques du même genre et il n’y en a que trois d’accordées, savoir La Gacilly, Kergrist et Theix. Tout le reste a été ajourné ».

En recevant cette lettre, le maire de La Gacilly fut sans doute déçu ; bien sûr, 3.000fr c’était mieux que rien mais c’était très loin des 10.000fr espérés surtout que les factures commençaient à arriver et que la subvention promise allait mettre un certain temps à arriver.

24 mars 1845 –Transport de terre et de sable

Louis Morice, charretier, demeurant à La Gacilly, envoie une facture pour des charrois effectués depuis le 14 décembre 1844. Il a en effet transporté 153m3 de terre en provenance de Bel-Orient à 1,50fr le mètre cube ; 20m3 de sable de la Glouzie à 1,43 le mètre cube ; 70 barriques d’eau à 0,50fr l’une et 222m3 de pierres de Crazanne et de granit à 1,60fr le mètre cube. Le montant de cette facture s’élève à 648,70fr.

Une deuxième facture de 975 francs signée du 19 juillet 1845 lui sera payée par le percepteur le 25 juillet pour la fourniture et le transport de 410 m3 de terre de Bel-Orient à raison de 1,50 Fr le mètre cube et pour le transport de la rivière au champ de foire de 180m3 de pierres de Crazanne et de granit à 2fr le mètre cube.

25 mars 1845 – Lettre du Ministère de la Justice et des Cultes.

Le Garde des Sceaux annonce au préfet qu’il vient d’accorder à la commune de La Gacilly un secours de 3.000 francs pour l’aider dans la dépense de reconstruction de son église. Cette subvention est imputable par moitié sur les fonds des exercices 1845 et 1846.   Photo

26 mars 1845 – Autre lettre du député Bernard

Le député annonce officiellement au maire de La Gacilly qu’il aura bien un secours de 3.000fr. Il lui demande de s’adresser de suite à M. le préfet pour avoir la certitude qu’il voudra bien lui accorder une somme égale sur les fonds départementaux, je veux dire sur les fonds que l’Administration des Cultes met à sa disposition pour les réparations des églises. Il termine sa lettre en écrivant : « Agréez, je vous prie, l’assurance de mes sentiments toujours dévoués à La Gacilly, toujours affectueux pour vous ».

1° avril 1845 –Livraison de bois.

La commune de La Gacilly doit à M. Louis Poligné, marchand de bois, demeurant à La Gacilly, la somme de 902,50fr pour la fourniture de 50 douzaines de chevrons à 7,25fr la douzaine et 20 milliers de voliges à 27fr le mille.

6 avril 1845 – Mécontentement du maire.

Le maire était impatient de connaître le montant exact du secours accordé et les conditions d’emploi de la somme. Aussi n’attend-il que quelques jours après la réception de la lettre du député Bernard pour écrire au préfet et, sans avoir reçu de celui-ci l’annonce officielle, il lui fait part de son mécontentement : « Je vous avoue que j’ai été péniblement surpris de la modicité de cette subvention que nous avions espéré pouvoir être portée à neuf ou dix mille francs dont cinq ou six payables sur l’exercice courant et le reste par annuités plus ou moins fortes. Cette nouvelle a causé ici une impression des plus désagréables principalement parmi mes collègues qui ont été tout déconcertés au point que nous n’osons avouer en public l’exiguïté du secours accordé dans la crainte d’être poursuivis par les railleries et les sarcasmes de nos voisins qui, jusqu’à ce moment, se sont imaginés qu’en toutes circonstances, nous trouvions toujours un fort appui dans le Gouvernement. Qu’est-ce, en effet, qu’une somme de 1.500fr pour la construction rapide d’une église dont la toiture doit être achevée en juillet prochain sous peine de voir une partie de nos travaux exposés à être détériorés ou détruits par les pluies et les glaces de l’hiver. Nous avons donc recours à vous, Monsieur le Préfet, et nous comptons sur votre secours immédiat, comme M. Bernard semble y compter lui-même d’après les deux lettres que je vous transmets. Vous savez que pour parvenir à réaliser avec toute la régularité de l’art mon projet d’église, vous m’avez conseillé de recourir à l’architecte qui a votre confiance, inter……. Dispendieux cependant, mais que j’ai cru moi-même nécessaire pour exécuter un édifice digne de notre emplacement ; car, ce local, au dire de tous les visiteurs, offre un point de vue unique et des plus pittoresque, ce dont vous pourrez mieux juger vous-même à votre premier voyage à La Gacilly. Pour tous ces motifs, veuillez donc contribuer, Monsieur le Préfet, à élever chez nous un monument quelque peu remarquable et dans lequel vous pouvez laisser une trace durable de votre administration. Si, dans notre détresse, vous ne nous venez en aide, nous allons être dans l’absolue nécessité de recourir à l’emprunt puisque nos fonds seront insuffisants pour achever la coque de l’église et je ne sais comment l’emprunt sera accueilli par mes administrés ce qui me cause de l’inquiétude et un tourment infini ».

Au moment où le maire termine cette lettre, il reçoit un « paquet par la poste » avec la lettre lui annonçant un secours de 1.500fr pour 1845. Il ajoute alors un poscriptum à sa lettre pour dire au préfet que sa missive « ne me rassure et ne me tranquillise guère dans la crise présente vu qu’elle ne m’offre que des espérances vagues et éloignées quand il nous faudrait en ce moment de l’actuel, du positif et du pur matériel. Aussi veuillez avoir la bonté de me faire connaître ce que vous pouvez nous accorder sur les fonds que l’Administration des Cultes met à votre disposition afin de faire entrer cette somme dans nos prévisions de dépenses et aussi pour que je puisse en donner avis à M. Bernard dans ma très prochaine lettre ». 

Le préfet envoya une réponse le 17 avril 1845 qui semble avoir rassuré un peu le maire puisqu’il « le remercie infiniment des bonnes et excellentes dispositions exprimées et de l’appui maintenant appréciable et efficace que vous nous promettez tant pour cette année que pour les années suivantes ». (Lettre du 21 mai 1845)

25 avril 1845 - Propositions de l’architecte.

Alors que le maire se débat pour obtenir une subvention, l’architecte se propose, pour embellir l’église, de lui ajouter une corniche de couronnement au pourtour des côtés latéraux et du chœur. Il évoque trois solutions possibles à des prix très différents.

 Pour la première hypothèse, une corniche en crazanne reviendrait à 852fr pour 13m3 de maçonnerie et 85m² de parement. Avec la seconde hypothèse, la corniche serait en bois de chêne et reviendrait à 765fr y compris la peinture. Enfin, troisième solution proposée, une corniche avec un simple bandeau de bois de chêne de 16 cm varlopé et peint pour 291fr.

20 avril 1845 – Acomptes versés à l’adjudicataire M. Jolivier. 

                                                                                                          Au 19 avril 1845 et vu l’état des travaux exécutés, la commune de La Gacilly doit à l’adjudicataire M. Pierre Jolivier de Redon la somme de 2.540fr. Un premier acompte de 600fr lui a été réglé le 25 septembre 1844 et le maire lui accorde, ce jour et en accord avec M. l’architecte, un deuxième acompte de 1.686,49fr.

Le 18 mai 1845, un troisième acompte de 700fr sera versé à l’adjudicataire puis un quatrième le 15 juin 1845 pour 1.100 francs et un cinquième le 13 juillet 1845 pour 1.000 francs et enfin un sixième le 9 août 1845 pour 308 francs.

29 avril 1845 - Transports maritimes des pierres de Crazanne

C’est à cette date que fut rédigé un ordre de mission par Ch. Boffinet, maison de commission et de recouvrement à Rochefort. Voici cet ordre de mission :

« Je soussigné René Le Bohec demeurant à Quiberon, capitaine et maître du navire nommé le bougre La Zulma de Port-Haliguen du port de 58 tonneaux ou environ étant de présent au port de Crazanne pour du premier temps favorable pour aller en droite route à Redon cale d’Ocfer

reconnaît avoir reçu et chargé dans le bord de mon dit navire sous le franc tillac d’icelui de vous Monsieur Ch. Boffinet les marchandises dont le détail suit savoir 73 blocs de pierre de Crazanne d’échantillon cubant ensembles 13, 064 m3 et 280 pierres courantes formant ensembles 196,33 mètres courant., libre au capitaine de faire cuber à son arrivée, le tout sain et bien conditionné, marqué et numéroté comme en marge que je m’oblige porter et conduire dans mon dit navire, sauf les périls et risques de la mer au dit lieu de Redon cale d’ocfer et délivrer à M. Robert maire à La Gacilly ou à son ordre, en payant pour mon fret la somme de 20, 25 Fr par mètre cube et 1,95 Fr par mètre courant. M’engageant à prévenir, aussitôt mon arrivée, M. Jollivier entrepreneur à Redon.

Et pour se tenir et accomplir, je m’oblige corps et biens avec mon dit navire, fret et apparaux d’icelui. En foi de quoi j’ai signé trois connaissements d’une même teneur et date dont l’un accompli, les autres demeureront de nulle valeur. Fait à Crazanne ce 29 avril 1845. Signé : le chargeur Ch. Boffinet et Le Bohec, cette dernière signature étant précédée de la mention : « Ne répondant pas de la casse ».

Comme dit dans le texte, les 73 blocs étaient bien numérotés en marge, voici cette numérotation : AB : 8 ; B : 7 ; F : 1 ; H : 4 ; I : 2 ; M : 1 ; O : 24 ; P : 2 ; Q : 1 ; R : 3 ; R bis : 1 ; S : 5 ; V : 4 ; Y : 1 ; n°2 : 6 ; n° 6 : 2 et n° 10 : 1. 

Les 280 pierres courantes se décomposent ainsi : 57 demi-pierres ; 157 parpaings ; 64 têteaux et 2 feuillets.

Pour ce transport, le percepteur de La Gacilly versera la somme de 659,10fr sur acquit du courtier de commerce de Redon le 2 juin 1845.

Transport

 Il fut effectué le 9 juin 1845 par M. Réguidel demeurant à l’Ile d’Arz capitaine de l’Aimable Rosa de Vannes de 30 tonneaux partant de Crazanne et arrivant à Redon à la cale d’Ocfer sous la responsabilité de la maison Ch. Boffinet de Rochefort. Le chargement comprenait 212 blocs soit 153 parpaings représentant 102 mètres courants ; 37 demi-pierres soit 41 mètres courants et 22 têteaux soit 41 mètres courants plus 3 blocs cubes de 0,70 ; 0,55 et 0,32 au prix de 27 francs par mètre cube et 2,60 francs par mètre courant. Le total de la facture s’élève à 415, 01fr ; elle fut réglée le 23 juin 1845 au courtier de commerce de Redon. 

Transport

 Il fut effectué le 8 juillet 1845 par M. Pillet demeurant à La Tremblade capitaine du navire l’Adéliza de 40 tonneaux partant de Crazanne et arrivant à Redon et toujours avec la maison de commission et de recouvrement Ch. Boffinet de Rochefort.

Le chargement comprenait 25 blocs cubant ensembles 4, 708 m3 et 246 blocs de pierres de Crazanne formant ensembles 162 mètres courants. La facture fut établie sur la base de 21,60fr par mètre cube et 2,10fr par mètre courant ce qui donna un total de 441,90fr. Le capitaine avant de signer porta la mention suivante : « Dans le cas où la rivière serait fermée ou qu’il n’y aurait pas assez d’eau pour monter à Redon, les destinataires s’engagent à faire décharger à leur frais dans l’endroit où le navire pourrait aller. Le capitaine ne répond pas de la casse ». Et c’est signé Pillet. Comme pour le transport précédent, le détail des pierres transportées avec nombre et dimensions est donné sur un mémoire joint à la facture.

Transport

Il fut effectué le 25 juillet 1845 par M. Le Bideau demeurant à Quiberon capitaine du navire Petite Marie de 52 tonneaux de Crazanne à Redon avec la maison de commission et de recouvrement Ch. Boffinet de Rochefort. Le chargement comprenait 82 blocs cubant ensembles 23,556m3 et 5 parpaings cubant ensembles 3, 30mètres courants. La facture fut établie sur la base de 27fr par mètre cube et 2,70fr par mètre courant soit un total de 644,97fr. Le capitaine avant de signer porta la mention suivante : « Il sera fourni au capitaine des hommes et des apparaux pour décharger les plus fortes pierres. Ne répondant pas de la casse ». Et c’est signé Le Bideau.

Avec l’acquit de la facture le 21 août 1845, il est mentionné : « Réservant le prix d’une vergue de taillevent prêtée à M. Jolivier et qui a été cassée au débarquement »

L’ensemble de ces quatre voyages représente 183 blocs pour 41, 451m3 et 743 pierres de taille pour 511,63 mètres courants et un total de 2.160,98 francs. Il faut se rappeler que, le 22 mars 1845, M. Morice charretier à La Gacilly avait déjà transporté 222m3 de pierres de Crazanne et de granit.

21 mai 1845 –Avancement des travaux.

Dans la réponse que le préfet fit au maire le 17 avril, il lui demanda de fournir un compte-rendu de l’avancement des travaux de construction de l’église. Le maire lui répond que « les travaux de construction sont en cours d’exécution et que l’édifice est déjà parvenu à plus de la moitié de sa hauteur ». Il en profite pour lui rappeler que « le besoin de numéraire commence à se faire sentir et le prie d’avoir la bonté de mettre au plutôt à sa disposition les secours que le Gouvernement a bien voulu accorder sur l’exercice courant ».

Avril, mai et juin 1845 – Règlement de diverses factures.

Le 26 avril 1845, M. Courtel, percepteur de La Gacilly, verse à M. Laurent David, marchand carrier à Redon, la somme de 500fr pour fourniture et taille de 40mètres superficiels de pierres de granit prêtes à placer à raison de 12,50fr le mètre. Sur le mandat signé du percepteur, il est bien spécifié qu’il s’agit d’un solde. Pourtant, dix ans plus tard, en janvier 1857, M. Hyacinthe David, tailleur de pierres à Courée près Redon enverra une lettre au préfet : « J’ai l’honneur de vous rappeler la demande que je vous ai adressée il y a plusieurs mois pour le paiement d’une somme de cent francs qui m’est due par la commune de La Gacilly depuis plus de dix ans. A cette époque, Monsieur le Préfet, j’ai fourni de la pierre de taille pour la construction de son église et la somme de cent francs dont je viens solliciter près de vous le paiement est le solde de cette fourniture. »

Cette réclamation fut envoyée par le préfet au maire de La Gacilly le 21 février 1857. « Je vous invite à soumettre cette réclamation à votre Conseil Municipal. S’il la reconnaît fondée, vous lui proposerez de voter la somme nécessaire pour payer la dépense qui en fait l’objet. Elle pourra être prélevée sur les 191,74fr qui restent disponibles d’après le budget additionnel de 1856. Dans le cas contraire, le Conseil devra faire connaître les motifs de son refus. Vous m’adresserez ensuite, avec le mémoire ci-inclus, une copie de sa délibération et vos observations personnelles ».

Le 20 juillet 1845, facture de Joseph Joubin, ouvrier entrepreneur demeurant à La Gacilly pour sciage de 518 mètres superficiels de pierres de Crazanne à 74 centimes le mètre soit un total de 383,32 francs.

Le 21 juillet, facture de Jacques Poligné, propriétaire et chef de bateaux, demeurant à La Gacilly, pour transport de Redon à La Gacilly de 93m3 de pierres de Crazanne à raison de 6fr le mètre cube, frais d’embarcation et de navigation compris soit un total de 558 francs.

Le 22 juillet, facture de M. Julien Provost fils, ouvrier carrier demeurant à La Gacilly pour fourniture de 738 mètres cubes de pierres de moëllons pour 738 francs.

10 aout 1845 –Acceptation des avances de fonds Robert.

Le maire, président de séance, expose que  les travaux de construction de l’église sont maintenant arrivés au point que les murs de moëllons sont achevés et prêts à recevoir la charpente ; mais aussi que la caisse municipale est épuisée ou pour le moins réduite à 2.000francs, somme bien insuffisante pour l’achèvement de la coque qui a été commencée avec le modeste avoir de 22.500 francs quand déjà le devis primitif s’élevait seul à 28.622, 62 francs non compris les honoraires de l’architecte et tant de faux frais imprévus qui viennent encore journellement augmenter la dépense ;

Que, si la commune a avisé au moyen de suppléer au vide de la caisse municipale, les travaux de construction vont être nécessairement suspendus ce qui serait grandement à déplorer puisque les murs, les colonnes et les corniches, en restant dépourvus de toiture et d’abri, seraient immanquablement détériorés par les pluies et glaces d’hiver ;

Que le Gouvernement, il est vrai, représenté pour nous et à notre très grande satisfaction, par MM. Lorois et Bernard qui ne sauraient nous abandonner dans l’accomplissement de notre grande œuvre, nous promet une somme de 10.000 francs mais livrable par annuités seulement dans un espace de trois ou quatre années.

Que cependant pour donner suite aux travaux, on ne saurait attendre les différents termes des annuités de ladite subvention et qu’il n’est, par conséquent, de toute nécessité de se procurer par avance et d’avoir immédiatement le montant des secours que le Gouvernement ne peut nous accorder que par fractions, si toutes fois l’on veut sérieusement et efficacement mener à bonne fin la construction de l’église et préserver de toute détérioration probable les parties déjà achevées de cet édifice ;

Considérant qu’il est avantageux sous tous les rapports de continuer la construction de l’église jusqu’à l’entier achèvement de la coque, puisqu’une interruption prolongée dans les travaux aurait pour résultat certain d’occasionner tant en couverture qu’en reprise et réparations d’ouvrages des dépenses bien supérieures aux intérêts mêmes (s’il devenait indispensable d’en payer) de la somme qui serait nécessaire d’emprunter pour le prompt achèvement de ladite coque ;

Le Conseil Municipal est d’avis d’autoriser M. Robert tant en sa qualité de maire que comme particulier à faire toutes les avances nécessaires et strictement indispensables pour l’achèvement et la conservation de la coque de l’église, dépenses qui seront suffisamment justifiées par des mémoires visés et paraphés par la commission municipale accordant à cet effet à M. Robert le droit de se faire rembourser de ses avances au moyen des diverses subventions que le Gouvernement daigne accorder à la commune et au fur et à mesure de leur versement ; et en cas possibles d’obstacles, d’accidents et d’évènements imprévus, le présent conseil déclare en outre, sur l’honneur de chacun de ses membres et au nom de la commune, s’engager à employer au besoin tous les moyens légaux pour assurer à M. Robert le recouvrement de ses avances soit par imposition extraordinaire soit autrement ».

Ensuite, M. le maire annonce la démission de Louis Cheval de ses fonctions de membre de la commission de surveillance. Par un premier tour de scrutin, le Conseil a, sur le champ, élu comme commissaire aux dites fonctions M. Hervy qui a accepté.

Signé : Puissant ; Orinel ; Hervy ; Tatart ; Saulnier ; Poligné ; Soulaine ; Fontaine ; Robert ; Guéhenneuc et Le Dault.

Le 4 septembre, le maire adresse au préfet la copie de cette délibération. Il lui fait remarquer que : « comme nos fonds communaux sont épuisés et que nous ne pouvons attendre les époques des annuités de subvention pour conduire à bonne fine la coque de notre église dont les parties inachevées auraient beaucoup à souffrir des rigueurs de l’hiver, je me suis proposé, faute de mieux, de faire quelques avances en exigeant du Conseil Municipal une garantie au moins morale et, à cet effet, je vous prie, Monsieur le préfet, d’avoir la bonté d’approuver la susdite délibération et de me la retourner au plutôt afin qu’elle me tienne lieu d’obligation ou de notice et c’est bien le moins que puisse m’accorder la commune pour la gratuité de mon prêt. C’est dans cet état de pénurie que j’oserai encore vous prier, Monsieur le Préfet, de vouloir bien mettre au plutôt à ma disposition les mille francs que vous nous avez promis sur l’exercice courant par votre lettre du 17 avril dernier ».  

 La délibération fut approuvée par le préfet le 10 septembre 1845.

2 juillet 1846 – Nouvelle subvention.

Le 25 mars 1845, une subvention de 1.500fr avait été accordée par le Ministère de la Justice et des Cultes avec promesse d’une même somme en 1846.

 Le 2 juillet 1846, une nouvelle subvention de 1.000fr est accordée avec promesse d’une même somme en 1847 et 1848 ; le préfet demande au maire de fournir un certificat prouvant que les travaux sont bien en cours. Celui-ci rédigea le certificat et l’envoya au préfet le 23 juillet 1846.

1846 – 1851 – Suite des travaux.

Pendant ces 5 années, les documents anciens sont beaucoup moins nombreux.

La toiture étant terminée mais l’intérieur de l’église n’étant pas finie, le tableau de la Femme Adultère fut réceptionné par le Conseil Municipal à la fin de l’année 1846. (Voir à ce chapître)

Au début de l’année 1848, Mathurin Robert fut réélu maire de La Gacilly avec 177 voix sur 177 votants (BP 1-1962) ; le Conseil Municipal fut alors composé ainsi : Cheval ; Coignard ; Collet ; Fleury ; Fontaine ; Guéhenneuc ; Orinel ; Poligné ; Puissant ; Saulnier et Tatart.

Le 25 juillet 1848, le préfet reçoit du Ministère de la Justice et des Cultes la subvention promise de 1.000fr.

Le 20 mars 1850, le recteur M. Mathurin-Louis Foloreille décède. Il était originaire de Mauron ; c’est lui qui prit l’initiative de relever la chapelle St-Jugon en 1838. Il sera remplacé par M. Le Gal quelques mois plus tard. (BP 1-1962)

24 septembre 1848 – Remboursement de 200fr par an à M. Robert.

Après examen des comptes de M. Robert relativement aux avances gratuites qu’il a faites pour la construction de la nouvelle église, et après avoir murement délibéré, le Conseil « a reconnu que le citoyen Robert avait avancé depuis le 20 juillet 1845 jusqu’au 27 août 1847 la somme de 11.099, 17fr, somme qui lui est légitimement due.

Attendu que le citoyen Robert a fait à la commune de La Gacilly un prêt aussi considérable, généreusement, gratuitement et sans autres garanties et motifs que son entière confiance dans la justice de ses concitoyens et une ferme foi dans la Providence, le Conseil lui vote des remerciements et il est d’avis qu’en attendant les secours qu’on espère obtenir du Gouvernement pour l’achèvement de la dite église de La Gacilly, il soit alloué à titre de remboursement  partiel et successif au citoyen Robert une somme annuelle de 200fr qui serait inscrite dans chaque budget à l’article des dettes arriérées ».

Sur l’exemplaire renvoyé par la préfecture, le nouveau préfet, M. Tricoche, a approuvé cette délibération le 2 octobre 1848.

10 août 1851 – Continuation des travaux.

Les travaux cependant se poursuivent. La toiture a été placée mais il reste encore beaucoup à faire comme les enduits « ce qui permet à l’eau de pluie de pénétrer dans les murs principalement à la jonction des moëllons avec la crazanne ; secondement, à l’intérieur par défaut de portes et fenêtres ce qui permet aux enfants et même à quelques malfaiteurs de s’introduire dans l’église malgré les barrages provisoires et d’en enlever les objets et matériaux qui y ont été mis en dépôt ».

Le Conseil Municipal autorise M. le maire à dépenser 600fr sur les fonds placés au Trésor pour effectuer ces travaux. MM Saulnier et Collet, conseillers municipaux, sont nommés en qualité de commissaires pour assister M. le maire « dans la surveillance des travaux ainsi que dans les marchés à passer avec les ouvriers auxquels il est recommandé d’employer à la confection des dites portes et fenêtres tout le bois convenable qu’ils pourraient trouver parmi les matériaux déposés dans l’église »

Le 14 août 1851, le maire adresse au préfet les trois dernières délibérations du Conseil Municipal en attirant son attention sur la mise en place des portes et fenêtres, délibération que je vous prie d’avoir la bonté d’approuver afin qu’il puisse faire exécuter, au plutôt et avant la mauvaise saison, les ouvrages et travaux indispensables à la conservation de l’édifice.

Le 23 août 1851, dans sa réponse, M. le préfet demande que lui soit adressé « le devis des travaux et un certificat du receveur de la commune faisant connaître l’origine de la somme de 650 Fr ». S’agit-il d’une vente ?

10 février 1852 – Reprise des travaux.

A cette séance du Conseil Municipal, M. le maire expose qu’il a reçu une lettre du « desservant de la paroisse justement impatient de quitter l’ancienne église dont l’état actuel est déplorable et désirant s’installer au plutôt dans la nouvelle avant même que celle-ci fut terminée ».

M. le recteur a donc fait reprendre les travaux du plafonnage du chœur et de la nef d’après les plans de M. l’architecte du département et en poussant l’exécution aussi loin que possible au moyen du produit des quêtes réitérées qu’il a faites dans ce but ; mais cette ressource n’ayant pas été suffisante pour solder la portion des travaux maintenant exécutés et la dépense qui reste à solder s’élevant au moins à mille francs, il se trouve dans la nécessité de faire appel à la commune pour qu’elle lui vienne en aide.

Le Conseil, « considérant que la commune a, en disponibilité au trésor, une somme de mille francs qui ne saurait être mieux employée qu’à contribuer à l’avancement des travaux les plus urgents de la nouvelle église et à soutenir M. le recteur dans les louables efforts qu’il fait pour mettre au plutôt cet édifice en état d’être livré au culte, est d’avis d’autoriser M. le maire à utiliser cette somme de mille francs pour contribuer au paiement des travaux récemment exécutés ».

M. le préfet dut approuver cette demande car, le 3 avril 1852, le receveur municipal émet un mandat de remboursement de cette somme.

8 mai 1853 – Imposition extraordinaire.

Conformément à la loi, pour pouvoir décider d’une imposition extraordinaire, il fallait que tous les membres du Conseil municipal soient présents et qu’un nombre égal des plus forts contribuables assistent à cette séance spéciale.

 Le maire expose la situation et fait un bref rappel des différentes étapes de la construction de l’église :

8 avril 1844 : décision prise de construire l’église

Novembre 1846 : arrêt des travaux par manque d’argent malgré les efforts et les sacrifices de la commune ; 22.500fr provenant de la vente des communs ont été consacrés jusque-là sans compter les journées de charrois, la fourniture des bois, les diverses souscriptions et enfin les dernières quêtes qui ont permis le déblai et le nivellement de l’intérieur de l’église ainsi que le premier crépi du chœur et de sa calotte sphérique.

Pour pouvoir être livrée au culte, il faudrait que les murs intérieurs soient recouverts au moins d’un crépi de chaux, des plafonds et des pavés au sol ainsi qu’une sacristie et quelques boisures d’autel.

« Quant à la construction de la tour et l’enduit des murs extérieurs si nécessaires pourtant à la conservation  de l’édifice, il n’y aura lieu d’y songer sérieusement que dans le cas où le Gouvernement daignerait accorder à la commune, un secours proportionné aux dépenses à faire pour l’achèvement de l’église ; mais qu’avant tout et pour tâcher de sortir d’une position aussi malheureuse, il fallait aviser au moyen de réaliser au plus vite quelques fonds destinés à l’exécution immédiate de ce qu’il y aurait de plus urgent et de plus indispensable pour que l’église pût être livrée au culte et que, dans ce but, il proposait au Conseil de voter à titre d’imposition extraordinaire, une somme de 5.000fr ».

Le Conseil Municipal est unanimement d’avis que, pour reprendre les travaux de construction les plus urgents, la commune soit autorisée à s’imposer extraordinairement jusqu’à concurrence de la somme de 5.000fr. Enfin, il lance un nouvel appel au Gouvernement qu’il supplie de vouloir bien accorder à la commune un nouveau secours.

Dans sa lettre d’envoi de cette délibération au préfet, le 7 juin 1853, le maire fait remarquer qu’il n’y a pas, à La Gacilly, d’autre contribution extraordinaire que celle relative au traitement annuel du vicaire.  Le maire ajoute qu’il aurait dû fournir également un devis mais, malgré plusieurs demandes, M. l’architecte Charier ne le lui a pas fait parvenir. Puis il termine en lançant un nouvel appel à l’aide : « Vous aurez la bonté de nous accorder près du Gouvernement le secours de votre puissant appui pour nous faire obtenir une subvention sans laquelle nous ne pourrions jamais achever notre église ».

 Le 25 juin 1853, dans sa réponse, M. le préfet fait remarquer que la commune de La Gacilly a déjà bénéficié de 6.000fr de secours : le 25 mars 1845, 3.000 Fr payables en deux annuités et le 2 juillet 1846, 3.000fr payables en trois annuités. Il demande qu’on lui fournisse un tableau récapitulant toutes les dépenses faites et à faire ainsi que toutes les ressources réunies de la commune et de la fabrique au moyen desquelles il a été et il sera pourvu au paiement des travaux. Alors seulement il avisera de la suite à donner.

Icone retour haut page

 

 

5 juillet 1853 - Plans d’achèvement de l’église.

Le 5 juillet 1853, l’architecte départemental a fait parvenir au maire 4 feuilles de plans (dont l’élévation principale et une coupe latérale) et un avant-métré des travaux à exécuter pour le complet achèvement de l’église ; ce dossier sera approuvé par le Comité des Inspecteurs Généraux des édifices diocésains le 15 mars 1856.

Le 2 août, le Conseil municipal approuve ces documents « Considérant que les nouveaux plans et devis proposés ne sont que la suite et le complément nécessaires des projets, devis et plans primitifs et que la somme de 19.800fr, montant du nouveau devis, semble être parfaitement en rapport avec l’étendue des travaux qui restent à exécuter, le Conseil Municipal est d’avis d’adopter, dans son ensemble, le présent projet ».

M. le maire fera exécuter au plus tôt tout ce qui sera possible et au fur et à mesure des ressources qu’on pourra réaliser.

 

22 janvier 1854 – État des dépenses faites et à faire

En recevant cet état chiffré, le préfet a dû être surpris de voir si peu de chiffres et beaucoup de texte. La première donnée chiffrée, par exemple, 45.188,54, on ne sait absolument pas d’où elle ne provient ni ce qu’elle contient. Par contre, le maire nous avise qu’elle ne comprend pas « la valeur des dons en nature faits tant par la commune de La Gacilly que par quelques-uns de ses habitants, savoir : 1484 mètres cubent de moëllons ; toute la terre nécessaire à la construction des murs et une centaine de pieds d’arbre de choix ».  Par la suite, on apprendra que cette somme de 45.188,54fr comprend toutes les dépenses faites y compris les avances de M. Robert et celles de l’architecte. Partant de là, on peut dire que le total général des dépenses faites et à faire est erroné. Voici pourquoi : 

Ce total général des dépenses : 77.657,75 (2° ligne, dernière colonne) est obtenu par addition de 45.188, 54 ( 1° ligne, 1° colonne), de  12.669, 21 ( 1° ligne, dernière colonne) et de 19.800 (2° ligne, 1° colonne) ; mais quand on sait que les 12.669,21 sont déjà compris dans 45.188,54, le total général de 77.657, 75 doit être diminué d’autant ce qui le ramène à 64.988,54. Cette erreur est d’autant plus incompréhensible qu’elle n’arrangeait pas les affaires du maire car elle creusait encore plus la différence entre les prévisions  et les dépenses prévues, écart qui reste encore très important ( 28.622,62 + 19.800 – 64.988,54 =16.565,92).

 Le maire se rendra compte de son erreur et s’en expliquera auprès du préfet un peu plus tard, dans sa lettre du 11 juin 1855. C’est sans doute la raison qui l’amènera aussi à rédiger un nouveau tableau intitulé « État comparatif des travaux et des dépenses » le 14 juin 1855.

 Voici le texte rédigé par le maire dans la deuxième partie du tableau :

« La commune de La Gacilly a eu le malheur, sans doute, d’entreprendre la construction d’une église d’après un plan qui devait l’entraîner à des dépenses peu en rapport avec ses ressources ; mais le désir de construire un édifice qui répondit à l’importance qui semble réservée à un chef-lieu de canton dont la population et le commerce augmentent sensiblement chaque année, l’engagea d’autant plus facilement dans l’exécution de ce projet que l’autorité supérieure y donna son entière approbation et fit même des promesses telles qu’on ne pouvait en aucune sorte douter de son constant appui. Aussi reçûmes-nous, en assez peu de temps, une subvention de 6.000 francs avec l’espoir d’obtenir annuellement un secours de 1.500 à 2.000 francs jusqu’au complet achèvement de cette église ; mais nous n’avions pu prévoir que les évènements de 1848 dussent changer en illusions de si belles espérances et nous faire tomber dans un entier dénuement relativement à notre entreprise. Néanmoins, tout espoir n’est pas perdu et nous aimons à croire que le Gouvernement de sa Majesté impériale qui s’est montré jusqu’à ce jour si favorable à la religion et à tout ce qui peut la soutenir, l’honorer et en répandre les bienfaits, daignera aussi nous accorder sa protection et venir en aide à une population fidèle qui lui tend la main et qui le bénira bientôt avec bonheur dans un temple à l’édification duquel il aura contribué ».

 Cet état chiffré accompagné des plans, de l’avant-métré et de la demande d’imposition extraordinaire furent transmis au préfet le 31 janvier 1853. Le maire ajoute le commentaire suivant : « J’espère, Monsieur le Préfet, que vous aurez l’obligeance et la charité de nous appuyer de toute votre influence près du Gouvernement pour nous faire obtenir les secours dont nous avons besoin et, en même temps, l’établissement le plus prompt possible de l’imposition extraordinaire que nous sollicitons dans le seul but d’effectuer immédiatement des travaux, sans doute incomplets mais suffisants, pour permettre l’admission du Bon Dieu dans une église plus décente. Mes concitoyens sont si las de se presser et de s’étouffer en quelque sorte dans notre vieille chapelle toujours humide et menaçant ruine qu’ils vous conserveront, ainsi que moi, une bien vive reconnaissance, si vous êtes assez bon, Monsieur le Préfet, pour nous procurer au plutôt le bienfait inappréciable de pouvoir abandonner définitivement notre inconvenant et dégoutant oratoire ».

15 avril 1854 - Refus du Préfet.

Dans sa très longue réponse, le préfet n’est pas tendre vis à vis du maire à qui il reproche un manque de pièces dans le dossier et il lui annonce d’entrée qu’il ne donnera pas suite à sa double demande. Il lui fait remarquer que le devis primitif s’élevait à 28.622, 22francs et que cette somme a été singulièrement dépassée puisque la somme actuelle est de 77.657,75 francs. Là, le préfet se trompe légèrement car la première somme était destinée à la construction de la coque et non à l’ensemble de la bâtisse.

« Les supplications que vous avez consignées dans votre tableau du 22 janvier devront faire l’objet d’une délibération du Conseil Municipal dans laquelle il sera bien aussi d’établir votre position vis à vis de la commune en raison des avances s’élevant à 11.099,77 francs que vous avez faites en son nom. L’affaire donne lieu à plusieurs autres observations :

Ainsi la délibération du 8 mai 1853 ne s’occupait que de quelques travaux urgents pour mettre l’église en état de servir et n’a voté qu’une imposition de 5.000 francs tandis que la commune a besoin de 32.469 francs. Il faut donc que le Conseil soit appelé à se prononcer sur le projet complet ainsi que sur les voies et moyens d’exécution car, après avoir déjà reçu un secours de 6.000 francs sur les fonds du Ministère des Cultes, la commune ne doit pas espérer d’en obtenir un second aussi considérable cette fois, surtout à cause des nombreuses irrégularités qui ont marqué la conduite de cette entreprise.

D’un autre côté, on a fait figurer parmi les ressources éventuelles de la commune, un excédent annuel de 300 francs sur les revenus ordinaires sans spécifier pendant combien d’années ce prélèvement aurait lieu. La fabrique a procédé de la même manière et, de plus, il est à remarquer que son budget n’accuse aucun boni ; enfin il n’y a point de délibération prise par elle à ce sujet. Il en résulte que je ne puis apprécier le montant des ressources qui seraient applicables aux dépenses auxquelles il y a lieu de pourvoir.

Afin que la situation devienne plus claire, je vous envoie un modèle du cadre que vous aurez à remplir pour résumer les diverses délibérations qui concernent l’église. L’état que vous m’avez soumis confond l’actif avec le passif et rend ainsi difficile le calcul que nécessite la vérification de l’affaire.

A l’égard du vote du 8 mai 1853, il n’est pas appuyé des justifications exigées aux termes de la circulaire ministérielle du 5 mai 1852. Il reste encore à produire le tableau des membres du Conseil Municipal en exercice et la copie du budget de 1854 (ci-joint un imprimé pour l’établir).

J’ai dit, M. le maire, qu’il y avait peu de chances d’obtenir un nouveau secours en rapport avec les besoins. En effet, outre les critiques dont l’affaire sera l’objet de la part du ministère, il ne faut pas oublier qu’une circulaire du 5 août 1853 a fixé à 60.000 francs le maximum de la dépense nécessaire pour construire une église pour une population de 1.000 à 2.000 âmes qui est la catégorie dans laquelle se trouve la commune de La Gacilly ; de telle sorte que Monsieur le Ministre ne tiendra nul compte de ce qui excède cette limite quand il aura à se prononcer sur la demande de votre commune. Veuillez bien, M. le maire, composer le nouveau dossier que vous aurez à m’adresser conformément aux indications qui précèdent et engager le Conseil Municipal et celui de la fabrique à voter la plus forte somme possible afin de rendre favorable la décision de M. le Ministre ».

15 avril 1855 – Secours accordé par le Conseil de Fabrique.

Le Conseil de Fabrique a été d’avis d’accepter la proposition de M. Etrillard, président du Conseil, et, par suite, a voté à l’unanimité, un subside de 300 francs par an pendant dix ans pour l’achèvement de la nouvelle église. Ensuite, le Conseil a examiné le budget pour 1856. Chose à remarquer : les quêtes faites dans l’ancienne église pendant l’année sont estimées à 75 Fr et celles faites à la chapelle St-Jugon rapportent 70fr. Ceci est vraisemblablement dû au nombre élevé de cérémonies qui se déroulent dans cette chapelle. On remarque aussi qu’un pré est loué à l’usage du presbytère pour 30fr. Enfin, la fabrique dispose toujours d’un coffre à trois clés et, comme l’actuel est en mauvais état, il est prévu 15fr au budget pour la confection d’un nouveau coffre « à trois clefs ».

13 mai 1855 – Avis du Conseil Municipal sur la lettre du Préfet.

Après lecture faite de la lettre de M. le préfet par le maire, les conseillers font remarquer « que le devis de 28.622,22fr ne concernait que la coque et nullement les travaux de l’intérieur ;

Que la commune en entreprenant de construire cette église avec le seul avoir de 24.269,33fr provenant de la vente de ses communs et des intérêts cumulés de cette même somme comptait, pour le reste, sur les secours du Gouvernement que M. le préfet et MM. les députés d’alors se faisaient fort de lui faire obtenir au moins jusqu’à concurrence de 10.000fr pour commencer ;

Que, d’un autre côté, la commune, dans le but d’augmenter ses ressources et d’opérer plus économiquement, s’était chargé de fournir elle-même les matériaux dans l’espoir d’obtenir gratuitement des bois, des pierres, des charrois, …etc. Spéculation qui ne fut pas des plus heureuses bien que les habitants fissent tous les sacrifices dont ils étaient capables ;

Que, par suite de ce système consenti et agréé par l’autorité supérieure et consistant en ce que la commune fournirait tous les matériaux de construction au fur et à mesure des besoins, tandis que l’entrepreneur n’aurait à sa charge que la main-d’œuvre seulement pour laquelle il serait payé en proportion des travaux exécutés. La faculté avait été laissée au Conseil Municipal de pouvoir, sur la proposition de sa commission, restreindre ou augmenter les travaux, faculté qui lui permettait par conséquent de modifier au besoin et suivant les convenances, le plan primitif, d’accord avec l’architecte et avec approbation de M. le préfet ce qui eut lieu en effet pour des travaux et accroissements reconnus comme étant indispensables sous tous les rapports.

 En conséquence, les avant-corps latéraux qui devaient être en moëllons dans le projet primitif ce qui eut contrasté d’une manière choquante avec la façade, ont eu, comme celle-ci, un revêtement en pierre de taille de granit et de Crazanne, et le pourtour du bâtiment qui devait être sans corniche, a été, pour le même motif, décoré d’une corniche en pierre de Crazanne ; deux rectifications qui ont presque exigé une quantité double de pierres de taille ;

 Les sacristies qui n’avaient que 3,20m de largeur sur 2,90m de profondeur ayant été reconnues par le clergé comme beaucoup trop petites pour le service de l’église ont été raccordées et jointes par un mur circulaire qui a produit une vaste galerie répondant à tous les besoins et exigences tant du personnel que du mobilier de l’église.

Les marches du porche qui ne devaient porter que sur de la terre foulée ont reçu pour support un massif en pierres sèches offrant beaucoup plus de stabilité.

Les caissons, modillons et rosaces indiqués au plan mais non portés au devis primitif ont été exécutés et, de plus, on a ajouté dans le triangle du fronton une croix entourée de nuages, rayons et têtes d’anges.

Les armatures des grands ceintres qui n’avaient pas été prévus au devis ont été exécutés ainsi que les châssis vitrés qui n’y étaient pas mentionnés.

La quantité de fer jugée nécessaire pour tirants et armatures a de beaucoup dépassé les prévisions du devis.

 La terre de maçonnerie qui devait être prise sur l’emplacement de l’église ayant été, après essai, reconnue de mauvaise qualité, il a fallu s’en procurer à une distance de deux kilomètres.

Le transport de Redon à La Gacilly ( distance de deux myriamètres) des pierres de granit et de Crazann qui n’avait pas été compris dans le devis et qu’on présumait devoir s ‘effectuer à peu de frais  par eau, en transbordant ces pierres immédiatement des navires dans les bateaux, a été au contraire  fort dispendieux, attendu que l’Aff ayant cessé d’être navigable par suite d’une sécheresse extraordinaire, ces pierres furent déposées dans les chantiers de Redon d’où elles furent conduites à La Gacilly au moyen de charrettes.

 Tous ces travaux et fournitures joints à un certain nombre de faux frais de détail aussi imprévus qu’indispensables ont donc pu facilement élever les dépenses de construction de l’édifice de la somme de 28.622,22fr, montant du devis primitif, à cette somme de 42.819,10fr résultant de l’effectif des travaux puisque la main-d’œuvre seulement de ce surcroit de construction s’est élevé à 5.071,82fr ainsi que le constate l’état comparatif ci-joint des dépenses faites jusqu’au 25 janvier 1847, état dressé par M. l’architecte, sur la demande du Conseil Municipal de sorte que la valeur des matériaux fournis en dehors du devis primitif serait de 9.125,06fr, lesquels ajoutés aux 5.071, 82fr de main-d’œuvre supplémentaire donnent la somme de 14.196,88fr pour excédent de dépenses sur le montant du premier devis.

Lesdits travaux et fournitures proposés par la commission municipale de concert avec M. l’architecte et acceptés par le Conseil Municipal, furent toujours approuvés verbalement et de fait par M. le préfet qui portait assez d’intérêt à la construction de l’église de La Gacilly pour en visiter quelquefois lui-même les travaux.

La caisse municipale s’étant trouvée épuisée avant qu’il fut possible de construire la toiture et de mettre sous son abri les colonnes et les portions de murs achevés, surtout les voûtes et corniches du fronton  et des avant-corps latéraux qui n’étaient pas encore terminés, il y avait à craindre que, pendant l’hiver, les pluies et les glaces ne les détériorassent notablement et de manière à détruire même les ouvrages qui avaient été réalisés en plâtre, que pour ce motif, il parut urgent de continuer les travaux et cette tâche fut imposée à M. le maire qui s’en acquitta avec autant de zèle que de générosité ce qui est suffisamment constaté par les délibérations du 10 août 1845 et du 24 septembre 1848 dont copie est jointe à la présente.

Le Conseil Municipal en se bornant à voter dans sa délibération du 8 mars 1853 une imposition extraordinaire de 5.000fr seulement n’eut d’autre but que de procurer à la commune des moyens suffisants pour mettre la nouvelle église en état d’être au plutôt livrée au culte, que, d’un autre côté, il ne voulait inquiéter ni surcharger d’impôts une population peu aisée qui ne paraissait pas disposée à faire pour le moment, un plus grand sacrifice mais que, plus tard, après avoir vu l’emploi de la première construction, se résoudrait certainement à en supporter une seconde si cela devenait nécessaire ; que du reste il ne lui avait pas semblé indispensable que l’édifice, en toutes ses parties, entièrement et parfaitement achevé dans un temps donné puisque des villes grandes et riches ont souvent mis des demi-siècles et des siècles même à construire leurs principales églises qui, pour elles, n’étaient pas plus que l’édifice en question n’est pour La Gacilly.

Les voies et les moyens au pouvoir de la commune pour l’achèvement de son église se bornent pour le moment à l’imposition extraordinaire de 5.000fr votée le 8 mai 1853 ; à une allocation annuelle de 300fr sur les revenus communaux ordinaires et que le présent Conseil assure autant que possible pendant dix ans ; à pareille somme, également annuelle, allouée par la fabrique pendant le même espace de temps ; au produit des quêtes spéciales faites à l’église par les soins de M. le curé et dont le montant annuel présumé est de 200fr et peut être considéré certain pendant dix ans au moins ; aux dons qui peuvent être faits par quelques personnes pieuses qui, sans prendre d’engagement s’annoncent comme devant être généreuses lorsque la dite église sera livrée au culte , enfin aux subventions  que le Gouvernement de sa Majesté l’Empereur, toujours si dévoué aux intérêts religieux , daignera accorder à la commune de La Gacilly, subvention qu’on a quelque espoir fondé de voir s’élever à 9.000fr en sus des 6.000fr qui ont été précédemment accordés à titre de secours, une somme égale au quart des dépenses faites par les communes et en supposant même que La Gacilly ne dût pas dépasser, pour la construction de son église, la somme de 60.000fr, maximum de la dépense pour une population de 2.000 âmes et qu’on voulut encore ne tenir aucun compte de l’excédent des sacrifices faits.

Après des renseignements aussi complets et appuyés par les copies ci-jointes de toutes les délibérations qui ont été prises jusqu’à ce jour, relativement à la construction de son église, le Conseil Municipal espère que le Gouvernement voudra bien accorder à la commune de La Gacilly les secours dont elle a besoin et surtout approuver immédiatement sa demande d’imposition extraordinaire de 5.000fr somme au moyen de laquelle  il espère faire exécuter les travaux les plus indispensables pour que l’église de La Gacilly puisse être au plutôt livrée au culte ».

11 juin 1855 – Envoi du dossier.

Suite à la délibération du Conseil Municipal du 13 mai dernier, le maire adresse au préfet un épais dossier comportant toutes les pièces demandées et même plus, 12 au total.

Après avoir fait remarquer que, par mégarde, une erreur avait été faite dans le tableau intitulé «  État sommaire des dépenses faites et à faire », du 22 janvier 1854, le maire relance encore une fois le préfet en écrivant : « J’espère, Monsieur le Préfet, que vous aurez la bonté de nous obtenir quelque secours du Gouvernement et de nous accorder au plutôt l’emploi des 5.000 francs que nous avons votés et au moyen desquels nous comptons pouvoir mettre notre église en état d’être livrée au culte.

En attendant que la bienveillance du Gouvernement daigne se manifester à notre égard et en faveur de votre puissant crédit dont nous sollicitons en ce moment la haute influence, veuillez nous permettre, Monsieur le Préfet, de dépenser immédiatement notre propre argent pour une chose aussi urgente, je vous en prie et supplie tant en mon nom propre qu’au nom de mes concitoyens car nous avons tous hâte d’en finir, jusqu’à un certain point, avec la construction de cette église dans laquelle notre population est fort impatiente de s’installer ».

14 juin 1855 – État comparatif des travaux et des dépenses.

Le 22 janvier 1854, un premier tableau récapitulatif avait été élaboré par le maire mais il contenait une grossière erreur qui n’arrangeait pas du tout ses affaires puisqu’elle amplifiait le déficit de plus de 12.000francs.

Sur ce nouvel état, le total des dépenses est bien de 64.988, 54fr mais il ne s’agit que de prévisions et non de dépenses réelles alors que, pour les ressources, il y a un mélange de recettes réalisées et de recettes prévues. Ce qui démontre que M. le maire n’était pas un comptable aguerri et qu’il aurait mieux fait de se dispenser de rédiger un tel tableau. Il contient pourtant des renseignements importants ; on y apprend, par exemple, que les travaux supplémentaires exécutés et non prévus par le devis se sont élevés à 14.196,88fr et ont été couverts par les avances gratuites de Mathurin Robert (11.099,77fr) et par les dons et quêtes

(3.097,11fr).  Dans la dernière colonne du tableau, le maire fait le commentaire suivant :

« Conformément aux vœux et exigences des fidèles qui ont répondu aux quêtes, cet argent a été immédiatement employé à la confection d’une partie des plafonds et enduits. Si l’église était une fois livrée au culte, il est probable que, suivant des intentions déjà manifestées, quelques âmes pieuses feraient acte de générosité relativement à l’achèvement de l’église, du moins en ce qui concerne l’intérieur. Du reste, il se produirait une nouvelle source de revenus consistant dans le produit de la location des chaises qui, dans l’ancienne église est presque nul tandis que, dans la nouvelle, il pourrait devenir considérable ; mais aujourd’hui personne ne veut donner tant on est indisposé et rebuté par la suspension indéfinie des travaux »

En envoyant son tableau à la préfecture, le maire ne se doutait sans doute pas que, quelques jours plus tard, il allait apprendre que M. Jean-Marie Rouxel était devenu maire de La Gacilly à sa place à compter du 14 juin 1855 suite à un décret impérial.

Depuis quelque temps, d’après le contenu des lettres que le maire et le préfet s’adressaient, il était visible que les rapports entre ces deux personnes étaient plutôt tendus. Dans sa longue lettre du 15 avril 1854, le préfet semblait déjà « agacé » par l’important déficit occasionné par la construction de l’église. La façon de faire du maire ne devait pas lui plaire non plus puisque, dans cette même lettre, il parle de « supplications » comme s’il reprochait au maire de toujours « pleurer ». Autre chose : les avances faites par le maire n’avaient pas dû être tout à fait admises par le nouveau préfet car il lui fait remarquer « d’établir sa position vis à vis de la commune ». Enfin, le préfet aurait souhaité, semble-t-il, qu’au lieu de toujours demander plus, le maire lance un emprunt et c’est ce qu’il essaie de lui faire comprendre lorsqu’il écrit : « engager le Conseil Municipal à voter la plus forte somme possible » et aussi lorsqu’il l’incite à « employer d’autres voies et moyens ».

Il faut dire, à la décharge du maire, que sa position n’était pas facile à tenir car, autant avant 1848, il avait été soutenu par le préfet Lorois ainsi que par le député Bernard et il le dit lui-même lorsqu’il écrit : « il comptait pour le reste sur les secours du Gouvernement que M. le préfet et MM. les députés d’alors se faisaient forts de lui faire obtenir au moins jusqu’à concurrence de 10.000 francs pour commencer ». Ce genre de phrase ne dut pas plaire au nouveau préfet. Une autre phrase dut lui déplaire énormément lorsque le maire lui annonce que l’ancien préfet Lorois « portait assez d’intérêt à la construction de l’église de La Gacilly pour en visiter quelquefois lui-même les travaux ». C’était très malhabile de la part du maire car, en clair, il reproche au nouveau préfet Tricoche de ne pas se déplacer et de ne pas s’intéresser aux travaux de son département. Parfois aussi, le maire était un peu trop directif et même un peu « pinçant » comme, par exemple, lorsqu’il écrit au préfet « Après des renseignements aussi complets et appuyés par les copies ci-jointes de toutes les délibérations qui ont été prises », il a l’air de faire remarquer au préfet que ça suffit comme cela. Parfois il est à la limite de donner des ordres ainsi lorsqu’il écrit : « approuver immédiatement la demande d’imposition extraordinaire ». Tout cela, le préfet devait le ressentir comme de l’animosité à son égard et il est compréhensible que le supérieur ne pût tolérer très longtemps une telle attitude.

6 juillet 1855 – Le préfet consulte l’évêque.

« En principe, la construction de l’église de La Gacilly. Ne devait coûter que 28.622,22fr suivant le projet voté par le Conseil Municipal. Mais des changements ayant été faits ainsi que des additions, il en est résulté que la dépense, à ce jour, pour les travaux exécutés, se soit élevée à 42.819,10fr. Pour achever l’édifice, il reste à faire des travaux pour 19.800fr d’où une dépense totale de 62.619,10fr non compris les honoraires de l’architecte. La commune sollicite un secours et elle demande, en outre, à s’imposer extraordinairement. J’ai l’honneur de vous adresser le dossier de l’affaire, Monseigneur, pour avoir votre avis ».

  Dans sa réponse du 9 juillet, l’évêque fait remarquer que : « Vu l’indispensable nécessité de cette bâtisse, attendu que le mauvais bâtiment qui, à La Gacilly, servait d’église paroissiale est maintenant hors de service, nous nous joignons aux Conseils susdits pour solliciter instamment un secours dont ils ont le plus grand besoin ».

25 septembre 1855 – Demande d’un dossier à l’architecte.

Le préfet adresse à l’architecte une copie de la dépêche envoyée par le Ministre de l’Instruction Publique et des Cultes du 17 septembre dernier concernant l’achèvement de l’église paroissiale de La Gacilly. « Je vous prie de bien vouloir faire immédiatement au projet les modifications signalées par le Ministre et comprendre cette affaire dans le nouvel état de propositions que vous aurez à m’adresser pour le 1° octobre prochain ».

10 juin 1856 – Envoi du budget de 1857 au préfet.

« Je profite de l’occasion pour vous rappeler le souvenir de notre dossier que j’ai trouvé oublié depuis un an dans les cartons de la préfecture le 7 mai dernier. La demande d’imposition extraordinaire de 5.000fr est toujours d’actualité ainsi d’ailleurs que notre demande de secours au Gouvernement. Je vous en conjure, Monsieur le Préfet, daignez appuyer de tout votre crédit ces demandes d’une commune qui se voit à la veille d’être rayée du nombre des paroisses. En effet, un évêque ne peut tolérer davantage la célébration du culte dans notre ancienne église, véritable représentation de l’étable de Bethléem, où la vie des fidèles n’est pas en sûreté car plusieurs fois, durant les dernières tempêtes, nous avons craint l’éboulement de ce vieil édifice salpêtré ; la chute du clocher nous tourmente…Pourtant où nous réfugier ? La nouvelle église manque des choses les plus strictement nécessaires. La population s’inquiète de cet état de chose qui dure depuis si longtemps et dont on ne prévoit pas la fin. Malgré son épuisement et quoique les communs, si chers aux habitants des campagnes, soient aujourd’hui entassés dans un monceau de moëllons, elle est encore disposée à s’imposer les plus lourds sacrifices pour l’achèvement d’un édifice dont elle ressent si vivement le besoin et elle vient vous prier, Monsieur le Préfet, d’appuyer ses demandes auprès de l’autorité supérieure ».

Dans sa réponse du 16 juin 1856, le préfet indique que le projet a été transmis au Ministre le 27 octobre 1855 « Je vous informerai de la suite qui sera donnée ».

17 septembre 1856 – Réponse du Ministre.

Après examen du projet, « différents points appartenant à la partie du projet qui n’est pas encore commencée m’ont paru réclamer un complément d’étude. Ainsi les voûtes sont établies en lattes avec enduits de plâtre, système de construction dont les inconvénients sont depuis longtemps signalés par les instructions qui émanent de mon département. Les trois nefs sont réunies sous un seul comble et il en résulte que la partie supérieure du vaisseau se trouve privée de jour. Je vous prie d’appeler sur ces deux points l’attention de l’architecte en l’invitant à examiner s’il n’y aurait pas lieu de supprimer la voûte projetée en la remplaçant par une charpente apparente et de couvrir les bas-côtés par des combles indépendants afin de pouvoir ouvrir des jours dans les murs latéraux de la nef.

  Du reste, Monsieur le Préfet, la commune de La Gacilly m’a paru avoir des droits à la bienveillance du Gouvernement par les sacrifices qu’elle s’est imposée pour la construction de son église et je suis disposé à lui venir en aide lorsqu’il aura été fait au projet des modifications dans le sens des observations qui précèdent ».

10 octobre 1856 – Rapport de l’architecte diocésain.

« Dans sa séance du 15 mars dernier, le Comité des Inspecteurs Généraux a été saisi de la demande de secours faite par la commune de La Gacilly pour l’achèvement de son église. Le dossier à l’appui de cette demande a été l’objet d’observations portant sur le mode de construction de la voûte et des ; plafonds et sur la possibilité d’ouvrir latéralement des croisées pour éclairer la nef de cette église.

Sur le premier point, le devis a été rectifié dans le sens des modifications demandées par la commission qui consistent à supprimer les plafonds et corniches en plâtre et à y substituer un lambris.

Les conditions proposées pour modifier le système d’éclairage de l’église nous paraît, attendu le degré d’avancement de cette église, plus difficile à remplir et, en effet, non seulement les maçonneries sont achevées mais encore la charpente et les combles est en place et l’édifice est couvert. Cette modification entrainerait donc la démolition de la couverture, le dérasement des maçonneries, la réfection de la moitié de la charpente des combles et la construction de murs latéraux ou, au moins, de parpaings ayant pour point d’appui les colonnes latérales de la nef. Cette dépense, disons-nous, ne s’élèverait pas à moins de 8.000fr.

  En présence d’un sacrifice aussi énorme, nous sommes convaincus que le Comité des Inspecteurs Généraux n’insistera pas sur la nécessité d’apporter à cette église les modifications comprises dans le deuxième paragraphe de son rapport. Nous croyons du reste devoir faire observer que la nef et le chœur de cette église sont éclairés, ainsi que l’indique la coupe longitudinale, par cinq lanternes ayant chacune 1,70m de côté d’où il résulte un foyer de lumière qui nous a paru suffisant.

De ce qui précède, nous proposons l’approbation du projet d’achèvement de l’église de La Gacilly en substituant aux corniches et aux plafonds en plâtre des lambris en bois de châtaignier et de maintenir les dispositions actuelles de la charpente, eu égard aux frais considérables qu’entraînerait la modification de ce système.

  Nous croyons devoir d’autant plus insister auprès de son Excellence, M. Le Ministre des Cultes, pour qu’un secours soit accordé à cette commune que déjà depuis 1846, les travaux de cette église sont suspendus, qu’elle ne peut être livrée au culte au point où en sont les travaux et que l’ancienne église est dans un état complet de vétusté »

Il faut faire remarquer que ce document est intitulé « Rapport de l’architecte diocésain » ; or, il est signé M. Charier suivi d’ailleurs de la mention « L’architecte diocésain ». Est-ce à dire que M. Charier, d’architecte départemental serait devenu l’architecte du diocèse ????

6 novembre 1856 – Arrêté préfectoral.

« Vu le projet d’achèvement des travaux pour la construction de l’église accepté par M. l’évêque de Vannes et dont la dépense est évaluée à 22.000fr ; vu la délibération du Conseil de fabrique ; vu que le Conseil Municipal adopte ce projet et vote les voies et moyens d’exécution ; considérant que la commune de La Gacilly s’est imposée pour la construction de son église les plus grands sacrifices en acquittant, à l’aide de ses seules ressources, une dépense de 38.078,02fr pour les travaux faits ; qu’elle se charge encore de fournir avec le concours de la fabrique 10.100fr pour les travaux restant à faire ; considérant qu’il est d’autant plus urgent que cette église commencée depuis dix ans soit enfin achevée et livrée au culte ; que l’ancienne se trouve dans un état complet de vétusté et de délabrement ; sommes d’avis que le secours de 11.200fr demandé par la commune de La Gacilly pour l’achèvement de son église lui soit alloué ».

Le même jour, le préfet adresse le dossier au Ministre avec son avis motivé.

8 août 1857 - Secours de 2.000francs.

Le Ministre de l’Instruction Publique et des Cultes accorde à la commune de La Gacilly un secours supplémentaire de 2.000francs en deux annuités. « Le projet, quoique modifié, est tellement défectueux encore qu’il ne mérite aucun encouragement ; l’autorité locale doit donc regarder comme une marque de haute bienveillance la nouvelle subvention que son Excellence vient d’accorder à la commune de La Gacilly. La première annuité sera mise à votre disposition que si la commune est en mesure d’en faire régulièrement emploi ».

Quelques jours plus tard, le 25 août 1857, le préfet demande au Ministre de bien vouloir effectuer l’ordonnancement qui lui sera d’ailleurs envoyé le 26 septembre 1857.

25 août 1857 – Annonce de l’arrivée de la subvention.

Le 25 août 1857, le préfet annonce au maire qu’un secours supplémentaire de 2.000fr payable en deux annuités lui a été accordé par le Ministre. Il transmet en même temps les remarques faites par ce dernier. Puis il ajoute : « Les termes de cette dépêche ne laissent désormais aucun espoir d’obtenir d’autres allocations. Ce sera à la commune de se procurer les ressources qui lui manquent et pour acquitter les dettes que la construction de son église lui a occasionnées et pour continuer les travaux au point absolument nécessaires pour assurer la conservation de l’édifice.

Ce secours de 2.000fr joint à l’imposition de 5.000fr autorisée par mon arrêté du 5 septembre 1856 portera à 7.000fr ce dont la commune peut disposer. On a compté en outre qu’elle pouvait prélever 3.000fr en dix ans sur ses revenus ordinaires ; que la fabrique fournirait 3.000fr également ; que les quêtes produiraient 2.000fr ce qui fait un total de 15.000fr. Or, il est dû à M. Robert, ancien maire et à l’architecte la somme de 2.369,44fr de sorte qu’il ne restera pour les travaux proprement dits que 2.330,79fr.

La situation est, comme vous le voyez Monsieur le Maire, fort délicate et il faudra une grande prudence à la fois et de longs sacrifices encore de la part de la commune pour en sortir.

Appliquez-y tous vos soins ; réclamez ceux du clergé et de la fabrique afin de ne négliger aucun des moyens que les occasions pourront fournir de diminuer la charge ».

Le 18 mars 1858, le maire s’adresse au préfet et lui indique que : « Les travaux d’achèvement de notre église marchent avec rapidité. Les ouvriers y ont trouvé pendant l’hiver du travail et du pain. Mais nous allons avoir besoin prochainement de la seconde allocation de 1.000fr que M. le Ministre nous a accordée par décision du 8 août 1857. Tâchez, Monsieur le Préfet, s’il est possible, d’obtenir de M. le Ministre l’ordonnancement immédiat de ladite somme, solde du secours accordé ou nous serons obligés de suspendre les travaux ».

 Dès le lendemain, 19 mars 1858, le préfet demande au Ministre l’ordonnancement de la deuxième annuité de 1.000fr qui sera signé le 12 avril 1858.

19 mai 1858 – Envoi de mémoires.

L’architecte adresse au préfet quatre mémoires pour des travaux effectués par les sieurs Chantreau serrurerie (255,94fr) ; Mauvoisin maçon

(756,64fr) ; Seguin menuisier (638,07fr) et Sorel crépisseur (192,13fr) soit un total de 1.842,79fr. Après visa, le préfet les adressera au maire pour paiement.

Quelques jours après, le 11 novembre 1858, nouvel envoi de deux autres mémoires pour des travaux effectués par Seguin et Mauvoisin pour un total de 642,37fr. mais le préfet traîne un peu pour les viser et, le 18 novembre 1858, le maire lui adresse un courrier réclamant les deux mémoires ci-dessus et également un plan de la porte d’entrée de l’église rédigé par l’architecte. « Je vous prie, Monsieur le Préfet, de m’adresser ces pièces immédiatement car nous les attendons de jour en jour depuis trois mois. Il s’agit d’un salaire assez considérable pour de pauvres ouvriers vivant au jour le jour et que l’approche de la mauvaise saison a déjà fait chômer ; il s’agit d’une porte pour nous mettre à l’abri de l’air et pouvoir nous loger dans une église en chantier depuis vingt ans ».

Le préfet fera l’envoi dès le lendemain 19 novembre 1858.

Enfin, l’architecte adresse au préfet, le 10 décembre 1858, un mémoire pour travaux exécutés par le sieur Simon, entrepreneur à Redon, pour un montant de 196,80fr. Dès le lendemain, le préfet le transmet au maire revêtu de son visa.

15 avril 1859 – Réclamation Mauvoisin.

Le sieur Mauvoisin, maçon, avait adressé au préfet, le 5 décembre 1858, une réclamation concernant une retenue que le maire voulait lui infliger sur les prix convenus avec lui pour les travaux qu’il a exécutés à l’église.

Après avoir consulté l’architecte M. Charier qui « ne s’explique pas le motif d’une retenue qui serait contraire aux arrangements passés entre le maire et le réclamant », le préfet envoie cette réclamation au maire en demandant « de bien vouloir me donner connaissance des raisons qui vous porteraient à faire cette retenue ».

3 août 1859 – Bénédiction solennelle de l’église.

Sans son clocher dont les travaux ne se termineront que le 23 mai 1872.

14 décembre 1860 – Envoi de trois mémoires.

L’architecte M. Charier adresse au préfet, pour visa, trois mémoires pour des travaux exécutés par Ducroux, plâtrier (230fr) ; Seguin, menuisier (241,05fr) et Poligné, propriétaire (228,50fr) soit un total de 699,55fr.

Après les avoir visés, le préfet les envoie au maire le 29 décembre 1860 en lui expliquant que « le crédit de 1.000fr alloué au budget primitif de l’exercice courant pour reconstruction (sic) de l’église a été employé dans le courant du mois de mars dernier. Mais, d’après les chapitres additionnels, il reste disponible une somme de 1.573,04fr sur laquelle le montant des dits mémoires peut être prélevé. J’ai donc ouvert un crédit supplémentaire de 699,55fr et j’adresse au receveur municipal par la voie de la recette générale une copie de l’arrêté que j’ai pris à cet effet. Je vous prie dès lors de vouloir bien ordonnancer immédiatement cette dernière somme au profit des ayant-droits ».

 

1874-

1874 le projet de la construction d’un aqueduc est adopté

 

 

 

 

 Icone retour haut page

 

 

 

Description de l’église

Architecture.

Le bâtiment est de style néo-classique, c’est à dire que l’on y trouve colonnes, fronton, portique qui sont des éléments gréco-romains. Le théâtre Graslin à Nantes, construit par Crucy, est dans le même style. Charier construisit aussi, dans le département, la chapelle du Champ des Martyrs à Brech près d’Auray et l’église de Ménéac. A ce néo-classicisme, s’ajoutent quelques traits caractéristiques du style palladien comme un perron, un escalier monumental et des escaliers latéraux. Autres bâtiments ressemblant à l’église de La Gacilly : l’église de Ploerdut près de Guémené-sur-Scorff, le tribunal de Redon et la chapelle des Sœurs de St-Gildas-des-Bois

 

Aspect Général.

Le plan général global de l’église est engendré par un parallélogramme dont les deux longueurs principales sont accompagnées par des bas-côtés ; la largeur du bas est terminée par le péristyle donnant entrée à l’église et l’autre extrémité comporte une abside en hémicycle formant le chœur. 

 

Le plan général global de l’église est engendré par un parallélogramme dont les deux longueurs principales sont accompagnées par des bas-côtés ; la largeur du bas est terminée par le péristyle donnant entrée à l’église et l’autre extrémité comporte une abside en hémicycle formant le chœur. A remarquer aussi que l’axe principal prend en enfilade le portique, le péristyle, la nef et le chœur, une caractéristique du style néo-classique

 

L’Extérieur

Quand on arrive devant l’église, on remarque tout de suite ce portique avec, en pierres de Crazanne, quatre colonnes isolées d’ordre dorique (le plus ancien des trois ordres d’architecture grecque). Les bases des colonnes reposent sur un perron en granite composé de dix marches formant trois volées d’escalier dont une de face et deux latérales. Dans l’axe longitudinal du bâtiment et entre les deux colonnes médianes est placée la porte d’entrée avec chambranle et corniche de couronnement.

Au-dessus de cette porte, se trouve un fronton triangulaire décoré et placé sur un entablement. La façade est tournée vers l’ouest. A propos de cette façade, l’écrivain redonnais Desmars a écrit : « Elle est de style exclusivement grec comme la chapelle du Champ des Martyrs à Brech, son riche fronton triangulaire et son entablement peut convenir à un temple antique, à un tribunal, à un théâtre…aussi bien et peut-être mieux qu’à une église chrétienne ». 

 

L’Intérieur.

 En poussant la porte d’entrée, on découvre d’abord le péristyle. Cet endroit, autrefois, servait à tirer les cordes des cloches et dispose de deux grands bénitiers. De chaque côté de cette entrée, des piles supportent le clocher. Dans ces piles, des arcs donnaient accès à deux chapelles : celle de gauche en entrant est réservée au baptistère ; l’autre, celle de droite, permet d’accéder par un escalier à la tribune qui surplombe la nef et où se rassemblait autrefois les enfants et la chorale. De cette tribune, une échelle permet d’accéder au local des cloches.

La nef est divisée en sept travées qui ont 3,35m d’axe en axe avec six colonnes isolées de 0,63m de diamètre d’ordre dorique comme le portique, en pierres de Crazanne. Elles sont aussi couronnées d’un entablement d’ordre dorique de 1,30m de hauteur en plâtre qui recouvre des palâtres en bois reposant sur les colonnes ; du sol au sommet du chapiteau des colonnes, il y a une hauteur de 6,45m. La nef a 9,09m de largeur ; au-dessus de la corniche de cet entablement s’élève une voûte demi-cylindrique de la même largeur que la nef ; elle est construite en lattes de plâtre soutenues par des arcs en planchettes reliées à la charpente de l’église.

Au sommet de la voûte, des châssis vitrés de 1,70m de côté éclairent l’intérieur de l’édifice. La nef est encadrée par deux bas-côtés ayant chacun 3,10m de largeur ; ils sont couverts au moyen de plafonds formant caissons soutenus par des pièces de bois transversales placées à la hauteur des chapiteaux des colonnes de la nef et reliés avec des palâtres longitudinaux ; le mur des bas-côtés, fermant l’église, est orné de 12 niches destinées à recevoir des statues.

Le chœur est précédé d’une partie droite qui est en fait le prolongement de la nef, faisant pied-droit avec le chœur de 8,50m de largeur et 4,20m de longueur ; cette partie porte les arcs doubleaux dans lesquels s’ouvre, à droite, la porte de la sacristie et, à gauche, celle de la pièce où a été installé la chaudière du chauffage. Ces deux pièces tournent tout autour du chœur dans le prolongement des bas-côtés.

Décoration – Ornementation – Ameublement

= Le Chœur est élevé de trois marches au-dessus de l’enceinte réservée aux fidèles. Le chœur lui-même, de forme semi-circulaire, est orné de cinq niches destinées à recevoir des statues. Dans ces cinq niches du chœur, ont été placées les statues de Notre-Dame des Victoires au centre ; à droite du chœur, Saint-Joseph et Saint-Paul et, à gauche, Saint-Nicolas et Saint-PierreLe Chœur.

 

St-Pierre a une clé ; N.D. des Victoires est une des Vierges à L’Enfant ; St-Nicolas, évêque avec mîtreIl est élevé de trois marches au-dessus de l’enceinte réservée aux fidèles. Le chœur lui-même, de forme semi-circulaire, est orné de cinq niches destinées à recevoir des statues. Dans ces cinq niches du chœur, ont été placées les statues de Notre-Dame des Victoires au centre ; à droite du chœur, Saint-Joseph et Saint-Paul et, à gauche, Saint-Nicolas et Saint-Pierre. Un inventaire les recense comme étant en plâtre et un autre comme étant en calcaire ce qui leur donnerait beaucoup plus de valeur car, au lieu d’avoir été moulées, elles auraient été sculptées et donc leur nombre aurait été plus retreint. Malheureusement, il se confirme qu’elles sont bien en plâtre. Le sculpteur qui les a faites travaillait aussi bien le plâtre que la pierre. Il s’agit de M. Le Merle de Vannes qui a signé, à la base, les cinq statues et daté de 1869 celle de Notre-Dame des Victoires. Une des œuvres maîtresses de ce sculpteur se trouve à Quiberon où il a élevé un monument au bord de la mer. C’est une colonne, mince et haute, se dressant sur un soubassement de granit surmonté d’une statue de St-Clément, à l’emplacement d’une chapelle du XII° siècle dépendant d’un prieuré fondé en 1027 par Alain III, duc de Bretagne (SR 3 avril 1872).

statues de Ste Thérèse, de St Antoine, de Ste AnneComme pour toutes les statues, on reconnaît les personnages au moyen de symboles :

St-Pierre a une clé ; St-Paul a un livre ; N.D. des Victoires est une des Vierges à L’Enfant ; St-Joseph avec le lys et St-Nicolas, évêque avec mître et crosse (qui a d’ailleurs disparu), donnant la bénédiction aux enfants.  (Fiche de la DRAC de Rennes du 27 octobre 2006).

Dans un état dressé par le Conseil de Fabrique en 1885, ces cinq statues étaient estimées à 1.500fr (BP février 1965)

Toutes les cinq, elles ont été inscrites à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques sous le numéro IM 56001 037 le 6 juin 1985. (Dossier du 28 décembre 1998)  

Normalement, d’après les règles canoniques, le Saint Patron de la paroisse doit figurer au milieu du chœur devant le maître-autel. Or, à La Gacilly, ce n’est pas le cas. Pour quelle raison ? Mystère. C’est une des raisons pour lesquelles le tableau de Saint-Nicolas’ après sa restauration, a été replacé au centre du chœur.

Le maître-autel en marbre que nous avons encore aujourd’hui, fut placé en 1851 par les soins d’un marbrier de Rennes et coûta la somme de 600fr, pose comprise. (BP 12-1967).

Sur la face visible par les fidèles, est gravé l’Agneau Pascal, tout un symbole pour les chrétiens.

En 1967, les évêques de France, avec l’approbation du Souverain Pontife, ayant autorisé la récitation du Canon de la messe en langue française et pour mettre en œuvre les préconisations du Concile, « la question se trouve posée de l’aménagement de l’autel : il conviendrait, en effet, qu’il fut tourné face à l’assemblée. Le problème n’est pas facile à résoudre. Nous aimerions connaître vos réactions et vos suggestions ». (BP décembre 1967) 

Dans les mois qui suivirent, le maître-autel fut laissé en place mais inutilisé car remplacé par un autel en bois placé devant, au centre du chœur, le célébrant faisant face aux fidèles. Cette situation dura jusqu’ en 1979. Cette année-là, l’ancien maître-autel fut démonté pièce par pièce et reconstruit face à l’assemblée ; seul le tabernacle resta dans le fond du chœur dans la perspective de l’autel ; La table en bois fut remplacée, à cette date-là, par une dalle en marbre noir des Pyrénées.

Cet autel a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques

 

Bas-Côté droit

Autel Sainte-Anne : en marbre, du début du XX° siècle, il ressemble beaucoup au maître-autel. Il est surmonté par des plaques en marbre sur lesquelles sont gravés les noms des disparus gaciliens de la guerre 14-18. Plus tard, ces noms figureront sur le Monument aux Morts et aussi au Mémorial de Sainte-Anne d’Auray à condition que la famille verse 200fr pour faire graver la plaque.

Cet autel a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 6 juin 1985. (Dossier du 28 décembre 1998)

Le tableau de l’église de La Gacilly est donc une copie réalisée par Antoine Chintreuil, né le 15 mai 1814 à Pont de Vaux (Ain).L’œuvre originale fut réalisée par Émile Signol ; elle fut réalisée et exposée au salon de Paris en 1840 puis exposée au musée du Luxembourg du 1° juin au 18 novembre 1844, transférée au Louvre le 8 janvier 1903 puis inscrite à l’Inventaire des Peintures (RF 1520), elle est déposée au musée de Marseille en 1904, renvoyée au dépôt de l’État en 1971 pour revenir au Louvre le 26 mai 1972 et enfin, en 1998, elle se retrouve au musée de Marseille où elle semble être restée. Elle mesure 1,39m de haut et 1,14m de large. C’est une illustration d’un passage de l’évangile de Saint-Jean.

Émile Signol, né à Paris en 1804 et décédé à Enghien en 1892, était le frère de Eugène Signol. Il étudie à Paris à l’École des Beaux-Arts avec Gros et Blondel. Il expose pour la première fois au salon de 1824 ; il obtient le second prix de Rome en 1829 et le Grand Prix en 1830. Vivant alors en Italie, il se consacre presqu’exclusivement à la peinture religieuse. En 1834, il reçoit la médaille de 2° classe et, l’année suivante, celle de 1° classe. En 1841, il est décoré de la Légion d’Honneur et, en 1865, promu chevalier de cette même Légion. En 1860, il devient membre de l’Institut. Tenant fidèle de l’académisme, il participa à la décoration de nombreuses églises parisiennes.

Le tableau de l’église de La Gacilly est donc une copie réalisée par Antoine Chintreuil, né le 15 mai 1814 à Pont de Vaux (Ain). Cet artiste commence à être connu avec le salon de Paris en 1847 puis il obtient une médaille en 1867 ; c’est un élève de Corot et il s’affirme comme un peintre paysagiste de premier ordre. Il décèdera à Septeuil (Seine et Oise) le 7 août 1873. Certains musées conservent certaines de ses œuvres : Amiens, Angers, Arras, Dijon, Douai, Lille, Montpellier ou encore Rennes. (Lettre du Conseil Général du 28 décembre 1998).

La copie qu’il réalisa du tableau de Signol lui fut probablement commandée par l’État en décembre 1845 à la demande du député Bernard de Rennes : il était très proche du maire gacilien de l’époque M. Mathurin Robert mais aussi de Louis-Philippe, roi des Français ; elle lui fut payée 800fr par l’État le 30 décembre 1845.  Ces renseignements proviennent d’un mémoire de maîtrise rédigé en 1980 par Éric Bonnet ayant pour thème : « Les envois d’œuvres d’art par l’État en Morbihan (1804-1884) ».

Cette copie est beaucoup plus grande que l’original puisqu’elle mesure 2,86m de haut et 2,33m de large et il semble bien qu’elle fut réalisée pour pouvoir garnir tout l’emplacement où elle se trouve. Elle fut réceptionnée à La Gacilly à la fin de l’année 1846, franco de port. Le cadre en bois original avait été fabriqué par la maison « A La Grande Fabrique, P. Souty fils, 16 et 18 place du Louvre, en face de la colonnade à Paris » ; ce renseignement figurait sur deux étiquettes collées au verso du tableau avant sa restauration. 

Une même copie se trouve dans l’église de St-Denis d’Amboise. Dans son chapitre des Théories sur les élèves d’Ingres, Maurice Denis cite ce tableau « dont les draperies lourdes et les tons opaques ne manquent pas d’une certaine grandeur ».

Dans une lettre du 3 avril 1979, le conservateur du département des peintures au Musée du Louvre annonce qu’il lui a été signalé la présence dans l’église de La Gacilly d’une copie d’un tableau de Émile Signol « Le Christ et la Femme Adultère » copie faite par Chintreuil. Il demande si cette toile est toujours en place et s’il serait possible de lui en faire une photo.

Sur une page jointe en annexe, il y a la vie de Signol, la description et l’histoire du tableau, textes rédigés à l’occasion de l’exposition du Luxembourg en 1874.

Cette toile a été inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 14 octobre 1980 (dossier du 28 décembre 1998)

21 septembre 1998 et 6 octobre 1998 : deux devis de restauration du tableau « La Femme Adultère » H 270 ; L 380 ; du XIX° siècle, huile sur toile d’Antoine Chintreuil.

Icone retour haut page

 

Bas-Côté gauche.

Autel de Notre-Dame du Perpétuel Secours :

Datant du début du XX° siècle, cet autel est en marbre et orné d’un retable en chêne de Hongrie ; ce bois fut choisi pour sa jolie couleur mais aussi parce que, en séchant, il ne se fend que très difficilement. Il est de style renaissance, soi-disant, pour mieux s’harmoniser avec l’ensemble de l’église. Il est vraiment remarquable par ses lignes qui se détachent parfaitement et par ses sculptures très fouillées.

Avant de parler de cet autel, il faut dire deux mots des missions. C’est une période de prières, de prédications, de réflexion sur la vie, sur l’éternité et sur la place de Dieu pour les chrétiens. En 1913, elle dura trois semaines et, quelques mois après, il y eut un retour de mission d’une semaine. Ces missions étaient marquées par beaucoup de cérémonies religieuses mais aussi par l’édification de monuments religieux en guise de souvenir. Cette année-là, il y eut le lancement d’une souscription pour l’érection du calvaire de Gazeau et la mise en place de cet autel de Notre-Dame du Perpétuel Secours dont la dévotion était très forte à cette époque-là. A la fin de la mission, il n’était pas tout à fait terminé ; c’est la raison pour laquelle sa bénédiction n’eut lieu qu’au retour de mission de novembre 1913. Par contre, la bénédiction du calvaire eut lieu à la fin de la mission.

 Datant du début du XX° siècle, cet autel est en marbre et orné d’un retable en chêne de Hongrie ; ce bois fut choisi pour sa jolie couleur mais aussi parce que, en séchant, il ne se fend que très difficilement. Il est de style renaissance, soi-disant, pour mieux s’harmoniser avec l’ensemble de l’église. Il est vraiment remarquable par ses lignes qui se détachent parfaitement et par ses sculptures très fouillées. Des dorures appliquées avec goût l’enrichissent considérablement. L’image de Notre-Dame du Perpétuel Secours très riche et très jolie, apparaît au milieu d’un encadrement magnifique. (BP janvier 1914)

La même image existe dans l’église de Quelneuc.

Ce retable est l’œuvre des Ateliers de M. Ély-Mombert sculpteur à Caurel dans les Côtes-d’Armor 

 

Après avoir été commandées, elles mirent plus d’un an à rejoindre leurs emplacements ; le chanoine Brien, un Gacilien, recteur à Rochefort-en-Terre, présida la fête de Jeanne d’Arc en 1914 or, à cette occasion, il devait bénir les deux statues ; il fut très déçu car elles n’étaient toujours pas arrivées. Cet incident n’empêcha pas la foule de chanter la gloire de la Sainte Vierge

 

 

 

 

 

De chaque côté de ce retable, il y a les statues du Bienheureux Curé d’Ars et de Sainte-Jeanne d’Arc. Après avoir été commandées, elles mirent plus d’un an à rejoindre leurs emplacements ; le chanoine Brien, un Gacilien, recteur à Rochefort-en-Terre, présida la fête de Jeanne d’Arc en 1914 or, à cette occasion, il devait bénir les deux statues ; il fut très déçu car elles n’étaient toujours pas arrivées. Cet incident n’empêcha pas la foule de chanter la gloire de la Sainte Vierge en reprenant, entre autres, le cantique dédié à N.D. du Perpétuel Secours dont voici le refrain :

Notre-Dame du Perpétuel Secours

Veillez sur vos enfants toujours !

Notre-Dame du Perpétuel Secours,

Priez pour nous toujours

Toujours, toujours !  (BP de mai 1913)

 Le tout forme une œuvre vraiment artistique et du meilleur goût.

Cet autel a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 6 juin 1985.

 

Fonts Baptismaux : en marbre rose avec un chapiteau en cuivre.

Fonts Baptismaux : en marbre rose avec un chapiteau en cuivre.1962, lors des travaux de restauration, on leur a « donné un peu de profondeur. Une fontaine, çà ne peut tout de même se situer en surélévation comme c’était le cas auparavant, on y descend… Donc une marche descendante et, pour accentuer la similitude, on a donné au dallage en mosaïque, la couleur bleue des eaux limpides ; l’endroit étant obscur, on a dû suspendre au milieu de la coupole une lampe d’éclairage assez puissante. Quant à la cuve baptismale, on n’y a rien changé, elle est très convenable. Seul le couvercle laisse à désirer et un jour prochain il faudra songer à son remplacement ». (BP février 1963)

 

 

 

Chemin de Croix.

Le rituel de la cérémonie comporte deux parties très distinctes. D’abord la bénédiction et l’encensement des tableaux représentant le sujet des quatorze stations ; ensuite la bénédiction des croix de ces stations.« Nous avons connu un moment d’embarras quand, à une semaine du carême, nous avons regardé les murs de notre église débarrassés des pieuses images que nous avions accoutumé de regarder durant l’exercice. Entre parenthèses, personne ne songera à les trop regretter. Elles seront certainement remplacées, en mieux nous l’espérons. La commande même est passée. Mais le travail est assez long, il demande, nous a–t-on dit, beaucoup de soins et de minutie. Il s’agit d’une peinture polychrome sur émail. Mais nous en reparlerons au moment de la livraison et de la nécessaire bénédiction. En attendant, de véritables talents se sont révélés pour nous constituer une série de stations très simplement conçues et stylisées mais fort convenables. Merci à nos religieuses et à leurs petites élèves ».  (BP mars 1963)

 « La cérémonie d’érection et de bénédiction du nouveau Chemin de Croix aura lieu le

Dimanche 22 septembre dans la soirée. Elle sera présidée par un Père franciscain de Rennes. Les disciples de Saint-François d’Assise (Franciscains et Capucins) possèdent en effet le privilège exclusif de ce genre de bénédiction, sans doute à cause de la dévotion particulière à la Croix de Notre-Seigneur inscrite dans leurs constitutions et leur liturgie.

Le rituel de la cérémonie comporte deux parties très distinctes. D’abord la bénédiction et l’encensement des tableaux représentant le sujet des quatorze stations ; ensuite la bénédiction des croix de ces stations. Il faut savoir que l’essentiel de chaque station n’est pas l’image mais la croix (il existe même des types très valables de Chemin de Croix qui comportent une simple croix), et la vénération des fidèles qui font l’exercice du Chemin de la Croix doit aller à la Croix bénite plus qu’au tableau.

Cette double bénédiction accomplie, on procède ensuite à la fixation au mur de chacune des stations, cependant que l’officiant dirige la première méditation des scènes représentées.

La souscription ouverte pour régler l’achat de ce Chemin de Croix a été très satisfaisante.   Certaines personnes ont tenu à payer intégralement une station ; 3 autres ont fait un don substantiel de 10.000fr et 5 de 5.000fr. De multiples offrandes plus modestes ont fait le reste. Que tous soient vivement remerciés ».  (BP septembre 1963).

Notre Chemin de Croix a été réalisé par les Ateliers Mignard de Paris. Il arriva à La Gacilly en juin 1963 mais, en fin de compte, « la cérémonie d’érection et de bénédiction eut lieu le 15 septembre, en la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, aucune date ne convenant mieux pour magnifier la croix du Seigneur que le jour où l’Église se remémore le souvenir de Marie au Calvaire. Et ce fut un Franciscain du Couvent de Rennes, au nom prédestiné, le Père Jean de la Croix, qui présida à cette cérémonie. A toutes les messes de ce dimanche, il nous parla très simplement et très profondément du mystère de la Croix du Christ dont il releva surtout l’aspect de triomphe :

Victoire, tu règneras

O Croix, tu nous sauveras !

La cérémonie de bénédiction se situa à la fin de la grand’messe ; bénédiction d’abord des tableaux puis des Croix qui forment l’élément essentiel des stations. Dans la soirée, se faisait le premier exercice de dévotion à ce nouveau Chemin de Croix et le Père dirigea magnifiquement notre méditation. C’était sobre, spontané, sans inutile pathos, c’était de la vraie et belle prière ». (BP octobre 1963) 

 Statue de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus

Thérèse de l’Enfant-Jésus, la petite carmélite de Lisieux morte à 25 ans en 1897« Le dimanche 16 mai (1926), la paroisse de La Gacilly se trouvait réunie tout entière pour offrir ses hommages et ses prières à une Française et à une Sainte, Thérèse de l’Enfant-Jésus, la petite carmélite de Lisieux morte à 25 ans en 1897 que le Souverain Pontife, répondant aux vœux de la France et du monde chrétien, vient de placer sur les autels.

Une famille généreuse et chrétienne avait offert à l’église de La Gacilly une statue de la jeune Sainte en même temps qu’une parcelle de ses précieuses reliques et c’est pour assister à la bénédiction de la nouvelle statue et vénérer les reliques de Sainte-Thérèse qu’une foule de plus de 500 personnes se pressait dans notre église. Ce fut une vraie fête de famille pieuse et touchante et qui laissera le meilleur souvenir dans la mémoire de tous ceux qui y assistaient et sera une source de grâces et de bénédictions pour la paroisse. Le panégyrique de la Sainte fut prononcé par M. le chanoine Bertrand, supérieur du collège Saint-Sauveur de Redon qui montra, dans une langue claire et précise et d’une éloquence persuasive, l’opportunité de la canonisation de Sainte Thérèse pour ramener la croyance au surnaturel trop oublié dans un monde pénétré de matérialisme et de rationalisme et pour qui les plaisirs et les jouissances sous toutes leurs formes constituent les seules raisons de vivre….

Puis ce fut la bénédiction de la statue. Elle apparut radieuse et souriante sous son voile sombre et son manteau blanc encadrée de lumières semblant s’élever d’un massif éblouissant de roses rouges, jaunes et blanches, dépouilles généreusement offertes de tous les jardins de la ville dont elle semblait avoir cueilli les plus belles pour en entourer le Crucifix qu’elle serrait sur son sein. C’était inné vision charmante dont avaient peine à se détacher les regards pendant que les voix pures et fraîches des jeunes filles du Patronage Sainte-Anne, chantaient dans un chœur à trois voix les gloires de la fleur du Carmel lui demandant de laisser tomber la pluie de roses de ses bénédictions sur la France et sur La Gacilly.

Après la bénédiction du Saint-Sacrement, une belle procession s’organisa, encadrant de ses deux longues théories d’enfants, de jeunes filles et de femmes le brancard fleuri de roses où étaient exposées les reliques de Sainte-Thérèse et que portaient des jeunes filles vêtues de leurs blancs costumes de communiantes. Le spectacle était ravissant pendant que la procession se déployait autour de la grande place qu’elle entourait plus qu’à moitié et que tous à plein cœur chantaient les louanges de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. A la rentrée, on bénit les roses naturelles que les assistants portaient à la main, puis des médailles et des pétales de roses qui furent distribuées à tous pendant qu’ils venaient à la Sainte-Table pieusement vénérer et baiser les reliques de la jeune Sainte » (BP juin 1926)

En 1962, cette statue de Sainte-Thérèse fut placée au fond de l’église     

Reliquaires.

 « Le dimanche 6 décembre (1874), la petite ville de La Gacilly célébrait son glorieux patron Saint Nicolas ; mais cette année, la fête avait un éclat inaccoutumé. Grâce à la générosité de Mgr Fournier, évêque de Nantes, M. le recteur de La Gacilly a pu enrichir son église de deux belles reliques, l’une de Saint-Nicolas et l’autre de la Bienheureuse Françoise d’Amboise. C’est pour la paroisse un véritable trésor. Dimanche, on devait faire la translation solennelle de ces deux reliques et les exposer pour la première fois à la vénération des fidèles. Mais, pour enfermer le précieux trésor, il fallait des reliquaires. La charité y a pourvu. Monseigneur de Vannes, qui n’est étranger à aucune œuvre de son diocèse, a stimulé, par une généreuse offrande, le zèle des personnes pieuses et M. le recteur de La Gacilly a pu faire exécuter deux charmants reliquaires en bronze doré et, de plus, un brancard garni de belles draperies au chiffre de Saint-Nicolas et de Sainte-Françoise.

Avant la grand’messe, le clergé s’est rendu au presbytère et les reliques ont été solennellement portées à l’église, au milieu d’une foule immense, accourue de toutes parts pour vénérer ces restes de deux grands saints. Malgré le temps peu favorable, la procession a été aussi belle qu’on pouvait le désirer. Les autorités de la ville, la musique municipale, la gendarmerie et surtout l’attitude religieuse des assistants, contribuaient à faire de cette procession une véritable marche triomphale.

Inutile de dire que l’église était ornée avec toute la magnificence possible. La messe solennelle a été célébrée par R.P. Supérieur du Séminaire de la Roche-du-Teil et l’abbé Paget, vicaire à Monteneuf, est monté en chaire et a développé, dans un intéressant discours, ces paroles de l’Écriture qui expliquaient très bien au peuple le sens de la cérémonie « les corps des Saints ont été ensevelis dans la paix ; leur mémoire vivra dans les siècles des siècles ». Ce discours a été écouté avec la plus religieuse attention.

Après les vêpres, les reliques ont été de nouveau portées en procession autour de l’église. Les heureux habitants ont pu admirer alors le riche brancard et les beaux reliquaires et rendre un dernier hommage à leur Saint Patron.

Avant de terminer, nous devons un remerciement spécial à MM. les musiciens dont la présence a grandement contribué à l’embellissement de la fête. Nous n’espérions vraiment pas entendre, dans cette petite ville, une musique aussi sérieuse, aussi bien composée. Et pourtant, nous a-t-on dit, elle n’est qu’à son début ! Un pareil début présage les meilleurs succès ; et sous l’habile direction de M. Robert, la musique de La Gacilly pourra certainement rivaliser avec les meilleures musiques municipales du pays »

Objets sacrés classés

En 1984, une enquête est menée par Yves Pascal Castel et Isabelle Barbedor concernant 2 calices ; 1 ciboire ; 1 croix reliquaire ; 1 ostensoir ; 1 patène et 5 statues (St-Pierre ; St-Paul ; Vierge à l’Enfant dite Notre-Dame des Victoires ; St-Nicolas ; St-Joseph)

Le 29 novembre 2006, la préfecture adresse une lettre au maire pour lui annoncer que Melle Vergne est missionnée pour une étude sur la conservation et la localisation des éléments d’orfèvrerie propriété des communes et affectés à l’usage religieux.

 

DÉDICACE - VOCABLE - PATRON.

 « La dédicace est en fait la consécration d’un édifice au culte divin mais aussi l’action de le placer sous l’invocation d’un saint qui devient le titulaire de l’église ; celui-ci est soit une personne divine (St-Sauveur par exemple), soit un mystère (Sainte Trinité par exemple) ou soit un saint (St Nicolas) en l’honneur duquel l’église est dédiée à Dieu. Le titulaire donne son nom à l’église. Il est choisi par les fondateurs de l’église ou les paroissiens à la pose de la première pierre et entériné par l’évêque à la bénédiction de l’église.

Si l’église a un titulaire, la paroisse peut avoir un patron qui est une créature ou un saint puisque le mot « patron » évoque l’idée d’intermédiaire entre les hommes et Dieu. Il en résulte que tout patron peut être le titulaire de l’église mais non l’inverse. La plupart du temps, le patron de la paroisse est aussi le titulaire ; on dit alors que l’église et la paroisse sont placées sous le vocable du saint, c’est à dire sous son patronage ». (BP décembre 2003)

 

 

1866 – Achèvement de l’église.

Le maire relance le préfet pour que les derniers travaux d’achèvement de l’église soient entrepris. Le 10 janvier 1866, le préfet lui demande de lui fournir les plans et devis qui avaient été faits par M. Charier. Mais ils ont été perdus et le préfet s’adresse à l’architecte lui-même pour savoir s’il les a conservés. Dans sa réponse, l’architecte fait remarquer que la commune lui doit pour honoraires la somme de 1.760,52fr et il en demande le paiement.

31 janvier 1865 – Le Clocher.

PREMIÈRES DÉMARCHES

Dans la partie descriptive de son projet du 18 mars 1844, voici ce que M.Charier, l’architecte d’alors, prévoyait pour le clocher : « Le péristyle est surmonté d’un clocher percé sur ses quatre faces de quatre croisées cintrées portant archivoltes et sont décorées de deux pilastres d’ordre dorique avec piédestal et entablement complet ; les quatre angles sont à pans coupés ; ce petit dôme est terminé par une coupole sur laquelle repose un campanile orné de huit colonnes d’ordre corinthien avec entablement complet et recouvert d’une deuxième coupole portant une croix ».

Vingt ans plus tard, alors que les dépenses faites pour le reste de la construction ne sont pas encore toutes payées et vu le prix d’une telle construction, il n’est pas étonnant que le maire ait demandé un nouveau plan et surtout un nouveau devis beaucoup moins élevé que le premier. M. Charier fait une nouvelle proposition avec un seul étage au clocher, la coupole et le campanile sont abandonnés et les matériaux employés seront donc moins conséquents et donc moins onéreux.  

Le 3 décembre 1865, le maire envoie au préfet les propositions faites par M. Charier : le devis pour la construction « de la tour s’élève à 10.000fr » mais vu les réductions de dépenses, la solidité de la tour en question laisse à désirer et « il ne serait pas prudent d’y mettre les cloches à cause du branle qu’elles produiraient ; alors il faudrait faire, de chaque côté, deux petits clochetons pour y mettre les cloches ce qui ferait une dépense supplémentaire de 2.000fr ».

Quelques jours après, le préfet demande au maire de refaire faire les plans et les devis par un architecte car il semble bien que ces papiers ci-dessus aient été égarés. (Lettres du 10 janvier 1866 et du 17 mars 1866) M. le maire contacte alors un architecte de Redon, M. Leray pour obtenir une nouvelle proposition.

Le maire envoie celle-ci à la préfecture mais, le 26 juin 1866, le préfet annonce que ce dossier n’est pas signé et il est incomplet. De plus, le Conseil Municipal doit se réunir pour décider de la suite à donner. Les plans et devis, après avoir été régularisés par l’architecte M. Leray de Redon, sont envoyés à la préfecture le 12 juillet 1866 avec un mot du maire qui annonce que « nous avons décidé de remettre ce travail à l’année prochaine attendu que nous avons assez d’ouvrage pour le reste de l’année : démolition de l’ancienne église, mur du nouveau cimetière à construire, clôture du jardin des Sœurs et réparation de leur nouvelle maison ».

Dans sa lettre du 19 septembre 1866, le maire répond au préfet qu’il n’a pas retrouvé les plans et devis du clocher malgré que celui-ci lui ait dit les avoir retournés avec sa lettre du 25 août 1857. «  J’ai communiqué votre lettre à mon prédécesseur qui m’a répondu qu’il ne s’en rappelait pas mais, en cherchant bien, il a trouvé chez lui la pièce ci-jointe mais ce n’est pas un devis séparé » ; cette pièce comporte des travaux exécutés et «  mentionne aussi à la 3° ligne ( récapitulation) que 5.391,80fr ont été attribués à la campanille mais on ne parle pas des petits clochetons que nous voulons faire pour y mettre les cloches qui ne peuvent être placées dans la tour à cause du branle que cela lui donnerait et qui la ferait crouler ».

Dans sa séance ordinaire de février 1867, le Conseil Municipal examine une nouvelle proposition de l’architecte M. Leray « qui ne comprend que la construction à environ deux mètres au-dessus de l’église pour un montant de 6.490,82fr ». Le Conseil n’a pas l’air satisfait de cette proposition et demande qu’un nouveau projet soit élaboré parce qu’il « est préférable de faire la construction complète de la tour sans interruption ». M. Leray s’exécute et fournit un projet de clocher complet pour un devis de 12.411,57fr. Le dossier est envoyé au préfet qui le trouve incomplet et réclame plusieurs pièces pour pouvoir être présenté à la commission.

Le 7 mai 1867, le maire envoie les pièces manquantes au préfet et demande à celui-ci d’intervenir auprès du Gouvernement pour obtenir une subvention bien nécessaire pour enfin terminer les travaux de cette église.

Dans sa séance du 1° juin 1867, la Commission des bâtiments communaux et départementaux a pris connaissance du rapport rédigé par M. Hanke qui a examiné le projet présenté ; il n’est pas « tendre » avec l’architecte puisqu’il déclare que « le projet présenté par M. Leray pour l’achèvement de l’église de La Gacilly est incomplet et peu intelligible ; le devis descriptif est trop sommaire ». La Commission suggère que le « projet soit retourné à son auteur pour qu’il l’étudie plus sérieusement dans toutes ses parties ».

Le préfet annonce au maire les conclusions de la Commission en ajoutant même que « le projet est trop défectueux pour être retenu et il demande que l’architecte se prononce aussi sur le degré de solidité de la partie de l’église qui doit recevoir la tour » (lettre du 7 juin 1867).

Dans sa très longue réponse du 24 juin 1867, le maire fait remarquer au préfet que la proposition rédigée par M. Leray n’est en fait que la reprise du projet élaboré par M. Charier quelques mois auparavant et que le dossier présenté n’avait été rédigé que pour réajuster le devis avec les prix actuels. Comme le projet de M. Charier avait été accepté par la Commission, il ne comprend pas pourquoi celui présenté par M. Leray a été rejeté. Peut-être aurait-il dû le signaler lors de l’envoi du dossier complet. Le maire termine sa lettre en priant « instamment, Monsieur le Préfet, de nous éviter des formalités qui deviennent très dispendieuses pour la commune puisque chaque devis et chaque plan coûtent très cher et cela pour des travaux tout à fait secondaires quoique nécessaires. Veuillez, s’il est possible, Monsieur le Préfet, nous éviter aussi trop de longueur et trop de retard pour l’exécution de ces travaux car il y a urgence pour le placement de nos cloches ; déjà, trois à quatre fois, elles sont tombées de l’échafaudage où on les a suspendues, une s’est fêlée et il a failli arriver des accidents ; il faudrait renoncer à sonner les offices religieux. Vous voyez qu’il y a nécessité ».

Le préfet envoie à nouveau le dossier à l’ingénieur en chef des bâtiments communaux en lui expliquant qu’il y a eu confusion et que le premier projet avait déjà eu l’approbation préfectorale (lettre du 1° juillet 1867). La Commission départementale des Bâtiments communaux refuse une nouvelle fois le projet.

Le 22 juillet, cette même Commission invite Mr. Leray à compléter le projet. Le 8 août, le maire demande que M. Hawke, architecte départemental, se rende à La Gacilly pour rencontrer M. Leray et se mettre d’accord avec lui. Mais le préfet n’est pas d’accord estimant que M. Leray peut seul mettre son projet en état d’être approuvé. Toutefois, la demande sera transmise à M. Hawke et le Conseil Municipal doit se prononcer sur le remboursement de ses frais de voyage. Dans sa réunion du 25 août, le Conseil Municipal est d’accord de faire déplacer les deux architectes et de leur payer les frais de déplacement. Le 29 août, le préfet adresse à M. Hawke, la lettre du maire.

Par la suite, les deux architectes durent se rencontrer puisque la totalité du projet fut entérinée par M. Leray et signée par lui le 31 janvier 1868.

Icone retour haut page

 

 

PROJET

Le dossier comportait cinq pièces principales : 

Un rapport

Dans lequel l’architecte a l’intention de construire deux murs latéraux sur lesquels serait posé le clocher, murs reliés par des tirants à l’ancienne maçonnerie avec la construction d’une tribune au-dessus de la porte d’entrée ; ces deux murs recevraient un campanille à pans coupés pour installer les cloches. Le campanille serait recouvert de zinc et aurait une ouverture sur chaque face.

Un cahier des charges

Il comporte 13 articles et certaines conditions particulières. Le sable proviendra de la rivière d’Aff. La chaux arrivera de Chalonnes en Maine-et-Loire et sera éteinte par immersion dans l’eau. Les moëllons seront extraits des carrières de Villeneuve.

La pierre de Crazanne sera fournie par la commune. Les rejointements seront faits au mortier ordinaire avec du sable fin. Tous les bois de charpente et de menuiserie seront en chêne ou châtaignier de première qualité. Les persiennes seront à lames fixes, les marches d’escalier doivent être en bois de chêne ainsi que les limons ; la main courante de l’escalier ainsi que celle de la tribune seront en noyer ou en cerisier. La couverture du campanille sera en zinc.

La peinture au blanc de céruse sera de bonne qualité.

Des conditions particulières

Tous les travaux seront mesurés après exécution et seront exécutés sous la surveillance de l’architecte ; aucun matériau ne pourra être employé qu’après qu’il aura été reçu par lui. L’Administration Municipal se réserve le droit de faire exécuter tous les changements qu’elle reconnaitrait nécessaires pendant le cours des travaux sans que l’entrepreneur ne puisse réclamer aucune indemnité.

Plan

Avant-métré

Sous-Détails 

Le 1er février 1868, l’architecte adresse le projet au maire et le 14 février, le préfet l’adresse à l’ingénieur en chef du département. Le 25 février, le conducteur des Ponts et Chaussées de Redon rédige un certificat de capacité comme contre-maître en faveur de Alexis Delanoë ; il le croit capable de conduire un chantier important. Ne voyant pas le projet revenir avec l’approbation du préfet, le 18 mars, le maire le réclame au préfet qui, lui-même, le demande à l’ingénieur en chef des Bâtiments communaux. L’architecte, M. Hawke, fait un rapport à la Commission ; celle-ci approuve enfin le projet le 4 avril. Le préfet adresse alors au maire cette décision le 7 avril en lui demandant de soumettre le projet au Conseil Municipal qui devra arrêter le devis et voter la somme nécessaire à la dépense (11.163, 10fr). Ces mêmes propositions sont formulées quelques jours plus tard par la Commission des bâtiments communaux.

Le 16 avril, afin de pourvoir à la dépense, le Conseil Municipal décide d’avoir recours aux centimes additionnels qui seront fixés par l’autorité supérieure. C’est la raison pour laquelle les Gaciliens les plus imposés ont été invités à assister à cette réunion et ont signé la délibération. Mais, le 20 avril, le préfet refuse d’approuver cette délibération car les Gaciliens les plus imposés ont été convoqués le 9 avril et le Conseil Municipal s’est tenu le 16 ; le délai légal de dix jours n’a pas été respecté et, de plus, c’est au Conseil Municipal qu’il appartient de fixer le nombre de centimes additionnels nécessaires. 

Le 24 avril, la Commission propose au maire de faire voter 25 centimes additionnels qui « suffiront pour procurer la somme qui manque à la commune « et de lui adresser ensuite un dossier comprenant les pièces du projet, la liste des membres du Conseil municipal, la liste des trente Gaciliens les plus imposés et la situation financière de la commune. Quatre jours plus tard, le maire adresse les pièces demandées dont la liste des plus imposés sur laquelle figurent, entre autres, Pierre Denis et Trégouët, le commis à cheval des Contributions Indirectes. Le 10 mai qui suit, le maire Orinel annonce au préfet que le Conseil municipal et les plus imposés acceptent de s’imposer la somme supplémentaire de 1.887,41 Fr pour compléter celle de 11.165,10fr, montant du devis initial. Il y joint certaines pièces demandées mais en oublie quelques-unes qu’il enverra une semaine plus tard. Il fait comprendre au Préfet que – si cette fois- il n’approuve pas le dossier, il renoncera à la construction « malgré toutes les dépenses faites pour y parvenir ainsi qu’à ma charge de maire qui me pèse vu mon âge »

Enfin, le 21 mai 1868, le Préfet annonce au maire que, vu l’excédent de la commune, il n’y a pas lieu de procéder à une imposition extraordinaire et que, par suite, il approuve les plans et devis et autorise la mise à exécution des travaux après adjudication. Celle-ci a lieu le 15 juin suivant, le maire étant assisté de M. Bourré et de M. Etrillard, mais aucun adjudicataire ne s’est manifesté. Tout est donc à refaire.  Dès le lendemain, le maire annonce la nouvelle au Préfet et lui fait connaître que M. Leray, l’architecte qui a rédigé les plans et devis, « veut bien faire exécuter les travaux à son compte   mais qu’il n’avait pas le droit de soumissionner. » Le maire demande donc l’autorisation de pouvoir traiter à l’amiable avec M. Leray « car sans cela ce travail serait ajourné pour longtemps, chose bien fâcheuse car depuis 1845 que cette église est inachevée, c’est bien long. »

Comme la tentative d’adjudication a été infructueuse, le préfet réclame un procès-verbal négatif puis il verra s’il est possible de passer un marché de gré à gré avec le Sieur Leray. Le 26 juin, il autorise ce marché à condition qu’un architecte surveille les travaux. M. Leray est alors contacté par le maire mais – vu les grands et nombreux travaux qu’il a prévu pour le deuxième semestre- ceux du clocher ne pourraient démarrer qu’en 1869. Pour le remplacer, il propose M. Alexis Delanoë, contre-maître maçon et entrepreneur de travaux de Redon et lui, M. Leray, deviendrait architecte-surveillant ; les frais de déplacement seraient ainsi réduits par rapport à un autre architecte venant de Vannes. Le préfet demande que ce changement soit avalisé par le Conseil Municipal qui le fait à l’unanimité le 9 août. Le préfet donne alors son accord quelques jours plus tard et le 29 du même mois, M. Delanoë accepte les conditions du marché et les clauses imposées par la Commission des Bâtiments Communaux.

RÉALISATION

vue de l’intérieur de l’ensemble de l’égliseLes travaux à peine commencés, le maire expose à l’entrepreneur que, à cause du remboursement de la dette Robert, il n’y a plus assez d’argent pour le payer ; il menace d’arrêter les travaux. C’est alors que le préfet suggère de recourir à un emprunt de 4.500fr remboursable au moyen d’une imposition extraordinaire. L’emprunt pouvant être réalisé dans deux ou trois mois, les délais pourraient être acceptés par l’entrepreneur mais il faut l’accord du Conseil Municipal qui, réunit en session extraordinaire, se range à la proposition du préfet le 23 mai 1869.

Les élections approchantes et voulant rétablir les finances de la commune, le maire, Orinel, demande « un secours exceptionnel auprès de sa Majesté ». Dans sa réponse du 22 juin, le préfet fait remarquer qu’une telle demande doit être adressée au Ministre de la Justice et des Cultes et qu’un épais dossier doit être constitué. Le maire lui répond que la constitution de ce dossier va occasionner des frais supplémentaires et donc creuser encore plus le déficit communal. C’est pourquoi il demande « un secours très exceptionnel à sa Majesté l’Empereur à prendre sur sa propre cassette » sans avoir à constituer le dossier demandé. Le préfet, après avoir étudier les comptes de la commune, s’aperçoit, vu les finances actuelles de la commune, que le déficit ne serait que de 565fr et il propose de le combler avec des fonds qu’il mettrait à sa disposition.

Bien sûr, le maire s’empresse d’accepter cette offre et les travaux peuvent continuer. Il faut attendre le 23 mai 1872 pour voir la fin des travaux ; un procès-verbal de réception définitive de ces travaux est dressé ce même jour entre M. Leray architecte, M. Delanoë entrepreneur et M. Etrillard maire. A cette même date, le conseil municipal déclare recevoir définitivement les travaux confiés à l’entreprise de M. Alexis Delanoë.

Avec ce procès-verbal, est jointe la liste des travaux exécutés qui se montent à 11.817,82fr. Le 26 juin, le préfet rédige un arrêté pour autoriser le paiement du solde au Sieur Delanoë soit 3.362,13fr mais cet arrêté ne sera expédié au maire que le 5 février 1873 par suite d’une divergence entre le montant du devis et celui de la facture définitive. Le préfet demande la constitution d’un dossier explicatif qui ne lui sera adressé que six mois plus tard, le 29 janvier 1873. L’arrêté préfectoral qui avait été rédigé le 26 juin 1872 est enfin signé par le préfet ; il ordonne au maire de payer le solde de 3.362,13fr au sieur Delanoë. Cette somme sera soldée le 19 septembre 1874.

DESCRIPTION

Au lieu de clocher, il serait plus judicieux de parler de campanile. Deux piles placées dans le péristyle le supportent. Percé sur ses quatre faces de quatre croisées munies d’abat-sons, les quatre angles sont à pans coupés.

Les CLOCHES.

Les deux vieilles cloches provenant de l’ancienne église St-Nicolas avaient été installées devant la nouvelle église, le 23 mai 1859, sur un échafaudage provisoire.

L’échafaudage en question s’était d’ailleurs écroulé à plusieurs reprises et une des cloches était fêlée. Dans le compte-rendu du conseil municipal du 23 mars 1869, il est prévu la construction d’un clocher afin de : « placer convenablement les cloches qui étaient depuis plusieurs années suspendues au dehors à un échafaudage peu solide et par cela même dangereux tant pour les sonneurs que pour la cloche ».

Après la construction du clocher, ces deux vieilles cloches furent remplacées par trois nouvelles. Le Mois Paroissial de novembre 1959 nous dévoile les prénoms qui furent donnés à ces cloches. Voici l’article in extenso :

 « Elles sont trois, comme chacun sait, discrètement cachées dans leur beffroi, si discrètement que la plupart des Gaciliens ne connaissent d’elles que leur voix bien timbrée. Puisqu’elles sont à l’ordre du jour(électrification)), nous allons essayer de dévoiler un peu de leur mystère.

Que l’on sache d’abord leur âge. C’est en 1873 qu’elles naquirent dans les fonderies de M. Cornille Havard à Villedieu-les-Poêles et qu’elles furent installées dans le clocher de notre église.

 De leur baptême ou cérémonie de bénédiction, nous ne savons à peu près rien sinon que la chose se passa le mardi 10 juin de cette année 1873 et fut l’occasion de festivités très solennelles.

Ce que nous pouvons très facilement indiquer, c’est leurs noms de baptême puisqu’ils se trouvent gravés sur leurs « robes ».

Voici pour chacune les inscriptions relevées :

JULIENNE JOSÉPHINE DÉSIRÉE FLAVIE 

Parrains : abbé Julien Bizeul   et abbé Joseph Homet

Marraines : Désirée Gaudin et Flavie Roussel

Pour la moyenne, nommée :

JEANNE MARIE

Parrain : Jean-Marie Denis

Marraine : Marie Poligné

Pour la petite, nommée :

Françoise JEANNE de La Gacilly

Parrain : François Homet

Marraine : Jeanne de Longeaux

Enfin, sur le côté opposé, pour chacune identiquement, on lit :

1873

MM. Édouard Bonté, curé de La Gacilly

Lévêque, vicaire

J-M Roussel, trésorier.

Un dernier petit détail pour ceux qu’intéresse la finance : elles furent payées au fondeur la coquette somme de 4.000fr ».

C’est M. Bonté, alors recteur de La Gacilly, qui prit l’initiative d’une quête pour pouvoir les payer ; elle couvrit pratiquement la dépense de 4.000fr.

Grâce au compte-rendu de la réunion du conseil municipal du 23 août 1936, on apprend que, dans le clocher, ont été installées trois cloches :

Dont voici les caractéristiques principales :

Et sonnant en FA dièse

Une moyenne de 92cm de diamètre, pesant 500kg environ et sonnant en SOL dièse

 Et une petite ayant un diamètre de 81 cm, pesant 300kg environ et sonnant en LA dièse ».

 

BÉNÉDICTION

La bénédiction de ces trois cloches eut lieu le mardi 10 juin 1873 ; voici l‘article qui parut dans la Semaine Religieuse du jeudi 19 juin 1873 alors que le recteur de La Gacilly était l’abbé Bonté qui avait pour vicaire l’abbé Lévêque : 

 « Ce mardi 10 juin, une cérémonie touchante réunissait les fidèles de La Gacilly et ceux des paroisses environnantes. Ils étaient venus en grand nombre assister à la bénédiction solennelle de trois cloches très belles. Nous les devons au zèle de M. Bonté, notre pasteur : une quête, dont il a pris l’initiative, a presque entièrement couvert la dépense occasionnée par cette nouvelle acquisition.

Notre église avait été ornée pour la circonstance et parée comme        aux plus beaux jours de fête.   M. Flohy, vicaire général de Mgr l’évêque de Vannes, présidait la cérémonie ; plus de quarante prêtres y assistèrent. M. le recteur de Peillac sut intéresser son auditoire par des paroles appropriées à la circonstance et parfaitement expliquer aux fidèles l’utilité des cloches. Il les montra suivant l’homme dans tout le cours de la vie ; répandant au loin, à sa naissance, leurs joyeux accents ; l’appelant à ses devoirs de chrétien aux jours des solennités de l’Église ; lui servant partout de guide dans la voie du bien et de la vertu ; enfin annonçant de leur lugubre son qu’il vient de quitter cette terre.

Aussi, s’écriait-il, qui n’aime son clocher ? Qui ne se sentirait ému en le voyant, surtout après une longue séparation ? La patrie et la famille n’y sont-elles pas personnifiées ?

Cette belle fête laissera dans notre population un précieux souvenir ».

Les comptes du conseil de fabrique pour l’année 1880 comportent une dépense de 700fr pour les cloches (Document du 29 avril 1881)

En août 1936, le maire, M. Bruc, demanda à la maison Les Fils de Georges Paccard, fonderie générale de cloches, bourdons et carillons à Annecy d’envoyer leur agent général,

M. Félix Gaisse de Gagny, afin d’examiner l’état des cloches qui n’ont jamais été entretenues depuis 1873. Cet expert devait découvrir que les ferrures devaient être sérieusement resserrées et, surtout, que les axes étaient usés et donc à changer. A cette occasion, il serait judicieux de les monter sur billes. Un devis fut demandé et la réparation fut estimée à 900 Fr en plus des six journées du monteur, ses frais de transport et ceux du matériel. De plus, le monteur devra être accompagné d’un homme de métier (charpentier ou forgeron) et d’un bon manœuvre.

Le conseil municipal, soucieux de la sécurité publique et estimant que les réparations prévues s’imposent vu l’état des lieux qui leur a été exposé, qu’elles sont nécessaires et urgentes, que la somme demandée n’est pas excessive, décide de faire exécuter les travaux.

Ceux-ci sont terminés pour la fin de l’année et, dans le Mois Paroissial de janvier 1937, M. le recteur remercie sincèrement tous les acteurs de ces travaux et « désormais et pour longtemps, nos trois belles cloches, sérieusement consolidées et montées sur billes… en attendant leur électrification (car il faut l’envisager), annoncent avec sécurité et plus de facilité aussi, les évènements joyeux et douloureux de la paroisse ».

L’actionnement électrique de ces trois cloches sera réalisé dans la semaine du lundi 12 au samedi 17 novembre 1959. Voici l’article paru dans le bulletin paroissial de ce mois-là :   

« Durant plusieurs jours, nos cloches se sont tues puis, après quelques hésitations, ont retrouvé leur voix et, pour le bien montrer, dans la soirée du samedi 17, elles ont lancé à tous les échos leur plus beau carillon.

Que s’était-il donc passé ? Tout simplement, elles avaient été l’objet de travaux destinés à leur actionnement électrique. Donc maintenant plus de cordes ni de bras pour les tirer, seulement quelques boutons de commande et même, pour l’angélus, un automatisme absolu.

 La paroisse sait gré à la municipalité d’avoir aussi pratiquement simplifié les choses et modernisé un système qui ne manquait sans doute pas de pittoresque mais qui avait fait son temps ».

Le mardi 9 janvier (1962), « bien des têtes se sont levées vers le ciel gacilien en direction du clocher. On venait en effet de hisser jusqu’au sommet de celui-ci, entièrement rénové et un peu exhaussé, une monumentale croix en métal galvanisé remplaçant avantageusement l’ancienne devenue une pauvre ferraille rongée de rouille.

Préalablement, comme il se doit, mais dans la plus stricte intimité, avec les seules présences de M. le maire de La Gacilly, de M. Caubert architecte et de M. Cheval, entrepreneur du clocher, on lui avait donné la bénédiction appropriée.

Cette nouvelle croix attirait donc l’attention en ce matin du 9 janvier, mais ne l’attirait pas moins son ornement terminal, en l’espèce un coq-girouette superbement empanaché et crêté, auquel il ne manque que de pouvoir lancer, de temps à autre, un vibrant cocorico. Est-il superflu de rappeler le sens symbolique de cet animal ? D’abord, si l’on veut, il est dans la tradition la plus française ou plus exactement gauloise. Mais, au sommet d’une église, il est l’expression du Christ lui-même, du Christ victorieux de la mort et annonçant au monde que se lève pour lui l’aube d’un jour nouveau, jour lumineux du salut offert à tous les hommes.

 Signalons enfin pour satisfaire les curieux intrigués par ce qu’ils aperçoivent au-dessus du coq, qu’il s’agit là d’un paratonnerre. Il est constitué, le plus simplement du monde, mais le plus efficacement, par une pointe métallique centrale, à effet attractif, renforcée de trois autres à l’extrémité d’un dispositif à branches et par une coupole de porcelaine radioactive à effet puissamment répulsif ». (BP février 1962)

La coupole du clocher est maintenant dégagée de son échafaudage et, de l’avis unanime, le coup d’œil n’est pas déplaisant. Le cuivre n’étincelle pas, il se ternit même rapidement ; pourtant, croyons-nous, le ton restera toujours assez chaud et s’harmonisant fort bien avec la blancheur du beffroi. Il a fallu refaire entièrement une fraction importante de la toiture, tout ce qui avoisine le clocher et qui se trouvait très sérieusement endommagé par suite de l’humidité ». (BP mars 1962)

2 février 1865 – Deuxième vente de Communs.

Dans sa délibération du 17 mai 1859, le Conseil Municipal décide de vendre une deuxième partie des terres vaines et vagues dont le produit de la « vente serait utilement affecté au paiement des dettes que la commune a été forcée de contracter par suite de la construction de la nouvelle église encore inachevée (dont la construction du clocher) ». Mais il faudra attendre le 20 mai 1864 pour que le juge de paix du canton, M. Ferdinand Bommier de La Rivaudière, fasse l’enquête préliminaire. L’arrêté préfectoral sera signé le 21 juin 1864 et la vente n’aura lieu que le 2 février 1865.

 74 lots devaient être proposés à la vente (on pourrait dire parcelles) mais deux seront retirés : le premier lot, concernant une pâture près du moulin de Huneau (parcelle n° 1270 sections A) suite à une réclamation du sieur Magré demeurant au village de Coët-Morel en Carentoir qui avance que cette parcelle lui appartient. La réclamation sera reconnue recevable par le maire M. Roussel. Le 54° lot est également retiré de la vente par la commune qui a jugé plus rentable de le garder puisqu’il s’agit des carrières de sable de la Glouzie.

Les parcelles à vendre sont éparpillées sur l’ensemble de la commune en partant du Palis Percé, le chemin des Croix, la Villio, Sugas, la Corblaie, la Haute Bardaie, le Chêne, la Ville-Jarnier, Brohéas, St-André, Mabio, Buhan, la Glouzie, le Tay, la Gazaie et le Pâtis.

Pour une mise à prix de 7.049fr, la vente rapportera 8.576fr et 28ha28a50ca seront vendus.

5 novembre 1865 – Remboursement des avances Robert.

On se rappelle que, le 10 août 1845, le Conseil Municipal avait autorisé M. Robert, alors maire, « à faire toutes les avances nécessaires et strictement indispensables pour l’achèvement et la conservation de la coque de l’église ». Celui-ci avança donc à la commune plus de 11.000fr gratuitement. Ce n’était pas la première fois que ce médecin faisait un tel geste ; en effet, pour la construction de la maison de ville, il avait déjà mis à la disposition de la commune une certaine somme d’argent. Dans une lettre du 5 mars 1837, il en réclame d’ailleurs le remboursement. Il en parle également dans sa lettre du 11 novembre 1865 qui relate les circonstances de son avance faite en 1845 : « et en me rappelant que, dix ans auparavant, dans une circonstance à peu près semblable, j’étais parvenu presque sans appui et sans secours, à construire l’hôtel de ville avec mes propres fonds ».   

On se rappelle aussi que, le 24 septembre 1848, le Conseil Municipal vote des remerciements à M. Robert et lui alloue un remboursement de 200fr par an en lui promettant un remboursement plus conséquent au moyen des secours qu’on espère obtenir du Gouvernement. Malheureusement, les secours attendus n’arriveront pas ou en très faible quantité.

Suite à la deuxième vente de terrains communaux de cette année et à la demande de M. Robert qui « réclame le remboursement des fonds qu’il a généreusement et gratuitement avancés voilà 20 ans », le Conseil Municipal, dans sa séance du 5 novembre 1865, est d’avis « qu’il est temps en toute justice que la commune avise aux moyens de s’acquitter envers lui et de faire cesser les sacrifices qu’il supporte depuis trop longtemps par suite d’un prêt aussi considérable sans aucun taux d’intérêt ».  Or, il reste à rembourser à M. Robert la somme de 8.299,77fr suite aux remboursements déjà effectués.

Le Conseil Municipal décide donc « de verser à M. Robert la somme de 2.299,77fr, somme à prendre sur la vente dernière des terrains communaux au 15 novembre présent

Que les autres remboursements partiels que la commune sera tenue d’effectuer pour parvenir au complet acquittement de sa dette ne pourront s’élever et être exigés au-delà de la somme de 1.000fr.

Que ce qui restera à payer, après chaque versement, produira au profit de M. Robert l’intérêt légal au taux de 5% par an ».

Dans sa lettre d’envoi de cette délibération au préfet, le maire demande, qu’après approbation, une copie soit adressée à M. Robert.

Dès le lendemain, 11 novembre, ce dernier adresse un très long courrier au préfet.

Cette missive est très intéressante car elle nous apprend beaucoup de choses.

 M. Robert aurait souhaité recevoir 4.000fr à la place des 2.299 mais il n’a pas été trop « gourmand » car la commune n’a toujours pas réglé les honoraires dus à l’architecte M. Charier et qu’elle envisage de le faire. (3.000fr) 

D’autre part, la commune doit envisager « des dépenses considérables pour l’établissement d’un nouveau cimetière, pour des réparations indispensables à l’école des filles, pour la construction de l’enclos muré du jardin qui en dépend et pour la restauration des balustrades et corniches de la maison de ville ». M. Robert espère que les finances de la commune vont s’arranger « ce qui ne saurait tarder, ce me semble, si la taxe sur les bestiaux produit ici les avantages qu’on en a retiré ailleurs ».

Toujours dans cette même lettre, M. Robert rapporte les différentes étapes de la construction de la coque de l’église, les raisons pour lesquelles il avança des fonds à la commune suite à des promesses non tenues « Je fus déçu par cette espérance, mon projet n’ayant pu être réalisé faute de moyens ou de confiance de la part des personnes auxquelles je m’étais adressé. J’espérais être remboursé dans un petit nombre d’années mais la République survint et m’enleva d’un seul coup les amis et protecteurs que j’avais acquis à ma commune. Dès lors, tout devint incertain pour moi et, peu confiant dans un gouvernement improvisé, mobile et mal assis, je me hâtais de rendre mes comptes au Conseil Municipal : la commune m’était redevable de la somme de 11.099,77fr ». En 1848, le Conseil Municipal accorda bien un maigre remboursement de 200fr par an ; M. Robert ne l’accepta que comme preuve de sa créance et « ce jour-là, je poussai même la générosité jusqu’à déclarer que, pour arriver au plutôt à l’achèvement de l’église, objet de tous mes vœux, je ne demanderais pas le remboursement de mes fonds avant que l’église ne soit mise en état d’être livrée au culte. J’ai tenu ma promesse et au-delà puisqu’il y a déjà plus de cinq ans qu’on y célèbre l’office divin ». M. Robert rappelle ensuite que la commune « s’efforçât, par tous les moyens à sa disposition, de s’acquitter envers moi au moins par remboursements partiels ».

Puis M. Robert fait en quelque sorte le bilan de son action à La Gacilly : « .Ce sacrifice assez considérable d’intérêts n’est que le résultat de mon dévouement absolu à mon pays natal, de mon vif désir, poussé jusqu’à la passion la plus dominante, de le faire sortir de l’extrême dénuement où il se trouvait, ce que je n’ai cessé de tenter pendant 25 ans de mairie et 40 ans de siège dans le Conseil Municipal, temps pendant lequel je suis parvenu à procurer à La Gacilly un presbytère, un hôtel de ville destiné en même temps à servir de local à l’instruction primaire, un vaste enclos donné par mon oncle pour emplacement d’une nouvelle église, une nouvelle église qui m’a coûté quelque chose, la maison d’école des filles donnée par mes petites nièces, un vaste champ de foire, une donation tendant à pourvoir la commune d’un cimetière, une autre maison d’école pour les filles, maison presque neuve, beaucoup plus grande et mieux placée que l’ancienne et avec de belles dépendances, don concédé, sur mon instante demande, par un jeune abbé allié de ma famille et presque enfant de ma maison, lequel en mourant a chargé son oncle de ses dernières volontés et enfin et par-dessus tout, l’avantage inappréciable d’être devenu chef-lieu de canton ».

M. Robert termine sa lettre au préfet en disant que « ce n’est nullement par un vain sentiment d’amour propre de ma part mais uniquement pour qu’il soit reconnu que La Gacilly est partie de bien bas pour arriver à sa situation actuelle ».

Le 13 novembre, le préfet répond au maire qu’il « ne lui est pas possible de statuer sur cette affaire puisqu’elle se rattache à d’autres projets en vue desquels a eu lieu la vente des terrains communaux ». Le préfet demande que les dossiers concernant les différents projets lui soient adressés afin d’apprécier tous les besoins de la commune. Le même jour, le préfet adresse une lettre à M. Robert avec les mêmes explications.

Quelques jours plus tard, M. Orinel, le maire, envoie la liste des projets de la commune et leurs coûts : achèvement de l’église (12.000fr) ; réparation à la maison de ville (2.000fr) ; réparation des halles (4.000fr) ; réparation à la maison d’école des filles (1.500fr) ; construction du mur du nouveau cimetière (1.500fr) et entretien des routes (1.000fr) soit un total de 22.000fr. Or la vente des terrains communaux n’a rapporté que 8.500fr. Le maire compte, pour le reste, sur l’autorisation qui pourrait lui être accordée de prélever une taxe sur le bétail. Le 25 novembre, le préfet lui répond que, vu les dépenses à faire et vu les ressources prévues, il ne « lui paraît pas opportun de modifier les conditions proposées par M. Robert de ses avances » et il estime, « en conséquence, que le statuquo doit être maintenu ». Pour les travaux prévus, il convient de faire faire des devis réguliers approuvés par le Conseil Municipal. Pour ce qui est de l’achèvement complet de l’église, les plans et devis devront être dressés par un architecte ; les autres devis pourront être faits par des maîtres-ouvriers.

Deux ans plus tard, l’affaire des remboursements n’a toujours pas évolué ; c’est pourquoi, le 8 août 1868, M. Robert adresse au préfet une nouvelle et très longue missive dont les termes sont pratiquement identiques à ceux de la lettre du 11 novembre 1865 mais on apprend cependant que le préfet avait refusé le remboursement de 2.299, 77fr prévu par le Conseil Municipal ; par contre, 1.000fr ont bien été remboursés à M. Robert en 1867 si bien qu’il ne reste plus à devoir que 7.299,77fr. Étant donné que « la commune ayant actuellement des fonds à sa disposition puisqu’au 31 mars dernier le boni de la caisse s’élevait à 11.540fr, j’ai pensé que, pour effectuer le remboursement qui me concerne, elle devrait profiter de cette circonstance qu’elle ne retrouvera peut-être pas d’ici longtemps et s’occuper, comme tout débiteur propre et honnête, de payer ses vieilles dettes avant de songer à construire des édifices qui, pour le moment, ne sont pas d’une nécessité absolue. Cette fois, je suis bien résolu à exiger immédiatement en ayant recours même aux tribunaux, s’il le fallait absolument. Je viens, M. le Préfet, vous demander appui et justice vous qui avez le droit de mettre la commune en demeure d’effectuer le remboursement que je réclame et, en cas de refus, de l’y contraindre d’office ».

Dans sa réponse quelques jours plus tard, le préfet lui répond que la solution passe par une entente entre lui et le maire « pour trouver le moyen de faire allouer un crédit sans aggraver la situation actuelle (déficit de 3.358,82fr après travaux). Je ne refuserai pas mon approbation à une délibération qui serait mise dans ces conditions ».

Le 24 décembre 1868, M. Robert adresse à la préfecture un mémoire très détaillé qui retrace, une fois de plus, toutes les péripéties de ses avances non remboursées. Cette lettre est d’ailleurs très directive puisqu’elle commence ainsi : « Créancier de la commune de La Gacilly et ne pouvant être payé, je me décide à la poursuivre en justice et pour cela me conformer aux prescriptions de la loi des 18 et 22 juillet 1837, je m’adresse à votre justice ». Après avoir retracé les raisons qui l’ont poussé à avancer une telle somme d’argent à la commune et sachant qu’actuellement elle dispose de plus de 11.000fr si des travaux non urgents sont reportés, il déclare que «  rien ne saurait ni légalement ni équitablement la mettre à l’abri d’une réclamation fondée ; pourtant les démarches amiables n’ont pas abouti, ce qui oblige votre exposant à s’adresser préalablement à votre justice afin de le faire autoriser par le Conseil de Préfecture à poursuivre devant tribunal compétent la commune de La Gacilly pour la faire condamner à payer, avec les intérêts, la susdite somme de 7.499,77fr ».

Une semaine plus tard, le préfet accuse réception du mémoire et des pièces jointes à M. Robert et il adresse une lettre au maire pour lui faire part de l’intention de M. Robert

 « D’actionner en justice votre commune dans le but d’obtenir le remboursement d’une somme de 7.499,77fr. Je vous prie de soumettre cette affaire au Conseil Municipal ».

Le 18 janvier 1869, le maire adresse au préfet la délibération du Conseil Municipal qui s’est déroulé le 12 janvier dernier en lui rappelant que M. Robert a toujours été dévoué à la commune - et c’est souligné- et, qu’après 13 ans d’attente et sans intérêts, il est plus que justice que M. Robert demande un remboursement immédiat. « Avant de songer à construire une tour, il faut s’occuper de solder la construction de l’église ». C’est pourquoi le Conseil Municipal propose que les fonds dont dispose la commune soient employés à rembourser les avances faites par M. Robert plutôt que de construire un clocher d’autant plus que l’ancien maire veut encore bien attendre jusqu’au 1° janvier 1872. À condition que le remboursement de sa créance soit considéré comme dépense obligatoire et soit porté au budget de la commune.

Dans sa réponse du 1° février 1869, le préfet annonce au maire qu’il ne faut pas espérer obtenir la permission de percevoir un droit d’octroi et donc il faut prévoir soit l’achèvement du clocher soit le remboursement à M. Robert. C’est au Conseil Municipal de se prononcer : « la dette étant très ancienne, elle devrait être prioritaire ; on paierait 3 ou 4.000fr immédiatement et le surplus ferait l’objet d’allocations successives sur l’excédent annuel du budget primitif. Il convient, à propos de cet excédent, de faire observer qu’il n’est si fort que parce qu’on a maintenu une imposition pour insuffisance de revenus qui existait antérieurement à l’établissement des droits de place, droits dont le produit égale à peu près ladite imposition. Si donc l’on supprime celle-ci – et il faudra bien puisqu’elle n’a plus de raison d’être – le budget balancerait en recette et en dépense et alors le Conseil n’aurait que la ressource des centimes extraordinaires pour parer aux dépenses facultatives ».

8 février 1869 – Réunion du Conseil Municipal qui décide de rembourser immédiatement à M. Robert une somme de 4.499,77fr sur le produit de la vente dernière des terrains communaux et de lui solder les 3.000fr restant par annuité de 1.000fr payables chacune au 31décembre 1870, 1871 et 1872.

Avec sa lettre d’envoi au préfet, le maire joint un double de cette délibération car M. Robert souhaite, une fois approuvée, recevoir une expédition « pour lui tenir lieu de titre ».

Le 12 février, le préfet donne son accord pour le remboursement des avances faites par M. Robert tout en précisant que le projet d’achèvement du clocher est ajourné.

Enfin, le 27 février 1869, le préfet envoie une nouvelle lettre au maire en lui suggérant « qu’il n’y a qu’un seul moyen de résoudre le problème, c’est

d’emprunter une somme de 4.500fr remboursable au moyen d’une imposition extraordinaire pour remplacer celle qui sera payée à M. Robert ». Le préfet demande que le Conseil Municipal soit consulté et qu’il vote – ainsi que les personnes les plus imposées de la commune – le montant et la durée de l’imposition extraordinaire.

 C’est ce qui fut réalisé et ainsi la dette de la commune vis à vis de M. Robert fut éteinte quelques mois après.

11 août 1872 – Ameublement de la sacristie.

Afin d’aménager la sacristie et, en particulier, la doter d’armoires, le Conseil de Fabrique a demandé au maire s’il pouvait disposer des planches et des madriers qui se trouvent dans le grenier des halles. Le maire, M. Etrillard, convoque le Conseil Municipal pour en délibérer ; celui-ci fait remarquer que ces bois « proviennent d’un châtaignier qui se trouvait sur un terrain communal et qui, par conséquent, ils appartiennent à la commune ». Lors de la construction de l’église en 1845, ces bois « avaient été expressément réservés par l’autorité municipale pour faire un calvaire ». Plus tard, il arriva que « la fabrique croie pouvoir changer la destination de l’arbre en question et qu’elle le fit exploiter pour faire un tambour à l’entrée de l’église et ce, dans l’intention d’éviter des frais à la commune, mais sans aucunement consulter le Conseil Municipal et, par suite, à tort et sans droit. Dans cet état de choses, la construction d’une tour ayant été décidée par la commune et la base de cette tour formant elle-même un tambour véritable, le bois provenant de ce châtaignier resta sans destination mais toujours, bien entendu, propriété de la commune et soigneusement enfermé dans un local lui appartenant ».

Le Conseil Municipal refuse donc de livrer ces planches et ces madriers au Conseil de Fabrique. Mais, en fait, le Conseil Municipal réagit ainsi pour marquer son mécontentement vis à vis du Conseil de Fabrique qui, quelques années auparavant, avait accepté de ne pas percevoir la rente viagère Collet de 100fr par an (rente qui lui était due par la mairie) pendant toute la construction de la tour et de la tribune et qui vient de réclamer le paiement de cette rente pour les six dernières années.

Quelques jours plus tard, le maire adresse au préfet la délibération du Conseil Municipal ; ce dernier lui répond, le 24 août, : « Il ne m’appartient pas de statuer sur cette question. D’ailleurs, il est à présumer que la Fabrique ne cherchera pas à revendiquer par la voie contentieuse des bois dont la valeur doit être bien modique. Mais une autre question qui se présente à résoudre dans cette affaire et qui est de la compétence de l’administration, est celle de savoir si la dépense projetée est nécessaire et si la Fabrique est ou non en mesure d’y pourvoir sans recourir à la commune ». Le préfet demande donc qu’on lui envoie un dossier comprenant une délibération du Conseil de Fabrique, son budget pour 1872, le compte-rendu de 1871 et le devis des travaux à faire.

Icone retour haut page

 

Consolidation de l’église.

 

1ére Tranche de travaux.

Le 7 janvier 1872, le maire signale au préfet le très mauvais état du mur méridional de l’église. Huit jours plus tard, le conseil municipal délibère sur la question. Le 7 avril, le conseil de fabrique insiste « sur l’urgence des travaux à entreprendre et attendu que M. le recteur déclare avoir appelé plusieurs fois et vainement jusqu’à ce jour

L’attention de M. le maire de La Gacilly sur les conséquences sérieuses que pourraient amener le retard de cette consolidation ».

Le 23 mai 1872, le conseil « ne peut croire que M. le recteur ait fait une pareille déclaration au conseil de fabrique attendu que M. le recteur sait parfaitement que le maire s’est empressé au contraire de donner suite aux observations qu’il lui a faites, une seule fois du reste, sur le mauvais état du mur méridional de l’église ». C’est pourquoi le conseil proteste énergiquement contre les termes de cette délibération. 

Le 17 décembre 1873, M. le recteur, l’abbé Bonté s’adresse au préfet pour lui signaler que « la construction de l’église est très défectueuse et demande d’urgentes réparations sous peine d’un imminent écroulement de la partie sud. La municipalité a voté à son budget de 1874 une somme à cette destinée et que vous avez bien voulu approuver. Je demande à votre bienveillance de vouloir bien laisser M. Le maire et moi, dépenser cette somme, par économie, en dehors des formalités administratives qui en absorberaient une partie et laisseraient notre œuvre inachevée ». Quelques jours plus tard, le préfet fait part de cette lettre au maire de La Gacilly en lui demandant s’il est vrai que le conseil municipal a voté une somme de 934,25fr à prélever sur les fonds de remboursement de la taxe des mobilisés car cette somme ne figure pas au budget primitif de l’exercice. De plus, un devis doit être fourni et soumis à son approbation. 

Il faut attendre le 16 juillet 1874 pour qu’un premier devis soit rédigé et adressé au préfet mais ce document ne dut pas lui convenir car, deux mois plus tard, un autre devis fut rédigé par l’architecte-entrepreneur M. Leray ; ce dernier refuse d’entreprendre des travaux avant que l’édifice ne soit visité par l’architecte départemental  car il y a de « sérieux risques d’accident et que l’écroulement aura lieu pendant l’hiver car déjà une rosace du poids de 50kg s’est détachée du frontispice et il en reste une cinquantaine qui inspirent les mêmes craintes. Si la chute avait eu lieu le dimanche, il y aurait eu à déplorer la mort ou des blessures de quelque fidèle ». L’église devait être bien délabrée car, en 1873, M. le recteur parle du mur méridional en piteux état et, en 1874, M. Leray est très préoccupé par le frontispice.

M. Évain, conseiller général, est saisi de l’affaire. Il écrit au préfet le 2 novembre 1874 pour lui signaler qu’il se rendra à La Gacilly le lundi 16 de ce mois et souhaite que M. Leray et M. Maigné, l’architecte départemental, se joignent à lui. La réunion de travail dut avoir lieu car, le 7 décembre, le préfet adresse au maire le projet de consolidation pour un montant de 3.000fr. Le projet comporte trois chantiers à ouvrir mais le dernier peut être entrepris un peu plus tard ce qui ramènerait le montant à 2.000fr pour le moment. Voir les deux projets

Le projet des deux premiers chantiers est soumis au conseil municipal ainsi qu’au conseil de fabrique ; ce dernier accepte le projet tel quel et propose de verser les 112fr qui manquent à la commune pour atteindre les 2.000fr nécessaires aux réparations urgentes. Par contre et par mesure d’économie, le conseil municipal refuse « le contrefort appuyant la façade en crazanne qu’il considère comme inutile ». Le 6 avril 1875, le maire adresse tout le dossier au préfet en lui précisant que le conseil municipal a refusé le contrefort de la façade mais – qu’à son avis- « ce conseil a statué sur un article pour lequel il est incompétent ; je crois que ce contrefort est nécessaire et je suis persuadé que si M. l’architecte persiste dans la construction de ce contrefort, le conseil se rendra à son avis ». Deux jours plus tard, le préfet avise l’architecte de la décision du conseil. Le 11 mai 1875, le préfet retourne le dossier complet à la mairie de La Gacilly avec un nouveau rapport de l’architecte départemental qui insiste pour que le contrefort de façade soit bien exécuté. Le 20 du même mois, le conseil revient sur son vote du 28 février dernier et accepte le projet de l’architecte. Quelques jours plus tard, M. Leray, architecte-entrepreneur à Redon accepte le marché et les travaux peuvent commencer avec l’accord du préfet.

Le 18 janvier 1876, le maire, M. Rouxel, adresse au préfet le métré des travaux effectués à l’église qui s’élèvent à 2.103,60fr (le montant du devis est donc dépassé de 103,60fr), somme à laquelle il faut ajouter 180fr pour « le maçon qui a construit les contreforts, natif et domicilié de La Gacilly, travaillant pour l’église de sa paroisse, a mis beaucoup d’amour-propre dans l’exécution de ce travail et a fait mieux que le devis ne comportait. Il a échantillonné et piqué toutes les pierres des contreforts que le devis portait en moëllons bruts. C’est pour cela qu’il réclame ladite somme de 180fr pour les journées qu’il a passées en plus à tailler ces pierres. M. Leray, sous la surveillance duquel il travaillait, prétend que cette somme lui est légitimement et consciencieusement due. La commission et moi, nous sommes de cet avis attendu que le travail est solidement et parfaitement fait et que l’ouvrier est un honnête père de famille qui n’est pas riche et que nous ne voudrions pas voir réduit de cette somme qu’il a bien méritée ». Malheureusement, ce document ne donne pas les nom et prénom de ce maçon ni d’ailleurs la nature exacte des travaux qui ont été exécutés

Dans sa réponse, le préfet demande que le métré en question soit signé par les membres de la commission et que le conseil municipal approuve le dépassement de 283,60fr. Le maire régularise l’affaire et le 21 mars 1876, le préfet autorise le paiement du solde à l’entrepreneur et au maçon.

Mis à part une délibération du conseil municipal du 22 mai 1877 concernant la propreté autour de l’église, celle-ci ne fera plus parler d’elle pendant quelques années.

2ème tranche de travaux.

A la fin du mois de janvier 1881, le conseil de fabrique adresse une lettre au préfet pour lui signaler de nouveaux désordres importants à l’église qui « menace ruines ». Quelques jours plus tard, le préfet demande à M. Maigné, l’architecte départemental, de se rendre sur place afin d’évaluer les risques et les mesures à prendre. Ce dernier se rend donc à La Gacilly le 14 février et constate que « plusieurs pierres de la corniche du porche se sont rompues - dont une récemment - et sont tombées à terre ; leur volume est tel que toute personne qui aurait pu être atteinte, eut infailliblement été écrasée ». D’après ce rapport, les pierres de Crazanne sont mises en cause et deux solutions sont proposées pour remédier aux ruptures : « diminuer la saillie de moitié ou bien remplacer les pierres de Crazanne par du granit. Avec cette dernière proposition, l’assemblage crazanne-granit ne serait pas du meilleur effet. De plus, les murs de cette église sont faits avec un mauvais mortier de terre sans grande consistance et facilement dégradable avec les eaux de pluie. C’est pourquoi il faut placer des gouttières en zinc partout où il n’y en a pas avec des tuyaux de descente et un petit trottoir avec pente à l’extérieur tout autour de l’édifice pour éloigner toutes les eaux du pied des murs ; on verra alors cesser les tassements qui se produisent aujourd’hui sans quoi ils augmenteront tous les ans et produiront la ruine prochaine de cette église. L’angle nord de l’édifice devra être repris en sous-œuvre avec de la maçonnerie en mortier et chaux. Enfin, à l’intérieur, l’arc de la grande nef, au droit du chœur, qui est assez ouvert, devra être d’abord contrebuté par l’élévation des murs de la sacristie qui lui serviront ainsi de contrefort et, aussitôt après, il faudra fermer avec de bons coins en bois sur la fissure qui s’est faite dans l’arc, pour lui redonner la rigidité nécessaire et éviter la chute de toute pierre de cet arc ce qui entrainerait sa chute entière. Le travail à faire pour sauver cet arc de toute destruction est urgent et devrait être fait sans retard ».

De février au début du mois d’août 1881, un très grand nombre de correspondances seront échangées entre le préfet, l’évêque, l’architecte départemental et le maire afin de dresser la liste des travaux à entreprendre, d’élaborer le dossier correspondant, de faire les démarches pour obtenir un emprunt de 2.400fr et réclamer un secours de 250fr pour atteindre la somme de 2.650fr estimée par l’architecte départemental pour effectuer les travaux. Le secours sera d’ailleurs accordé par le Conseil Général dans sa séance du 26 avril 1881.

Les travaux étaient sur le point de démarrer quand un architecte nantais, M. Liberge, débarque à La Gacilly et ausculte l’église pendant trois jours ; il se permet même de « faire ouvrir un passage dans le plafond de la sacristie pour pouvoir visiter les combles et de faire creuser des excavations au pied des murs extérieurs pour voir l’état des fondations ».

Le 18 août, il rédige un rapport très détaillé qu’il adresse à M. le desservant (recteur) de La Gacilly, l’abbé Grasland. (Lettre du 3 septembre 1883) Celui-ci en fait part au conseil de fabrique qui, dans sa délibération du 4 septembre, suit les recommandations de l’architecte nantais, c’est à dire que « cet édifice religieux ne peut pas subsister longtemps ».

Ce rapport est ensuite adressé à l’évêque qui le transmet au préfet. D’un autre côté, l’abbé Grasland adresse une copie au maire, M. Etrillard, qui s’empresse de réunir son conseil municipal le jeudi 22 septembre et même de créer une commission spéciale pour étudier ce rapport et décider de la suite utile.

Dans ce rapport, M. Liberge commence par dresser un historique de l’église et à en faire une description assez précise. Puis il donne les raisons qui le poussent à dire qu’il « faudrait reconstruire l’église ».

  • Point 1 : « Les murs ont été construits en terre ; on ne peut pas donner le nom de mortier à ce qui a été employé ; ce mortier ne présente aujourd’hui aucune consistance ».
  • Point 2 : « Les fondations ont été établies sur un sol mauvais ; on l’a déjà reconnu en établissant des contreforts ayant pour mission de consolider le mur latéral de droite de l’église ; lorsque ces contreforts ont été construits, on a, avec raison, cru devoir en établir les fondements plus profondément que ceux de l’église ».
  • Point 3 : « Le système de construction de la charpente est entièrement vicieux ; les arbalétriers auxquels sont accrochés les arcs en bois soutenant la voûte n’étant nullement soutenus sur la longueur totale de la nef…ils sont presque tous brisés et entièrement au point A du croquis. On a essayé de renforcer les arbalétriers au moyen de planches à ce point A mais que rien n’avait pu empêcher leur rupture ». Tant et si bien qu’ils ont poussé avec une telle violence sur les murs des bas-côtés, que le mur situé à droite de l’église surplombe en ce moment, dans certains endroits de 0,20m à 0,22m sur une hauteur d’environ huit mètres ».
  • Point 4 : « Les joints des colonnes sont tous ouverts du côté de la nef alors que, sous la pression extérieure, la pierre a dû se briser du côté des bas-côtés. Les colonnes intérieures sont toutes sensiblement déversées à l’extérieur ; elles inclinent en dehors de 4 et 6 centimètres ».
  • Point 5 : « L’arc qui se trouve à l’entrée du chœur dans la partie droite, est construit en moëllons ; il est revêtu à l’intérieur en plâtre et lattes. Il a tellement poussé à l’extérieur qu’il existe une lézarde des plus graves ».
  • Point 6 : « Une des piles, à l’entrée de l’église, celle de gauche, supportant le campanile entre la nef et péristyle, a subi des poussées si fortes qu’elle est déversée de 0,07m vers les bas-côtés et de 0,11m sur la façade principale ; du reste, toute la pierre de crazanne, en cette partie, est déchirée et écrasée sous les pressions qui ne tarderont pas à la renverser ».
  • Point 7 : « La façade a un revêtement en pierre blanche ; des deux côtés du péristyle, sur la hauteur totale de la façade, apparaissent de grandes lézardes qui coupent le mur comme un grand coup de sabre, de haut en bas. Au-dessus de la porte principale, même chose ».
  • Point 8 : « Une grande partie de la corniche extérieure du fronton est déjà tombée ; le reste menace ruine ».
  • Point 9 : « Du côté gauche du péristyle, à la base de l’église, les murs se sont écrasés sous la charpente, comme le prouve leur inclinaison ».
  • Ensuite, l’architecte nantais donne quelques conseils comme la mise en place de tirants mais il en arrive à la conclusion « qu’il faudrait au moins refaire la charpente donc refaire les voûtes ; il ne resterait plus de l’église que des pans de mur qu’il faudrait soutenir ou relever. Toutes réparations nous semblent donc impossibles à l’heure actuelle et nous ne craignons pas cependant d’affirmer que laisser les choses dans l’état où elles sont, c’et s’exposer aux accidents les plus graves ; les pièces principales de la charpente étant rompues, cela peut occasionner l’effondrement de la voûte ».

Ce rapport paraitra partiellement dans le bulletin paroissial de février 1979.

Le constat est vraiment alarmant et on comprend pourquoi le maire s’est empressé de réunir son conseil municipal en séance extraordinaire qui, dans sa délibération du 22 septembre, va répondre point par point à l’architecte nantais. Avant d’attaquer le vif du sujet, le conseil prend soin de ménager M. Liberge : «  Sans contester la compétence de Monsieur l’architecte Liberge, il pense qu’il est trop entré dans les idées et dans les intentions de ceux qui l’avaient appelé ; il croit que son rapport est erroné sur plusieurs points et, qu’en tout cas il n’a pu tenir compte de certaines circonstances qu’il ignorait ; le conseil pense qu’il y a lieu de faire au rapport de M. l’architecte de Nantes des restrictions et même des rectifications importantes ».

Le conseil commence aussi par dire « qu’il est regrettable que M. le desservant et le conseil de fabrique se soient permis, sans en prévenir le conseil municipal et la municipalité, de pratiquer un passage dans le plafond de la sacristie et diverses excavations à la base des murs de l’église ». Puis le conseil observe que le croquis de M. l’architecte représente fort mal la coupe de l’église qui, suivant son rapport, offre le plus de danger, c’est à dire à l’endroit de l’arc principal à l’entrée du chœur. A l’endroit de cet arc, en effet, les murs au haut des bas-côtés s’élèvent jusqu’au toit et ne présente aucune lézarde. Le croquis de M. l’architecte ne donne aucune idée de ces murs qui soutiennent avec une puissance irrésistible l’arc principal.

Après ces mises au point, le conseil passe en revue les points soulevés dans le rapport :

  • Murs construits en mortier de terre : « Il y a longtemps que le fait est connu et c’est justement ce qui a produit un tassement considérable dès les premières années de la construction ».
  • Les fondations bâties sur un mauvais sol : « Ici, M. l’architecte a mal reconnu le sol sur lequel sont établies ces fondations. Le sous-sol sur lequel elles sont construites, consiste dans une assise de schiste argileux qu’on appelle cosse dans le pays. Cette assise qui forme la couche superficielle des terrains de la plus grande partie de la commune, présente 15 à 20 mètres d’épaisseur. Il serait donc difficile d’en chercher une autre pour y asseoir des fondations. Presque toutes les maisons du pays sont bâties sur cette pierre, l’on n’a jamais entendu dire que les fondations d’aucune d’elles aient manqué de solidité. Si les contreforts ont été enterrés plus profondément, c’est « que l’on tenait à donner à ces contreforts une solidité à toute épreuve ».
  • Le système de construction de la charpente est vicieux : « La commission a trouvé ces charpentes parfaitement établies. Elles peuvent être vicieuses au point de vue de l’art mais, en tout cas, les vices, s’ils existent ont eu tout leur effet et n’ont causé aucune crevasse ni aucun affaissement de la voûte depuis que les plafonds sont faits (1856-1857) ».
  • Le renfort en planches des arbalétriers au point A du croquis est fort ancien car « ces planches ont été placées avant 1860 puisque c’est en 1860 que les plafonds de la sacristie ont été faits et que personne n’avait depuis pénétré à l’intérieur des combles. Il y a donc plus de 20 ans que la rupture en question existe ».
  • Les colonnes intérieures sont toutes sensiblement déversées : « La commission n’a pu constater qu’une inclinaison de 2 centimètres au plus dans l’axe de quelques colonnes par rapport à la verticale, cette inclinaison résulte tout simplement du premier tassement des murs extérieurs et aussi d’une taille
  • La lézarde de l’arc de l’entrée du chœur : « C’est positivement dans les premières années de la construction de l’église que le tassement du mur constituant l’arc d’entrée du chœur entraina les montants qui y étaient fixés et causa cette rupture. Mais le tassement s’est promptement arrêté par le resserrement des moëllons des murs intérieurs contre lesquels les montants étaient appuyés. Ces murs, à l’abri de l’humidité et s’élevant jusqu’au toit, formaient un appui autrement solide que les montants ».
  • Une des piles de l’entrée a subi des poussées : « La déviation résulte de l’inclinaison donnée par l’entrepreneur lui-même à la maçonne qui la constitue et qui est un peu moins épaisse à son sommet ».
  • Lézardes de la façade : « Elles sont entièrement superficielles ; elles existaient il y a 25 ans ; elles résultent du premier tassement du mur de façade dont la partie en moëllons s’était plus tassée et tassée plus vite que la partie en pierres de taille ».
  • Détérioration de la corniche extérieure : « Quelques pierres de crazanne se sont, il est vrai, détachées de la corniche du péristyle, le conseil reconnaît que les pierres des caissons qui ornent la corniche, offrent peu de solidité ; mais il croit qu’il n’y a réellement de danger de chute que pour les pierres des angles où les eaux pluviales s’amassent et séjournent quelques temps ; le conseil le reconnaît et il est d’avis que ces pierres aux angles soient supprimées ».
  • Murs du nord écrasés : « Ceci résulte de la chute abondante des eaux pluviales qui tombent en grande quantité en cet endroit. M. l’architecte du département a recommandé des travaux de réparation à ce point de l’édifice et notamment la pose de bonnes gouttières et d’un tuyau de descente pour porter au loin les eaux de pluie ».

Les observations faites par le conseil municipal semblent être pleines de bon sens et atténuent grandement l’effet catastrophe du rapport Liberge.  Le conseil conclut d’ailleurs fort justement en disant « que les conclusions de M. Liberge et la demande de reconstruction de l’église faite par le conseil de fabrique, ne peuvent être prises au sérieux ; qu’elles sont du reste presque contradictoire avec celles de M. l’architecte du département dont le rapport aboutit seulement à des réparations suffisantes pour garantir la solidité de l’église. Toutefois, le conseil municipal, n’étant pas assez confiant dans la compétence en ces matières, prie M. le préfet de vouloir envoyer de nouveau M. l’architecte du département avec un expert pouvant s’introduire dans les combles et visiter minutieusement les charpentes de manière à faire un rapport exact de leur état et de toutes les réparations nécessaires pour éviter une reconstruction complète à laquelle la commune ne pourrait évidemment songer ».

A la lecture de cette histoire, on sent très bien qu’il y a une animosité, une inimitié voire de la zizanie entre le conseil de fabrique et le conseil municipal et, comme ce dernier l’indique, M. Liberge « est trop entré dans les idées et dans les intentions de ceux qui l’avaient appelé ». Mais qui a bien pu faire appel à lui ? Qui a payé le long rapport qu’il a fourni ? Pourquoi ce rapport manifestement erroné a-t-il été rédigé ?  Dans quelles intentions ?   Pour apporter un début de réponse à toutes ces questions, il faut savoir que   Emmanuel Etrillard est maire depuis 1876 mais il l’avait été aussi de 1871 à 1874 remplacé alors par M. Rouxel qui, lui, avait été maire de 1855 (il avait alors remplacé Mathurin Robert) à 1865 puis de 1874 à 1876. Existait-il une jalousie entre ces deux personnes ? M. Rouxel espérait-il obtenir un troisième mandat de maire en 1876 ? Toujours est-il que, avec l’élection de M. Etrillard, le conseil municipal fut entièrement renouvelé et que, par contre, M. Rouxel resta membre du conseil de fabrique ; il s’entendait très bien avec le clergé, d’abord l’abbé Bonté puis l’abbé Grasland qui fut nommé recteur de La Gacilly en 1878. Il faut aussi se rappeler que, en janvier 1881, le conseil de fabrique avait déjà annoncé que l’église « menaçait ruines ». Il est évident que M. Liberge a poursuivi avec cette idée de reconstruire une église mais, lui aussi, n’avait-il pas une idée derrière la tête en pensant qu’il serait choisi pour effectuer cette nouvelle construction ? Un troisième personnage, l’abbé Grasland, n’avait-il pas des ambitions personnelles et n’est-ce pas lui qui aurait commandé le rapport Liberge ? Il faut se souvenir que ce fut lui le destinataire de ce rapport et qu’il prit soin de l’adresser à l’évêque en premier. Pour clore cette histoire, le conseil municipal fut réuni à nouveau le 1° octobre 1881 et dressa la liste des travaux à entreprendre d’urgence à l’église.

Le 4 octobre, le préfet donne son accord pour que ces travaux soient effectués en régie pour un montant de 450fr. Pour éviter les inconvénients de l’hiver, le maire souhaite qu’une première tranche de travaux soit mise en route le plus tôt possible ; il souhaite surtout faire poser les gouttières, les tuyaux de descente, un crépi sur le mur du nord, une partie de la couverture près du frontispice et consolider le petit escalier de la porte latérale. Pour cela, il demande que le devis estimatif dressé par l’architecte départemental soit modifié mais ce dernier refuse cette modification et maintien que l’ensemble des travaux doit être exécuté et qu’une adjudication soit lancée. Le maire est étonné de cette réponse car « la mauvaise saison est en effet beaucoup trop avancée pour qu’on puisse entreprendre des réparations auxquelles les pluies et les gelées nuiraient considérablement. M. l’architecte semble vexé de ce que le conseil a demandé…qu’‘il fasse une nouvelle visite accompagnée d’un expert capable de visiter la charpente. Il doit bien savoir cependant qu’il est trop âgé et c’est ce qui nous a paru lors du court examen qu’il fit de notre église en février dernier, c’est à dire pendant les quelques minutes qu’il mit à faire intérieurement et extérieurement le tour de notre église. (Il semblait surtout préoccuper de s’en aller). Je ne dois pas, du reste vous cacher M. le préfet, que M. l’architecte départemental n’a pas une grande réputation d’habileté près des entrepreneurs avec lesquels je me suis trouvé en rapport. Quoiqu’il en soit, le conseil mettra les travaux prévus en adjudication mais ils ne pourront désormais être effectués qu’au printemps ».

Quelques jours plus tard, le conseil se réunit et décide de commencer par les travaux les plus urgents, c’est à dire la pose des gouttières et des tuyaux de descente et la réparation de la couverture. L’adjudication au rabais pour ces travaux eut lieu le dimanche 8 janvier ; ce fut la soumission de Mme Vve Brécha, ferblantier à Redon qui fut retenue avec un rabais de 8%.

Le conseil municipal du 1° octobre 1882 relève que les travaux suivants ont été effectués : restauration de l’escalier en pierres conduisant à la porte latérale, réparation de la couverture au-dessus du frontispice, différents crépis sur le mur du nord, dallage sous les gouttières, trous dans la corniche pour le passage des gouttières, pose des gouttières et des tuyaux. Ce dernier travail fut terminé par Mme Vve Brécha le 26 octobre. La réparation de la toiture fut effectuée par M. Duval, négociant à La Gacilly et le reste des travaux fut réalisé par Vincent Morice de La Gacilly. Le montant de ces dépenses fut prélevé sur l’emprunt de 2.400fr.

2 septembre 1883 - Accident dans l’église

Voici le récit de cet incident rédigé le 3 septembre 1883 par M. Grasland, recteur de La Gacilly et envoyé à l’évêque de Vannes :

 « Hier, pendant la grand’messe, il est arrivé un accident qui a failli donner la mort au célébrant.

Au moment où M. le vicaire mettait le vin et l’eau dans le calice, une vitre s’est détachée de la voûte, de l’un des châssis qui éclairent l’église et est tombée sur sa tête, lui faisant au front une blessure de 3 à 4 centimètres. Le sang a jailli abondamment inondant le visage du prêtre et ses ornements. Le haut de la tête avait aussi des égratignures et les mains de légères blessures.

Je me suis empressé de bander ses blessures du mieux possible et la messe a pu être terminée par le même célébrant, avec peine et sans chant.

Après la messe, un médecin appelé en toute hâte, est venu laver les blessures et en retirer des parcelles de verre. Il a ordonné le repos au blessé. « Espérons, dit le médecin, que ce sera peu de chose ».  Aujourd’hui, la blessure principale, celle du front, est enflée et douloureuse ».

Ensuite, M. le recteur revient sur la lézarde de l’arc doubleau, sur la nécessité d’entreprendre très rapidement des travaux importants en rappelant à Monseigneur le rapport fait par l’architecte Liberge. A cette occasion, on apprend deux choses importantes : tout d’abord, c’est bien l’abbé Grasland qui a commandé ce fameux rapport à l’architecte nantais et aussi que l’évêque de Vannes était au courant de la démarche puisque M. le recteur parle

 « Du rapport que je vous avais promis ».

Mais cet incident de la vitre allait avoir d’autres répercutions car l’évêque s’empresse d’interpeller le préfet qui, lui-même, demande un rapport détaillé au maire gacilien. Comme celui-ci est absent, c’est M. Bourrée, conseiller municipal, qui rédige un compte-rendu de huit pages. Après avoir fait un rappel des conditions de construction de l’église, le pourquoi du tassement des murs, les travaux déjà exécutés, le conseiller municipal conclut : « Ce qui existe actuellement existait il y a trente ans et existera encore certainement dans trois cents ».

Avant d’en arriver à sa description des faits qui se sont produits, le conseiller municipal expose les raisons qui, selon lui, ont poussé M. le recteur a « gonflé » l’affaire : « M. le desservant de La Gacilly a une idée fixe, c’est d’avoir dans son histoire la construction d’une église. A Bains, à Sixt, à Carentoir et dans beaucoup d’autres communes autour de La Gacilly, les curés ont eu leur église. C’est à qui aura la plus belle ; ce sont bien entendu les habitants qui paient. Peu importe qu’ils soient réduits à habiter sous le chaume ou avec leur bétail pourvu que le prêtre puisse officier dans des temples somptueux ». Et la diatribe continue.   

Puis il en arrive à l’objet du rapport c’est à dire son compte-rendu de l’incident : « Le 2 septembre dernier, par une tempête affreuse, une ardoise, soulevée par le vent, brise une des vitres du châssis qui éclaire le chœur ; un morceau tombe sur l’officiant et lui fait une égratignure au front. Aussitôt, le desservant profite de la circonstance, « c’est parce que les fondations de l’église ne sont pas solides, c’est parce que les murs sont chancelants et les colonnes branlantes qu’une vitre a été brisée ». La tempête qui ailleurs abat des cheminées et enlève des toits entiers, n’est ici pour rien, c’est le mauvais état de l’église qui est cause de l’accident, il faut la rebâtir.

Tel est le speech que le desservant adresse à ses ouailles en leur montrant le bandeau ensanglanté qui couvre le front du vicaire. Tel est, Monsieur le Préfet, le rapport que j’ai l’honneur de vous adresser sur un accident fortuit auquel M. le desservant et M. l’évêque veulent donner l’importance d’un événement ».

Avant même de recevoir ce rapport, le préfet a déjà demandé à M. Maigné, l’architecte départemental, « de se rendre immédiatement à La Gacilly et de visiter l’église ; vous m’adresserez sans retard un rapport sur son état actuel, son degré de solidité et les mesures à prendre pour éviter le retour de l’accident qui s’est produit, les réparations nécessaires à la consolidation de l’édifice. Vous vous prononcerez, s’il y a lieu, sur la nécessité de la reconstruction ».

Le conseil municipal, réunit le 9 septembre, décide de faire les travaux nécessaires aux châssis et même de consolider tout l’édifice en reliant les deux murs de longère au moyen de trois tirants en fer. L’architecte se rend à La Gacilly et déclare que « depuis deux ans, elle n’a rien perdu de sa solidité ». Par contre, il préconise que « les châssis soient vitrés en verre double et non en verre simple et qu’un treillis en fil de fer fut placé dessus et dessous les châssis ». Puis il rappelle que la saillie de la corniche doit être diminuée.

Le 11 septembre, le préfet adresse à l’évêque une lettre plutôt virulente pour lui dire que l’incident du 2 septembre est bien dû à la tempête mais surtout pour lui faire comprendre que «  l’église de La Gacilly a coûté plus de 100.000fr » et que «  si elle a l’architecture de temple grec, c’est une affaire de goût qui prouve que le desservant de 1842 avait d’autres idées architecturales que le desservant de 1883 et cette divergence d’opinion ne peut vous porter à interdire cette église dont la forme, jusqu’à ces dernières années, n’avait pas été critiquée ». Le préfet ajoute que de menus travaux suffiront pour éviter le retour d’un autre incident et qu’il est hors de question de songer à la construction d’une nouvelle église. Une copie de cette lettre fut envoyée au Ministre de la Justice et des Cultes.

Le 24 septembre, le Ministre demande un rapport détaillé au préfet sur la situation de l’église de La Gacilly. Ce rapport lui est adressé trois jours après. Début novembre, les cinq châssis ont été remplacés et vitrés en verre double.

 

Consolidation de l’église

3° tranche de travaux

Un nouvel architecte, M. Lenoir de Nantes a visité à son tour l’église de La Gacilly et est « d’avis que les lézardes de l’arc doubleau n’ont pas un caractère qui puisse menacer la sécurité ». Il préconise cependant la démolition d’un contrefort et de la corniche sur 2,50m pour y « encastrer seize ancres et d’y installer des tirants ».

Le Ministre adresse une nouvelle directive au préfet lui demandant de « faire visiter l’église de La Gacilly par deux architectes : M. Gout, architecte diocésain résidant à Paris et M. Maigné, architecte départemental de manière à terminer avantageusement un conflit dans lequel les passions locales semblent tenir une trop grande place ».

M. Gout, l’architecte diocésain se « défile » et demande à être remplacé par M. Paul Grau, inspecteur des édifices religieux du Morbihan. Puis il se ravise et propose une visite de l’église le samedi 17 mai, accompagné de M. Maigné. Le préfet demande au maire d’être sur place ce jour-là ainsi que le président de la Fabrique.

Suite à cette visite, M. Gout rédige un rapport qui préconise « la construction de contreforts en pierres de taille placés des deux côtés de l’édifice et autour du chœur au droit des fermes. Ces contreforts devront être construits par redents formant talus successifs et fondés sur un sol absolument résistant ». Puis la mise en place « de tirants en fer rond avec aiguilles pendantes à chaque ferme à la hauteur de la naissance du berceau et en prolongement des moises de la charpente des bas-côtés. Ensuite, l’assainissement de l’édifice par le drainage, la canalisation superficielle, l’établissement de gouttières et de descentes et d’un dallage ayant pour but d’éloigner l’humidité du pied des murs. Enfin, la diminution de la saillie de la corniche et du fronton qui la surmonte, cette opération comprenant la dépose, le retaillement, la repose avec crampons en cuivre des assises composant ladite corniche. Lorsque ces modifications auront été apportées à l’église de La Gacilly, son état de stabilité aura perdu ce qu’actuellement il paraît avoir d’alarmant ». De son côté, l’architecte départemental approuve ces décisions et ajoute que, dès 1874, il y a donc dix ans, il avait préconisé les contreforts ainsi que la retaille de la corniche et la banquette en dallage au pied des murs.

Le 3 juin, le préfet demande au maire de choisir un architecte pour que des plans et un devis soient élaborés. Quelques jours plus tard, le maire annonce au préfet  que M. Lenoir, architecte à Nantes « un des plus capables que nous ayons en Bretagne, n’a pas cru à la nécessité de construire d’autres contreforts  ni surtout à la diminution de la saillie de la corniche ce qui entraînerait la commune dans des dépenses énormes, la toiture reposant sur l’extrémité de cette corniche serait donc aussi à refaire ; il dit au contraire que les quelques pierres tombées peuvent être remplacées et que celles qui seraient reconnues défectueuses seraient changées. Sa conclusion est que, cela fait avec la pose des tirants en fer qu’il indique pour relier les deux longères, l’église ne peut plus rien présenter d’inquiétant pour la sécurité des fidèles ».

Après avoir consulté l’architecte départemental qui n’a pas l’air d’apprécier la visite de son confrère nantais et qui déclare que « les contreforts sur les deux faces latérales paraissent fort nécessaires », le préfet demande au maire de s’en tenir aux travaux décidés par M. Gout, architecte diocésain et M. Maigné, architecte départemental.

Au début du mois de juillet, l’entreprise de la Vve Brécha de Redon appose des gouttières avec des descentes en tuyaux de fonte et place un urinoir dans la sacristie.

Dans sa lettre du 29 juillet, le maire fait de nouvelles propositions au préfet au sujet « de la corniche du péristyle afin d’éviter d’en détruire la partie architecturale, ce qui arriverait infailliblement si la corniche était coupée ».

Première suggestion : « Ne pourrait-on pas se contenter d’un fer méplat placé aux Deux-tiers de la saillie et supporté par des consoles en fer, le tout peint couleur pierre »

Deuxième suggestion :  toute la corniche n’est pas en mauvais état et « seuls quelques modillons peuvent donner des craintes, ne pourrait-on pas les soutenir par des tiges de cuivre ou de fer galvanisé traversant la corniche ».

« Les idées sus-indiquées, communiquées à des personnes compétentes en pareille matière, ont eu leur approbation aussi nous ne doutons pas qu’elles soient admises par Messieurs les architectes et par vous ».

L’architecte départemental, consulté une nouvelle fois, maintient la solution qu’il a déjà proposée, c’est à dire la diminution de la saillie de la corniche ; pour lui, les suggestions du maire ne sont que des palliatifs et, qu’en peu de temps, ce sera insuffisant. Il admet cependant que « pour mon compte, je ne vois aucun inconvénient à ce que la commune fasse comme elle le propose, prenant pour elle seule la responsabilité des travaux qu’elle préfère exécuter ».

De guerre lasse, le préfet demande au maire de convoquer une réunion extraordinaire du conseil municipal pour que celui-ci décide de la suite à donner à cette affaire. Ce dernier préconise de faire appel à un nouvel architecte, M. Dupuis de Redon qui, le 12 août 1884, adresse un devis qui propose « un système de rattachement des modillons défectueux avec la partie supérieure de la corniche au moyen de fers plats et goujons en cuivre. Cette ferrure étant nullement apparente, l’architecture du portique sera conservée intacte ». Le montant du devis s’élève à 5.847,50fr ; en plus des travaux de la corniche du péristyle, il comprend également la pose de tirants en fer et un entourage en pierres plates tout autour de l’édifice. Le 18 août, le conseil de fabrique approuve ces travaux mais déclare ne pas pouvoir participer aux frais occasionnés vu l’état de ses ressources et surtout qu’il est obligé « de solder seul la pension de M. le vicaire ».

Dans sa séance du 17 août, le conseil municipal approuve les travaux en y ajoutant une réparation à la voûte et vote un emprunt de 4.000fr pour leur exécution et remboursable en huit ans. Il demande un secours exceptionnel au département et à l’État pour faire construire les contreforts extérieurs. Le préfet s’empresse de demander un secours au Conseil Général. M. Évain, alors conseiller général du canton, intervient pour obtenir un secours de 1.000fr. Par contre, avant de s’adresser au Ministre de la Justice et des Cultes, le préfet « épluche » les comptes de la commune et il s’aperçoit qu’‘à une ligne de crédit, 886fr sont disponibles pour ce genre de travaux ; en plus, le budget de l’année fait apparaître un excédent de 2.368fr. Dans ces conditions, la commune n’a plus besoin du concours de l’État et même, au lieu d’emprunter 4.000fr, elle pourrait se contenter de 1.600fr. Dans sa lettre du 12 octobre, le maire essaie de trouver de bonnes raisons pour obtenir ce secours tant espéré ; il fait remarquer que le devis ne comporte pas la construction des autres contreforts. A la lecture de cette lettre, le préfet demande un nouveau devis dont le montant s’élève à 6.559,30fr. et il se décide à écrire au Ministre pour lui demander un secours de 1.000fr ; sur le vu de la situation financière de la commune, ce dernier refuse d’octroyer le secours demandé.

Dans sa séance du 14 décembre 1884, le conseil municipal décide alors de ne pas faire construire les deux contreforts prévus « dans la partie cintrée de l’église formant le chœur » ; par contre, il maintient que quatre contreforts soient érigés sur la longère nord, que les tirants en fer et la garniture de pierres plates autour de l’église soient posés et que la réparation de la corniche soit effectuée pour un montant de 4.492,20fr. Le préfet donne son accord mais les travaux ne commencent toujours pas. En février 1885, le maire fait remarquer au préfet que les comptes de l’année passée se sont soldés par un déficit de plus de 3.000fr à cause de la construction des maisons d’école, d’une subvention à l’instituteur pour son cours d’adultes, le projet d’étude d’un chemin de fer d’intérêt local de Redon à Ploërmel, d’une clôture provisoire pour la nouvelle école. Vu la situation, le maire réclame à nouveau une aide de l’État. Le préfet, s’adressant au Ministre de la Justice et des Cultes, lui demande un secours exceptionnel en faisant remarquer que « la commune de La Gacilly, très dévouée à nos institutions, est une de celles qui marchent le plus résolument dans la voie du progrès ». Le Ministre accorde alors une aide de 1.500fr. Le préfet préconise au maire de faire un emprunt de 4.000fr au Crédit Foncier plutôt qu’à la Caisse des Dépôts et Consignations car il pourra alors demander le remboursement sur trente ans au lieu de huit. Dans sa délibération du 15 mars, le conseil municipal suit les recommandations préfectorales et le préfet signe l’arrêté permettant enfin le début des travaux. Le 10 avril, un contrat est signé entre le maire et M. Auguste Richer entrepreneur à Redon ; celui-ci s’engage à exécuter à forfait les travaux prévus approuvés par le préfet le 8 avril 1885.

  Le 13 septembre, M. le maire donne lecture au conseil municipal d’un rapport de l’architecte, M. Dupuis, qui, lors d’une visite sur le chantier, s’est aperçu que la saillie de la corniche était maintenue par des tiges de fer avec crampons non traités pour les préserver de l’oxydation si bien que le travail du fer a fait éclater la plus grande partie des pierres qui n’ont plus aucune adhérence et menacent de tomber.

La méthode prévue au devis pour réparer cette saillie n’est donc plus valable. Il faut envisager autre chose. L’architecte propose de faire supporter chaque modillon par une console qui ne nuira pas à l’architecture générale. Bien entendu, cela entraine une dépense supplémentaire de 1.383,10fr, somme dont la commune ne dispose pas. Le conseil municipal est d’accord d’entreprendre d’urgence ces nouveaux travaux, les échafaudages étant en place. Pour cela, il demande au préfet un nouveau secours du même montant que le devis. Le conseil général accorde un secours de 300fr et le reste, c’est à dire plus de 900fr, est demandé au Ministre de la Justice et des Cultes par le préfet qui n’oublie pas de signaler que la commune de La Gacilly est « dévouée au Gouvernement comme elle l’a prouvé aux dernières élections en accordant aux candidats républicains 224 voix sur 337 votants ».

Un secours de 900fr sera accordé et permettra de solder les dépenses de consolidation de l’église. Il faut se rappeler que les tractations avaient commencer au début de l’année 1881 et que cet édifice ne fera plus parler de lui jusqu’en 1909.

1905 - Séparation des églises et de l’État

(L’Arvor n° 76 du mercredi 7 mars 1906)

Encore une paroisse qui vient d’avoir les honneurs de l’état de siège.

 Mercredi dernier, 28 février, vers les 11 heures du soir, un train spécial partait de Vannes et emmenait à Redon 200 à 250 soldats du 116° d’infanterie et une quarantaine de pandores.

 Vers 1h1/2 du matin, la troupe débarquait et tout aussitôt était dirigée vers un ennemi qu’il s’agissait surtout de surprendre endormi.

Comme dans bien d’autres paroisses, il fallait donc devancer le jour, s’emparer par-dessus tout de la porte entr’ouverte, cerner une église et empêcher toute manifestation. Mais on veillait à La Gacilly depuis la première tentative, si infructueuse pour le receveur d’enregistrement et quand les braves gendarmes se présentèrent, l’église était déjà occupée, portes bien closes et barricadées.

 Trop tard ! murmura le brigadier dans un de ces sourds et tibles grognements dont

 Et, comme dans la chanson, ……pandores de répondre : « ……vous avez raison ».

Cependant, le zélé et vigilant recteur, M. Lucas, avait devancé la troupe et s ‘était posté, près de la porte barricadée, à l’extérieur, attendant de pied ferme ses étranges visiteurs.

Un commissaire qui se dit spécial, très spécial en effet, s’avance vers lui et, au nom de la loi, lui ordonne d’ouvrir. Le refus le plus catégorique ne se fait pas longtemps attendre. Aussitôt le tintement lugubre de la cloche, répercuté par les collines voisines, annonce aux Gaciliens, qu’un quartier de leur ville est assiégé. Bientôt plus de 200 personnes accourent et, massées derrière les cordons de troupe, commencent à chanter des cantiques et à réciter des chapelets.

Vers 7 heures, le Monsieur très spécial revient accompagné du receveur d’enregistrement- Nouvelle sommation- nouveau refus de la part de M. Le Recteur. Dans sa protestation, dite d’une voix ferme, il en appelle au Conseil d’État ( voir ci-après lettre de M. le Recteur) de toutes les irrégularités commises par les mandataires du gouvernement, flétrit, de toute l’énergie de son âme, cette loi que le chef des chrétiens, Pie X, vient de condamner de la façon la plus formelle et termine en disant : «  Si vous n’aviez pas agi comme  …des oiseaux nocturnes, vous auriez trouvé devant vous la première fois, tous les vrais catholiques de La Gacilly et certes, ils sont nombreux ; mais du moins, en leur nom, je défendrai cette porte et avant que vous ne la brisiez, vous devrez m’en arracher par la violence ».

 Comme le commissaire s’avançait : « Ce que vous faites là est illégal » - « J’ai des ordres auxquels j’obéis ». – « Moi, j’obéis à ma conscience ; faites votre besogne si vous l’osez ».

Sur l’ordre du commissaire, deux gendarmes de La Gacilly s’emparent de M. le Recteur et le bousculent. Ce qui attire une observation assez sèche de la part du commissaire. D’ailleurs, nos pandores gaciliens de passage on les dit Auvergnats- ont été d’un cynisme et d’un zèle que nous signalons à Rouvier, Combes, Fallières, du Chaylard, Barbotin et consorts.

La porte attaquée par les cambrioleurs officiels résista longtemps aux pinces, leviers, barres de fer ; il fallut employer les haches des sapeurs pour la briser.

Alors le Monsieur spécial se tournant vers M. le Recteur, et lui montrant la porte cambriolée et ouverte, lui dit d’un ton qu’il essaya de rendre spirituel : « A vous l’honneur, M. le Curé » - « Monsieur, ajoute celui-ci, n’attendez pas de moi que je vous fasse les honneurs de mon église, ni que je vous introduise par une porte que vous venez de briser ».

Le commissaire entra suivi du pauvre receveur d’enregistrement, flanqué de ses pandores. Quelques notes prises à la hâte et l’inventaire de l’église est terminé.

Le groupe officiel se dirige alors vers la sacristie dont la porte est aussi barricadée. Après les sommations et le refus réitéré d’ouvrir, les crocheteurs font leur œuvre- un panneau de la porte est brisé. Le receveur d’enregistrement parcourt du regard quelques tiroirs et se retire, déclarant que le « prélude de la spoliation » est accompli.

La foule, pendant tout ce temps, massée derrière les troupes et les gendarmes, n’avait cessé de chanter et de prier. Libres enfin de pénétrer dans leur église, les Gaciliens, défenseurs de leur foi et de leur liberté, reçurent la bénédiction du Très Saint Sacrement.

 Bonne journée qui, espérons-le, ouvrira les yeux à bien des gens. Un témoin.

 Même récit rapporté par la Semaine Religieuse du mars 1906 page 191

La Gacilly

Après une tentative inutile, les opérations de l’inventaire ont mis La Gacilly en émoi, jeudi dernier. Deux compagnies du 116° étaient commandées pour prêter main forte. Parties de Vannes à 9h du soir, elles cernaient l’église à 6h du matin. Mais déjà elle était bien fermée. Protégé par des gendarmes, l’agent du fisc arrive et le curé proteste avec vigueur ; il défend de son corps l’entrée de son église. Des crocheteurs la forcent et enfoncent aussi la porte de la sacristie. Un quart d’heure après, l’inventaire était terminé. Pourquoi tant d’apparat pour une comédie ?   Il est évident que cet inventaire ne signifie rien ; ce que l’État veut, c’est glisser la main sur le bien d’autrui.

Lettre de Pierre-Marie Lucas recteur de La Gacilly qu’il a lue avant le début des opérations d’inventaire le 1° mars 1906 et qu’il a demandé de faire figurer sur le rapport d’inventaire ce qui fut fait. (Voir le rapport en question)

Monsieur

Je proteste de toutes mes forces contre l’acte que vous allez accomplir. Une raison m’en donne le droit ; une autre m’en impose le devoir.

Vous n’avez pas rempli, Monsieur, toutes les formalités légales. Le règlement d’administration, en vertu duquel vous prétendez agir, exige formellement la convocation du Président du Bureau des Marguilliers. Or jamais cette convocation n’a été faite : il y a eu erreur de personne. Je défère donc au Conseil d’État l’arrêté préfectoral que vous me notifiez.

Jusqu’à ce que le Conseil d’État ait statué, j’ai légalement le droit de m’opposer à l’inventaire.

Une autre raison plus grave m’en impose le devoir. La loi de séparation vient d’être solennellement condamnée par le Souverain Pontife. Avec lui, je la condamne comme doit le faire tout catholique. Loin de me prêter à son exécution, j’opposerais la force si je le pouvais. Si vous vous étiez présenté au grand jour, au lieu de venir la nuit et par surprise, tous les vrais catholiques de La Gacilly seraient ici pour empêcher l’acte sacrilège que vous allez accomplir. Pour moi, je donnerais volontiers mon sang pour défendre les droits de l’Église. Avant de briser cette porte, il faudra du moins que vous m’en arrachiez par la violence.

 J’ai la conscience de faire ainsi mon devoir ; faites votre besogne, si vous l’osez.

 P M Lucas  

5 février 1906

Autre lettre écrite par le Recteur Lucas pour les membres du Conseil de Fabrique

Monsieur

 

 Nous, soussignés, membres du Conseil de Fabrique de l’Église de La Gacilly, protestons de toutes nos forces contre l’acte que vous êtes chargé d’accomplir. Cet acte n’est à nos yeux que le prélude d’une spoliation à laquelle il nous est impossible de participer. Les biens dont on nous a confié la gestion, appartiennent à l’Église ; avant que le Chef de l’Église n’ait parlé, nous ne pouvons-nous prêter à aucun inventaire.

 Nous vous refusons donc, pour pareille opération, l’entrée de cette Église. Si, plus tard, avec l’appui de la force, il est passé outre à notre protestation, nous réservons formellement d’avance, tous les droits du Souverain Pontife, tous les droits de la Fabrique, ainsi que ceux des personnes charitables qui ont mis au service du Culte certains objets dont elles entendent garder la propriété. Nous allons prier Dieu de pardonner à ceux qui commandent de tels actes et d’être indulgent envers ceux qui sont forcés de les exécuter.

La Gacilly le 5 février 1906

 

Consolidation de l’église

4° tranche de travaux.

Le 21 février 1909, le conseil municipal « prie M. le maire de demander à M. Leray, architecte à Nantes, quelle somme il juge nécessaire pour faire les réparations à l’église ». Une commission des travaux est créée « pour examiner de plus près cette affaire ». Un mois plus tard, le 25 mars, cet architecte adresse au maire un imposant dossier comportant une série de prix (cahier n°1), un cahier de clauses (cahier n°2), un rapport (cahier n°3) et un devis (cahier n°4). Dans son rapport, l’architecte signale, comme travaux à envisager, la consolidation de la saillie de la corniche du péristyle, la charpente de la nef mais surtout le mur du fond du  « chœur de l’église car, par suite de la poussée de la charpente et de la couverture, les murs se sont déversés dans la partie supérieure et des fissures graves se sont produites ; la corniche de ce chœur est en pierre blanche complètement disloquée ; les témoins en plâtre que nous avons fait apposer sur ces pierres dans le courant de l’année dernière, se sont brisés, ce qui indique que le mouvement de poussée continue toujours à se produire

A cause de la difficulté d’exécution que présenteront certainement ces travaux, nous pensons qu’il serait préférable qu’ils ne soient pas mis en adjudication publique mais qu’ils soient confiés à des ouvriers du pays suivant un marché de gré à gré. Nous jugeons qu’il est absolument nécessaire qu’ils soient faits pendant la belle saison ». 

Pendant la séance du conseil municipal du 4 avril, le maire fait remarquer que deux emprunts viennent à échéance à la fin de l’année 1910 et, en les prorogeant, la commune pourrait disposer de 11.725fr à partir du 1° janvier 1911. De cette somme, 6.125fr seraient réservés à la consolidation de l’église ; le reste serait employé à la peinture des halles, à l’élargissement de la rue St-Vincent ainsi qu’au recouvrement de son puits, des bordures de trottoir au Champ de Foire ainsi qu’à son nivellement et à son empierrement. Le conseil municipal approuve cette proposition et demande une subvention exceptionnelle au Conseil Général. Le maire adresse ensuite un courrier au préfet en lui précisant « nous n’avons qu’un homme susceptible de surveiller ces travaux, c’est M. Rousseau l’agent-voyer ».

Dans sa réponse, le préfet fait remarquer que, pour pouvoir autoriser un tel emprunt, il lui faut connaître le montant exact de la dépense de chacun des travaux avec des devis et des plans. Le 20 avril, le Conseil Général refuse d’accorder un secours, le dossier présenté étant incomplet ; c’est la raison pour laquelle le préfet demande une réunion extraordinaire du conseil municipal qui devra approuver la décision d’emprunter, de déterminer la durée de cet emprunt et les moyens prévus pour son remboursement. De plus, il autorise le marché de gré à gré, un conseiller municipal pouvant être choisi à condition qu’il ne prenne pas part aux délibérations. Des soumissions furent signées par Joseph Chantreau pour la serrurerie, par Villeneuve pour la zinguerie, par Jean Le Chêne pour la maçonnerie et par Pierre Brien pour la charpenterie

Quelques jours plus tard, il autorise la commune de La Gacilly à contracter un emprunt de 11.725fr remboursable en 30 ans au Crédit Foncier de France à partir de 1911 ; il approuve les certificats de solvabilité des entrepreneurs rédigés par le maire ; enfin, le 16 août, il annonce que la Commission Départementale a accordé une subvention de 600fr pour les travaux de l’église et que l’agent-voyer cantonal peut assurer la surveillance de ces travaux.

Le 26 mai 1910, le maire adresse au préfet le procès-verbal de réception définitive des travaux.

Travaux d’entretien

1916

Suite à la tempête des 27 et 28 mars qui « a occasionné des dégâts relativement importants aux bâtiments communaux, tout particulièrement à la toiture de l’église dont une partie en fut détachée », le maire demande au préfet l’autorisation « à prendre la somme nécessaire sur le crédit porté à l’article 72 du budget primitif de 1916 (éclairage des rues) » pour pouvoir faire les réparations urgentes

1928

Dans sa réunion du 3 mars, le conseil municipal est mis au courant d’un devis établi par M. Morin, agent-voyer, pour des réparations à effectuer à l’église en particulier le rebouchage de crevasses et des travaux de peinture, des réparations aux persiennes et à la toiture. Le montant du devis s’élève à 10.000fr et le conseil municipal demande une subvention spéciale pour pouvoir réaliser ce projet. Dans sa lettre d’envoi, le maire, M. Bruc, précise qu’il souhaiterait que ces travaux fussent exécutés rapidement car Mgr l’évêque viendra à La Gacilly pour la confirmation ; il précise que «  la pluie tombe dans l’église par des endroits où la zinguerie est usée, l’intérieur de cet édifice porte des crevasses et les murs sont tachés de raies jaunes provenant de l’humidité »   puis il ajoute «  J’ai reçu un sal héritage pour gérer une commune qui n’avait pas le sou et dont les travaux urgents affluent…..Pour l’emprunt de 8.000fr destiné pour la chapelle Saint-Jugon, j’ai eu tout de suite l’adhésion du conseil, mais il n’en fut pas ainsi lors du vote du budget au mois d’août dernier quand j’ai exposé la situation financière de la commune, la question d’un nouvel emprunt de 20.000fr en avait épouvanté quelques-uns qui hurlaient et ont même quitté la salle »

1932 : A la demande de M. le Recteur pour la venue prochaine de Mgr l’évêque à l’occasion de la confirmation, la municipalité a commencé dans l’église d’importants travaux de menuiserie, de plâtrerie et de peinture. Déjà la sacristie, l’arrière sacristie, la table de communion, le marchepied du maître-autel, le tambour côté sud, les boiseries de la nef ont été rafraîchis, donnant à l’église un air de propreté et de jeunesse. Nous en remercions vivement la municipalité en notre nom et au nom de la paroisse ainsi que les ouvriers qui effectuent le travail. (BP de mai 1932)

1936 : les travaux entrepris au portail de l’église ont nécessité l’enlèvement de la planche mutilée des inventaires. Vous la retrouverez à la sacristie où, bien en vue, elle sera conservée respectueusement à une place d’honneur (BP d’août 1936).

 1952 : un brin de toilette ne fait pas de mal. Notre église paroissiale en sait quelque chose. Depuis plusieurs semaines, elle a été grandement troublée dans son recueillement habituel. Les ouvriers, sous la direction de M. Carlier, l’ont encombré d’échafaudages, ont fait résonner ses voûtes du bruit intempestif de leurs marteaux, l’ont mutilée jusque dans son dallage, au risque d’en faire une embuscade dangereuse pour ceux dont les pieds sont trop éloignés des yeux ; mais ils n’ont pas fait que cela : ils l’ont nettoyée aussi, ils l’ont repeinte, ils ont remplacé ses verrières trop claires par des vitraux qui, en atténuant sa lumière, la rend plus pieuse. Et désormais, nous avons plaisir, après avoir gravi les marches du perron, à pénétrer dans un sanctuaire propre, recueillant, élevant l’âme vers l’Hôte Divin qui en est le centre. Félicitations à notre municipalité pour cette louable initiative. (BP d’avril 1952).

1957 : La Place de l’église. Après la place du champ de foire, c’est au tour de la place de l’église de recevoir son revêtement de bitume. Et les deux marronniers, contemplant le cylindre de Ferdinand qui tourne inlassablement autour de l’église en oublient de perdre leurs feuilles. (BP de novembre 1957)

1959 :   revenons encore en arrière pour noter que notre maître-autel s’est embelli d’une jolie garniture de chandeliers en bronze massif avec croix assortie et courtine liturgique de fond. Tous nous ont exprimé leur contentement et les frais de cette acquisition sont déjà couverts aux trois-quarts par de généreuses et souvent bien méritoires offrandes. (BP août 1959)

 1960 :  des travaux importants furent exécutés pour refaire la façade en particulier.

: Dimanche 25 septembre, il convient de noter les très belles exécutions musicales faites durant les offices sur notre harmonium remis en parfait état, ce qui ne lui était pas arrivé depuis 1907 nous a dit l’organier (BP d’octobre1960)

 

Restauration

1961 : Notre église « comprend un monumental fronton de style néo-grec, style Panthéon, dont la masse énorme repose sur quatre grosses colonnes. Si elles venaient à céder, vous pressentez ce qu’il adviendrait. Mais elles ne cèderont jamais, direz-vous. Les avez-vous bien observées pourtant ? Si vous le faîte, vous constaterez deux choses : d’abord une déviation très nette de celles-ci ; vues de profil, elles ne sont plus dans l’alignement sûrement impeccable de leur pose initiale, ensuite des fissure sen plusieurs endroits de leur partie médiane ou supérieure, de telle sorte que, au moins pour deux d’entre elles, la surface portante se trouve en fait extrêmement réduite. D’où sont provenues cette flexion et ces craquelures ? Vieillissement de la pierre, gel, affaissement du terrain ? Mais le fait est le fait et il ne peut être qu’inquiétant. Il importe de ne pas risquer le pire. Aussi la municipalité – qui a la charge des bâtiments du culte – a-t-elle prudemment résolu d’entreprendre des travaux de consolidation et de réfection qui devraient commencer au début de mai prochain. D’autres s’ajouteront dans la suite ».  (BP février 1961)

 Ces travaux concernent, extérieurement, le clocher et sa croix, le ravalement des colonnes, du fronton et de toute la façade du péristyle. Intérieurement, le dallage de la nef et du chœur…

Évidemment, l’église sera désaffectée durant toute cette période. Dans les premières semaines, les cloches ne pourront être utilisées. Les offices seront célébrés au patronage Nous supporterons avec bonne humeur tous ces nécessaires inconvénients. (BP mai 1961)

Depuis le 1° juin, on y travaille à notre église. Le résultat ? Rien de bien merveilleux pour le moment. Un peu plus de blancheur certes, mais aussi, dans cette blancheur, des lézardes mieux dessinées, des trous sombres, béants comme des plaies ouvertes et qui accusent la gravité du mal dont souffrait insidieusement l’édifice…Nous avions envisagé de faire coïncider, avec la fin des travaux et pour que le cadre en fut parfaitement seyant, la célébration du centenaire de l’arrivée des Religieuses dans la paroisse. De toute nécessité, et évidence, il faut y renoncer et remettre la fête à plus tard.

Des changements importants sont intervenus dans l’édifice : les statues d’angelots placés de chaque côté du maître-autel disparaissent, les lustres sont supprimés  ainsi que les très grands chandeliers ; la balustrade servant de sainte table est également enlevée ; l’horloge disparaît ; les statues de Sainte-Thérèse et de Saint-Antoine sont déplacées et mises dans le fond de l’église ; dans la nef, la chaire est enlevée de la deuxième colonne de gauche et placée à l’entrée du chœur mais sans son abat-son ; les rangées de bancs sont remplacées par des rangées de chaises.

Une transformation qui’ elle, ne pourra manquer de s’apercevoir immédiatement, c’est celle qui concerne notre système d’éclairage. L’ancien avait sans doute rendu de grands services, il avait marqué un réel progrès sur les lampes à huile ou pétrole de jadis, mais il était devenu à son tour anachronique, n’éclairait que très partiellement et faisait veillée funèbre. Il avait en outre l’inconvénient d’encombrer indûment les colonnes de l’église et ce n’était pas spécialement gracieux. Quant aux lignes d’alimentation, mieux vaut n’en pas parler. Désormais tout est rénové, une lumière très rayonnante est diffusée, les plus mauvais yeux pourront voir et, en conséquence, nous l’espérons, il y aura plus de missels à s’ouvrir et les offices du matin seront mieux suivis. (BP octobre 1961)

1962.

La restauration de l’église se poursuit activement. Les tailleurs de pierre se sont attaqués à la partie la plus délicate de leur travail, les colonnes du péristyle dont le sommet surtout était éclaté sous l’effet d’une armature rongée par la rouille. Et l’intérieur ? nous demande-t-on souvent. Hélas ! toutes choses en son temps, nous ne sommes pas au bout de nos peines et de notre patience. Mais ne désespérons pas, tout arrive à qui sait attendre. (BP mars 1962) 

C’est avec grand soulagement que nous avons vu disparaître les échafaudages que, voici presque une année, on avait dressé devant la façade de notre église (BP juin 1962)

« Quant à la restauration de notre église, l’extérieur terminé, et passé la période d’été où nous ne pouvions songer à évacuer l’édifice en raison de l’affluence, voici donc qu’à cette du 27 août s’entreprennent les importants travaux de réfection intérieure : rafraichissement des peintures murales mais surtout le dallage du chœur et de la nef. Nous avons trouvé refuge dans la salle du patronage que nous avons donc aménagée de notre mieux en église provisoire. Gageons qu’on ne s’y trouvera pas trop mal et espérons surtout que ce sera de courte durée. Lors du transfert des bancs dans le nouveau lieu de culte, il nous est apparu qu’ils étaient encore en plus mauvais état que nous ne l’imaginions et difficilement réparables. Après bien des hésitations et des consultations, nous avons donc résolu de les remplacer. Nous ne pouvons douter de l’approbation générale ni du soutien qui nous est indispensable pour une aussi grosse dépense. Il faut absolument que chaque famille le comprenne ».  (BP septembre 1962)

En 1962, le concile Vatican II ayant préconisé de rapprocher le prêtre des fidèles, des modifications importantes sont décidées : l’autel ancien est abandonné et remplacé par un autel provisoire en bois face au peuple. La chaire, privée de son chapiteau, est placée dans le chœur et l’harmonium prend sa place. La table sainte, les lustres, les deux grands anges blancs placés de chaque côté de l’autel, tout cela disparaît.

Les travaux de restauration de notre église avancent ; on en est à « l’heure des peintres. Murs, voûte et colonnes ont été l’objet de tous les soins d’une équipe redonnaise active. La couleur choisie, un blanc-bleuté, devra atténuer, pensons-nous, la trop blanche lumière qui tombe à travers les vitraux de la voûte. Mais il faudra attendre que tout soit terminé pour juger de l’effet produit, nous espérons qu’il sera celui que nous avons cherché, favorisant le recueillement, l’élévation de l’âme, l’éveil de belles pensées ».  

Autre travail maintenant terminé : l’enlèvement du vieux dallage. L’opération, réalisée par une équipe plus locale, n’a guère duré que trois jours et nos antiques dalles schisteuses tant piétinées par des générations de Gaciliens, sont devenues sous les pics et marteaux des démolisseurs impitoyables, de vulgaires pierres à chemin. O déchéance ! Il nous semblait entendre des gémissements…Maintenant donc tout est prêt pour le nouveau pavage, ce qui va aller vite, croyons-nous.  (BP octobre 1962)

Aujourd’hui, 25 novembre, tout n’est pas terminé de nos travaux d’église mais ce qui reste à faire, à savoir principalement le dallage de l’allée centrale et du chœur, doit s’exécuter rapidement, nous assure-t-on. Quant au mobilier nouveau, vers le 15 décembre, il doit nous être livré. En conséquence, il nous est enfin permis d’entrevoir la rentrée dans l’église et même d’en fixer la date au dimanche 23 décembre, avant-veille de Noël.

Cette rentrée doit faire figure d’événement dans notre petite histoire paroissiale. Depuis l’année 1859 où fut bénite solennellement par l’évêque de Vannes notre église, rien de comparable n’avait été fait pour elle, rien d’aussi important, rien d’aussi substantiellement nouveau et c’est l’honneur des autorités qui président aux destinées de la commune, d’avoir compris la nécessité publique de cette entreprise, de l’avoir lancée, de l’avoir poursuivie et menée à bon terme.

Personne ne sera surpris que nous voulions donner un certain éclat à ce dimanche 23 décembre. Nous aurions vivement souhaité la présence de notre évêque, mais les travaux du Concile le retiennent et il doit prolonger son séjour à Rome jusqu’à la veille de Noël. Nous ne perdons pas cependant tout espoir. En tout cas, nous sommes assurés de la présence de son délégué, M. le Vicaire général Quesnel.

Il sera procédé à une nouvelle bénédiction du lieu saint. Le rite en est très expressif, moins développé sans doute que celui d’une consécration mais tout de même d’une certaine ampleur. La première partie de la cérémonie se passe à l’entrée même de l’église, toute l’assistance se tenant dehors, l’officiant aspergeant principalement la façade qui a été l’objet d’une si importante restauration. L’entrée dans l’église se fait ensuite au chant des litanies des Saintes l’officiant bénit les murs intérieurs et le pavement. Ensuite seulement toute l’assemblée fait sa rentrée et la messe solennelle est célébrée. (BP décembre 1962)

Étaient présents à cette cérémonie, outre M. le Vicaire général Quesnel, le chanoine Ollichet, supérieur du Grand Séminaire ; l’abbé Noblet, curé-doyen de Carentoir ; l’abbé Étrillard, recteur à Tréganteur ; l’abbé Guillemot, vicaire à Noyal-Muzillac ; l’abbé Boucher, professeur au Petit Séminaire de Ploërmel.

En plus des travaux énumérés ci-dessus, il faut ajouter la mise en place d’un tambour qui forme une deuxième entrée dans l’église, « coupant de la nef un bon coin, le coin de dessous les cloches autrefois fort recherchées des humbles publicains ».

Voici quelques précisions concernant certains matériaux utilisés : le dallage de l’allée centrale et du chœur est en marbre comblanchien venant de carrières situées en Côte-d’Or ; les chaises sortent de deux ateliers différents : les 218 chaises de la nef viennent de Labruguière dans le Tarn et les 102 chaises des bas-côtés ont été fabriquées à Coutances dans la Manche. Elles sont toutes en bois de hêtre mais il est incontestable que les premières présentent une facture plus soignée et plus élégante.  (BP janvier 1963)

Janvier 1963 -Les Marronniers

« Cruel est celui qui coupe les chênes

Hélas, combien d’arbres en Bretagne ont été abattus ! »

Ainsi se lamentait l’âme romantique et bretonne de Brizeux, il y a un siècle de cela et l’hécatombe des vieux arbres a continué. Nous-mêmes, en ce mois de janvier 1963 nous venons de tremper dans le massacre. Nos deux marronniers centenaires de la place devant l’église ne sont plus. Ils ont subi le sort des chênes de Brizeux. Pourquoi ont-ils été abattus ?

 Nous soupçonnons fort que le mauvais état dans lequel se trouvait la façade de l’église, ait été causé, au moins partiellement, par un excès d’humidité entretenue précisément par l’envahissante verdure de ces grands arbres. La pierre blanche s’accommode mieux des ardeurs du soleil que des imbibassions de l’eau. Alors, si nous voulons que se conserve durablement la restauration effectuée, et qui donc ne le voudrait ?  L’esthétique de l’église, ajouterons-nous, n’a rien perdu à cette disparition.

Sans doute, nous en convenons volontiers, une certaine sécheresse, une solennité un peu distante tenant au style architectural de l’édifice, appellent un correctif. Nous souhaiterions, quant à nous, autre chose qu’une place bitumée et nue, nous rêvons quelque chose de plus vivant, des arbustes, du gazon, des fleurs et même, pourquoi non, de l’eau qui coule et jaillit. Il s’en trouve qui chuchote que le monument aux morts pourrait trouver une place très adéquate de l’autre côté de la route…Ce ne sont sans doute que rêves et chuchotements ? Ce dont nous sommes certains, c’est que nos édiles municipaux, amis de l’ordre et des belles choses, ne négligeront rien de ce qui est possible pour agrémenter au mieux ces abords de l’église, véritablement cœur de la cité ».   (BP février 1963)

Aux abords de l’église, on s’est beaucoup affairé ces temps derniers. Il y avait là des terrassiers, des cimentiers, des jardiniers. Pourquoi tout ce monde ? Notre municipalité veut l’agréable non moins que l’utile. Et plus agréable est la verdure que le bitume. Donc, nos deux antiques marronniers peuvent pétiller de joie dans quelque âtre des environs, ils sont remplacés par deux jeunes congénères, un peu timides et gauches pour l’instant, il est vrai, mais qui nous promettent sans trop tarder l’élégance et la couleur, deux érables dits, pour les connaisseurs, érables schwedlerii nigra. Côté nord de l’église se prépare un magnifique jardin où, sur une pelouse de verdoyant gazon solidement ceinturée, se marieront des arbustes aux essences variées : troënes, acacias boules, pommiers fleurs et (retenez si vous pouvez) chamoecerasi nitidoe ».  (BP mars 1964) 

Octobre 1964 - Chauffage. 

« Vers la mi-octobre (1964), était distribuée aux familles de la paroisse une correspondance tout à fait insolite de leur pasteur. L’objet de cette correspondance : le chauffage de l’église. Le problème était posé à l’opinion gacilienne, disons démocratiquement : d’un côté les avantages qui rendaient souhaitable cette installation se trouvaient mis en relief mais on ne dissimulait pas non plus les difficultés de réalisation et chacun, pièces en mains, était invité à réfléchir et à donner librement son avis et …ses possibilités d’aide.

La lenteur mise par un grand nombre à s’exprimer, alors que le temps pressait si l’on voulait pour le présent hiver mettre à exécution ce projet, devait contraindre le pasteur à réitérer son appel et tout le monde put ainsi mieux comprendre- sans que personne songeât à s’en offusquer – que l’affaire était sérieuse, que ce n’était pas simple idée jetée en l’air et que, pour la réaliser, était indispensable un accord aussi universel que possible. Très généralement était désiré le chauffage de l’église.

Et les travaux préparatoires pour l’aménagement de la sacristie (côté évangile) en local de chaufferie sont entrepris avec diligence. Nous avons le ferme espoir que, pour la fête de Noël, l’installation fonctionne ». (BP décembre 1964)

En janvier 2001, M. le recteur signale à M. le maire que la chaudière est plutôt vétuste et souhaite son remplacement. Ce sera chose faite en octobre 2003. « Le remplacement de la chaudière, effectué par les techniciens de l’entreprise Danilo de Guer, n’a pas posé de problème particulier, à ma connaissance, et a été réalisé juste avant le refroidissement précoce que nous avons connu ». (BP décembre 2003)

Travaux d’Entretien (suite)

1970

« Les fidèles de la messe de 9h ont bien failli, le 15 mars dernier, être privé de l’office de ce jour-là. Motif : la serrure de la porte d’entrée ne fonctionnait plus ! S’armant de leur bédane… et de leur savoir-faire, MM. Royer et Dauphas réussirent enfin là où bien d’autres avaient échoué avant eux. Cette serrure, plus que centenaire, nous a-t-on dit, avait jusqu’ici, et sans une faille, rempli son service ! L’usure devait un jour faire son œuvre ! Notons pour la petite histoire qu’il n’y eut aucun retardataire à cette messe qui commença avec un quart d’heure de retard ». (BP avril 1970)

1978

« Les réparations dans le chœur de l’église. Elles vont durer environ cinq mois et créer une certaine gêne pour la célébration des offices. Mais il s’agit là d’une priorité absolue pour éviter tout risque d’effondrement de la voûte » (BP mars 1978)

1979

L’année dernière, la municipalité a fait faire des travaux très importants comme la réfection de la toiture et la restauration de la voûte du chœur qui menaçait de s’écrouler. Puis des changements internes furent décidés et entrepris en particulier l’abandon de l’autel provisoire en bois remplacé par l’ancien en marbre qui, démonté pièce par pièce, a été reconstruit face aux fidèles, sauf le tabernacle qui, autrefois placé sur l’autel, a été érigé sur un socle dans le fond du chœur, dans la perspective de l’autel. La table en bois de l’autel a été remplacée par une dalle en marbre noir des Pyrénées. Tous ces travaux ont été effectués par l’entreprise Grevet de Laval. (BP février 1979)

 « Dans le bulletin paroissial de février, nous vous avons déjà entretenu des travaux effectués dans notre église paroissiale pour la rénover, l’embellir et la rendre plus fonctionnelle. Il est évident que ces transformations : aménagement et restauration du chœur - achat d’un orgue ; remplacement des appareils de sonorisation – ont entraîné, même avec la participation financière de la commune, de très gros frais qui se chiffrent à plusieurs millions d’anciens francs pour la paroisse… » (BP avril 1979)

2001

La sonorisation de l’église donne des signes de fatigue et une rénovation s’impose. Elle sera réalisée par l’entreprise Sono-West avec plus de prises de micro et surtout plus de haut-parleurs mieux répartis et plus puissants (BP janvier 2001)

Icone retour haut page

 

SAINT PATRON DE LA GACILLY.

Saint Nicolas

St Nicolas patron de la Gacilly Le titulaire primitif de l’église tréviale de La Gacilly fut Saint-Nicolas. Ainsi, dans un acte de baptême du 19 août 1596, il est dit que cette cérémonie s’est déroulée dans « l’église de monsieur Saint-Nicolas à La Gacilly ». Mais en 1630, lors de la création de la Congrégation des Rites par le pape Urbain VIII chargée d’approuver l’élection des patrons des paroisses, certaines paroisses changèrent alors de saint patron. Il semble que ce fut le cas à La Gacilly puisque Saint Cyr et Sainte Julitte remplacèrent Saint Nicolas jusqu’à la fin du XVII° siècle. Saint Nicolas ne redevint patron qu’au début du XVIII° siècle. En 1626, lors de la pose de la première pierre d’une chapelle latérale qui sera d’ailleurs dédiée à Saint Nicolas, Catherine de Kerguézec, épouse de René de Talhouët, offrit, à cette occasion, un tableau représentant le saint ressuscitant les deux enfants de la légende.

Saint Nicolas, dont la fête est le 6 décembre, (certains disent le 10, Ducrest de Villeneuve entre autres) fut évêque de Myre en Lycie, une province de Turquie au IV° siècle. Il débarqua ensuite à Bari, en Italie, avec une légende et une hotte aussi bien garnie l’une que l’autre au profit des écoliers, des marins, des tonneliers, des parfumeurs, des apothicaires et de quelques autres. Saint Nicolas est appelé « faiseur de merveilles » en Allemagne, en Russie et en Angleterre. Pour cette raison, son nom est Nickel en Allemagne et ce nom a été donné aux génies des mines métallifères d’où le nom du métal, le nickel. Il mourut en 324.

Au Moyen-Age, le trouvère Jehan Bodel d’Arras, dans le Jeu de Saint-Nicolas, illustre la tradition selon laquelle Saint Nicolas protège les trésors qui lui sont confiés. C’est pourquoi il est d’ailleurs souvent figuré avec trois bourses d’or ou trois pommes d’or placées sur un livre en mémoire des trois bourses qu’il donna à une jeune fille vouée à la prostitution pour lui permettre de se marier. Saint Nicolas est aussi patron des clercs car il ressuscita trois jeunes clercs coupés au coutelas Pourquoi Saint Nicolas fut-il choisi pour être le saint patron de La Gacilly ? Ici, il n’est pas inutile de rappeler que Carentoir - et donc La Gacilly - fut un haut lieu templier et que ces Templiers avaient Saint Nicolas pour saint patronet salés par un boucher. Il s’agit là d’une légende normande du XIII° siècle mais à l’origine c’était trois officiers condamnés injustement que le saint arrachait au bourreau, c’est pourquoi il est aussi patron des prisonniers. Selon L. Réau, iconographe de l’Art Chrétien, on passa de la légende primitive à une légende autre pour la raison suivante : au Moyen-Age, les captifs sont toujours représentés dans une tour coupée par le milieu : les trois officiers en prison dont la tête émergeait d’une petite tour furent pris pour les trois enfants plongés dans un baquet que l’imagination populaire transforma en saloir.

Saint Nicolas est enfin et aussi patron des navigateurs car il reconstitua miraculeusement une cargaison de blé égyptien que des marins avaient perdue lors d’un naufrage (vitrail de Saint Merri à Paris). Il existait au Moyen-Age un ordre des Argonautes de Saint-Nicolas. D’autre part, Saint Nicolas est souvent figuré abattant un arbre (musée de Vienne, église de Boïovina en Bulgarie, de Suavitsa en Bukovine, cathédrale de Manresa en Espagne). En Grèce, il est aussi le patron des pêcheurs d’éponges.

Pourquoi Saint Nicolas fut-il choisi pour être le saint patron de La Gacilly ? Ici, il n’est pas inutile de rappeler que Carentoir - et donc La Gacilly - fut un haut lieu templier et que ces Templiers avaient Saint Nicolas pour saint patron, Sainte Catherine pour sainte patronne et une très grande dévotion envers Notre-Dame. Chose curieuse, tous ces saints personnages se retrouvent dans l’église de La Gacilly. Est-ce à dire que cet édifice fut l’œuvre d’un ou de plusieurs templiers ? Pas impossible quand on sait que les familles Gaël, Montfort, Montauban et Talhouët fournirent de nombreux croisés et pourquoi pas des templiers. Ce qui expliquerait aussi que dans d’autres fiefs que celui de La Gacilly et possédés par ces seigneurs, ils aient choisi Saint Nicolas pour patron comme à Montfort et à Quelneuc. A Montfort, le prieuré de Saint-Nicolas fut fondé au XII° siècle, il dépendait de Saint-Melaine de Rennes et fut érigé en paroisse dès cette époque. Il y avait également un étang Saint-Nicolas dans cette paroisse près de l’église du même nom, elle possédait d’ailleurs un autel dédié à Sainte Catherine. A Tréal, l’ancienne église du Vieux-Bourg comportait une chapelle latérale dédiée à Saint Nicolas ; lors de la démolition de cette église, la chapelle latérale fut conservée mais eut alors Saint Cornély pour saint patron.

 

Cantique à St-Nicolas :

Grand Saint-Nicolas, tes enfants joyeux

Célèbrent ta gloire en cet heureux jour

De tes Gaciliens, exauce les vœux,

A Toi tous nos cœurs, à Toi notre amour

C’est sur la prière

De tes chers parents

Que tu vins sur terre

Merveilleux Enfant.

A fonder famille,

Ton argent aida.

Plusieurs jeunes filles

Pauvres jusque-là.

 

LÉGENDE DE SAINT NICOLAS

image de la légende de St NicolasII était une fois, trois petits enfants qui habitaient une bien jolie maison.

Leurs parents travaillaient de longues journées à la ferme et les enfants les aidaient du mieux qu'ils pouvaient, ils arrosaient le jardin, donnaient de l'herbe aux lapins et emmenaient les oies se baigner dans le ruisseau.

Un jour, ils prennent chacun un sac et disent : "la moisson est finie, nous allons chercher du blé pour nourrir les poules." "C'est bien, répond leur mère. Mais revenez avant la nuit. Voici des tartines de miel pour le goûter.

image de la légende de St NicolasDans les champs, les enfants ramassent les épis oubliés par les moissonneurs. Au bord du chemin, ils cueillent des mirabelles et des mûres. "Maman fera de bonnes confitures, disent-ils." Mais le soleil se couche, il est temps de retourner à la maison. Où est le chemin ? Déjà les ombres se cachent. Les enfants sont perdus !

"N'ayez pas peur ! dit le plus grand. Je vois une maison là-bas, nous pourrons y passer la nuit."

Quand les enfants frappent à la porte, il fait déjà noir.

Nous sommes perdus et nous avons peur. Laissez-nous entrer, s'il vous plait."

image de la légende de St NicolasLa porte s'ouvre et c'est Cayatte, le boucher. "Tiens, tiens, se dit-il, justement je manquais de viande fraîche, ces trois enfants feront bien mon affaire. Entrez, entrez mes petits ! J'ai de la place pour vous, vous dormirez bien !"

Dès que les enfants sont entrés, Cayatte ferme la porte d'entrée à clef.

"Bienvenue chez l'Ogre Cayatte, dit-il en se précipitant sur eux."

Les enfants ont très peur et essaient de se cacher mais le boucher les attrape l'un après l'autre.

 

image de la légende de St NicolasIl les coupe en morceaux et les met dans son saloir, en ricanant   

"Ah ! Ah ! Ah ! Petits enfants je vous   mangerai demain !"

Un jour, Saint Nicolas vient à passer par là, revenant d'un long voyage. Tout le monde le salue car on le dit capable de merveilles. Soudain, il s'arrête devant la porte de Cayatte, le boucher

"Je crois qu'il se passe d'étranges choses par ici... Boucher, ouvre-moi ta porte

 Oh ! Grand Saint Nicolas, quel plaisir de vous recevoir ici. Entrez, entrez, vous aurez la meilleure chambre ici. Mais laissez-moi vous servir à manger ! Voulez-vous une tranche de jambon ?

Ton, ton jambon n'est pas bon

Voulez-vous un morceau de veau ? Non, ton veau n'est pas bon !

Voulez-vous du rôti ? - Non, il est trop cuit !

 Mais je n'ai rien d'autre, que voulez-vous Saint Nicolas ?

= image de la légende de St NicolasJe veux les enfants qui sont dans ton saloir ! dit Saint Nicolas

Quand le boucher entend cela, il veut s'enfuir mais il a tellement peur que se

"Pardon, Saint Nicolas. Ne me faites pas de mal ! dit le boucher."

Saint Nicolas ne l'écoute pas et va ouvrir le saloir : "Mes petits, je suis là, je suis votre ami. Réveillez-vous, revenez à la vie !"

Saint Nicolas lève trois doigts et les trois enfants se réveillent

Le premier dit : "J'ai bien dormi !" Le deuxième dit : "Moi aussi"

Et le troisième répond : "je croyais être au Paradis !"

 Quelle joie quand les enfants retrouvent leurs parents. Ils remercient tous Saint Nicolas et les fermiers lui offrent un âne.

Maintenant, Saint Nicolas peut s'occuper de Cayatte, le boucher.

 image de la légende de St Nicolas"Boucher, pour te punir, tu vas me suivre chaque fois que je reviendrai sur terre. Tu seras recouvert de vieux habits. Avec une baguette, tu fouetteras les méchants et les enfants t'appelleront Père Fouettard

Depuis ce jour, quand décembre arrive, les enfants attendent avec grande impatience la visite de Saint Nicolas, il vient même les voir à l'école

 

 

Icone retour haut page

 

CHAPELLES EXISTANTES

Chapelle de La Villouët

Chapelle de La Villouët fut construite par un des sieurs de la Villouët. Elle avait pour patron Saint-Guillaume.

Elle fut construite par un des sieurs de la Villouët. Elle avait pour patron Saint-Guillaume. Plusieurs mariages y furent célébrés. En 1665, le prêtre gacilien Jean Dubois en était le chapelain. C’est lui qui, en hiver, pour réchauffer ses ouailles, les faisait danser et chanter devant la chapelle en attendant l’heure de l’office

 

 

 

 

Chapelle de La Ville-Orion

= Trois belles statues en bois de la Vierge, de Saint-Barthélémy et de Saint-Léon ornaient la chapelle Saint-Jugon mais, pour qu’elles ne soient pas abîmées pendant des travaux, elles furent déposées dans une chambre à la Roche Gestin puis partirent ensuite pour cette chapelle de la Ville Orion.Trois belles statues en bois de la Vierge, de Saint-Barthélémy et de Saint-Léon ornaient la chapelle Saint-Jugon mais, pour qu’elles ne soient pas abîmées pendant des travaux, elles furent déposées dans une chambre à la Roche Gestin puis partirent ensuite pour cette chapelle de la Ville Orion. Pour quelle raison ? Il semble que ce déplacement fut organisé pour qu’elles échappent au recensement lors de la séparation de l’église et de l’État.

 

 

La Chapelle St Jugon 

 La première chapelle St Jugon  fut construite à l’emplacement du tombeau définitif du jeune pâtre vraisemblablement à la fin du XIII siècle ; un autre aveu du 14 mars 1474 conservé à Castellan, parle « des terres proches de la Corbelaye et de la Chapelle St-Jugon ». Elle était spacieuse et contenait des enfeus avec un cimetière au NordLe premier document qui parle de St-Jugon comme lieu-dit, est un aveu de 1396, conservé aux archives de Nantes ; il fait état d’un village de St Jugon des Bois à la Gacilly. Un autre aveu de la même époque faisant partie des archives de Castellan fait état d’une chapelle et d’un cimetière mais il semble bien qu’il s’agisse de la chapelle domestique et du cimetière de la seigneurie de la Roche-Gestin, cimetière dans lequel fut enterré initialement Jugon.

Dans une réformation de 1427, il est question du village de Haudéart (Haudiart actuellement) ainsi que de la Corbelaye (la Corblaie actuellement), il est donc certain que Jugon ait pu naître dans l’un de ces deux villages. Cette partie de la Gacilly semble être privilégiée pour ce qui est de l’histoire car, non loin de là, il existe l’allée couverte de Sigré ainsi que le camp romain ; la voie romaine, venant de Renac et de Jacquary, passe également dans cette zone et enfin la motte féodale du Châtelier n’est pas loin non plus.

La première chapelle fut construite à l’emplacement du tombeau définitif du jeune pâtre vraisemblablement à la fin du XIII siècle ; un autre aveu du 14 mars 1474 conservé à Castellan, parle « des terres proches de la Corbelaye et de la Chapelle St-Jugon ». Elle était spacieuse et contenait des enfeus avec un cimetière au Nord. Au moment de la construction de cette première chapelle, l’hébergement de la Roche-Gestin appartenait aux de Cancouët. Cette famille figure déjà comme propriétaire des lieux aux réformations de 1427 et de 1447 ; un nommé Jehan de Cancouët était sieur de la Roche-Gestin à cette époque. De plus, la terre où fut construite la chapelle appartenait à cette famille de Cancouët, c’est pourquoi elle devint chapellenie des de Cancouët. D’autre part, cette famille était très proche de Françoise d’Amboise Il est donc permis de penser, qu’avec l’aide de Françoise d’Amboise, la famille de Cancouët fut à l’origine de ce lieu saint. Dans un document intitulé « Françoise d’Amboise, livre élémentaire d’histoire bretonne » écrit par un Gacilien, la vie de St Jugon est amalgamée à celle de Françoise d’Amboise. Il aurait été intéressant de pouvoir consulter ce document, malheureusement ce livre est resté introuvable. Cette chapelle avait comme biens pour composer son temporel, la dîme à la douzième gerbe et divers héritages aux environs de Bonnais en Carentoir

En 1447, dans une autre réformation, il est question de la frairie de la Gacilly et également de celle de St Jugon. Cette dernière, quelques années plus tard, comprenait les fermes et villages de : St-Jugon, St -André, Buhan, Brozéas, la Haute-Bardaie, la Corblaie, la Gourgandaie, le Châtelier, Haudiart, la Glouzie, le Chêne, le Pâtis, Lauloyer, le Laurier-Vert, Grand et Petit Mabio, la Roche-Gestin, le Palis-Percé, la Saudraie, la Villio, la Ville-Orion, la Villouët, la Ville-Jarnier et Talhuart.

on écrit  Saint Jugon mais il faut est que bienheureux JugonA une autre réformation de 1536, la Roche-Gestin appartenait toujours à la même famille, la veuve de Vincent Cancouët y résidait alors. La chapelle y était toujours rattachée mais elle avait vieilli et des travaux devinrent nécessaires. C’est pourquoi une nouvelle chapelle, la deuxième, fut construite à l’emplacement de la première.

En 1580, Jean de Castellan de St-Martin, mort en son manoir de Bienassis en Pipriac « fut amené en une coche avec un de cestz chevaulx avecq une grande multitude de peuple et fut conduit depuis St Jugon et amené à St-Martin ». Un missel trouvé à la seigneurie de la Roche-Gestin porte cette inscription : « pour servir à la chapelle St Jugon en Carentoir. 1633 »

En 1665, un mariage y fut même célébré par Messire Jean Dubois, chapelain de la Villouët. A cette époque, il semble bien que cette chapelle n’appartînt pas à la trêve de la Gacilly mais qu’elle était plutôt la chapelle domestique du sieur de la Roche-Geslin (la Roche-Gestin actuellement.) En effet, un document du 26 février 1675 indique que « la Roche-Geslin avait, dans ces dépendances, une chapelle ; que ledit seigneur avait droit de coutume sur les marchands estallans en l’assemblée Saint-Jugon qui se tient tous les ans à la Chapelle, le dimanche dans l’Octave du Saint-Sacrement et le lendemain. »

Bien entendu des fondations furent attachées à cette chapelle. A la date du 19 juin 1689, le doyen de Carentoir fait, sur les registres des mariages, la déclaration suivante : « Je soussigné, Louis Raguideau, prestre, doyen et recteur de Carentoir, ay fait au prosne de la messe paroissiale ditte le dit jour dans la chapelle Saint Jugon, suivant l’ancienne coutume, les publications des futurs mariages… ».

Le seigneur de la Roche-Gestin la fit réparer en 1760. Malheureusement trente ans plus tard, la Révolution devait passer par là ; la chapelle fut saccagée et pratiquement détruite. Cette chapelle étant domestique c’est à dire privée, c’est la raison pour laquelle elle ne fut pas comprise dans la liste des biens d’église dressée par ordre en 1790 et qu’elle fut vendue nationalement ainsi que l’hébergement de la Roche-Gestin, comme appartenant à M. de Castellan, émigré, puis rachetée par lui. Par acte du 20 août 1807 passé devant maître Boëffard, notaire à Péaule, M. Louis Joseph de Castellan vendit la Roche-Gestin et ses dépendances (donc la chapelle ou ce qu’il en restait) à Mr et Mme Marchandeau. Ceux-ci la revendirent le 10 mars 1825 à M. Mathurin Le Gal, vicaire général et supérieur du grand séminaire. Enfin, le 9 novembre 1837, Mme Maguéro née Le Gal céda pour 1600 francs à M. et Mme de Tournemine les maisons et métairie de la Roche-Gestin. Dans l’acte de vente, il n’est pas question de la chapelle ; en effet elle fut donnée à la fabrique de la Gacilly. 

Avant d’être saccagée pendant la Révolution, cette chapelle contenait de très belles boiseries. Une tradition avance qu’il y avait des reliques de St Jugon ce qui semble confirmé par un document qui relate : « que le dimanche dans l’octave de la Fête-Dieu, la relique était exposée à la vénération des fidèles ».  En 1793, ce pieux reste du saint enfant fut brisé et foulé aux pieds et la soldatesque emporta le reliquaire. Il est même raconté que l’individu qui enleva la sainte relique mourut subitement sur la chaussée de St Nicolas de Redon. Un nommé Louis Bagot, vieillard de 80 ans en 1830 et né tout près de St Jugon, rapporte que cette tradition lui a été racontée plus de cent fois par ses parents. D’autre part, cette chapelle était ornée de trois belles statues en bois : l’une de la Vierge, une autre de St Barthélémy (une des foires de la Gacilly portait le nom de ce saint) et la dernière de St Léon, patron de la paroisse de Glénac.

En 1838, des travaux de restauration furent entrepris par M. Foloreille alors recteur de la Gacilly (il le fut de 1832 à 1850) avec l’aide d’une souscription publique. L’évêque de Vannes la fit bénir par le desservant qui avait présidé à cette bonne œuvre ; la messe y fut célébrée le lundi de la Pentecôte, 4 juin, jour de la fête du bienheureux. Malheureusement, deux ans plus tard, la chapelle était toujours dans un piteux état et menaçait de s’écrouler. La décision fut prise par le même recteur de bâtir une nouvelle chapelle, la troisième. Les travaux commencèrent en 1840 ; afin de préserver les trois anciennes statues en bois pendant les travaux, elles furent déposées dans une chambre à la Roche-Gestin, cette chambre a été longtemps appelée la chambre des saints. Les statues ne revinrent pas dans la chapelle St Jugon mais partirent pour celle de la Ville-Orion. Pour quelle raison ?? Elles y étaient encore quelques dizaines d’années plus tard. Les travaux furent terminés par le nouveau recteur J.M. Chérel et l’abbé C. Crusson, aidés du maire de la Gacilly, le docteur Aillet. Dans ce travail, ils furent secondés par bon nombre de volontaires qui apportèrent de l’argent mais aussi une aide manuelle précieuse en allant, par exemple, chercher les ardoises dans les carrières de schiste de St Jacob ou en fournissant du bois pour les charpentes en particulier des Villes-Geffs et de la Ville-Jarnier ou encore en plantant des châtaigniers autour de la nouvelle bâtisse. 

En 1927, la chapelle ayant été restaurée et agrandie, plus de 3.000 personnes assistèrent au pardon de Saint Jugon. A ce propos doit-on parler de pardon ou d’assemblée, il faut dire que les deux termes peuvent être employés mais il serait plus judicieux d’utiliser le terme d’assemblée qui est, en Haute Bretagne, l’équivalent de pardon en Basse Bretagne.

 N’ayant été que bienheureux, Jugon est pourtant devenu un prénom. C’est ainsi qu’il existait un Jugon Orio en 1400 à Saint-André,

Puis ensuite il y eut entre autres :

  • Jugon Orio en 1430.
  • Jugon Maleste en 1430.
  • Jugon Ricaud en 1445 du Tertre aux Ricaud (le Tertre de Haut) en Carentoir.
  • Jugonne Gouro, épouse de François Millet, seigneur de la Geslinaye en Carentoir en 1635.
  • Jugonne Plantard en 1669 de la Ville Jarnier.
  • Jugon Dudoué en 1682 qui fit une fondation en l’église Saint-Nicolas.
  • Jugonne Aéoul épouse René Roussel le 20 février 1691.
  • Jugonne Métayer épouse Joseph Royer des Fougerêts le 29 octobre 1703.
  • Jugon Bruc épouse Noëlle Tastard le 16 mai 1713.
  • Jugon Coué en 1730, mari de Jugonne Blanchard de la Corblaie.
  • Jugon Dudoué de La Gacilly épouse Renée Perré le 25 juillet 1733.
  • Jugon Sero en 1779 de la Villio.
  • Jugon Thomas de l’Hôtel-Séro en 1798.

Même de nos jours, ce prénom est toujours utilisé : une dame d’un village gacilien est prénommée Jugonne.

Enfin, pour clore ce chapitre, il est bon de rappeler que deux communes des Côtes d’Armor, proches de Lamballe, portent le nom de Jugon (Jugon et Plénée-Jugon) ainsi qu’un village de Baud

 

Histoire de La Chapelle St Jugon

Mot du Recteur

Mes Chers Paoissiens,

Je vous parlerai aujourd'hui de la chapelle Saint-Jugon.

La chapelle sous sa forme actuelle a été construite vers 1840 par M. François Foloreille recteur de La Gacilly de 1832 à 1850. Il fut aidé dans ce travail par le concours de tous les habitants de La Gacilly qui non seulement lui apportaient de l'argent, mais firent les charrois, tirèrent les pierres, allèrent chercher les ardoises à Saint-Jacob, fournirent du bois, plantèrent même un jour de pardon les châtaigniers qui entourent la chapelle qu'ils avaient apportés de leurs différents villages. Nous avons pu savoir d'une façon précise qu'il en vint en particulier de la Ville-Jarnier et des Villegefs. Cette chapelle que nous voyons aujourd'hui en remplaçait une autre plus ancienne et plus vaste qui avait été détruite à peu près complètement pendant la révolution. On voit encore à l’est les traces d'une sacristie, au nord les fondations d'une avant nef ou d’un porche et tout autour les murs ou les ruines d'un ancien cimetière.

Cette ancienne chapelle bâtie sur le tombeau de l'enfant du pays que la voix du peuple avait proclamé Saint à cause de ses vertus et de ses miracles, datait au moins du XIV' siècle. Un aveu c'est-à-dire, une reconnaissance par écrit d'une terre possédée sous l'autorité d'un seigneur, conservé aux archives de Nantes et daté de 1396 parle en effet du village de Saint-Jugon. Un autre aveu du 14 mars 1474 conservé à Castellan en Saint-Martin parle de terres proches la Corblaye et la chapelle Saint-Jugon. En 1580, Jean de Castellan mort à Pipriac « fut amené en un coche avec un de ses chevaux, une grande multitude de peuple et conduit depuis Saint-Jugon et amené à Saint-Martin. Un mariage des Fougerets fut fait en 1666 dans la chapelle Saint-Jugon par messire Jean Dubois, chapelain de la Villeloêt, habitant près do Broshéas.

La chapelle Saint Jugon fut toujours depuis l'époque lointaine de sa fondation un centre de dévotion et un but de pèlerinage. Nous en avons la preuve dans le nom do Jugon donné à beaucoup d'enfants de La Gacilly, Carantoir, les Fougerets à différentes époques, aussi loin qu'il reste des documents écrits sur les pays voisins de la chapelle Saint-Jugon.

Pour ne parler que de La Gacilly, nous trouvons avant 1400 : Jugon Orion de Saint-André et Jugon Malteste de Saint-Jugon, vers 1550, Jugon Perrigue, au XVII' siècle ; Jugon Daniel (1663) et Jugon Methier (1664) de la Corblaye, Jugonne Plantard de la Ville Jarnier (1669), Jugon Séguin (16134), Jugon Métayer fils Guillaume de la Gourgandais. Au XVIII' siècle ; Jugon Coué, mari do Jugonne Blanchart de la Corblaye (1730). Jugon Houeix de la Villelouët, Jugon Bruc, de la Corblaye (1754) Jugon Soulas de la Corblaye, Jugon Séro de la Villelio (1779). Pendant la révolution, nous trouvons encore Jugon Sevestre et Jugon Collin de la Monneraye. Ces noms pris entre beaucoup d'autres et les faits rappelés plus haut montrent bien la dévotion dont les Gaciliens ont entouré le nom de saint Jugon depuis au moins le XIV' siècle.

Le jour de l'assemblée annuelle avait lieu le dimanche dans l'octave du Saint-Sacrement et le jour suivant il y avait grande affluence à Saint-Jugon de toutes les paroisses voisines. Le clergé de Carentoir et de la Gacilly s'y rendait. On y chantait la grand'messe qui tenait lieu de messe paroissiale pour Carentoir et la Gacilly, puisqu'on y faisait les publications des futurs mariages. La chapelle était ornée de superbes boiseries qui ont disparu pendant la Révolution. Elle contenait outre le tombeau de saint Jugon, une statue en bois de la Vierge, une statue en bois de saint Barthélemy, dont le souvenir est conservé dans le nom d'une de vos foires, et une autre d'un pape qui est probablement saint Léon, patron de la paroisse voisine de Glénac. Ces statues enlevées de la chapelle lors de la reconstruction en 1840 et déposées à la Roche-Gestin dans une chambre qu'on appelle encore « Chambre des Saints » ont été depuis lors transportées à la chapelle de la Ville-Orion où on peut les voir encore. La chapelle possédait encore une relique insigne de saint Jugon. Le dimanche dans l'octave de la Fête-Dieu, la relique était exposée à la vénération des fidèles. Un prêtre en surplis et en étole promenait le vase qui la contenait sur les pèlerins prosternés. Le jour du Pardon, le clergé de Carentoir allait de l'église paroissiale à la chapelle portant en triomphe le chef du bienheureux, et après les prières dos processions le doyen plaçait un instant sur chacun la tête vénérée. En 1793, ce pieux reste du saint enfant du peuple fut brisé et foulé aux pieds et les soldats emportèrent la relique et le reliquaire.

Notre chapelle autrefois riche de trésors de toutes sortes, n'est plus riche que de souvenirs, mais ils n'en sont pas moins précieux et méritent d'être conservés. Lorsque vous allez à la chapelle de Saint-Jugon, lorsque vous prenez part à la procession en son honneur, vous renouvelez un geste religieux que depuis plus de cinq cents ans, vos pères ont fait à ,la même place, vous manifestez la foi et la confiance qu'ils avaient eux-mêmes en l'intercession de l'humble enfant du peuple Gacilien que Dieu avait choisi pour être un modèle de piété et de vertu et à qui il avait accordé le don des miracles pour que son exemple fut plus entrainant. On peut être saint dans toutes les conditions les plus humbles. Un simple pâtre, un petit laboureur, un bûcheron de la forêt, s'ils écoutent la voix de Dieu, s'ils observent ses commandements, s'ils sont pieux, obéissants, généreux, peuvent, dès ici-bas, par une miséricorde spéciale de Dieu porter l'auréole de la sainteté et les peuples les honorent et leur rendent un culte que l’Eglise autorise. C'est ce qu'ont fait vos pères.

 

Icone retour haut page

 

BIENHEUREUX JUGON

 

au tout début du XIV° un garçon naquit au village de Haudéart (c’est l’orthographe utilisée dans une réformation de 1427 pour désigner le village de Haudiart). Ce garçon fut appelé Jehan des Boays puis, plus tard, Jouhon des Boays. Il était le fils d’une pauvre veuve. Il devint le Bienheureux JugonA la fin du XIII° siècle ou au tout début du XIV° un garçon naquit au village de Haudéart (c’est l’orthographe utilisée dans une réformation de 1427 pour désigner le village de Haudiart). Ce garçon fut appelé Jehan des Boays puis, plus tard, Jouhon des Boays. Il était le fils d’une pauvre veuve. Celle-ci était tout pour lui, après Dieu, car sa piété égala, dès sa plus tendre enfance, son amour pour sa mère. A l’âge où l’on envoie les enfants garder les troupeaux parmi les bruyères et les landes, le petit Jugon cultivait déjà, pour nourrir sa mère, son champ et son jardin avec un tel succès qu’il en tirait un produit plus grand que ne faisaient ses voisins d’un terrain quatre fois plus étendu. *  Dieu bénissait ses travaux et lui apprenait ce qu’il faut savoir pour féconder un sillon. Longtemps après, les habitants du village montraient sa chaumière et indiquaient le terrain qu’il labourait sur la lande. Quand il avait labouré, Jugon allait sur les landes de Sigré et de Mabio, garder et faire paître son pauvre troupeau, quelques chétifs moutons et une bonne vache nourricière, la compagne de son enfance et le soutien de sa mère. Aussi aimait-il bien sa bonne brune, la « Bichonne », et sa brune l’aimait-elle à son tour

Le petit « pâtou » dans ses longs loisirs sur la lande, se mit à penser qu’il serait plus utile à sa mère, labourerait mieux son jardin et deviendrait ainsi plus agréable au Seigneur s’il pouvait s’instruire mais avec, aussi, le secret espoir de devenir prêtre. Ce désir de savoir pour mieux faire ne laissa plus de repos au bon petit berger. Pendant que sa vache et ses moutons paissaient, il courait à deux lieues de là, près d’un pieux ministre de l’Evangile qui était venu apporter les lumières de la foi dans la nouvelle paroisse de St Martin-sur-Oust. Avant de quitter ses bêtes qu’il mettait sous la protection de Dieu, il prenait soin de tracer, avec une branche de houx, un grand cercle autour de son troupeau ; ainsi celui-ci ne sortait jamais de l’enceinte et jamais le loup ne franchissait le cercle. Un jour, selon sa coutume, il avait laissé jouer les autres petits pâtres sur la lande et, après leur avoir recommandé sa vache et ses moutons, il courut vers St -Martin pour étudier ; mais, ayant sans doute oublié de tracer son cercle mystérieux, le loup survint et, voyant les enfants occupés de leurs jeux, s’attaqua à la vache du petit Jugon. Alertée par les meuglements de l’animal, la mère de Jugon se hâte d’accourir mais arrive trop tard ; la vache est morte et le loup qui s’apprêtait à la déchiqueter s’enfuit, effrayé par les hauts cris jetés par la brave personne qui appelait son fils. Jugon étudiait en ce moment près du recteur qui l’instruisait dans son jardin.

Tout à coup, l’enfant suspend sa leçon et dit en prêtant l’oreille « Ah ! Ma mère pleure et m’appelle, Messire ». « Que dis-tu, Jugon ? Comment sais-tu cela ? Tu ne saurais l’entendre. »   Répondit le précepteur étonné et plus que sceptique. « Placez votre pied sur le mien, répliqua l’enfant, et, comme moi, vous entendrez sa voie et ses sanglots ». Le bon recteur fit, en souriant, ce que lui demandait l’enfant et aussitôt il entendit une voix désolée qui appelait et cette voix était celle de la mère de Jugon. Alors, surpris d’un tel prodige, le prêtre serra affectueusement l’enfant dans ses bras et lui dit en levant les yeux au ciel « Va, mon enfant, retrouver et consoler ta mère ; tu en sais plus que moi ; tu n’as plus besoin de mes pauvres leçons car la grâce de Dieu t’a fait plus savant que moi ». Jugon partit à l’instant et ses bonnes jambes et le désir de consoler sa mère lui abrégèrent le chemin. Arrivé sur la lande où il avait laissé son troupeau, il trouva sa mère en pleurs près de la vache morte que le loup épouvanté avait abandonnée ; embrassant sa mère tendrement, il lui dit : « Consolez-vous ma bonne mère, Dieu vous la rendra. » puis il traça, de sa houlette blanche, un cercle à l’entour de la pauvre bête et, invoquant le Seigneur, il toucha l’animal de sa baguette en prononçant ces quelques mots « Vache, par la grâce de Dieu, lève-toi ». La vache reprit vie aussitôt, se leva, se mit à bondir joyeusement et se remit à paître comme si jamais elle avait eu à faire au loup. Jugon, tombant à genoux, remercia le Seigneur pour sa grande bonté. Puis, tout heureux, il ramena l’animal à la maison pour la plus grande joie de sa pauvre mère. 

Quelques jours après, le jeune « pâtou » rencontra, dans le bas des champs de la Ville-Orion, un groupe de jeunes filles de sa connaissance qui sanglotaient et jetaient des cris de désespoir. « Qu’avez-vous à vous lamenter ainsi » leur demanda-t-il ? « Notre sœur, notre amie, la pauvre Annette se meurt » s’écrièrent-elles ensemble. « Nous venons de faire une neuvaine à St Jacques pour sa guérison et la fièvre a redoublé de violence. Annette a perdu la parole, sa vie ne tient plus qu’à un fil. » « Les pleurs ne remédient à rien, reprit Jugon, avec calme. Il faut toujours espérer en Dieu jusqu’à la fin et ne pas se rebuter parce qu’on n’est pas exaucé dès la première prière. Récitons ensemble cinq fois le Pater et l’Ave au pied de la croix de pierre du milieu du pâtis, invoquons la patronne de la malade, la bienheureuse Ste Anne dont l’intercession est si puissante là-haut. Les enfants s’agenouillèrent alors sur le gazon au pied de la croix et prièrent avec ferveur. Ils se rendirent ensuite près de la malade au village de la Corbelaye (la Corblaie actuellement.) Annette, après une crise heureuse, venait de recouvrer sa connaissance et elle se trouvait assez bien pour recevoir sur son lit les félicitations et les baisers de ces jeunes amies. Bientôt elle se rétablit tout à fait et la renommée de Jugon fut encore plus grande dans le pays. 

A quelque temps de là, Jugon dit au frère de sa mère qui l’aimait beaucoup : « Bientôt je mourrai ; c’est vous, mon oncle, qui me tuerez et ce sont vos jeunes bœufs nés de la Bichonne qui me porteront en terre et vous désigneront le lieu où doit reposer mon corps. » Jugon n’avait pas seize ans quand sa prophétie s’accomplit ; pendant que son oncle bêchait, l’enfant s’étant approché de lui sans être vu, la bêche levée le frappa et il tomba mort. L’âme de l’élu, munie des secours de la religion, partit pour le ciel. Son corps, chargé sur une charrette traînée par les deux jeunes bœufs, fut déposé, malgré les demandes réitérées de son oncle, dans le lieu commun, en l’occurrence le cimetière de la chapelle domestique de la seigneurie de la Roche-Gestin. Au début du XIX° siècle, les restes de cette chapelle étaient encore visibles dans un champ à l’Ouest de la Gourgandaie.  

Quelque temps après, les parents et amis qui venaient prier sur sa tombe s’aperçurent avec stupeur que l’un des bras de Jugon sortait de terre, un doigt pointé vers le ciel, montrant ainsi sa volonté d’être enterré dans un autre endroit ; quoi qu’on fit, on ne put jamais faire rentrer en terre ce doigt et ce bras. Ecoutant les recommandations de l’oncle, la dépouille de Jugon fut exhumée et placée sur une charrette tirée par les deux jeunes « taurins » qui partirent sans que personne ne les conduisit. Ils prirent la direction de St André : la famille, les amis et les voisins suivirent la charrette. Bientôt les animaux s’arrêtèrent sur la lande où Jugon, vivant, venait faire paître son troupeau ; l’oncle, à qui appartenait les bêtes, essaya de les faire redémarrer mais sans résultat. Tout le monde comprit alors que c’était là que Jugon désirait être enseveli. Malgré la dureté du sol, à cet endroit, en effet, le schiste affleure à la surface du sol, la tombe fut creusée et la première chapelle fut construite peu de temps après à l’emplacement où les deux jeunes bœufs s’étaient arrêtés.

Que faut-il penser de ce récit et que faut-il en retenir ?

Tout d’abord, il faut signaler que plusieurs versions de cette légende existent mais que, dans chacune de ces versions, les faits principaux se retrouvent comme les études à St Martin, la résurrection de la vache, le don de pouvoir entendre sa mère de très loin ou les conditions fixées par Jugon pour sa sépulture. D’autre part, il est curieux de constater que plusieurs saints bretons possédaient le don de pouvoir entendre à grande distance la voix de leur mère. Ce fut le cas de St Yves mais aussi, et plus proche de nous, de St Melaine, futur premier évêque de Rennes qui naquit à Brain sur Vilaine non loin de Renac. Il n’est peut-être pas inutile de raconter ici l’histoire du pape Sylvestre II qui fut d’ailleurs le premier pape français. Né Gerbert d’Aurillac en 1003, il avait coulé dans le cuivre une tête et cette tête répondait par oui ou par non à toutes les questions qu’il lui posait. Quand ses familiers le questionnaient sur cet automate, Gerbert, sans en trahir le secret, répondait qu’il était au fond très simple puisqu’il reposait entièrement sur le calcul avec deux chiffres (déjà). Au XI° siècle, cela parut une terrifiante diablerie. Quand mourut Gerbert, le pape maudit, on hacha son corps, on le mit sur un chariot traîné par deux bœufs et on l’enterra là où s’arrêtèrent d’eux-mêmes les ruminants. On prétendit même agir ainsi sur les instructions du défunt qui aurait voulu expier à sa dernière heure son pacte avec Satan. Les bœufs s’arrêtèrent devant St Jean de Latran et le pape y fut enterré. Sylvestre II fut longtemps rayé de la liste des papes où l’on mit à sa place Agapithe (illustre inconnu). 

Seuls les templiers célébrèrent pieusement sa mémoire et ils adoptèrent ce mode d’inhumation. Il faut faire remarquer que le trésor du Temple fut sorti de Paris par trois charrettes tirées par des bœufs. Quant à la tête parlante, on proclama très haut qu’on l’avait mise à la casse. Mais mystérieusement elle réapparut dans les mains de Roger Bacon, franciscain anglais, inventeur de la poudre à canon puis dans les mains d’Albert le Grand, occultiste allemand et professeur de St Thomas d’Aquin. Ensuite on perdit sa trace. Cette histoire a été racontée pour deux raisons : tout d’abord, pour faire savoir que Jugon ne fut pas le premier à être enterré de cette façon et aussi que ce mode d’inhumation fut adopté par les Templiers ; or, en 1307, après leur procès, certains d’entre eux se réfugièrent dans les campagnes éloignées. 

Haudiart aurait-il récupéré un ou plusieurs de ces Templiers et Jugon serait-il l’un de leurs descendants ? De la même façon, un doyen de Carentoir, décédé en 1549, s’appellera lui aussi Jehan des Boays. N’était-il pas de la même famille que St Jugon ? A une réformation de 1447, on trouve un autre Jehan du Boays de la Herviaye en Quelneuc appartenant à Jehan Kermaloch, noble. Jehan du Boays y est métayer. Tous ces gens étaient-il de la même famille ? 

 

DEVOTION A ST JUGON

Aussitôt après la construction de la première chapelle, le lieu devint un centre de très grande dévotion et un but de pèlerinage. Depuis, il l’est toujours resté. Honoré par Dieu de faveurs extraordinaires, le jeune pâtre de Haudiart ne fut jamais canonisé. C’est la raison pour laquelle il serait plus judicieux d’invoquer le bienheureux Jugon. Mais, en Bretagne, la canonisation n’est pas toujours attendue pour baptiser du nom de saint celui qui n’est que bienheureux. 

Jusqu’au XVIII° siècle, le tombeau de Jugon était vénéré le dimanche de l’Octave du Saint-Sacrement et le jour suivant. Une foule très importante se pressait autour de la chapelle, les gens de la Gacilly venaient en grand nombre mais également ceux des paroisses voisines. De nombreux prêtres honoraient de leur présence cette célébration. Il faut dire que cette fête du Saint-Sacrement était une fête religieuse très importante qui fut d’abord célébrée le jeudi après la Sainte-Trinité, elle-même célébrée le premier dimanche après la Pentecôte. Puis, après le Concordat de 1802, la fête du très Saint Corps du Christ ou Saint-Sacrement, devint la Fête-Dieu, célébrée alors le dimanche après la Pentecôte. Cette fête de la Fête-Dieu prit une telle ampleur que le pardon de St Jugon fut déplacé au lundi de la Pentecôte.    

Au fil des ans, cette fête de St Jugon a été célébrée de différentes façons. Avant la Révolution, la Gacilly, et donc la chapelle St Jugon, était sous la juridiction du doyen de Carentoir dont l’église paroissiale gardait le chef du saint, c’est à dire une relique, dans un ciboire de cuivre. Le clergé de Carentoir allait de l’église paroissiale à la chapelle, portant en triomphe le chef du bienheureux Pendant la grande messe, célébrée en ornements blancs et pendant laquelle étaient faites les publications des futurs mariages de la paroisse, le prêtre entonnait un « Lauda Sion Salvatorem », chant réservé plus particulièrement pour la Fête du Saint-Sacrement. A la fin de cette cérémonie, la foule chantait le cantique à St Jugon.  Ce cantique, bien qu’ayant été modifié à plusieurs reprises, est resté malgré tout dans bon nombre de mémoires. Dans le courant de l’après-midi, le vase contenant la relique était exposée à la vénération des fidèles puis les vêpres étaient célébrées, suivis de la procession pendant laquelle la relique du bienheureux était présentée aux pèlerins par un prêtre du voisinage, en étole et en surplis, celui-là même qui avait prononcé l’homélie ; ensuite, après les prières des processions, le doyen mettait les fidèles sur deux rangs et, passant de l’un à l’autre, plaçait un instant sur chacun la relique vénérée.  Grâce au concours du clergé et des fidèles des paroisses environnantes comme Carentoir, les Fougerêts, Glénac et même Cournon, les cérémonies étaient superbes et se poursuivaient par des occupations et divertissements un peu plus profanes. Les gens pouvaient se divertir, faire des emplettes et se désaltérer, beaucoup de bolées de cidre étaient alors bues. A ce propos, l’abbé Chérel donne copie d’un extrait du registre des contributions indirectes du 23 juin 1759, signé par Bizeul et Séguin, qui déclare : « Reçu de Hélène Rolland demeurant à Hanlé, paroisse de Carentoir, la somme de quinze sols pour le droit de jaugeage et demi-courtage de la quantité d’une pipe de cidre de son cru (environ trois barriques) qu’elle déclare avoir vendue à Mathurin Boucher débitant à la Gacilly pour débiter par extraordinaire à St Jugon ». Trois barriques de cidre pour un seul débitant, alors que la corporation comptait au moins huit membres à la Gacilly à cette époque, voilà un détail qui peut permettre de se faire une idée de l’affluence considérable qui se produisait à St-Jugon en ces jours de fête ». Des « marchands estallans en l’assemblée » venaient vendre leurs produits pendant les deux jours que durait le pardon. Il faut savoir qu’après avoir satisfait à leur piété, les pèlerins profitaient de leur réunion pour traiter de leurs affaires temporelles, faire ou régulariser leurs ventes et leurs achats. Ce fut l’origine des grandes foires locales qui ont toujours pris naissance autour d’un lieu de pèlerinage. Cette assemblée de St -Jugon ne fut jamais considérée comme une foire officielle et fut toujours exempte d’octroi municipal.

Après la Révolution, les reliques du bienheureux ayant disparu, la fête comportait toujours grand-messe, vêpres et procession, mais elle fut réduite à une seule journée. Les distractions prirent l’allure d’une kermesse puis, avec l’apparition des automobiles, il fut institué une bénédiction des véhicules. 

Comme pour la plupart des saints bretons, le tombeau de St Jugon est reconnu pour posséder des pouvoirs particuliers. Certains miracles s’y seraient produits d’après l’histoire locale. St Jugon était reconnu comme pouvant guérir de la peur : il suffisait de passer sous la pierre transversale du tombeau du bienheureux (pourtant bien bas, « à peine élevé d’un pied au-dessus du sol ») en le priant d’exaucer le vœu. Pour les enfants, on n’attendait pas qu’ils grandissent. Pour être sûr qu’ils ne seraient pas peureux plus tard, ils passaient ou les parents les faisaient passer sous la pierre sépulcrale. Le clergé, pour qui cette pratique relevait plutôt de la sorcellerie, la remplaça par une autre cérémonie : une procession, toujours le jour du pardon, se dirigeait vers la fontaine, un prêtre y trempait la hampe de la croix et bénissait les enfants. Cette pratique est restée depuis et la bénédiction des enfants existe toujours. Certaines personnes passaient aussi sous la pierre tombale pour les soulager de quelques maladies et tout particulièrement pour faire baisser une fièvre tenace ou pour guérir les maux de tête. 

St Jugon était beaucoup invoqué par les cultivateurs qui venaient le prier pour leurs récoltes et leurs troupeaux. Une cérémonie spéciale avait lieu certaines années très sèches et le bienheureux était sollicité pour faire tomber la pluie ; la procession avec immersion de la hampe de la croix dans la fontaine, avait lieu comme pour la bénédiction des enfants et le célébrant récitait alors une prière spéciale. A l’inverse, le peuple assure que jamais la grêle n’a nui dans la vaste frairie de St Jugon. Ducrest de Villeneuve, en 1845, raconte que « trois fois par an a lieu la bénédiction des semences ». Une messe spéciale y est célébrée le 1° mars pour le lin et le chanvre, l’un des jours de rogations pour le blé-noir et la première semaine de novembre pour le seigle. Les laboureurs s’y rendent avec de petits sacs de semences qui sont alors bénis à l’issue de la messe ; ces semences sont ensuite mêlées à celles qui doivent être confiées aux sillons et sur lesquelles est ainsi appelée la bénédiction céleste. 

Toujours à l’assemblée annuelle, il y avait la pratique des « gageries » ou « foires à gages » ; les domestiques qui désiraient être embauchés ne le disaient pas, les futurs patrons devaient faire les premières démarches. Afin d’être reconnus, les domestiques à gager portaient des signes distinctifs traditionnels qui permettaient aux patrons de reconnaître les différentes catégories de travailleurs. Ainsi les valets portaient, à Malestroit, un bâton de houx garni de freluches en papier ; à St-Martin, ils avaient un bouquet ; les pâtous de Tréal avaient une baguette à la main et, à Redon, c’était une rose au chapeau. Les gages se concluaient à haute voix. Patrons et gagés buvaient ensemble sous les tentes ombreuses des marchands forains et il fallait beaucoup boire, c’était obligatoire. On se frappait ensuite deux fois dans les mains et le patron versait négligemment son denier à Dieu, les « sous d’errhes », c’est à dire les arrhes qui variaient pour les hommes entre 5 et 10 francs après la Révolution.

Le doyenné tout entier adorait ce saint du pays ; une statue de St Léon, patron de Glénac, avait place dans la chapelle St Jugon et, à l’inverse, dans l’église paroissiale de Carentoir, à côté de l’autel principal, il y avait une statue en bois de St Jugon. Il est représenté en berger, revêtu d’une blouse, la houlette à la main. Elle fut sculptée par un nommé Jérôme L’Hôpital qui vivait vers 1770 ; en fait c’était un menuisier qui avait beaucoup de talent mais qui aimait beaucoup boire. Un jour, ayant dépensé au-delà de ses ressources, il se vit saisir par la cabaretière tous ses instruments de travail ; il se tira d’affaire en demandant à la brave dame de ne lui rendre que son trusquin (outil traceur) car, disait-il, avec celui-là il pouvait se passer de tous les autres. Si bien que la cabaretière lui rendit le tout. Son St-Jugon, à qui il a donné le costume traditionnel et antique des paysans, est un gentil petit garçon que les Carentoriens aimaient beaucoup et qu’ils revoient toujours avec grand plaisir. 

En 1927, la chapelle ayant été restaurée et agrandie, plus de 3.000 personnes assistèrent au pardon de St Jugon. A ce propos doit-on parler de pardon ou d’assemblée, il faut dire que les deux termes peuvent être employés mais il serait plus judicieux d’utiliser le terme d’assemblée qui est, en Haute-Bretagne, l’équivalent de pardon en Basse-Bretagne. N’ayant été que bienheureux, Jugon est pourtant devenu un prénom.

Cantique de Saint Jugon

REFRAIN

Bienheureux Jugon ,écoute nos chants

De la Gacilly garde tes enfants

  • 1- Couplet

Jeunes gens chrétiens, nous venons vers toi

Sois notre Patron, garde notre foi

  • 2- Couplet

Les pins, les rochers, les ajoncs fleuris

Tout chante ta gloire en ces lieux bénis

  • 3-Couplet

Tes vertus jadis ont gravé ton nom

Dans le val humide oǔ fut construit ta maison

  • 4-Couplet

Pauvre pastoureau, tes accents pieux

Du pâtis désert montaient jusqu’aux cieux

  • 5-Couplet

Toi-même voulus qu’en ce lieu sacré

Reposât toujours ton corps vénéré

  • 6-Couplet

Modèle accompli du jeune chrétien,

Aux jours de combat sois notre soutien

  • 7-Couplet

Conserve à nos cœurs cette pauvreté,

Qui donne au jeune homme force et beauté

  • 8-Couplet

Au drapeau ton nom brille en lettres d’or

Qu’en en nous tes vertus brillent plus encore

  • 9-Couplet

Chef, à tes côtés nous nous grouperons

Pour rester chrétiens, pour rester Bretons

  • 10-Couplet

Devant le danger rends nous courageux

Homme du devoir ,comme nos aïeux

  • 11-Couplet

Garde nous surtout aux derniers combats

Ouvre-nous le ciel après le trépas

Icone retour haut page

 

VIE et  LEGENDE de  ST JUGON

LEGENDE DE SAINT JUGON

La mère du jeune JUGON, passant par la prairie, aperçoit la bichonne couchée

 

 

La mère du jeune JUGON, passant par la prairie ,aperçoit la "bichonne"couchée dans la prairie

 

les loups ,affamés attaquent la pauvre bête et la dévore très rapidement

 

 

Hélas! quelques heures plus tard les loups ,affamés attaquent  la pauvre bête et la dévore très rapidement

 

 

 

 

l’enfant suspend sa leçon et dit en prêtant l’oreille « Ah ! Ma mère pleure et m’appelle, Messire ». « Que dis-tu, Jugon ? Comment sais-tu cela ? Tu ne saurais l’entendre.

 

 

= le prêtre serra affectueusement l’enfant dans ses bras et lui dit en levant les yeux au ciel « Va, mon enfant, retrouver et consoler ta mère ; tu en sais plus que moi ; tu n’as plus besoin de mes pauvres leçons car la grâce de Dieu t’a fait plus savant que moi ». Jugon partit à l’instant et ses bonnes jambes lui abrégèrent le chemin.

Pendant ce temps ,à quelques kilomètres de là, JUGON, désirant se faire prêtre ,s'appliquait studieusement à apprendre le latin

Tout à coup, l’enfant suspend sa leçon et dit en prêtant l’oreille « Ah ! Ma mère pleure et m’appelle, Messire ». « Que dis-tu, Jugon ? Comment sais-tu cela ? Tu ne saurais l’entendre. »   Répondit le précepteur étonné et plus que sceptique. « Placez votre pied sur le mien, répliqua l’enfant, et, comme moi, vous entendrez sa voie et ses sanglots ». Le bon recteur fit, en souriant, ce que lui demandait l’enfant et aussitôt il entendit une voix désolée qui appelait et cette voix était celle de la mère de Jugon. Alors, surpris d’un tel prodige, le prêtre serra affectueusement l’enfant dans ses bras et lui dit en levant les yeux au ciel « Va, mon enfant, retrouver et consoler ta mère ; tu en sais plus que moi ; tu n’as plus besoin de mes pauvres leçons car la grâce de Dieu t’a fait plus savant que moi ». Jugon partit à l’instant et ses bonnes jambes lui abrégèrent le chemin.

 

 

Il fut très peiné par la perte de la vache, la seule richesse de la famille,

 

Jugon arrivé à la prairie, ne trouva plus que les ossements que se disputaient encore quelques loups .Il fut très peiné par la perte de la vache, la seule richesse de la famille,

 

 

 

 

il demanda au Seigneur de la ressusciter en s'écriant :"Vache par la grâce de Dieu, lève-toi !"" La vache reprit vie aussitôt et se mit à paître paisiblement

 

Il rassembla tous les os de la « bichonne » et demanda au Seigneur de la ressusciter en s'écriant :"Vache par la grâce de Dieu, lève-toi !""

La vache reprit vie aussitôt et se mit à paître paisiblement JUGON remercia le Seigneur pour sa grande bonté

 

 

JUGON ramena la vache à la maison pour la plus grande joie de toute la famille

 

 

Tout heureux ,JUGON ramena la vache à la maison pour la plus grande joie de toute la famille

 

 

 

 

JUGON travaillait dans le "courtil", avec son oncle, il reçut accidentellement un coup de bêche au front, qui le blessa mortellement

 

 

Hélas! un jour où JUGON travaillait dans le "courtil", avec son oncle ,il reçut accidentellement un coup de bêche au front , qui le blessa mortellement

 

 

 

Les anges accueillirent avec joie le jeune JUGON qui durant sa vie, avait été un modèle de simplicité et de confiance envers Dieu

 

 

Les anges accueillirent avec joie le jeune JUGON qui durant sa vie, avait été un modèle de simplicité et de confiance envers Dieu

 

 

 

 

son père, venant prier sur la tombe de Jugon , s’aperçut avec stupeur qu'un bras du mort sortait de terre, montrant ainsi qu'il ne voulait pas être enterré en ce lieu

 

JUGON qui avait quitté cette terre à l'âge de 15 ans Le lendemain, son père, venant prier sur sa tombe, s’aperçut avec stupeur qu'un bras du mort sortait de terre, montrant ainsi qu'il ne voulait pas être enterré en ce lieu

 

 

 

 

On retira alors le cercueil de la tombe et on le chargea sur une charrette tirée par deux jeunes bœufs, les "petits" de " la bichonne "..et on les laissa partir

 

On retira alors le cercueil de la tombe et on le chargea sur une charrette tirée par deux jeunes bœufs, les "petits" de " la bichonne "..et on les laissa partir.

 

 

 

 

= les deux bœufs s’arrêtèrent, on voulut les faire avancer…Impossible ! on comprit alors que c'était à cet endroit que JUGON devait être enterré. La première chapelle fut construite à cet endroit

 

La famille et les voisins suivirent la charrette. Bientôt, les deux bœufs s’arrêtèrent, on voulut les faire avancer…Impossible ! on comprit alors que c'était à cet endroit que JUGON devait être enterré.La première  chapelle fut construite à cet endroit

 

 

Icone retour haut page

 

 

 

LES CROIX DE LA GACILLY .

Une question vient tout de suite à l’esprit : pourquoi une telle étude à cette période de l’histoire gacilienne ? Tout simplement parce que les deux plus anciennes croix de La Gacilly datent de cette époque.

Etude Générale des Croix.

Une étude générale des croix doit être divisée en deux parties :

L’une concernant les croix se trouvant à l’intérieur des églises ou des chapelles ; implantées dans ces édifices, leur étude est liée à celle du bâtiment dans lequel elles sont placées.

L’autre pour les croix de l’extérieur ; implantées sur le bord ou à la croisée des chemins ou des routes, à l’accueil des cimetières ou dans les calvaires, enclos et lieux de pèlerinage, elles sont alors dites « monumentales » parce qu’elles représentent un monument à elles seules. L’étude qui va suivre va donc traiter de ces croix extérieures.

Situation.

Orientation :

 Pour les croix de La Gacilly et des environs, il n’y a pas d’orientation bien précise par rapport aux points cardinaux sauf pour les croix des cimetières généralement orientées vers l’Ouest. Sur le bord des routes et des chemins, les croix font, la plupart du temps, face à la voie, certaines sont cependant perpendiculaires à celle-ci.

Implantation :

Si, dans certaines communes, l’implantation des croix suit un itinéraire ou marque la limite d’un territoire comme à Carentoir par exemple avec les croix de Villeneuve, de l’Abbaye aux Alines et de la Cossais, ce n’est pas le cas à La Gacilly encore que les croix de Bel-Orient, Jacquary, Brozéas et Saint-Jugon respectent un certain alignement

Matériau Utilisé.

Pour les croix les plus anciennes, le matériau utilisé est le schiste ardoisier, matériau très abondant dans toute la région et surtout dans les environs de La Gacilly. Très souvent, il s’agit d’une plaque de schiste peu épaisse, de trois à vingt centimètres environ, d’un palis en fait, pouvant atteindre plusieurs mètres de longueur et parfaitement plate. Ce matériau est abondamment utilisé pour d’autres travaux : clôtures de champs et de près, construction d’enclos de porcheries ou de poulaillers et même de dépendances agricoles, de séparations ou de cloisons intérieures dans les maisons. Les manteaux de cheminées étaient souvent faits avec ces mêmes plaques schisteuses ainsi que les dallages.

Il faut savoir que le schiste est un matériau qui peut être travaillé avec beaucoup de précision et résiste très bien aux injures du temps aussi bien que le granite dont la structure granuleuse a tendance à s’éroder superficiellement.

Les croix plus récentes sont soit en schiste soit en granite, ce dernier matériau est souvent utilisé lorsqu’il y a des sculptures en relief sur le monument, surtout des sculptures à plusieurs personnages.

Structure.

  • Le fût : c’est la partie verticale de la croix. Pour les croix en schiste, il peut avoir une section en forme de rectangle, de losange ou de formes géométriques s’y rapportant. Pour les croix en granite, la forme ronde est la plus courante.
  • Les branches : ce sont les bras de la croix, c’est à dire la partie horizontale parfois appelée aussi croisillons. Les creux séparant les bras s’appellent des redents.
  • L’empattement : c’est l‘élargissement de la section du fût à sa base afin de mieux supporter le poids de la croix et faciliter son équilibre. Cet empattement peut avoir les formes les plus diverses mais le plus souvent il a une forme triangulaire de chaque côté du fût.
  • Le soubassement : c’est une petite construction à la base de la croix dans laquelle est enfoncé le fût ou l’empattement lorsqu’il existe. Il est presque toujours de plan rectangulaire, construit en moellons de schiste pour les croix en « palis » et, parfois, couvert d’une dalle souvent saillante pouvant être moulurée pour les plus anciennes. L’épaisseur de cette dalle est variable mais peut atteindre une vingtaine de centimètres. La croix du Guélin en Saint-Martin-sur-Oust, de 1645, porte même des traces d’usure comme si elle avait servi de pierre à aiguiser. Était-ce une pratique cultuelle ? Les croix sans soubassement sont les plus anciennes ; celles avec soubassement ne semblent pas antérieures au XVI° siècle.

Le Décor :

En général, les croix ont une face antérieure plus travaillée où l’on trouve l’essentiel du décor et des inscriptions ; le revers du monument est plus simplement traité. La décoration consiste généralement en une gravure ou une sculpture ; les croix ainsi décorées sont dîtes « historiées ».

Les décors les plus courants sont :

Les cinq plaies du Christ représentées par cinq trous.

  • La croix soit gravée soit en relief.
  • Le monogramme IHS.
  • Le cœur.
  • Le titulus INRI.
  • Les écus ou armoiries.
  • Un personnage, le Christ en général.
  • Plusieurs personnages, ces croix sont alors construites en granite et datent de la fin du Moyen Age ou du XV° siècle.

Types de Croix

  • Croix Latine : lorsque le fût est plus long que chaque bras de la croix. Cette croix est aussi appelée croix du Christ ou croix haute.
  • Croix Grecque : les quatre bras sont égaux ; elle est aussi appelée croix mixte.
  • Croix Celtique : inscrite dans un cercle, les extrémités en débordant ; elle conjugue en fait le symbolisme de la croix et celui du cercle, le « tout en un ».
  • Croix Pattée : c’est une croix dont les branches vont en s’élargissant de l’intérieur vers l’extérieur.
  • Croix de Malte : c’est une croix grecque pattée dont les extrémités des branches présentent une échancrure triangulaire.
  • Croix Tréflée : c’est une croix dont l’extrémité de chacune des branches se termine par trois demi-cercles.
  • Croix Trilobée : c’est une croix dont les trois branches sont en forme de demi-cercle comme par exemple la croix du Gouta en Quelneuc et celle de l’église du Temple en Carentoir. Toutes les deux sont en schiste, sans empattement et sans soubassement, le fût est plus large à la base qu’au sommet ce qui est un signe de très grande ancienneté. Pour la Bretagne, les croix trilobées ont une répartition géographique limitée au canton de Guer et à Caro, Carentoir, Quelneuc, Ploërmel et Paimpont. Quatorze croix de ce type ont seulement été recensées.
  • Croix Redentée : c’est une croix latine ou grecque dont les branches s’inscrivent dans un carré ou un rectangle lequel s’inscrit lui-même dans un cercle ou deux arcs de cercle dans le cas d’un rectangle comme à la Ville-Janvier sur la Chapelle-Gaceline et qui définit le profil extérieur des redents. De plus, la largeur du fût est géométriquement déterminée par la projection au compas des côtés du carré sur les diagonales tout en donnant la profondeur des évidements des redents.
  • Les croix redentées sans soubassement sont très rares ; deux seulement ont été recensées à Trélo et à l’Hôtel Michelot en Carentoir. La croix de la Cocherie près du Temple est un très bel exemple de croix redentée car l’extrémité des branches s’inscrit dans un cercle parfait, de même, d’ailleurs des croix de la Haute-Bouëxière dite de Saint-Hyacinthe de 1838 et du Guélin en Saint-Martin-sur-Oust.

Datation.

L’approche chronologique des croix monumentales, objets plutôt simples et peu documentés, pose de difficiles problèmes surtout pour les plus anciennes (Haut Moyen Age.) Le nombre de croix très anciennes est en plus très restreint et cela ne facilite pas la datation. Par contre, pour la fin du Moyen Age et les siècles suivants, on dispose de quelques repères chronologiques sûrs et de séries suffisantes d’objets à partir desquels des interpolations deviennent possibles grâce à des indices formels comme le décor, la mouluration des fûts et des redents.

Les Croix Gaciliennes.

Recensement Alphabétique des Croix isolées :

Croix Existantes

  • Archers (la croix des)
  • Bel-Orient (la croix de)
  • Brozéas (la croix de)
  • Calvaire (le)
  • Cimetière (le)
  • Elven (la croix)
  • Gazeau (la croix de)
  • Grée Saint-Jean (la croix de la)
  • Jacquary (la croix de)
  • Palis Percé (la croix du)
  • St Jugon (la croix de)
  • Sougas (la croix de)
  • Ville Orion (les croix de la)         

Croix Disparues

  • Lenric sur le chemin de la Haute-Bardaie au lieudit la Planchette en Brozéas.
  • Sorel près du Tay-aux-Epaillard.
  • Cas Rouge sur le placis du même nom (voir à ce nom), elle existait encore en 1774.
  • St Vincent près de la chapelle du même nom.
  • Le cimetière, à l’extérieur de celui-ci, près du chemin menant à la rivière, au coin du jardin qui se trouvait près du relais téléphonique, à l’entrée de la rue de la Motte.
  • L’ancienne croix de Gazeau.

Recensement Chronologique :

Bel-Orient

Sugas

Jacquary

Palis Percé

Le Chesne Rond

Des Archers

Gazeau.

 

Croix de Bel-Orient

C’est très certainement la plus ancienne croix de La Gacilly de par sa structure ( pas d’empattement ni de soubassement), de par le matériau utilisé ( plaque monolithe taillée dans du schiste) et de par ses dimensions réduitesC’est très certainement la plus ancienne croix de La Gacilly de par sa structure ( pas d’empattement ni de soubassement), de par le matériau utilisé ( plaque monolithe taillée dans du schiste) et de par ses dimensions réduites. Sans pouvoir donner une date très précise, tous ces critères laissent à penser qu’elle doit dater du Moyen Age. Autre preuve de son ancienneté, c’est son implantation à la pointe d’une parcelle de terre nommée « Pièce de Devant la Porte » dans un vieux cadastre. Pourquoi une porte à cet endroit ? Ne serait-ce pas celle de l’entrée de notre oppidum romain de la Bergerie ? D’autant plus, qu’une autre parcelle située juste au-dessus est décrite, dans un acte notarié de 1761, comme entourée « d’anciens vieux fossés » . Quand on sait que les premières croix furent implantées dans des endroits stratégiques, la croix de Bel-Orient n’a pas été placée là par hasard il y a sept ou huit siècles.

Histoire

Cette croix marquait l’endroit « où jadis avait été enterré un malfaiteur qui, la nuit, matelassé de paille et de foin, couvert de peaux de bêtes et muni de sonnettes et de chaînes, se plaisait, de son vivant, à courir par chemins et par champs pour faire croire au loup-garou, afin d’écarter et de mettre en fuite toutes les personnes qui auraient pu le gêner ou le surprendre dans l’exécution de ses vols. Ce misérable fut tué par un fermier de la métairie de Bel-Orient qui, de la lucarne de son grenier, lui tira un coup de fusil chargé, dit-on, avec des balles bénites ».

La Belle Jeannette, par contre, est une autre histoire : « Sur les coteaux, il y a des grées qui sonnent le creux, disent les paysans, et qui renferment dans leur sein des habitations souterraines de génies malfaisants. Demandez aux pâtres mélancoliques assis près de leurs vaches maigres, s’ils n’ont pas vu, la nuit, la Belle Jeannette entrer, on ne sait par où, dans leur chaumière, s’approcher du foyer, raviver les tisons et se chauffer doucement quand on l’accueille sans se plaindre ; mais au moindre geste inhospitalier, se lever avec colère et souffler le feu avec tant de violence que les étincelles ont bientôt embrasé et réduit en cendres la pauvre cabane. Et le fermier qui s’attarde devant la table du cabaret, couverte de pichets vides, le soir des foires d’Augan ou des marchés de Guer, n’a-t-il pas vu souvent cette malicieuse Jeannette qui parfois le poussait, le bousculait d’un côté à l’autre du chemin, ou le roulait dans un fossé et l’y laissait jusqu’au jour, ou, tout près de sa porte, le retenait des heures entières par une jambe lorsqu’il avait réussi à passer l’autre par-dessus l’échalier de son courtil ? Cependant, dans toutes ces « apparaissances », le cidre du pays est sans doute pour quelque chose.

 

Croix de Jacquary

Une gravure existe sur cette croix, il s’agit d’une croix gravée en T (ou Tau grec) ; ce genre de croix est communément appelé « croix de potence » ; serait-ce le signe qu’en cet endroit eut lieu une pendaison ou qu’un pendu y fut enterré

Situation :

En partant du village de la Glouzie puis en empruntant l’ancienne voie romaine, la croix se trouve pratiquement à l’intersection de la voie romaine et du chemin partant pour la Roquennerie, la croix fait d’ailleurs face à ce chemin et est donc orientée à l’Est, c’est à dire regardant la ville de La Gacilly.

Matériau :

Le matériau utilisé est le schiste ardoisier.

Structure

Le fût est droit et à chanfrein, c’est à dire que sa section est rectangulaire mais les angles sont éliminés. Il comporte un empattement triangulaire chanfreiné également qui triple la largeur du fût mais il est sans soubassement ce qui prouve son ancienneté mais qui, par contre, la fragilise ; elle est d’ailleurs tombée plusieurs fois ce qui explique la disparition de la branche gauche du croisillon.

Type :

C’est une croix pattée ; il faut signaler que des croix identiques se retrouvent sur les communes de Saint-Sulpice-des-Landes et du Grand-Fougeray.

Dimensions :

Hauteur totale : 2,20m

Empattement : 60cm de long et 15cm de haut.

Fût : 25cm de large et 9cm d’épaisseur.

Bras en forme de trapèze, grande base : 53cm, petite base : 20cm (le bras sommital a une grande base de 43cm), hauteur : 22cm, côté 35cm et épaisseur : cm.

Datation

Sans pouvoir donner une date bien précise pour l’édification de cette croix, mais en suivant les critères de certains spécialistes en la matière comme Blécon, Castel, Ducouret et même L. Marsille, il est permis de penser qu’elle fut érigée au XIII° ou au XIV° siècle et donc cette croix pourrait fort bien être templière

Décor :

Une gravure existe sur cette croix, il s’agit d’une croix gravée en T (ou Tau grec) ; ce genre de croix est communément appelé « croix de potence » ; serait-ce le signe qu’en cet endroit eut lieu une pendaison ou qu’un pendu y fut enterré ?

Histoire

C’est fort possible car une histoire locale raconte la fin tragique d’un nommé Jacques Caris, du village de Talhuart, voleur autrefois redouté dans tout le pays, qui succomba dans une attaque de nuit contre un marchand qui revenait d’une foire de Malestroit. En effet, l’ancienne voie romaine servait de chemin pour Malestroit et, à Jacquary, existait un carrefour important avec le chemin dit de l’Evêque venant de Buhan et le chemin templier partant vers Nongué en passant par la Roquennerie. Le marchand fut assez heureux pour assommer à coups de bâton ce brigand qui en voulait à sa vie ; il fut aidé par un aubergiste dont la maison était située à ce carrefour. (Les restes de cette bâtisse étaient encore visibles il y a une cinquantaine d’années). Le voleur fut « suivant toute la rigueur des lois existantes, immédiatement roué, pendu, exposé et enterré sur le lieu même de son crime. »

Une autre version de cette histoire est donnée par une tradition orale : « Un homme assez âgé dénommé Jacques Caris vivait de braconnage et de vols. Un jour, il fut aperçu dans les environs du Pâtis par un nommé Coué qui le poursuivit et l’assassinat au lieu-dit Jacquary. »     

Il faut faire remarquer que les Gaciliens prononçaient le nom de cette croix « Zacquari » il y a moins d’un siècle. Or, dans les fondations vendues sous la Révolution en 1792, on trouve qu’une fondation de la chapellenie de Zacharie sur La Gacilly, comprenant maison et étables, est achetée par un nommé Julien Morice de La Gacilly. S’agit-il de Jacquary ? Pourquoi parle-t-on de chapellenie à cet endroit ? S’agit-il de la chapelle de la Glouzie ? Il faut savoir qu’au carrefour de la voie romaine et du chemin venant de la Glouzie existait une demeure appelée La Loge, s’agirait-il de cette maison ? Ou serait-ce l’auberge qui existait près de la croix ?

 

 

Croix du Palis Percé

C’est un très bel exemple de croix redentée, les branches s’inscrivant dans un carré et avec des redents très prononcés. Il y a divergence des bissectrices des redents, pas de tangence horizontale mais avec tangence verticale et avec un chanfrein ininterrompu.

Situation :

Au carrefour de la route venant de La Gacilly se dirigeant vers le Vieux Bourg de Tréal, à l’intersection avec celle de Carentoir en passant par Saint-Jacques et allant vers Saint-Jugon et Saint-André.

Matériau

Elle est en schiste.

Type :

C’est un très bel exemple de croix redentée, les branches s’inscrivant dans un carré et avec des redents très prononcés. Il y a divergence des bissectrices des redents, pas de tangence horizontale mais avec tangence verticale et avec un chanfrein ininterrompu. Elle fut érigée par le seigneur de la Ville Orion. La croix de la Ville-Janvier sur la Chapelle-Gaceline a exactement les mêmes caractéristiques. Il faut dire qu’elle est de la même époque et non loin de celle du Palis Percé. Elle fut érigée par le prêtre Jean Fréoul issu d’une famille qui donnera beaucoup de prêtres à la paroisse, lui-même « servant en l’église tréviale de La Chapelle-Gaceline ».

Datation

1671, cette date est gravée sur la croix.

Décor

Un écu, portant la date d’édification, est gravé sur la croix mais cet écu est muet. Dans les environs de La Gacilly, seules deux autres croix ont le même ornement : l’Abbaye-aux-Saloux sur la Chapelle-Gaceline avec deux clés croisées ce qui n’est pas un motif héraldique et Saint-Mathurin en Saint-Martin-sur-Oust avec un écu armorié

 

Croix du Chêne Rond

= Située en bordure d’un petit chemin creux qui va du village du Chêne à celui de Brohéas (encore une belle promenade à effectuer), c’est une croix latine monolithe en schisteSituée en bordure d’un petit chemin creux qui va du village du Chêne à celui de Brohéas (encore une belle promenade à effectuer), c’est une croix latine monolithe en schiste. Elle comporte un décor important qui raconte son histoire. D’abord elle est datée de 1819

Au centre, figure le monogramme IHS ( Iesus Hominum Salvatore : Jésus sauveur des hommes). Sur les bras, sont gravés un nom et un prénom : CHOTAR et JEAN si bien que certains gaciliens l’appellent la croix de l’abbé Chotard. Double erreur car le Chotard en question est en fait le tailleur-constructeur de cette croix, pas du tout prêtre ( il fabriquait également des cadrans solaires) et le véritable initiateur de ce monument est l’abbé Olivier Tastard qui est aussi l’auteur de la pensée gravée sur le fût

« DIEU TE REGARDE

PECHEUR ET TU NI PENCE PA

 

 

Croix des Archers

Très simple elle aussi, mais plus fine et plus haute que la précédente, elle repose sur un soubassement comportant une niche. mais elle remplace vraisemblablement une croix plus ancienne qui figure sur le vieux cadastre gacilien de 1824 et qui avait été déplacée en 1818 pour permettre l’élargissement du chemin qui allait de La Gacilly à Carentoir

Très simple elle aussi, mais plus fine et plus haute que la précédente, elle repose sur un soubassement comportant une niche. Elle porte la date de 1880 mais elle remplace vraisemblablement une croix plus ancienne qui figure sur le vieux cadastre gacilien de 1824 et qui avait été déplacée en 1818 pour permettre l’élargissement du chemin qui allait de La Gacilly à Carentoir en passant par le Palis Percé. A cette occasion, des ossements furent découverts sous le tertre sur lequel s’élevait la croix. Serait-ce le lieu d’une bataille ? Les dépouilles des archers tués auraient- elles été ensevelies à cet endroit ? Peut-être, mais il faut aussi savoir que les « archers » autrefois étaient des menuisiers qui fabriquaient des arches, c’est à dire des coffres en bois et que ces archers-menuisiers avaient pour habitude de se faire enterrer dans des endroits bien précis. Alors ?

 

 

 

Croix de St Jugon

Située à gauche de la porte d’entrée de la chapelle, c’est une croix latine très simpleSituée à gauche de la porte d’entrée de la chapelle, c’est une croix latine très simple, elle aussi, avec des bras plutôt courts (celui de gauche étant abimé), elle repose sur un soubassement assez conséquent dans lequel l’empattement disparaît presque entièrement. Elle aussi comporte une ornementation intéressante : il s’agit de cinq trous représentant les cinq plaies du Christ. 

Sur le site de la chapelle Saint-Jugon, il existe trois autres croix :

deux sont en bordure de la route, la première, très récente, a été saccagée alors qu’elle allait être bénite ; juste derrière, la deuxième est une croix ex-voto de 1902 offerte par une famille gacilienne ; également mutilée, la croix en fonte a été cassée ; enfin, la dernière, tout en bas, près de la fontaine, fut érigée par un entrepreneur gacilien il y a une quarantaine d’années.

 

 

Croix de la Ville-Orion

C’est une croix latine aussi, très simple, elle ressemble beaucoup à celle de la croix des Archers tout en étant un peu plus basse. Elle est ornée d’une inscription sur la longueur des deux bras C’est une croix latine aussi, très simple, elle ressemble beaucoup à celle de la croix des Archers tout en étant un peu plus basse. Elle est ornée d’une inscription sur la longueur des deux bras :

« QUI TIMENT DOMINUM SPERAVERUNT IN DOMINO 

» ce qui veut dire : « Ceux qui craignent

le Seigneur peuvent espérer en Lui ».

Le 13 juin 1944, un bombardier anglais en difficulté dans les environs de La Gacilly lâcha une partie de sa cargaison au-dessus des bois de la Ville Orion ; l’une des bombes tomba près de la croix et explosa. Un des éclats vint la frapper au centre des bras (la trace y est toujours visible) et une partie de l’inscription ci-dessus a disparu. Près de la Ville Orion, sur la petite route qui mène de la Saudraie à la Villio, il y a la croix de la Noë Sabot dont la partie sommitale, en fonte autrefois, a été remplacée par une simple croix de bois portant un Christ.

 

 

Toujours à la Ville Orion, dans l’allée qui mène au château, un petit oratoire très particulier a été érigé, entre deux vieux troncs d’arbres, par un ancêtre de la famille de Longeaux.

 

Toujours à la Ville Orion, dans l’allée qui mène au château, un petit oratoire très particulier a été érigé, entre deux vieux troncs d’arbres, par un ancêtre de la famille de Longeaux.

 

 

 

 

 

 

Croix de la Croix-Elven

C’est une croix de fonte posée sur un socle en maçonnerie ; au centre de cette croix, figure la Vierge Marie présentant l’Enfant Jésus

C’est une croix de fonte posée sur un socle en maçonnerie ; au centre de cette croix, figure la Vierge Marie présentant l’Enfant Jésus. C’est la seule croix de ce type à La Gacilly. L’importance de son socle permet de supposer qu’une croix plus importante existait autrefois à cette croisée de chemins surtout quand on sait qu’elle a été déplacée lors de l’agrandissement de la route de Malestroit

 

 

 

 

Croix de Gazeau

C’est la seule croix en granit de La GacillyLe village de Gazeau n’a vu le jour que dans les dernières années du XIX° siècle. Au milieu du carrefour du chemin La Gacilly/le Pâtis et du chemin de la Landelle qui allait de la Glouzie à la Gazaie, il y avait une vieille croix qui figure d’ailleurs sur le cadastre de 1824. Étant sans doute en mauvais état, elle fut remplacée, lors de la grande mission de 1913, par une croix de mission, érigée un peu plus bas, là où elle s’élève actuellement. C’est la seule croix en granit de La Gacilly.

 

 

 

Croix du Calvaire

C’est un ensemble monumental qui a été construit en 1884

 

C’est un ensemble monumental qui a été construit en 1884, la date figure sur le muret qui comporte une niche, au pied de la croix. Il fut restauré en 1909 avec la mise en place d’un nouveau Christ ; une série de cartes postales anciennes relate cet événement. Lors d’une mission en 1933, il fut à nouveau rénové. La croix est encadrée par deux statues qui représentent la Vierge Marie et Marie-Madeleine

 

 

 

 

 

Croix de Sugas

 On  pense que la croix de Sugas remonterait au moins au Moyen-Age et même au Haut Moyen-Age.Sur le vieux cadastre gacilien de 1824,  du côté des villages de la Corblaie et de la Villio, certaines parcelles de terrain font référence à une croix et même à une croix de Sugas ; on a, par exemple, les Prés ou Petits Prés de la Croix ou encore le Paty de la Croix de Sugas et aussi le Domaine de Sugas.

Partant de ces données, certains anciens Gaciliens consultés affirmèrent qu’une croix existait bien dans les parages et l’une de ces personnes se rappelait même de l’endroit approximatif où elle avait dû être située. Des fouilles furent entreprises par l’Association Gacilienne pour la Protection du Patrimoine mais elles ne donnèrent aucun résultat.

Elle mesure un mètre de hauteur environ et les bras présentent une largeur de 65 cm ; elle fait partie des croix dites basses. Pour les spécialistes, il s’agit d’une croix latine simple. L’absence d’empattement (renflement à la base du fût) est l’un des signes de son ancienneté. ainsi que son mode de fixation qui consiste en un palis horizontal chanfreiné ayant en son centre un trou dans lequel le fût est planté.Quelques mois plus tard, un des membres de cette association J.C MAGRE effectuait une randonnée pédestre qui passait  par le chemin rural n°13 dit de Haudiart. Son attention fut attirée par un palis à moitié enfoui sur le rebord du fossé. A La Gacilly, c’est chose courante mais, dans cette partie de la commune, on ne trouve pas ce genre de pierre. Prenant un morceau de bois, il commença à dégager la pierre en question. Son épouse, étant restée sur le chemin, s‘exclama : «  Mais on dirait une croix ». Effectivement, c’était bien une croix et, pour savoir s’il s’agissait de la croix de Sugas, la personne qui avait dit se rappeler de cette croix fut amenée sur place ; elle reconnut immédiatement et formellement la croix de Sugas.

Un spécialiste des croix du Morbihan a alors été consulté ; il s’agit de M. Jean-Pierre DUCOURET, membre de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Rennes. Il y a quelques années, il avait rédigé et fait paraître dans les Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne une étude typologique des Croix Monumentales du canton de La Gacilly. Cette étude, très intéressante et très détaillée, ne parlait pas de la croix de Sugas et pour cause. D’après les éléments qui ont été fournis à cet éminent spécialiste, il pense que la croix de Sugas remonterait au moins au Moyen-Age et même au Haut Moyen-Age.

Forcément, les années, les intempéries et l’enfouissement pendant plus de 50 ans ont un peu abimé cette croix, un des bras en particulier a beaucoup souffert. Elle mesure un mètre de hauteur environ et les bras présentent une largeur de 65 cm ; elle fait partie des croix dites basses. Pour les spécialistes, il s’agit d’une croix latine simple. L’absence d’empattement ( renflement à la base du fût) est l’un des signes de son ancienneté.ainsi que son mode de fixation qui consiste en un palis horizontal chanfreiné ayant en son centre un trou dans lequel le fût est planté. Depuis cette découverte, d’autres fouilles ont été effectuées et ce palis horizontal appelé dalle a été retrouvé ; malheureusement il est cassé en deux morceaux et l’un des coins de l’un d’eux est manquant.

Autre détail intéressant, cette croix comporte une gravure ; à l’intersection des bras et du fût, est gravé un double cercle prolongé, dans la descente du fût, par une ligne verticale terminée par trois pieds. Que signifie cette gravure ? Pour l’instant, la signification de ces lignes n’a pas été trouvée.

Pourquoi cette croix a-t-elle été érigée dans ce coin reculé de La Gacilly ?   Malgré de nombreuses recherches, l’histoire de ce monument demeure un mystère pour le moment. Une piste cependant puisque la tradition orale voudrait qu’une bataille ait eu lieu à cet endroit à  la fin de la guerre de Cent Ans (s’agirait-il de Du Guesclin ?). D’autres personnes ont parlé d’un « accrochage » entre les Blancs et les Bleus pendant la Révolution. La première hypothèse semble plus plausible étant donné l’ancienneté de la croix. Il faut cependant signaler et dans le même ordre d’idées que, non loin de là, à quelques centaines de mètres seulement, beaucoup de parcelles de terrain sont dénommées Prés des Martyrs ( ou Marthyrs) ; ce dernier terme fait forcément penser à un massacre ou à une bataille très sanglante. De plus, et juste à côté, on trouve les Champs et les Prés du Paradis. Ce n’est pas illogique que les martyrs se retrouvent au paradis mais tout cela est très troublant et pose question également. Il faut savoir qu’autrefois, avant la mise en place des cimetières, les habitants des villages  étaient souvent entérrés au carrefour des chemins et que les tombes communes étaient accompagnées d’une croix. Un tel emplacement prenait alors le nom de paradis. On retrouve de tels lieux dans beaucoup de paroisses des environs comme à Carentoir ou aux Fougerêts par exemple.

Si l’histoire de ce monument est une énigme, son nom l’est également. Seul rapprochement possible trouvé pour le moment, le nom de « sourga », un mot patois qui peut être traduit par « salamandre » ; il est vrai que l’endroit est humide, même très humide et donc proprice à la prolifération de cet amphibien terrestre. Pour l’instant, c’est la seule explication plausible.

Enfin, un dernier élément à ce dossier et pas le moindre : un ancien chemin partait du Palis Percé, longeait le ruisseau de Sigré et aboutissait non loin de la croix de Sugas ; ce chemin portait le nom de chemin des Croix, il figure sous ce nom dans le vieux cadastre gacilien. Au Palis Percé, il existe encore aujourd’hui une très jolie croix datée de 1671 et, comme on l’a vu, la croix de Sugas devait exister bien auparavant ;  c’est donc très certainement la raison pour laquelle cette dénomination a été donnée à cet ancien chemin puisqu’il reliait deux croix.

La propriétaire de la parcelle de terrain où la croix a été retrouvée, le Paty de la Croix de Sugas, a souhaité sa réfection dans le carrefour du chemin de la Corblaie et de la route qui va de la Villio à Haudiart, à une quinzaine de mètres de l’endroit où elle a été découverte. Les Services Techniques de la ville ont été chargés de reconstruire le soubassement ; un habile tailleur de pierre de St-Martin-sur-Oust a refait la dalle de la plate-forme de soubassement et  celle de l’accueil.  La croix a été réimplantée le 20 septembre 2008.

Ainsi une nouvelle pièce a été ajoutée au patrimoine gacilien. 

 

 

Croix du Cimetière

En 1880, après la disparition de l’église Saint-Nicolas et de son cimetière sur la route de Glénac, ce dernier fut transféré là où il se trouve actuellement sur un terrain donné par l’abbé Joseph Collet en 1866

 

En 1880, après la disparition de l’église Saint-Nicolas et de son cimetière sur la route de Glénac, ce dernier fut transféré là où il se trouve actuellement sur un terrain donné par l’abbé Joseph Collet en 1866. Ce cimetière comporte un grand nombre de types de croix de structures et de matériaux différents ? Cependant, dans la partie Sud-Ouest, la plus vieille, un ensemble de croix anciennes est assez remarquable. Pour terminer, il faut signaler que beaucoup de croix ont malheureusement disparu comme le petit calvaire qui se situait à l’entrée de la rue de la Motte, le long du cimetière, la croix Lenric près de Brohéas, la croix Sorel près du Tay, la croix du Cas Rouge ( placis Ducrest de Villeneuve actuel) et enfin la croix de Saint-Vincent, près de la chapelle du même nom, qui fut abattue en 1790 pour « fêter l’émancipation de la commune ».

 

Icone retour haut page